• Selon le contexte, occurrence signifie « circonstance » ou « apparition d'une unité lexicale dans le discours ».

    Notez l'orthographe traîtresse : deux c, deux r... donc deux fois plus de risques de se tromper ! Celle-ci se justifie par l'étymologie latine de ce mot emprunté du verbe occurrere (aller au-devant de, rencontrer), lui-même formé du préfixe ob- et du radical currere (le doublement de la consonne c provenant de l'assimilation du b du préfixe avec le c du radical).

    Une occurrence favorable. Dans cette fâcheuse occurrence.

    En l'occurrence (= en la circonstance).

    Relever le nombre d'occurrences d'un mot dans un texte.

    Séparateur de texte


    Remarque 1 : De même, concurrence et récurrence prennent deux r (mais un seul c !).

    Remarque 2 : On notera qu'une occurrence, dans son acception vieillie de « circonstance plus ou moins fortuite », n'est pas forcément favorable. Aujourd'hui, on parle plutôt d'une occasion (avec deux c !).

    Occurrence

     


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  • Où diable faut-il placer ce fichu h ? Voilà la question que doivent se poser les jardiniers amateurs lorsqu'il leur vient l'envie de composer un bouquet de fleurs... sous peine de semer leur florilège de fautes à tout vent.

    Il se trouve que le nom savant des plantes, en latin ou en grec, est souvent complété par une « dédicace botanique », formée à partir du patronyme du botaniste ou de l'explorateur à qui lesdites plantes ont été dédiées.

    Ainsi, pour orthographier correctement le mot dahlia (h avant l), il suffit de se rappeler que c'est le botaniste suédois Anders Dahl qui le rapporta du Mexique, en 1789.

    Un dahlia nain (et non un dalhia nain).

    Même explication pour le forsythia, ainsi nommé en l'honneur de William Forsyth, botaniste britannique, ainsi que pour le fuchsia (chs et non sch), en l'honneur du médecin et botaniste bavarois Leonhart Fuchs.

    Un champ de fuchsias (Zola).

    Quant au rhododendron, c'est son étymologie qui nous vient en aide : en grec, rhodon signifie « rose » (et dendron, arbre).

    Un rhododendron sauvage (et non un rodhodendron sauvage).

    C'est encore l'étymologie qui nous aide à orthographier correctement – et surtout à visualiser – orchidée : grec orkhidion, « petit testicule », par analogie... de forme !

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    Remarque 1
    : De même, le bégonia emprunte son nom à l'intendant général de Saint-Domingue au XVIIe siècle Michel Bégon ; le camélia, au jésuite Georg Joseph Kamel, qui l'apporta d'Asie en Europe ; le freesia (prononcez frésia), au médecin allemand Friedrich Heinrich Theodor Freese ; le gardénia, au botaniste écossais Alexander Garden ; le magnolia, au botaniste français Pierre Magnol ; le zinnia, au botaniste allemand Johann Gottfried Zinn ; etc.

    Remarque 2 : L'emploi des termes formés sur un nom étranger pose parfois question : faut-il les prononcer à la française ou respecter leur prononciation naturelle ? Il en est ainsi du mot fuchsia, couramment prononcé fuchia par nos concitoyens alors que le nom du botaniste auquel il se réfère se dit fouks en allemand. Voilà pourquoi d'aucuns préconisent de prononcer fouk-sia (la prononciation fuk-sia, que l'on devine derrière la graphie fuxia adoptée par George Sand, me semble bâtarde). Quel sort convient-il alors de réserver à forsythia, quand on sait que Forsyth se prononce for-saïss, en anglais ?...

    DahliaRhododendron

                            Dahlia                                                            Rhododendron
    (photo wikipedia sous licence GFDL by Vulkan)                             (photo wikipedia)

     


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  • L'adjectif rassis, au sens de « desséché, sans être encore dur » (en parlant du pain) et de « conservé pendant plusieurs jours afin d'être plus tendre » (en parlant de la viande), n'est autre que le participe passé du verbe rasseoir, employé dans son ancienne acception de « ne plus être frais ».

    Du pain rassis.

    Laisser le pain devenir rassis (de préférence à laisser rassir le pain).

    Une brioche, une viande rassise.

    Mais le mot n'étant plus senti comme appartenant à la famille de asseoir, les graphies étymologiques se voient concurrencer dans la langue courante moderne par les formes analogiques rassir, rassi, rassie (alignées sur finir), que l'Académie tolère désormais, dans un accès d'attendrissement : « Rassis, -ise. On trouve aussi Rassi, -ie », lit-on dans la neuvième édition (2018) de son Dictionnaire.

     

    Rassis

    Une viande savoureuse est une viande bien rassise.
    (photo Wikipédia sous licence GFDL by David Benbennick)

     


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  • Décrépi, participe passé du verbe décrépir et adjectif, signifie « qui a perdu son crépi ».

    Un mur décrépi, une maison décrépie (= qui n'a plus de crépi).

    On se gardera de confondre ce mot avec l'adjectif décrépit (notez le t final), qui signifie « affaibli par l'âge, atteint de décrépitude ».

    Un vieillard décrépit, une maison décrépite (= abîmée par le temps).

    La méprise entre ces deux homophones est d'autant plus fréquente, dans l'inconscient populaire, que le manque d'entretien évoque l'idée d'abandon et de vieillesse. À la réflexion, il doit bien pouvoir se trouver dans nos campagnes une obscure ruine tout à la fois décrépite et décrépie (vous parlez d'une déchéance !), voire une petite vieille qui se refait la façade à la truelle...

    Astuce

    Décrépit prend un t final quand il est question de décrépitude.
    Décrépi ne prend pas de t final quand il est question de crépi.

     

    En résumé

    Décrépi(e) s'emploie au sens propre avec les choses, décrépit(e) au sens figuré avec les choses ou les personnes.

     

    Remarque : Dérivé de catir (« donner du lustre à une étoffe en la pressant »), le verbe décatir sert également, au figuré, à désigner quelqu'un ou quelque chose qui a perdu de son éclat : Une femme qui commence à se décatir. Une maison décatie.

    Décrépit

    « Un lion décrépit, goutteux, n'en pouvant plus
    Voulait que l'on trouvât remède à la vieillesse. »
    Extrait du Lion, le Loup et le Renard, de Jean de La Fontaine
    (Illustration de J.J. Grandville)

     


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  • Selon l'usage le plus fréquent, étant donné, mis à part, ci-joint, ci-inclus, ci-annexé, y compris et autres participes passés attendu, excepté, passé, vu, etc. restent invariables s'ils sont placés avant le nom auquel ils se rapportent. Ils sont alors employés comme préposition ou comme adverbe.

    Placés après le nom ou le pronom qu'ils qualifient, ils sont considérés comme des adjectifs et s'accordent avec celui-ci.

    Mis à part cette question, reste-t-il des interrogations ? mais Cette question mise à part, il n'y a plus d'interrogations.

    Ci-joint, notre proposition mais Veuillez relire la proposition ci-jointe.

    Étant donné les circonstances, il est excusé mais Les sujets étant donnés, l'épreuve a pu commencer.

    Tout le monde, excepté les enfants mais Tout le monde, les enfants exceptés.

    Il a tout lu, y compris la fin mais Il a tout lu, la fin y comprise.

    Vu la situation, mieux vaut tout arrêter mais La situation vue à travers les yeux d'un enfant.

    Passé vingt heures, il ne pourra plus entrer mais Il est arrivé à vingt heures passées.

    Passé cette porte, le silence est requis.

     

    Astuce

    On reconnaît un participe passé employé comme préposition au fait qu'il est possible de le remplacer par une autre préposition : passé vingt heures ↔ après vingt heures.

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : La règle d'accord de certaines de ces locutions a été longtemps incertaine. Ainsi, Grevisse et Hanse notent que le choix est possible avec étant donné, passé et mis à part. Pour autant, celui-ci conseille l'invariabilité, quand celui-là reconnaît que, dans l'usage moderne, on les laisse souvent invariables.

    Concernant les locutions ci-joint, ci-inclus, ci-annexé, l'Académie apporte la précision suivante : placées en tête de phrase, ces locutions ont valeur adverbiale et restent donc invariables ; placées dans le corps de la phrase, elles s'accordent ou pas selon un usage encore flottant (mais restent invariables devant un nom sans déterminant) ; placées juste après le nom auquel elles se rapportent, elles ont valeur d'adjectifs et s'accordent. Ainsi peut-on écrire, selon l'Académie : Vous trouverez ci-joint notre proposition ou Vous trouverez ci-jointe notre proposition mais Vous trouverez, ci-jointe, notre proposition (en raison de la mise en apposition) et Vous trouverez ci-joint copie de notre proposition (en raison de l'absence de déterminant). Notez par ailleurs qu'il est préférable, dans le cas d'une lettre, d'employer ci-inclus plutôt que ci-joint (tout document complémentaire devant être glissé dans l'enveloppe).

    Rares, enfin, sont les spécialistes qui abordent le cas de passé précédé de une fois. Selon Pierre Le Goffic (Grammaire de la phrase française, 1994), on peut (on doit ?) écrire : une fois passée cette date. Selon Olivier Houdart et Sylvie Prioul (La Grammaire, c'est pas de la tarte !, 2009), « on est libre de choisir : une fois passée (ou passé) la crête ».

    Remarque 2 : Vu (à ne pas confondre avec son homonyme vue) s'emploie également dans certaines expressions figées comme nom masculin toujours au singulier (à la différence du nom masculin dire qui admet également le pluriel dans l'expression au dire de).

    Au vu et au su de tout le monde (= à la connaissance de tout le monde).

    Au vu des dernières révélations... (= après avoir pris connaissance des dernières révélations).

    Sur le vu des documents joints (tour administratif signifiant « après examen ou constatation de »).

    Au dire de, selon le(s) dire(s) de = d'après ce qui est rapporté par.

    En vue de (= dans l'intention de, en considération de).

    Remarque 3 : On notera que la locution conjonctive étant donné que, suivi de l'indicatif, est invariable et signifie « en considérant que, puisque, du fait même que ».

    Étant donné que vous n'êtes pas venus, nous sommes partis.

    Mise à part

     


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