• Retour de flamme

    Retour de flamme

    « Depuis que le Conseil d'État a demandé à l'Arcom de durcir son contrôle des médias, Europe 1, CNews et Le Journal du Dimanche font feu de tout bois. »

    (paru sur huffingtonpost.fr, le 18 février 2024.)

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Chronique de langue oblige, il sera moins question, dans les lignes qui suivent, de liberté d'expression que de... détournement d'expression. Jugez-en plutôt :

    « Faire feu de tout bois. Comme il est de pratique courante d'employer toutes sortes de bois pour faire du feu, on voit mal le rapport qui existe entre cette locution et un désir de réussite à tout prix. [Il s'agit là encore d'une] expression qui s'est pervertie : le "feu" a fini par [...] chasser le mot correct qui est "flèche". Faire flèche de tout bois : utiliser tous les morceaux de bois dont on peut disposer pour les tirer avec un arc en direction de l'objectif à atteindre » (Claude Gagnière, Pour tout l'or des mots, 1997).

    « On rencontre assez souvent l'expression fautive "faire feu de tout bois", confusion avec "faire flèche de tout bois". Tout bois étant combustible, ce n'est pas une difficulté d'y mettre le feu. En revanche, l'expression imagée "faire flèche de tout bois" signifie "mettre tout en œuvre pour arriver à quelque chose" (Littré) » (bulletin suisse Défense du français, 2012).

    « Un excellent historien présent sur une radio de grande audience use à tort d'une expression devenue malheureusement courante : "Faire feu de tout bois". Embraser quelques branches sèches relève du savoir-faire de tout campeur tant soit peu aguerri. En revanche, "faire flèche de tout bois" exige habileté et expérience, car toutes les essences ligneuses n'y sont pas prédisposées. Seul celui qui sait "faire flèche de tout bois" est adroit ou... opportuniste » (Maurice Véret, Défense de la langue française, 2022).

    « L'expression convenable pour signifier que l'on utilise inconsidérément tous les moyens qui se présentent est "faire flèche de tout bois" [et non "faire feu de tout bois"] » (François Rollin, Dictionnaire amoureux de la bêtise, 2022).

    Le moins que l'on puisse dire, c'est que nos spécialistes n'y vont pas avec le dos de la cuillère (en bois).
    Dénué de sens, faire feu de tout bois ? Allez expliquer ça à Bernard Palissy, potier du XVIe siècle, qui aurait été jusqu'à brûler le mobilier et le plancher de sa maison pour alimenter le four devant lui permettre de percer le secret des émaux ; à Rabelais, qui connaît « l'admirable nature d[u] boys [de mélèze], lequel de soy ne faict feu, flambe, ne charbon » (Le Tiers Livre, 1546) ; ou encore à Pline le Jeune, qui rappelle avec juste raison que « l'invention de tirer du feu de certains boys est venue des espies [= éclaireurs] qui vont de nuyt de camp en camp, et des pasteurs aussi, lesquels n'ont tousjours des pierres et des fuzils à leur poste pour faire du feu quand ils en ont de besoin. Et de là vient que pour avoir du feu, ils frottent ces boys l'un contre l'autre et font tomber les estincelles qui en sortent sur du boulet ou sur quelque fueille seche » (L'Histoire du monde, traduction d'Antoine Du Pinet, 1561) ! Autant de témoignages qui expliquent et justifient l'emploi de notre expression au sens propre : « On fait feu de tout bois, arbres morts ou brisez, peupliers, trembles, même des aulnes et des saules » (La Nouvelle Maison rustique, édition de 1740), « Faisant feu de tout bois, brûlant charpentes et meubles des villages abandonnés » (Paul et Victor Marguerite, 1900), « On a fait feu de tout bois pour se réchauffer, on a ratissé alentour tout ce qu'il était possible de brûler et d'enfourner dans les poêles » (Bernadette Pecassou-Camebrac, 2019).

    Fautif, perverti, faire feu de tout bois ? Il n'est que de consulter la documentation médiévale pour s'aviser que l'hésitation entre les mots feu et flèche remonte aux origines de l'expression.

    Les anciens recueils de proverbes (comme les recueils de proverbes anciens) nous apprennent que l'on a d'abord dit faire flèche de tel bois (ou de tel fust, du meilleur fust) qu'on a (ou comme on a) : « Si ferai [...] Du meillor fust que j'aurai fleche » (Guillaume de La Villeneuve, Les Crieries de Paris, avant 1300) ; « Dou meillor fust que len a doit len faire floiches », « De tel fust que on a fait on fleche » (Joseph Morawski, Proverbes français antérieurs au XVe siècle, 1925) ; « De tel comme on a fust on a fleche » (Étienne Le Gris, Recueil de proverbes, vers 1440) ; « Fay de tel bois que tu as flesche » (Jean Miélot, Proverbes en françois, 1456) ; « Il me couvient faire De tel bois que j'ay flesches » (Proverbes en rimes, vers 1490). Mais déjà le mot feu se tenait en embuscade au coin du bois, si l'on en croit Joseph Barrois : « Comme l'en dit de coustume, il convient de tel boys comme l'on a faire le feu », relève ce bibliophile émérite dans un manuscrit du Livre du très chevalereux comte d'Artois (vers 1460), à côté de la variante « faire fleschez ». La substitution peut s'expliquer par une simple association d'idées : on pense évidemment au bois dont on se sert pour faire du feu, mais aussi aux flèches ardentes qui visent l'ennemi sur le champ de bataille (1) ou le cœur à conquérir dans la représentation guerrière d'Amour-Cupidon (2).

    Peu avant 1500, on trouve chez le prédicateur Jean Sérée l'interpellation « Et de quel boys faictes vous fleiches ? », qui annonce l'expression figurée ne savoir de quel bois faire flèche (« ne savoir que faire ; être à bout de ressources, de moyens ») : « Lequel ne sçait de quel boys faire flesche » (Michel d'Amboise, 1532), « Plusieurs ne scauront de quel boys fayre fleches » (Rabelais, 1533), « Ne sçachant plus de quel boys faire flesches » (Nicolas Herberay des Essarts, 1546). De la même époque date (savoir) de quel bois quelqu'un se chauffe (« connaître les sentiments, les opinions de quelqu'un ; savoir de quoi il est capable ») : « Que faictes vous, que dites vous, brief de quel bois vous chauffez-vous » (Étienne Pasquier, 1554), « [Ceux] ayans experimenté de quel boys se chauffoit Fleurus » (Jean Millet, 1556), « Si je n'eusse bien sceu de quel bois elle se chauffe, pour l'avoir cognue des le berceau » (Odet de Turnèbe, vers 1580), « Il sçavoit bien de quel bois je me chauffois » (Antoine Du Verdier, 1585). Du bois (de chauffe) au feu il n'y avait là encore qu'une étincelle, que la langue finit par faire jaillir : « Et que ces seigneurs [...] congnoissent de quel boys il faict feu » (Catherine de Médicis, 1564), « Ces discours [...] contre la foy et l'honneur de la religion font bien connoître de quel bois on fait feu dans nôtre siecle » (Bonaventure de Langres, 1654).

    Parallèlement se développèrent les constructions proverbiales du type de tout bois faire quelque chose ou quelqu'un : « Car de tous bois et verd, et sec, Le plus souvent on faict passaige » (Guillaume Coquillart, 1532) ; « Tout bon tailleur de tout boys fait image » (Guillaume de La Perrière, 1553), « Tout bon tailleur de tout boys faict ouvrage » (Pierre Habert, 1556) ; « Il a esté dict que la statue de Mercure ne doibt estre faicte de tous boys indiferentement » (Rabelais, 1552), « On ne fait de tout bois l'image de Mercure, Dit le proverbe vieil : mais nous voyons icy De tout bois faire Pape, et cardinaux aussi » (Joachim du Bellay, 1558).
    Les exemples abondent avec flèche(s) :

    « Thevet, qui en ses escrits fait de tout bois flesches, comme on dit , c'est à dire, ramasse à tors et à travers tout ce qu'il peut pour allonger et colorer ses contes » (Jean de Léry, 1577), « Contre son ennemy on peut de tout bois faire fleches » (Blaise de Monluc, Commentaires, édition posthume de 1592), « Nos Jesuites, faute de meilleur, sçavent faire de tous bois flesches » (Philippe de Mornay, 1600), « Faire flesches de tout bois est s'ayder proprement au besoin de tout moyen qui se presente » (Jean Baudoin, Dictionnaire françois-latin, 1607), « Faisans flesche de tout bois [...] vous confondez tout » (Thomas Pelletier, 1609), « Cette vieille rusée qui sçavoit faire flesche de tout bois » (Jean-Pierre Camus, 1627),

    et, de là, avec divers mots ayant trait au feu :

    (avec feu) « Faisant feu de tous bois, il met toutes pieces en œuvre pour brouiller les François » (André Favyn, 1612), « Voila comment vous resistez à la vérité, et faites feu de tout bois » (P. Bocquet, 1621), « J'ay fait feu de tout bois » (Julian Manceau, 1622), « Quelques esprits traversez qui font feu de tout bois à leur vehemente humeur » (Jean-Pierre Camus, 1622), « La deffiance a cela qu'elle faict feu de tout bois » (Id., 1627), « Faire fleche et feu de tout bois » (Id., 1632), « Faire par apres feu de tout bois » (Jean de Giffre de Rechac, 1647), « [La colère] fait feu de tout bois » (Antoine Le Grand, 1662) ;

    (avec charbon ou cendre) « [Les adversaires] faisans ou cendre ou charbon de tout bois pour [les] denigrer » (Louis Richeome, 1597), « Il fait flesche et charbon de tout bois pour la tentation » (Pierre Matthieu, 1605), « Faire charbon de tout bois » (Randle Cotgrave, 1611), « Faire charbon de tout bois, se servir de tout » (Antoine Oudin, Curiositez françoises, 1640) ;

    (avec fumée) « [Ceux dont l'humeur est de] fere feu et fumée de tout bois » (Louis Richeome, 1614) ;

    (avec bûche ou fagot) « Faire de tout bois fagot » (Gomes de Trier, 1611), « Engin qui de tout bois fait bûche » (Satyre ou Imprécation contre l'engin du surnommé Mazarin, 1652). (3)

    Vous l'aurez compris : faire flèche de tout bois est l'arbre qui cache la forêt de variantes lexicales et orthographiques (commutation et combinaison de termes, graphies au singulier ou au pluriel).
    Ce que l'on comprend moins, c'est le traitement desdites variantes par les spécialistes de l'époque. Pourquoi Cotgrave et Oudin, pour ne citer qu'eux, consignent-ils celles avec flèche et charbon (respectivement faire de tout bois fleches, faire charbon de tout bois et il ne sçait de quel bois faire fleche, je sçay de quel bois il se chauffe, faire charbon de tout bois), mais pas celle avec feu ? Je ne saurais le dire. Le fait est que faire feu de tout bois a longtemps été ignoré par les lexicographes (Féraud, Bescherelle et Littré, en particulier, ne connaissent que la version avec flèche, au singulier).
    Mais ça, c'était avant. Avant que les auteurs ne commencent à changer leur carquois d'épaule et à manier le feu plus volontiers que la flèche :

    « La plupart font feu de tout bois » (André-Robert Andréa de Nerciat, 1792), « C'est en mettant ses dernières ressources en jeu et, comme on dit, en faisant flèche et feu de tout bois » (Journal de Paris, 1807), « L'ambition de notre temps fait feu de tout bois » (Charles-Philippe de Chennevières-Pointel, 1845), « Dans le commerce, il faut faire feu de tout bois » (Ferdinand Dugué, 1854), « Voulant, en homme habile, faire feu de tout bois » (Charles Hugo, 1860), « [Ils sont] habitués à faire feu de tout bois » (Jean Macé, 1861), « Qui fait de serment industrie, Feu de tout bois, argent de tout » (Émile Bergerat, 1871), « [Ils] font feu de tout bois pour cuire leur soupe » (Alphonse Karr, 1880), « Il m'est nécessaire de rassembler toutes mes forces et de faire feu de tout bois » (Georges Duhamel, 1937), « Aucune discrimination ; il fait feu de tout bois » (Gide, 1945), « Là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois » (Aimé Césaire, 1946), « Ces belles personnes qui font feu de tout bois pour briller » (Anouilh, 1950), « Les hommes se font chaud de tout ce qui est feu, et ils font feu de tout bois » (Claude Roy, 1960), « Vous faites feu et flèche de tout bois » (Jacques Bens, 1965), « L'Esprit qui souffle où il veut peut de tous [sic] bois faire feu ardent » (Jean-Marie Paupert, 1967), « Aussi [...] préféra-t-il faire front et feu de tout bois » (Claude Michelet, 1972), « On sera obligé de faire feu de tout bois » (Jean Carrière, 1972), « Je fais feu de tout bois » (Alphonse Boudard, 1974), « L'auteur fait déjà feu de tout bois » (Pascal Ory, 1980), « Le pédagogue sagace sait faire feu de tout bois » (Yves Gentilhomme, 1990), « L'auteur savait faire bois de tout et feu de tout bois » (Charles Le Quintrec, 1996), « Ainsi faites-vous feu, faites-vous France de tout bois » (Pierre-Jean Remy, 2003), « Le Mal fait feu de tout bois » (Alain Rey, 2006), « Il fait feu et flamme de tout bois » (François Bon, 2008), « Les Parisiens firent feu de tout bois pour édifier leurs barricades » (Régine Deforges, 2011).

    L'Académie, qui avait enregistré faire flèche de tout bois dans son Dictionnaire dès 1740, attendra tout de même 1992 (!) pour reconnaître la variante avec feu : « Expression figurée. Faire flèche, faire feu de tout bois, avoir recours à tous les moyens possibles pour atteindre un but. » N'en déplaise aux esprits chagrins, cette dernière figure désormais dans tous les dictionnaires (4) et est même parfois tenue pour plus claire et plus usuelle que son aînée (5). Belle revanche !

    Un mot encore. Quelle ne fut pas ma surprise, en consultant les anciens numéros de Défense de la langue française, de trouver, sous la plume de Denis Lemordant cette fois, la définition suivante : « Faire flèche (ou feu) de tout bois. Mettre tout en œuvre pour réussir » (2009).
    Pour le dire sans langue de bois... il y a des volées de bois vert qui se perdent !

    (1) « Flesches ardantes enveloppées d'estouppes, de poix et d'uille » (Jean de Bueil, vers 1465), « [Ils] lançoient des javelots et pierres de grands poids, avec feu et fleisches qui pleuvoient bien espais » (Antoine de La Faye, 1597).

    (2) « Cupido est descript et peingt ayant eles, [...] arc et fleches, [...] torche et feu » (traduction de La Généalogie des dieux de Boccace, 1498), « Ce bel enfant tenoit [...] une fleche, estincellant de feu ardant » (Hypnerotomachie, 1546), « Jette (ô Amour) ton arc flesches et feu » (Jacques Gohory, 1554), « Pourquoy donna on a Amour fleches et feu ? » (Questions d'amour, 1558), « Celui qui feu, l'arc et les fléches porte S'appelle Amour, volant par aisle forte » (Jean Louveau, 1559).

    (3) Et aussi : « La fureur fait arme de tout bois » (Thomas Guyot, 1669).
    Le modèle syntaxique se décline depuis à l'infini : « Faire flèche de tout bois, faire argent de tout meuble » (Mirabeau, vers 1770), « Faire argent de tout bois » (Anatole de Montaiglon, 1882), « Une sorte de Bel Ami, faisant − si l'on veut nous permettre l'expression − femme de tout bois » (Revue de Belgique, 1911), « Mensonges, dénonciations, calomnies à l'égard des syndiqués, les patrons essaient de faire flamme de tout bois » (journal L'Insurgé, 1911), « Excuse ce pauvre papier, on fait lettre de tout bois ! » (Henri Pourrat, 1916), « Faire trait de tout bois » (Raymond Las Vergnas, 1976), « L'écrivain fait fumée de tout bois, rempart de toute feuille » (Jean Suquet, 1996), « C'était l'époque où l'on faisait costume de tout bois et justement le tissu en fibre de sapin avait belle allure » (Henri Cueco, 1998), « Faire fortune de tout bois » (Abdelhak Serhane, 2013), « [Les langues] font vocable de tout bois » (Erik Orsenna et Bernard Cerquiglini, 2022) ; « [Prévert] fait flèche de tout mot » (Claude Roy, 1949), « Quelle adresse à faire feu ou flèche de ses yeux, à user de ses lèvres ou de sa gorge comme d'appas » (Léon Bopp, 1959), « Faire flèche de toute pierre, et utiliser jusqu'au dernier tous les matériaux disponibles » (Raymond Oursel, 1973), « Le langage en ce temps-là faisait feu de tout bruit » (Vénus Khoury-Ghata, 1999), « [Voltaire] fait feu de tout argument et de tout style » (Michel Delon, 2011), etc.

    (4) Robert, Larousse et le TLFi ont précédé de peu le Dictionnaire de l'Académie.

    (5) « L'expression [faire feu de tout bois] est quasi synonyme de faire flèche de tout bois, mais la métaphore est plus claire » (Alain Rey et Sophie Chantreau, Dictionnaire d'expressions et locutions, 1993).
    Par ailleurs, on commence à trouver des recueils d'expressions idiomatiques où, des deux versions, seule celle avec feu est répertoriée. Ainsi de Tu donnes ta langue au chat (2012) de Philippe Gaillard, Tout le français (2014) de Benoît Priet, 300 expressions pour réussir (2020) de Jean K. Mathieu et Expressions (2023) de José Minotti.
     

    Remarque 1 : Selon l'Office québécois de la langue française, faire feu de tout bois serait « un amalgame des expressions faire flèche de tout bois et faire feu de tribord et de bâbord ["attaquer sur tous les fronts"] ». Je n'en mettrais pas ma main au feu, la variante navale n'étant pas attestée (à ma connaissance) avant 1674 : « [Des] vaisseaux, faisant feu de babord et de stribord » (Relation de ce qui s'est passé entre les armées navales de France et d'Angleterre, et celle de Hollande), et même 1800 pour ce qui est de ses emplois figurés : « Vous me feriez faire feu de tribord et bas-bord, ma sœur » (Adélaïde-Isabelle-Jeanne Rochelle de Brécy, 1813), « Quiconque se chauffe de tout bois fait feu de tout bord » (Le Dieu malgré lui, 1832), « Figuré et familier, Faire feu de tribord et de bâbord, faire usage de tous ses moyens, de toutes ses ressources » (Dictionnaire de l'Académie, 1835).
    Signalons également un article paru en 1966 dans la revue Vie et langage, qui revient cette fois sur l'origine de faire flèche de tout bois : « M. Albert Thys, de Bruxelles, s'applique à recueillir les expressions dérivant de la pratique des attelages hippomobiles [...]. "Quand la flèche, le timon d'une voiture légère, se rompait, nous dit-il, on était parfois amené à la remplacer par une branche d'arbre coupée dans un taillis voisin. Cette réparation de fortune aurait donné naissance à la locution faire flèche de tout bois". » L'ancienne graphie avec flèches au pluriel semble pourtant mieux s'accorder avec les traits de l'archer qu'avec le timon de l'attelage...

    Remarque 2 : Feu Claude Duneton avait-il l'esprit de contradiction ? C'est la question que l'on peut légitimement se poser en lisant son Bouquet des expressions imagées (1990). L'auteur y range le tour avec feu sous la rubrique « opiniâtreté » et celui avec flèche sous la rubrique « bonne volonté » (?), alors que les intéressés sont unanimement présentés comme synonymes par la concurrence. Mais ce n'est pas tout. Duneton écrit, contre l'usage moderne, faire flèche de tous bois (avec tous au pluriel) à côté de faire feu de tout bois. Un mot d'explication aurait été le bienvenu...

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La même chose ou Ils font flèche de tout bois.

     

    « Un tandem de la mortParis vaut bien une olympiade »

    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    1
    Chambaron
    Samedi 30 Mars à 22:01
    Chambaron

    Difficile donc de faire la part des choses… On constate quand même grâce aux études de fréquence que la forme avec flèche a largement dominé jusqu'au milieu du XXe siècle. Est-ce l'influence déterminante de Bernard Palissy dans l'apprentissage de l'histoire de France qui a changé le cours des choses ? La version avec feu est désormais largement majoritaire.

    Pour pimenter le tout, on constate qu'en 1715 le Royal Dictionary (bilingue) traduit "Faire métier de tout, faire de tout bois flèche" par "To be Jack of all Trades". De quoi recycler encore ce bois très renouvelable...

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :