• On se rappellera que le nom frais, employé au sens de « dépenses », n'a pas de singulier.

    On écrira donc :

    Sans aucuns frais (et non Sans aucun frais).

    À moindres frais (et non À moindre frais).

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    Remarque 1
    : Selon le Dictionnaire historique de la langue française, frais correspond au pluriel de l'ancien français fret ou frait (« dommage causé en brisant quelque chose », d'où « dépense destinée à réparer le dommage »), probablement emprunté du latin fractus, participe passé de frangere, « briser ». De là son s final.

    Remarque 2 : Par exception, l'adjectif aucun (à la différence de chaque) prend la marque du pluriel devant un nom qui n'a pas de singulier ou qui a au pluriel un sens particulier : aucunes représailles, aucuns travaux, aucuns dépens. Aucuns fonds ne peuvent être affectés au remboursement de leurs dépenses.

    Frais

     


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  • Le gril (avec un seul l qui est prononcé ou non) est un ustensile de cuisine sur lequel on fait cuire des aliments.

    On se gardera de toute confusion avec le grill (avec deux l), qui est l'abréviation de l'anglais grill-room et qui désigne un restaurant où l'on sert des grillades.

    J'ai mangé du poisson cuit sur le gril dans un grill parisien.

    Grill

     


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  • Remarque liminaire : Dans cet article, participe passé sera abrégé en pp, complément d'objet direct en COD et complément d'objet indirect en COI.

    Vous connaissez la règle :

    1/ Le pp des verbes conjugués avec l'auxiliaire être (ou avec un verbe d'état) s'accorde comme un adjectif, avec le sujet.

    Elle est venue, elle semble contente.

    Cela nous est arrivé (et non Cela nous est arrivés).

    2/ Le pp des verbes conjugués avec l'auxiliaire avoir s'accorde, en genre et en nombre, non pas avec le sujet mais avec le COD lorsque celui-ci existe et précède le participe.

    Les lettres qu'il a reçues (il a reçu quoi ? les lettres, COD placé avant le pp → accord) mais Il a reçu les lettres que je lui ai envoyées.

    Quels services il m'a rendus ! (il m'a rendu quoi ? des services, COD placé avant le pp) mais Il m'a rendu de grands services.

    Quels efforts avez-vous faits ? mais Vous avez fait des efforts.

    La mort nous a séparés (la mort a séparé qui ? nous, COD placé avant le pp) mais La mort a séparé les amoureux.

    Remarque : Pour l'accord du pp des verbes pronominaux, voir le rappel de la règle.

     

    Il résulte de cette règle :

    1) que la justesse de l'accord du pp dépend de la bonne identification de son complément d'objet direct (ainsi nommé parce qu'il est construit directement, c'est-à-dire sans préposition). On se rappellera que le COD s'identifie en posant la question qui ? ou quoi ? au verbe analysé, alors que le COI répond à la question de qui / de quoi ? à qui / à quoi ? pour qui / pour quoi ? en qui / en quoi ? etc.

    Les enfants que les jeunes filles ont accompagnés à l'école (auxiliaire avoir → recherche du COD → les jeunes filles ont accompagné qui ? les enfants, COD placé avant le pp → accord avec le COD les enfants).

    NB : Attention, un verbe ne possède pas forcément de COD... ni parfois même de COI (on dit alors qu'il est intransitif, voir ci-dessous).

    2) que les participes passés des verbes intransitifs et transitifs indirects ainsi que des verbes impersonnels ou employés de façon impersonnelle, lorsqu'ils sont construits avec l'auxiliaire avoir, sont invariables (puisque n'admettant pas de COD). Ils restent donc toujours au masculin singulier.

    La pluie qu'il y a eu (= il y a eu de la pluie, forme impersonnelle).

    Des résultats, à supposer qu'il y en ait eu (forme impersonnelle).

    Ces livres nous ont plu (plaire est un verbe transitif indirect : ces livres ont plu à qui ? à nous, COI → pas d'accord).

    Ces dames sont pressées. L'envie leur a pris de partir (prendre, au sens de « se manifester », est un verbe intransitif).

    Rappel : Un verbe est intransitif s'il n'admet pas de complément d'objet (direct ou indirect), comme dîner, dormir... Un verbe est transitif indirect s'il n'admet qu'un complément d'objet indirect (= précédé d'une préposition) comme obéir à, user de...

     

    Cela étant dit, il existe plusieurs cas particuliers qu'il est bon de connaître.

    • Participe passé placé en tête de phrase

    L'Académie précise que le pp s'accorde avec le nom qu'il complète, à condition qu'il qualifie bien celui-ci (voir l'article Fini).

    Finies, les vacances ! (= les vacances sont finies → accord) mais Fini, les poux à l'école (ellipse de C'est fini, les poux → invariable).

    En revanche, les participes approuvé, attendu, certifié, communiqué, entendu, fourni, lu, mis à part, ôté, ouï, passé, quitté, reçu, supposé, vu, ainsi que non compris, y compris, étant donné, excepté que, ci-joint, etc., placés immédiatement avant le nom (et a fortiori en tête de phrase) sont invariables (voir l'article Accord des locutions prépositives).

     

    • Participe passé suivi d'un infinitif

    L'accord ne se fait avec le COD que si : 1/ le COD est placé avant le pp ; 2/ le COD fait l'action exprimée par l'infinitif.

    La chorale que j'ai entendue chanter : j'ai entendu quoi ? la chorale (chanter), COD placé avant le pp, qui fait l'action de chanter : les 2 conditions sont remplies → accord.

    La chanson que j'ai entendu chanter : j'ai entendu quoi ? chanter (la chanson), COD placé après le pp ; la chanson ne fait pas l'action de chanter → pas d'accord.

    Les arbres que j'ai vu planter (j'ai vu quoi ? planter les arbres) mais Les arbres que j'ai vus fleurir (j'ai vu quoi ? les arbres fleurir).

    Les cadeaux qu'il a pensé acheter (il a pensé quoi ? acheter les cadeaux), COD placé après le pp) mais Les cadeaux qu'il a achetés (il a acheté quoi ? les cadeaux, COD placé avant le pp).

    Remarque 1 : Le participe passé fait suivi immédiatement d'un infinitif reste invariable, parce qu'il fait corps avec ledit infinitif et constitue avec lui une périphrase factitive (voir ce billet).

    Les bouteilles qu'ils ont fait tomber. Votre maison, vous l'avez fait construire ? (Le pronom qui précède ne peut jamais être complément de fait ; il l'est de l'ensemble factitif avoir fait + infinitif.)

    De même : Elle s'est fait maigrir. Elle s'est fait surprendre.

    Remarque 2 : Selon l'Académie, l'application de la règle générale au verbe laisser « étant parfois malaisée, particulièrement dans les formes pronominales, et l'accord restant incertain dans l'usage, on pourra, comme pour le verbe faire, généraliser l'invariabilité du participe passé de laisser dans le cas où il est suivi d'un infinitif ». L'accord selon la règle générale (entre parenthèses dans les exemples ci-dessous) ne saurait pour autant être considéré comme fautif.

    Je les ai laissé(s) faire. Je les ai laissé(s) partir.

    Elle s'est laissé(e) mourir, mais Elle s'est laissé séduire.

    Remarque 3 : Les participes des verbes d'énonciation et d'opinion (affirmé, cru, daigné, demandé, désiré, dit, dû, espéré, imaginé, fallu, osé, pensé, permis, prétendu, promis, prévu, pu, semblé, songé, su, voulu...) restent invariables dès lors qu'ils sont suivis d'un infinitif, exprimé ou sous-entendu.

    Il a fait tous les efforts qu'il a pu (faire). Il m'a donné tous les renseignements que j'ai voulu (obtenir).

    Il ne s'agit là, en fait, que d'une résultante de la règle générale, puisque le complément (par exemple, les efforts) est COD de l'infinitif sous-entendu (faire) et non pas du pp pu (ou, présenté différemment, il a pu quoi ? faire des efforts, COD placé après le pp → pas d'accord).

    C'est le même principe qui impose d'écrire : La route que j'ai cru être la plus courte. En effet, il y a ici invariabilité parce que l'on est contraint de considérer que l'objet direct est la proposition infinitive : j'ai cru quoi ? que cette route était la plus courte.

    Remarque 4 : Lorsqu'une préposition (à ou de) est intercalée entre le pp et l'infinitif, l'accord se fait selon la règle générale, rappelée en début d'article.

    Les villes qu'ils ont eu à visiter (ils ont eu quoi ? à visiter les villes, les villes est COD de visiter, pas de ont eu → pas d'accord) mais Les chemises que j'ai données à repasser (j'ai donné quoi ? les chemises, COD placé avant le pp → accord).

    • Participe passé suivi d'un attribut du complément d'objet direct

    La règle rappelée en début d'article s'applique : le pp s’accorde avec le COD lorsque celui-ci précède le pp − même si Grevisse note que, dans la pratique, l'invariabilité est également observée (notamment avec les participes cru, su, dit, trouvé, voulu et leurs synonymes exprimant une opinion). Encore convient-il de déterminer correctement ledit COD.

    Des femmes qu'il avait crues intègres, qu'il avait trouvées charmantes (intègres et charmantes sont ici analysés comme attributs du COD femmes) mais l'absence d'accord est également admise : Des femmes qu'il avait cru intègres, qu'il avait trouvé charmantes (dans ce cas, l'analyse est la suivante : il avait cru quoi ? que les femmes étaient intègres, qu'elles étaient charmantes → c'est toute la proposition qui est COD, d'où l'invariabilité du participe passé).

    Une maison qu'on aurait dit(e) ancienne (de même, deux analyses sont possibles, en raison du flottement de l'usage : on aurait dit quoi ? que la maison est ancienne → invariabilité ; on aurait dit la maison ancienne → accord avec le COD maison).

    La route que j'ai cru(e) la plus courte, mais la route que j'ai cru être la plus courte (voir remarque 2 ci-dessus).

    Une information qu'il n'a pas jugé(e) utile mais Une information qu'il n'a pas jugé utile de révéler (information est ici COD de révéler, pas de juger).

    Cette femme, nous l'avons choisie comme présidente. Ils l'ont laissée pour morte (dans ces exemples, l'accord est de rigueur, puisque le COD ne peut être que le nom ou le pronom seul).

    Remarque : Selon certains réformateurs, la différence entre formes accordées et formes invariées serait même porteuse de sens. Comparez : Une chienne que le vétérinaire m'a rendu malade (il l'a fait devenir malade) et Une chienne que le vétérinaire m'a rendue malade (il me l'a rendue et elle était malade). Force est de constater que cette subtilité n'est pas (encore ?) entrée dans l'usage et que l'invariabilité autrefois préconisée par Vaugelas (« Les habitans nous ont rendu maistres de la ville. Le commerce l'a rendu puissante ») a depuis longtemps cédé le pas à l'accord : « Il l'avait rendue fort malheureuse » (Flaubert), « Cet accident l'a rendue sourde. Le succès l'a rendue présomptueuse » (Dictionnaire de l'Académie).

    • Participe passé précédé de le (l') ou de en

    Le pp dont l’objet direct est le pronom personnel élidé l’ ne varie pas quand l’ équivaut à cela, qui est masculin singulier.

    Ces épreuves sont plus difficiles que je l'avais cru (= que j'avais cru cela) mais Cette épreuve, je l'ai trouvée difficile.

    Là encore, il ne s'agit que d'une résultante de la règle générale, puisque le COD est le pronom sous-entendu cela, placé après le pp, et non ces épreuves (qu'ai-je cru ? cela, pas les épreuves).

    En revanche, il est généralement admis que le pp dont l’objet direct est en ne varie pas (Thomas, Grevisse, Hanse, Académie) : d'ordinaire, en est considéré comme un partitif neutre équivalant à « une partie de cela, de lui, d'eux... » (ces fleurs, j'en ai cueilli = j'ai cueilli de ces fleurs), non plus comme un pronom personnel reprenant le genre et le nombre du nom représenté. De même, l'invariabilité est le plus souvent de mise quand en est complément d'un adverbe de quantité (même s'il n'y a pas unanimité des grammairiens sur ce point comme sur le précédent).

    Ces gâteaux, j'en ai mangé beaucoup, je les ai même tous mangés. Ces gâteaux, combien en avez-vous mangé ? (ceux qui considèrent que l'adverbe de quantité combien, placé avant en, commande l'accord écriront : combien en avez-vous mangés ?).

    J'en ai connu, des imbéciles ! mais Je n'apprécie guère la description qu'il en a faite (ici, en est COI ; l'accord se fait avec description, COD placé avant le pp).

    • Complément circonstanciel

    Certains verbes toujours intransitifs (dormir, durer, marcher, régner, etc.) peuvent avoir un complément circonstanciel (de durée, de mesure, de poids ou de prix, identifié en posant les questions où, quand, comment, combien, etc. ?) que l'on ne confondra pas avec un complément d'objet direct.

    Les deux heures qu'a duré sa sieste (deux heures est ici complément circonstanciel de durée et non COD : sa sieste a duré pendant deux heures → pas d'accord).

    Sur le même principe, le pp des verbes tels que courir, coûter, mesurer, peser, souffrir, valoir, vivre est invariable quand il est employé au sens propre (verbes intransitifs) et variable quand il est employé au sens figuré (verbes alors transitifs).

    Les kilomètres que nous avons couru (kilomètres est complément circonstanciel, car il s'agit d'une distance : nous avons couru sur combien de kilomètres ? et non nous avons couru quoi ?) mais Les dangers que nous avons courus (nous avons couru quoi ? que mis pour des dangers, COD placé avant le pp). En d'autres termes, on peut courir des dangers mais on ne court pas des kilomètres (ni des heures).

    Peux-tu me rembourser les dix euros que m'a coûté ce livre ? (dix euros est complément circonstanciel de prix) mais Imagines-tu les efforts que ce travail m'a coûtés ? (efforts, COD placé avant le pp).

    Il pense aux années qu'il a vécu (= pendant lesquelles il a vécu) mais Il pense à la romance qu'il a vécue.

    Quant au verbe payer, il peut avoir un complément d'objet et un complément circonstanciel de prix.

    Les cent euros que j'ai payé ces chaussures (j'ai payé combien ?) mais Ces chaussures, je les ai payées cent euros (j'ai payé quoi ?) et La dette que j'ai payée (j'ai payé quoi ?).

    On notera toutefois que les verbes avoir, dépenser, gagner, parier, perdre, rapporter ainsi que passer restent transitifs.

    Les cent euros qu'il a dépensés, qu'il a perdus, qu'il a eus à sa disposition. Les années qu'il a passées au Canada.

    Vous dites que votre fille a eu dix ans. Quand les a-t-elle eus ?

    • Expressions figées

    Dans les expressions figées, le pp reste désormais invariable. Il en est ainsi de la formule Elle l'a échappé belle (= échapper de justesse à un danger), où le COD l' fait pourtant référence à la balle du jeu de paume qui, bien que belle (c'est-à-dire facile à renvoyer), en vient à être manquée (« échappée »).

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    Subtilités

    La course que j'ai terminée en premier (j'ai terminé en premier quoi ? que, mis pour la course, COD placé avant le pp) mais L'équipe qui a gagné la course est celle qui a terminé en premier (dans la première proposition relative, le COD est placé après le pp ; dans la seconde, il n'y a pas de COD : qui (l'équipe) a terminé en premier).

    Les choses que j'ai entendues mais Les choses que j'ai entendu dire.

    L'idée qu'il (ou qui) lui a pris (tour impersonnel où idée est sujet réel de prendre : « l'idée qui s'est manifestée soudainement chez lui ») mais L'idée qu'il lui a prise (tour personnel où idée est COD de prendre : « l'idée qu'il lui a volée »).

    Des pressions qu'il a prétendues insupportables mais Des pressions qu'il a prétendu subir.

    Que de difficultés avons-nous rencontrées avant de parvenir au résultat !

    La voiture que j'ai fini par acheter (voiture est COD d'acheter, pas du participe passé fini, qui reste donc invariable).

    Remarque 1 : La règle d'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir est souvent attribuée à Clément Marot (1496-1544), poète à la cour de François Ier, qui l'aurait proposée en imitation de la grammaire italienne par ces vers restés fameux : « Enfants, oyez une leçon / Notre langue a cette façon / Que le terme qui va devant / Volontiers régit le suivant... » La règle de Marot n'aurait connu à son époque qu'un succès relatif, comme en témoigne ce non moins célèbre poème d'un Ronsard qui écrivait encore en 1552 : « Mignonne, allons voir si la rose / Qui ce matin avait déclose / Sa robe de pourpre au soleil… » C'est que, selon un ancien usage remontant au Moyen Âge, le participe passé s'accordait toujours avec le COD, quelle que soit sa place dans la phrase. Ce n'est que trois siècles de flottement plus tard que l'école républicaine finira par imposer la nouvelle règle à des élèves bien embarrassés.

    Remarque 2 : Voir également l'accord du participe passé avec gens, avec un des et avec cela.

    Remarque 3 : On s'étonne de ne pas voir mentionnée dans le Petit Larousse illustré (édition 2005, en ce qui me concerne) l'acception intransitive du verbe mesurer (« avoir pour mesure »). Cet oubli laisse accroire que, dans une phrase comme « Les cinq kilomètres de long qu'a autrefois mesuré ce glacier ont fondu comme neige au soleil », l'accord du participe passé est de rigueur, alors qu'il n'en est rien !

    Accord du participe passé

    Passé ou non, l'essentiel est de participer (pour paraphraser Pierre de Coubertin)
    (photo wikipedia)

     


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  • La confusion est fréquente entre l'adjectif verbal et le participe présent sur lequel il est formé, notamment pour les verbes se terminant en -ger, -guer et -quer pour lesquels l'adjectif et le participe présent diffèrent par l'orthographe mais pas par la prononciation (ce sont des homophones) : -geant → -gent, -guant → -gant, -ant → -ent, -quant → -cant.

    Il convient de les distinguer, afin de les orthographier et les accorder correctement − l'adjectif s'accordant en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte, contrairement au participe présent qui est invariable (*).

    AstuceVoici la méthode que nous vous proposons :

    • si le mot analysé peut être remplacé par un adjectif qualificatif ou mis au féminin, il s'agit de l'adjectif verbal → accord.

    • sinon il s'agit du participe présent → on conserve généralement le radical du verbe + -ant (marque du participe présent) et on ne fait pas d'accord.

    • Pour déterminer l'orthographe, on retiendra que, le participe présent étant invariable, tout féminin se terminant par le son [ghante] ou [kante] est un adjectif ou un nom et s'écrit -gante / -cante.

     

    Le personnel navigant est en grève (le personnel « embarqué » ou l'équipe « navigante » → c'est un adjectif → accord).

    Des bateaux naviguant sur les flots (on ne peut pas remplacer naviguant par un adjectif ni le mettre au féminin → c'est un participe présent → on conserve le radical navigu- du verbe naviguer et on ne fait pas d'accord).

    Ces arguments sont peu convaincants (ces arguments sont peu « pertinents » ou ces explications sont peu « convaincantes » → adjectif → accord).

    Il est parvenu à ses fins en me convainquant (on ne peut pas remplacer convainquant par un adjectif ni le mettre au féminin → participe présent → pas d'accord).

    C'est un homme négligent (c'est une femme « négligente » → adjectif → accord ; du reste, cette graphie ne peut être celle d'un participe présent qui se termine toujours par -ant !).

    C'est en négligeant son travail qu'il a échoué à son examen (participe présent → radical du verbe négliger + -ant et pas d'accord).

    Je me suis réveillé en suffoquant (participe passé). L'air était suffocant (adjectif).

    Sa colère allait croissant (participe présent).

    (*) On notera toutefois que le participe présent était autrefois variable, comme en témoignent encore certaines locutions figées de la langue juridique : toutes affaires cessantes, séance tenante, des ayants droit…

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    Remarque 1
    : Au participe présent fabriquant ne correspond pas d'adjectif verbal mais le nom fabricant avec un c (contrairement à trafiquant et à pratiquant, qui conservent qu dans les deux formes).

    Remarque 2 : Notez que exigeant et obligeant sont non seulement homophones mais également homographes comme participes et comme adjectifs (ils se prononcent et s'écrivent de la même façon), ce qui ne facilite pas toujours la distinction. Du reste, l'apparente incohérence qui semble avoir présidé à la formation des familles exigeant / exigence, obligeant / obligeance et négligent / négligeant / négligence trouve sa justification – comme souvent en français – dans des considérations étymologiques (selon que c'est le verbe ou le nom qui a servi de modèle aux autres éléments de la série).

    Astuce

    Moyen mnémotechnique concernant les adjectifs : Un homme exigeant exige le a que néglige un homme négligent.

    Remarque 3 : Dans la locution soi-disant, disant est un participe présent et reste donc invariable (voir l'article consacré à soi-disant).

    Remarque 4 : Après avoir longtemps fluctué, l'usage veut désormais que l'on distingue l'adjectif formé sur le participe présent résidant [Le lieu où elle est résidante. Les membres résidants d'une académie (par opposition aux membres correspondants)] du nom résident (avec un e), désignant une personne établie à l'étranger (Les résidents français en Angleterre). À cette ancienne acception du nom, l'Académie en a ajouté une nouvelle en 1994 : « Personne qui habite une résidence, qui vit habituellement dans une résidence ou y est hébergée » (Les résidents d’un foyer, d’une maison de retraite, d'un immeuble) − là où Girodet préconise Les résidants d'une maison de retraite médicalisée. Dans le doute, rien n'empêche de préférer parler des personnes résidant (participe présent) dans l'immeuble, de ses locataires ou de ses occupants.

    Astuce

    Moyen mnémotechnique : le substantif résident s'écrit avec un e comme président.

    Remarque 5 : Voir également les articles Fatigant / Fatiguant, Pareil et, concernant les formes en -ant suivies d'un complément d'objet indirect ou d'un complément circonstanciel, Équivalant / Équivalent.

    Subtilité 1 : Dans le cas des verbes intransitifs, on a le choix entre l'accord et l'invariabilité selon que l'on veut privilégier l'état, la qualité (adjectif verbal) ou l'action (participe présent).

    Comparez :

    Nous courions, les jambes ruisselantes de sueur (= les jambes qui sont ruisselantes de sueur, « trempées » de sueur → adjectif verbal).

    Nous courions, les jambes ruisselant de sueur (= les jambes qui ruissellent de sueur, en train de ruisseler de sueur → participe présent).

    Subtilité 2

    Voici de jeunes habitants du quartier (substantif variable) mais Voici des jeunes habitant le quartier (participe présent invariable)

    Excellant / Excellent

     


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  • Je devine le froncement de sourcils : mais quelles difficultés peuvent bien présenter les mots matin et soir ?

    Et pourtant, auriez-vous pensé à écrire : tous les dimanches matin, tous les lundis soir (sans s final) ?

    En l'occurrence, matin et soir sont ici employés dans un tour elliptique : tous les dimanches (au) matin, tous les lundis (au) soir. Ils sont donc invariables.

     

    En résumé

    Matin et soir sont invariables après un nom de jour.


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    Remarque 1
    : Il en est de même avec midi, après-midi et minuit (par ailleurs, tous trois noms masculins).

    Tous les samedis midi.
    Tous les midis
    mais Tous les après-midi (invariable selon la règle classique) ou Tous les après-midis (selon les Rectifications orthographiques de 1990).
    À midi précis, à minuit précis
    (et non précise).

    Remarque 2 : Midi (composé de mi- et du latin die, jour) signifie « le milieu du jour ». À l'origine, ce mot ne désigne pas une heure précise mais un moment de la journée, comme matin, après-midi ou soir. Aussi n'y a-t-il aucune raison de condamner les formulations le midi, ce midi (comme on dirait le matin, ce soir, etc.). Employé comme synonyme de douze heures, midi exige la préposition à : Il est venu à midi comme on dirait Il est venu à quatre heures.

    Remarque 3 : L'emploi de au soir, au matin est obligatoire après une date ainsi qu'après quelques expressions (la veille, le jour de, ce jour, tous les jours, etc.) : Le lundi matin (ou, moins couramment : le lundi au matin) mais Le lundi 2 septembre au matin.

    Remarque 4 : Voir également l'article consacré aux Jours de la semaine.

    Remarque 5 : Dans la langue familière, on dira : Il est midi pile, il est trois heures pile (= exactement). Voir également le billet Tout rond.

    Subtilité : Je viendrai après midi (= après l'heure de midi) mais Je viendrai cet après-midi.

     

    Dimanches soir

    Eh non, justement : pour tous les dimanches soir !
    (Livre de Quentin Gréban, Éditions Fleurus)

     


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