• Genre


    Dans la langue française, les noms ont un genre (déterminé par l'usage et les conventions) et il n'en existe que deux : le masculin et le féminin.

    A la différence du latin, le neutre n'existe plus (c'est le masculin qui joue son rôle). Pour autant, certains mots ne varient pas selon le genre, on dit qu'ils sont épicènes (du grec epikoinos, possédé en commun).

  • Voici une faute de français extrêmement fréquente (LA faute ?) : la confusion de genre affectant le mot espèce dès lors que celui-ci est suivi d'un nom masculin introduit par la préposition de.

    N'entend-on pas dire constamment, à propos d'une chose ou d'une personne qu'on ne peut définir avec précision, qu'on ne peut classer avec certitude : c'est un espèce de (manteau, conte de fées, savant, etc.), comme si le nom complément, parce qu'il porte en réalité le sens, avait toute légitimité pour imposer son genre à l'article ? Le syntagme espèce de est alors perçu comme une... sorte d'adjectif indéfini exprimant une nuance d'approximation ou de dépréciation.

    Que les choses soient claires, annonce l'Académie dans une de ses nombreuses mises en garde : à moins d'être dopé à la testostérone, espèce est un mot du genre féminin, quel que soit celui de son complément !

    Une espèce de manteau, de conte de fées, de savant, etc.

    Une espèce de poisson, de dinosaure, d'arbre (*).

    Une espèce d'avocat, une espèce d'écrivain (se dit, par dénigrement, d'un mauvais avocat, d'un mauvais écrivain).

    Quelle espèce de malotru ! Espèce d'idiot ! (pour renforcer une dénomination injurieuse.)

    Le phénomène, surtout observé dans la langue parlée et dans des transcriptions de dialogues familiers, est tellement répandu, par assimilation avec « un certain », que l'on n'y prête plus guère attention. En l'espèce, il est amusant de constater qu'il n'a pas encore contaminé les locutions jumelles une sorte de, un genre de... tout au plus la variante familière du genre.

    Elle n'est pas du genre marrant (et non du genre marrante).

    Pour autant, le nom complément tient sa revanche, en ce qu'il détermine l'accord du verbe et de l'attribut (sauf quand le mot espèce est pris dans son sens ordinaire, ce qui est particulièrement le cas quand il est précédé d'un démonstratif le mettant en relief).

    Il s'agit d'une espèce d'insecte protégé mais Cette espèce d'insecte est protégée.

    Voilà une espèce de gens qui n'incitent pas à la conversation.

     

    En résumé

    La locution espèce de (au sens de « sorte de ») n'a pas valeur d'adjectif : le déterminant est censé rester au féminin (puisque se rapportant au nom espèce), quel que soit le genre de son complément.

    L'accord du verbe et de l'attribut se fait quant à lui avec le nom complément.

    J'ai croisé une espèce de fou dans la rue (et non un espèce de fou).

    Une espèce de fou est entré chez moi (et non est entrée chez moi).

     

    (*) On notera, dans ce cas et hors contexte, l'ambiguïté de l'expression qui, selon que le substantif espèce est pris dans son sens plein ou non, peut « tout aussi bien désigner une catégorie, une variété de l'espèce en question, qu'être une manière de définir, par approximation, ce qu'on ne sait classer avec certitude, ce qui ressemble mais qui n'est pas vraiment cela » (Évelyne Larguèche). Comparez : une espèce de dinosaure a été découverte (= une nouvelle espèce de dinosaure ; de dinosaure est ici complément du nom espèce, pris dans son acception biologique) et une espèce de dinosaure a été découvert (= un animal qui ressemble, qui fait penser à un dinosaure ; une espèce de fait alors office de déterminant complexe du nom dinosaure).

    Remarque 1 : Le tour espèce de est attesté de longue date, dans des emplois où il n'est pas toujours aisé de distinguer les diverses acceptions du substantif (« apparence, catégorie d'êtres vivants, sorte, qualité ») : « Mil espices de vermine » (Gautier de Coinci, avant 1236), « Une espece de vertu » (Nicole Oresme, avant 1382), « Une espece de porée [= poireau] » (Le Ménagier de Paris, XIVe siècle), « Une espiece de melencolie » (Nicolas de Baye, 1409), « Car la prison est espece de mort » (Étienne Dolet, 1544), « En ceste espece de faulse volupté » (Jean Le Blond, 1550), « Ceste espece de magiciens » (François de La Noue, 1587). Dès le XVIe siècle apparaissent les premières occurrences avec espèce au masculin : « Cest espece de crime » (texte daté de 1522), « Un espece de palmier » (André Theuvet, 1558), « Cet espece de fer » (Julien Baudon, 1583), parfois même devant un nom complément du genre féminin : « Cet espece de persecution » (Pierre Ortigue de Vaumorière, 1658), « Un espece de trahison » (Robert Arnauld d'Andilly, 1671), « Un espece de periode fort reglée » (Jacques Rohault, 1671).

    Ce n'est pas parce que Goosse note que « espèce était déjà parfois traité comme masculin dans cette construction au XVIIIe siècle » que l'on doit se croire autorisé à affirmer, avec Alfred Gilder, que « la règle au XVIIIe siècle [était] que le syntagme espèce de [prenait] le genre du nom complément » (Les 300 plus belles fautes à ne pas faire, 2018). D'une part, il n'est fait mention, à ma connaissance, d'aucune règle de ce... genre dans les ouvrages de référence du XVIIet du XVIIIe siècle ; et si la Grammaire de Port-Royal (1660) admet que « les mots sorte, espèce, genre, et semblables, déterminent ceux qui les suivent, qui pour cette raison ne doivent point avoir d'article », elle n'envisage aucun transfert de genre pour autant : « Une sorte de fruit qui est mûr en hiver. Une espèce de bois qui est fort dur. » D'autre part, le raccourci est d'autant plus malheureux que certains des exemples sur lesquels se fonde le continuateur du Bon Usage sont sujets à caution. Qu'on en juge :
    - « un espèce de cabinet » (Saint-Simon, Mémoires). Goosse, qui se réfère ici à l'édition posthume de 1829, se garde bien de relever les formes régulières, autrement nombreuses : une espèce de biscuit, de petit fond, de seigneur, de manifeste, etc. Dès l'édition de 1840, l'espèce de cabinet a retrouvé son article féminin.
    - « un espéce de grand homme » (Voltaire, Lettres philosophiques, XXIV). Là encore, tout porte à croire que l'édition originale de 1734 n'est pas exempte de coquilles. Ne lit-on pas dans la Ve lettre : « Ce que l'on appelle un abbé est un espéce inconnuë en Angleterre » ? Dans l'édition de 1752, « revue et corrigée par l'auteur » nous assure-t-on, une espéce de est de rigueur.
    - « un espece de musicien » (Diderot, Le Rêve de D'Alembert). Ledit rêve vire à la cacophonie pour qui fait l'effort de consulter le manuscrit autographe de 1769 : « un espece de musicien » y côtoie « une espece de toucher que nous appelons le bruit ». Une fausse note de plus ?
    - « un espece d'imbecille » (Bernardin de Saint-Pierre, La Vie et les ouvrages de Jean-Jacques Rousseau). Ajoutons : « un espece de geranium », cueilli quelques pages plus loin, et « un espece de stupidité », de facture encore plus curieuse. La belle affaire ! De l'aveu même de Maurice Souriau, dans l'avant-propos de l'édition à laquelle se réfère Goosse, le manuscrit en question n'est « pas une mise au net prête pour l'impression, mais de l'écriture courante, avec la négligence que l'on apporte toujours en pareil cas [...]. Il y a nombre de lapsus [...], des négligences de plume ».
    Le choix des citations empruntées au XXe siècle n'est guère plus convaincant :
    - « un espèce de murmure » (Georges Bernanos, Monsieur Ouine). C'est pourtant « une espèce de murmure » qui figure dans l'édition originale de 1943... non loin de « cet espèce de fourreau de soie » !
    - « un espèce de vallon » (Pagnol, Le Temps des secrets)... mais « une espèce d'accent pointu » ! Allez trouver un semblant de logique dans ces graphies...
    Grevisse et Goosse ne sont pas les seuls spécialistes, au demeurant, à proposer des exemples peu édifiants, voire franchement douteux. Ainsi de Littré qui, une fois n'est pas coutume, donne deux citations erronées : « un espèce de charme divin » (Bossuet, Oraison funèbre de Henriette d'Angleterre, à l'article « charme » de son fameux Dictionnaire) et « un espèce de toit » (Paul Broca, Mémoires d'anthropologie, à l'article « ogival »), au lieu des « une espèce de […] » attestés dans les textes originaux. Damourette et Pichon, de leur côté, font état, dans Des Mots à la pensée (tome 2), de la graphie « un espèce de vagabond » relevée dans un rapport (daté du 7 sept 1705) du lieutenant de police René d’Argenson... mais oublient de préciser que la forme régulière figure dans un autre, rédigé un an plus tard (11 octobre 1706) : « une espèce de vagabond ou de petit-maître. » Eux-mêmes sont pris en flagrant délit de solécisme dans le premier tome de leur grammaire : « un espèce d'honneurs. » Un comble ! Quant à la phrase de Proust « cet espèce de malaise, de répulsion » citée par Robert Le Bidois (in Le Monde, 2 décembre 1964), il doit s'agir de l'unique exemple au masculin, dans tout À la recherche du temps perdu, au milieu de dizaines d'autres au féminin : une espèce de poète, de paysan, de cavalier, de cortège, de transport, de mauvais tour, de remerciement ; cette espèce de frisson, cette espèce d’égarement et d'abandon, etc.
    Que l'on ne se méprenne pas sur le sens de mon propos : loin de moi l'idée saugrenue de nier l'existence de telles graphies dans l'usage littéraire ; je constate simplement qu'il est difficile, en l'espèce, de distinguer ce qui relève de la coquille ou du lapsus de ce qui relève de la volonté de l'auteur (dans la mesure où se succèdent d'ordinaire les deux façons d’accorder au sein du même ouvrage). Après tout, l'Académie elle-même a laissé échapper dans la première édition (1694) de son Dictionnaire quatre graphies au masculin : « C'est comme un espece de titre » (à l'article « dame »), « On appelle goutte crampe un espece de goutte » (à l'article « goutte »), « Il y a un espece de marronnier qu'on appelle marronnier d'Inde » (à l'article « marronnier ») et « [Des] choses pulvérisées en un espece de sable menu » (à l'article « sable ») [les corrections seront apportées dans l'édition de 1718] ; on lit encore dans la neuvième (2005) : « Mettre en évidence l'individualité d'un espèce » (à l'article « individualité »). Cela n'empêche pas la vénérable institution de tenir, depuis plus de trois siècles, le mot espèce pour féminin, quel que soit le genre de son complément.

    Remarque 2 : Les spécialistes de la langue peinent à s'accorder sur les raisons de la graphie un espèce de. Selon Grevisse, « le fait s'explique par la syntaxe psychologique, soit qu'il y ait, comme le pensait Nyrop, une assimilation anticipante de genre et que espèce passe au masculin quand le nom qui suit est masculin, soit que (cette explication me paraît plus plausible), par-dessus espèce, l'article ou l'adjectif déterminatif se mette, par une forte attraction, en accord avec le nom qui suit et qui, pour le sens, domine dans la pensée » (Problèmes de langage, 1964) ; pas un mot toutefois sur le cas particulier un espèce de + nom féminin. La linguiste Marina Yaguello, de son côté, croit devoir introduire une restriction : le changement de genre du mot espèce (selon le nom qui l'accompagne) « ne se produit que lorsque le sens est dépréciatif », écrit-elle dans Les Mots ont un sexe (2014). Les contre-exemples (si tant est que l'on puisse s'y fier...) ne manquent pourtant pas : « Un espèce de bonheur » (Armand-Laurent Paul, 1774), « Un espèce de raffinement » (Friedrich Haas, 1844), « Cet espèce de beau garçon » (Aragon, 1956). D'autres, observant que l'accord par syllepse ne semble pas s'étendre aux tours sorte de, genre de..., suggèrent que « c'est la structure phonique de espèce [...] qui le rend possible » (Christine Rouget) : « Ce flottement du genre est typique des substantifs à initiale vocalique », confirme Hervé Curat dans Les Déterminants dans la référence nominale (1999). Des graphies anciennes avec apostrophe tendent d'ailleurs à corroborer cette thèse : « Un'espece d'armoise » (Jean Des Moulins, 1579), « Un'espece de tourture » (1592), « Tous les individus de cet'espece » (Pierre Le Mardelé, 1632).

    Remarque 3 : Après espèce de (genre de, sorte de, type de, etc.), le choix du nombre se fait selon le sens ou l'intention. Pour l'Office québécois de la langue française, le nom complément « se met généralement au singulier s'il désigne une réalité abstraite ou encore si l'on veut insister sur un être ou une chose en particulier. Il se met généralement au pluriel s'il se réfère à une réalité concrète ou si l'on veut insister sur la catégorie à laquelle appartient l'être ou la chose désignée ». Hanse ajoute : « Quelle espèce de fautes a-t-il faites (le pluriel d'espèces pourrait répondre à l'idée nette de plusieurs espèces : il a commis plusieurs espèces de fautes). » Force est toutefois de constater que l'usage, en la matière, est particulièrement flottant. Ainsi l'Académie recourt-elle − indifféremment ? − aux deux formes dans la dernière édition de son Dictionnaire : « nom usuel d'une espèce de bécasseau » (à l'entrée « alouette ») , « nom usuel d'une espèce de peuplier » (à l'entrée « grisard »), mais « se dit d'une espèce de chèvres » (à l'entrée « angora »), « une espèce de singes » (à l'entrée « guenon »), « une espèce de petits œillets » (à l'entrée « mignardise »). L'hésitation est encore de mise après espèces de, même si l'on constate alors que le nom complément se met le plus souvent au pluriel : « les diverses espèces d'arbres » (à l'entrée « forestier »), « plusieurs espèces d'oiseaux » (à l'entrée « moucheture »), mais « nom donné à plusieurs espèces d'otarie » (à l'entrée « lion »). On notera enfin, avec un nom abstrait : « les diverses espèces de délit » (Littré), mais « les diverses espèces de délits » (huitième édition du Dictionnaire de l'Académie).

     

    Une espèce de

     


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  • Doit-on écrire un espace ou une espace ? Autant dire que le débat a fait couler beaucoup d'encre et continue de diviser les spécialistes.

    Selon les sources, espace, au sens courant d'« intervalle (de temps ou de lieu) », était « indifféremment masculin ou féminin en ancien et en moyen français » (Dictionnaire historique de la langue française), « quelques fois du féminin » (Littré), « souvent féminin jusqu'au XVIe siècle » (Dupré) : « Il me montra une espace de lieu », « un espace d'environ quarante pas » (Montaigne) ; « bonne espace de temps », « un espace de trois cent douze pas » (Rabelais) ; « par le fil d'une longue espace », « devant la porte estoit un long espace » (Ronsard). Si le bougre, dans cette acception générale, est encore présenté comme un nom des deux genres dans le Trésor de la langue française (1606) de Jean Nicot, Vaugelas le déclare « toujours masculin quoiqu'on l'ait fait féminin autrefois » dans ses fameuses Remarques (1647). Aussi l'Académie s'en tint-elle prudemment à cette position dès la première édition de son Dictionnaire, publiée en 1694. Espace ne changera plus de sexe (un espace exigu, un espace d'environ cinquante mètres, l'espace occupé par un meuble, les grands espaces, un espace vert, l'espace aérien, l'espace euclidien)... sauf dans le jargon des imprimeurs, où le féminin s'est conservé pour désigner une petite pièce de métal qui ne marquait point sur le papier et qui servait − à l'époque où la composition se faisait à la main − à séparer deux caractères (mots, chiffres ou signes de ponctuation) : « Il ne faut jamais enfoncer de force une espace fine pour justifier, on pourrait la casser ou se blesser » lit-on ainsi dans un ancien manuel de typographie. Et voilà qu'en introduisant une espace pour obtenir un espace on est passé d'un nom des deux genres à deux noms de genre et de sens différents.

    La spécialisation de l'emploi au féminin pour le terme de typographie ne date pas d'hier : elle est attestée dès 1648 dans la Grammaire française d'Oudin (« Espace est masculin ; et féminin en terme d'imprimerie »), ainsi que dans les Observations sur la langue française (1675) de Ménage et dans le Dictionnaire (1680) de Richelet (« Donnez-moi une plus grande espace, celle que j'ai est trop petite »). Elle ne fit pas l'unanimité pour autant. En 1687, Thomas Corneille, dans une de ses notes sur les Remarques de Vaugelas, tint à mettre les points sur les i : « Monsieur Ménage dit qu'espace est féminin en terme d'Imprimerie [...]. Il est masculin, ainsi qu'intervalle. » Dans son Dictionnaire grammatical, critique et philosophique de la langue française (1836), le grammairien Victor-Augustin Vanier dénonça à son tour les exceptions « une grande espace, une forte interligne » : « Pourquoi autoriser les apprentis imprimeurs à écorcher le français ? Tout le monde dit un espace, un interligne. » L'Académie, elle-même, attendra plus d'un siècle avant de se résoudre à enregistrer les deux féminins, à partir de la cinquième édition (1798) de son propre Dictionnaire.

    Intéressons-nous, justement, au traitement des mots interligne et espace dans la dernière édition dudit ouvrage :

    « INTERLIGNE 1. N. m. Espace qui sépare deux lignes d'un texte manuscrit, dactylographié ou imprimé. 2. N. f. IMPRIMERIE. Dans la composition au plomb, lame de métal servant à séparer deux lignes de composition.

    ESPACE, n. m. II. Étendue limitée. 1. Intervalle entre deux points, deux lignes, deux corps. En écrivant, il faut ménager entre les mots un espace suffisant.

    ESPACE, n. f. TYPOGR. Petite pièce de métal, de largeur et d'épaisseur variables, qui sert à séparer les mots. Espace fine, forte. Mettre une espace plus épaisse pour justifier la ligne. »

    Le parallèle n'est-il pas saisissant ? De là à conclure que le féminin serait réservé à l'élément physique (l'ancienne lame de métal) et le masculin, au résultat obtenu (l'intervalle blanc laissé à l'impression), il n'y a qu'un pas, que je suis d'autant plus enclin à franchir que Hanse semble aller dans le même sens : « Espace est masculin dans tous les sens, sauf quand il désigne la petite lame de métal utilisée par les typographes pour séparer les mots (mettre une espace entre deux mots) » ; « Un interligne est un espace entre deux lignes. Le typographe, pour séparer les lignes, se sert d'une interligne (lame de métal) ». Mais une autre définition, relevée cette fois à l'entrée « jeter » de la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, vient semer le trouble : « Jeter un blanc, une espace, une interligne, les disposer dans la composition. » Que les Immortels n'ont-ils pris soin de préciser : dans la composition... au plomb ? Et l'on en vient à s'interroger : le substantif féminin espace s'emploie-t-il également, par extension, à propos des caractères numériques, depuis que ceux-ci ont remplacé les métalliques chez la plupart des imprimeurs ? Avouez que cela irait mieux en le disant...

    À la vérité, l'Académie nous le dit de façon détournée, sur son site Internet : « Dans un souci de lisibilité, on sépare les milliers par une espace insécable dans les nombres exprimant une quantité », « il faut une espace insécable après le point d’interrogation ». Tout porte à croire que les Immortels considèrent, avec les typographes, le substantif espace comme féminin quand il désigne un caractère, qu'il soit physique ou numérique (les espaces à valeur fixe ou à valeur variable, sécables ou insécables), et masculin quand il désigne un espace non imprimé (par exemple un intervalle entre deux paragraphes). Grevisse, lui-même, ne se fait-il pas l'écho de cette convention en écrivant dans Le Bon Usage : « On doit tenir compte, non seulement des signes écrits ou imprimés, mais aussi des espaces laissés en blanc » et, quelques lignes plus bas, « Il y a une espace avant les guillemets ouvrants, la parenthèse ouvrante, le crochet ouvrant, le tiret » ?

    Force est de constater que les dictionnaires usuels n'ont que faire de ces subtilités. Selon eux, le féminin espace signifie − par métonymie ? − « blanc qui sépare deux mots » (Robert illustré), « blanc servant à séparer les mots » (Petit Larousse illustré). Plusieurs remarques s'imposent. D'abord, ces définitions sont incomplètes : quid du blanc avant ou après un signe de ponctuation, du blanc employé comme séparateur de milliers lorsque l'on écrit les nombres en chiffres ? Ensuite, elles sont ambiguës, le substantif blanc désignant à la fois la partie d'un caractère d'imprimerie qui ne laisse pas d'impression sur le papier et l'intervalle vide ainsi obtenu. Enfin, et surtout, elles renouent avec l'acception commune d'espace au masculin (« intervalle »). Aussi se demande-t-on − fût-ce l'espace d'un instant (*) − la raison pour laquelle ce mot serait encore féminin dans le langage courant pour désigner l'intervalle entre deux mots.

    En attendant que les spécialistes de la langue accordent leurs violons et affinent leurs définitions, l'usager averti aura l'embarras du choix : recourir au féminin pour désigner un intervalle dans le cas particulier de la typographie − au risque d'être regardé de travers par le profane − ou bien laisser ledit féminin à l'homme de l'art et s'en tenir prudemment au masculin dans la conversation courante. Voilà sans doute ce que d'aucuns appelleront « un espace de liberté ».

    (*) Le cas n'est pas exceptionnel : que l'on songe au mot voile qui, quel que soit son genre, désigne un morceau de tissu.



    Remarque 1 : Feu Jacques Pépin écrivait dans un numéro de la revue Défense de la langue française, paru en 2014 : « L'espace féminine a été tuée par les progrès techniques, qui ont supprimé la composition manuelle à caractères mobiles inventée par [...] Gutenberg. » Ce seul argument suffit-il à condamner l'emploi du mot espace au féminin pour nommer l'intervalle blanc « qui apparaît sur le papier, obtenu en frappant la barre d'espacement » ? Ce serait oublier que les typographes parlent encore de bas de casse et de haut de casse, quoiqu'ils n'emploient plus depuis belle lurette ladite boîte plate (composée de deux parties où étaient rangés les caractères d'imprimerie servant à la composition). Est-on, pour autant, tenu de les imiter dans la langue courante ? La casse, c'est sûr, c'est chic, c'est élégant, mais gageons que la préférence ira à une minuscule, une majuscule... et un espace après la virgule.

    Remarque 2 : Le TLFi  mentionne un emploi poétique d'espace au féminin : « Et toi, douce espace, Où sont les steppes de tes seins, que j'y rêvasse ? » (Jules Laforgue).

    Remarque 3 : L'Académie met en garde contre les emplois figurés du masculin espace au sens de « domaine où s'exerce un certain type d'activité ou de règlementation » (espace monétaire, social, audiovisuel).

    L'espace d'un doute
    Un Espace ou une Espace ?
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Thesupermat)

     


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  • Voilà un mot sur le genre duquel on a tôt fait de perdre son latin, puisque celui-ci présente la singularité de varier selon le contexte... jusqu'à présenter les deux statuts (masculin et féminin) dans la même phrase !

    Son étymologie latine – justement – le suppose féminin [gens, gentis qui a donné l'ancien nom féminin gent signifiant « espèce » (la gent féminine) et dont gens n'est autre que le pluriel] mais l'idée qu'il exprime est celle de l'homme en général, donc du genre masculin. Pour Paul Dupré, « gens est lexicalement féminin, mais syntaxiquement masculin ». Bref, un cas d'« ambivalence grammaticale », genre chevalier d'Éon des Lettres, qui nous vaut l'une des règles les plus arbitraires, les plus fantaisistes et les plus déconcertantes de la langue française. Jugez-en plutôt :

    AstucePour simplifier (si tant est que cela soit possible), gens est masculin sauf quand il est immédiatement précédé d'un adjectif (ou d'un participe passé) à forme féminine distincte (l'accord au féminin n'étant pas étendu aux autres éléments de la phrase, sauf pour les adjectifs tout et quel).


    Et encore, il faut que gens n'ait pas de complément du nom (désignant une qualité, une profession, un état). Toute une histoire, vous dis-je ! De quoi définitivement lui préférer hommes ou personnes, d'un genre moins capricieux.

    Ce sont des gens mal intentionnés (l'adjectif est après le nom → le masculin l'emporte) mais Ce sont de bonnes gens, de petites gens, de vraies gens.

    De sottes gens mais Des gens sots.

    De bons et braves gens mais De braves et bonnes gens (c'est l'adjectif placé immédiatement avant gens qui commande son genre).

    Quels braves gens, quels jeunes gens (brave, jeune sont des adjectifs des deux genres → le masculin l'emporte) mais Quelles gens avez-vous invités ? (si absurde que cela puisse paraître !).

    Tous les gens sensés, tous les honnêtes gens, tous ces gens-là mais Toutes les vieilles gens (tous reste au masculin, sauf si gens est immédiatement précédé d'un adjectif à forme féminine distincte ou si gens est suivi d'un mot déterminatif).

    Rendre heureux les gens que l'on aime ! (l'article les sépare heureux de gens → le masculin l'emporte).

    Il y avait de nombreux gens d'Église (gens a un complément du nom → le masculin l'emporte).

    Délaissés par leurs familles, les vieilles gens sont souvent méfiants.

    Qu’est-ce qu’ils diraient, toutes ces bonnes gens ? (Hanse) [le pronom personnel reste au masculin dans tous les cas].

    Quels qu'ils soient, inutile d'accorder de l'importance à ces gens.

    Il y a certaines gens qui sont bien sots (Littré) mais Certains de ces gens.

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    Remarque 1
    : Gens est toujours au masculin pluriel au sens ancien de « domestiques, serviteurs » ou de « partisans ».

    Remarque 2 : De même, jeunes gens est toujours masculin et s'emploie souvent comme pluriel de jeune homme.

    Remarque 3 : On se gardera de faire la confusion entre l'ancien nom féminin gent (sans e final et prononcé jen) de la gent féminine et l'adjectif gent (« noble, bien né », puis « gentil, plaisant ») de gente dame.

    Remarque 4 : On notera que l'ambivalence du mot gens n'est pas sans rappeler quelques autres casse-tête du genre : Cette petite crapule de Jimmy finira bien par être pris(e) !

    Gens

     

     


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  • Épi-quoi ? Épicène, du grec epikoinos, « possédé en commun ».

    Épicène se dit d'abord d'un nom (appartenant à la catégorie des animés) qui, bien que n'ayant qu'un genre, désigne indifféremment l'un ou l'autre sexe : la souris, par exemple, est un nom épicène féminin, en ce sens qu'il désigne aussi bien la femelle que le mâle. De même, témoin est un nom épicène masculin.

    Épicène se dit ensuite d'un nom, d'un pronom ou d'un adjectif qui ne varient pas selon le genre : ils ont la même forme au masculin et au féminin, et pourraient être qualifiés de neutres, d'androgynes.

    Par exemple : acrobate, adulte, artiste, camarade, concierge, élève, émule, enfant, journaliste, secrétaire, etc., les adjectifs agréable, bête, brave, colérique, critique, détestable, difficile, efficace, remarquable, snob, stupide, sympathique, etc., ainsi que les prénoms dits « mixtes » Camille, Claude, Dominique, Stéphane, etc.

    Un élève studieux, une élève studieuse

    Un enfant difficile, une enfant difficile (notez le recours à deux mots épicènes).

    D'autres noms (de profession notamment) ne disposent que du masculin pour les deux sexes.

    Par exemple : acquéreur, agresseur, amateur, archéologue, architecte, assassin, bourreau, censeur, charpentier, chef, défenseur, ingénieur, juge, médecin, otage, pédiatre, pianiste, professeur, successeur... ainsi que quelques activités moins prisées de ces dames : assassin, bandit, bourreau, brigand, charlatan, chenapan, contrefacteur, coupe-jarret, despote, dictateur, escroc, faux-monnayeur, goujat, imposteur, malandrin, malfaiteur, malfrat, margoulin, monstre, oppresseur, pleutre, sacripant, tyran, voyou...

    Une avocate mais Une femme charpentier.

    Enfin, rares sont les noms féminins s'appliquant aux deux sexes (et ce ne sont pas forcément les plus glorieux !) : brute, canaille, crapule, dupe, fripouille, personne, sentinelle, vedette, victime, etc.

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    Remarque 1 : On notera la différence, en français, entre le sexe (mâle ou femelle) et le genre (masculin ou féminin).

    Remarque 2 : Avec la féminisation de certaines fonctions et activités professionnelles (auteure, écrivaine, mairesse, préfète, professeure, sculptrice... commencent à fleurir çà et là), des noms traditionnellement masculins sont aujourd'hui employés comme épicènes, malgré les protestations de l'Académie qui refuse que la fonction soit identifiée à la personne qui l'occupe, le titre à la personne qui le porte.

    La ministre pour Madame le Ministre.

     Jacques Capelovici (voir bibliographie) a, à ce sujet, un avis irrésistible :

    « Il va de soi qu'un être vivant de sexe masculin peut fort bien être désigné par un nom féminin, et vice versa. Ainsi, un pou, un grillon, un homard [...] peuvent être des animaux femelles. Il n'y a donc rien de choquant à ce qu'un peintre, un écrivain, un mannequin [...] puissent être des femmes.
    Inversement, une mouche, une cigale, une tanche (...) peuvent tout aussi bien être des animaux mâles. Et rien ne s'oppose à ce que, sans changer pour autant de sexe, un homme soit une personne, une recrue, une victime [...].
    Il n'y a donc rien d' "antiféministe" à considérer qu'une femme puisse être un député, un sénateur, un président, voire un pure génie... »

    Rappelons qu'en français le genre masculin – plus justement, le genre non marqué – peut désigner indifféremment les hommes et les femmes (il remplace le neutre latin). Pour autant, l'évolution à laquelle on assiste actuellement est d'accepter la féminisation des noms de métiers mais de garder un masculin d'indistinction, épicène, pour les noms de fonction.

    Voir également le billet La Première ministre.

    Mots épicènes

    Livre d'Élodie Bécu et de Karine Portrait, Éditions Danger Public

     


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  • Si nous sommes le plus souvent en mesure de déterminer le genre (masculin ou féminin) de la plupart des noms sans même y réfléchir, il nous arrive parfois de croiser la route de certains irréductibles qui nous plongent dans l'embarras. Un ou une aparté ? Un ou une après-midi ? Il est vrai que, en français, certains noms ont mauvais genre... D'autres le masquent derrière un pluriel d'usage (agapes, arrhes, effluves...). Il s'en trouve même qui refusent de choisir leur camp !

    Sachant qu'aucune logique n'a présidé à l'attribution du genre des mots, mieux vaut tâcher de mémoriser ceux qui peuvent poser des difficultés afin d'éviter les erreurs. C'est pourquoi j'ai jugé utile de les accompagner d'un adjectif (à vocation illustrative) dont la finale diffère nettement à l'oral selon le genre.

    Voici donc une liste (non exhaustive) de ces noms sur le genre desquels nous avons tous hésité au moins une fois. Pour définitivement lever le doute !

     

    NomGenreDéfinition
    Abaque M un abaque précis : instrument facilitant le calcul
    Abîme M un abîme vertigineux : gouffre
    Abysse M un abysse marin : fond océanique
    Acné F une acné (sans e final) ingrate : maladie de la peau
    Acrostiche M un acrostiche hasardeux : poème fondé sur une figure de style particulière
    Aérogare F une aérogare spacieuse : bâtiment d'un aéroport
    Agape F une agape tardive : repas
    Alcôve F une alcôve profonde : enfoncement ménagé pour recevoir un lit
    Alluvion F des alluvions sablonneuses : sédiments
    Alvéole M alvéole (cavité) est masculin pour l'Académie, mais est toléré au féminin
    Amiante M un amiante filtrant : matériau fibreux
    Anagramme F une anagramme savante : mot formé des lettres d'un autre mot dans un ordre différent
    Anathème M un violent anathème : condamnation, blâme
    Antidote M un antidote puissant : remède
    Antipode M un antipode concret : lieu situé à l'opposé d'un autre
    Antre M un antre profond : cavité, grotte servant d'abri
    Apanage M un apanage princier : privilège
    Aparté M un aparté court : paroles dites à l'écart
    Apogée M un apogée (avec un e final) concret : point de l'orbite le plus éloigné de la Terre ou plus haut degré atteint
    Apostrophe F une apostrophe injurieuse : interpellation, signe
    Après-midi M bien qu'ayant fluctué, le genre d'après-midi est désormais masculin
    Arcane M un arcane mystérieux : secret, mystère
    Argile F une argile grossière : minéral
    Armistice M un armistice opportun : convention mettant fin aux hostilités
    Aromate M un aromate (sans accent circonflexe) odoriférant : substance végétale odorante
    Arpège M un arpège ascendant : accord musical décomposé
    Arrhes F des arrhes importantes (féminin pluriel) : somme versée à la conclusion d'un contrat
    Asphalte M un asphalte détrempé : bitume
    Aspirine F une aspirine (mais un cachet d'aspirine)
    Astérisque M un astérisque facultatif : signe typographique en forme d'étoile
    Augure M un heureux augure : présage (un oiseau de mauvais augure)
    Autoroute F une autoroute déserte : voie de circulation
    Azalée F une belle azalée : fleur
    Câpre F une câpre confite : fleur et condiment
    Caténaire F une longue caténaire : câble électrique pour chemin de fer
    Chrysanthème M un beau chrysanthème : fleur
    Clepsydre F une clepsydre romaine : horloge à eau
    Colchique M un colchique violet : plante
    Craque F des craques grossières : mensonges, vantardises
    Décalcomanie F une décalcomanie décorative : procédé de transposition d'image
    Ecchymose F une ecchymose brune : un bleu
    Échappatoire F une échappatoire libératrice : moyen de se tirer d'embarras
    Écritoire F une écritoire dépliante : tout le nécessaire pour écrire
    Écumoire F une écumoire fumante : louche plate
    Effluve M un effluve nauséabond : émanation
    Égouttoir M un égouttoir neuf : ustensile servant à faire égoutter (la vaisselle)
    Éliminatoire F une éliminatoire passionnante : épreuve
    Éloge M un éloge éloquent : louange
    Élytre M un élytre brillant : aile des coléoptères
    En-tête M un en-tête représentatif : inscription
    Entrejambe M un entrejambe renforcé : zone située entre les jambes
    Enzyme M ou F une enzyme : protéine
    (L'Académie accepte le masculin, même si le féminin a sa préférence : des enzymes gloutonnes)
    Éphémère M un éphémère bruyant : insecte
    Éphéméride F une éphéméride précise : calendrier
    Épice F une épice odoriférente : substance aromatique
    Épiderme M un épiderme chatouilleux : couche superficielle de la peau
    Épigramme F une courte épigramme : mot satirique
    Épilogue M un épilogue surprenant : dénouement, conclusion
    Épithète F une épithète grivoise : adjectif qualificatif
    Équinoxe M un équinoxe printanier : point de l'orbite terrestre
    Escarre F une escarre fessière : nécrose de la peau
    Esclandre M un esclandre bruyant : scandale
    Espace M / F un espace : étendue, surface
    une espace : intervalle séparant les mots
    Exode M un exode contraint : départ massif
    Extrême M un extrême (mais une extrémité)
    Globule M un globule blanc : cellule
    Hallali M
    un hallali bruyant : cri annonçant la victoire du chasseur
    Haltère M un haltère lourd : équipement de musculation
    Hémisphère M un hémisphère droit : moitié du globe terrestre
    H.L.M. F une Habitation à Loyer Modéré
    Holding M un puissant holding : société financière
    L'usage hésite... mais le masculin est préférable
    Iguane M un iguane américain : reptile
    Interstice M un petit interstice : espace vide entre les parties d'un ensemble
    Intervalle M un bref intervalle : distance, espace, période, écart, ensemble
    Interview F une longue interview : entrevue
    Ivoire M un bel ivoire : matière osseuse blanche
    Légume M / F un légume vert : plante potagère
    une grosse légume : personnage important
    Mandibule F une mandibule puissant : maxillaire inférieur
    Maxillaire M un maxillaire étroit : os de la mâchoire
    Météore M un météore lumineux (mais un ou une météorite)
    Météorite M ou F un ou une météorite : fragment de corps céleste
    (le féminin est cependant plus courant)
    Oasis M ou F une oasis enchanteresse : lieu de végétation dans le désert
    (L'Académie accepte le masculin, même si le féminin a sa préférence)
    Obélisque M un obélisque imposant : pierre levée
    Octave F une octave lumineuse : intervalle de huit degrés en musique
    Ode F une ode religieuse : poème
    Office M / F un office religieux, un office du tourisme
    une office : pièce attenante à la cuisine
    Omoplate F une omoplate droite : os de l'épaule
    Opprobre M un opprobre humiliant : déshonneur
    Orque F une orque imposante : cétacé
    Ovule M un ovule fécond : gamète femelle
    Palabre M ou F une longue palabre : discussion oiseuse
    (L'Académie accepte le masculin, même si le féminin a sa préférence)
    Perce-neige M ou F un perce-neige blanc : fleur
    (L'Académie accepte le féminin, même si le masculin a sa préférence)
    Planisphère M un planisphère incomplet : représentation du globe terrestre
    Pleurote M un pleurote vénéveux : champignon
    Poêle M / F
    un poêle à bois : appareil de chauffage
    une poêle à crêpes : ustensile de cuisine
    Réglisse F une réglisse juteuse : plante et produit de cette plante
    (L'Académie note toutefois que, dans sa seconde acception, le mot s'emploie souvent aussi au masculin)
    Scolopendre F une scolopendre venimeuse : genre de mille-pattes
    Solde M / F un solde : bilan ou vente à prix réduit
    une solde : rémunération des militaires
    Spore F une spore bactérienne : corpuscule reproducteur
    Stalactite, Stalagmite
    F une stalactite, une stalagmite sinueuse : colonne formée sur les parois des grottes
    Stère M un stère de bois : unité de mesure
    Tentacule M un tentacule plat : appendice d'invertébrés
    Termite M un termite ouvrier : insecte xylophage
    Testicule M un testicule droit : glande génitale mâle
    Tique F une tique plate : parasite
    Trille M un trille mélodieux : ornement musical
    Tubercule M un tubercule filandreux : excroissance à la racine d'une plante
    Urticaire F une urticaire irritante : éruption cutanée
    Viscère M les viscères abdominaux : organes

     

    Soldes

    Ces soldes-ci sont bien masculins !

     


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