• La confusion est courante entre l'adjectif verbal fatigant (sans u intercalaire) et son homophone fatiguant, participe présent du verbe fatiguer (donc invariable).

    Pour ne pas se tromper, il suffit de remplacer fatigant / fatiguant par un autre adjectif : si c'est possible, on écrira fatigant sans u, sinon c'est le participe présent qui garde le radical du verbe (avec u).

    C'est fatigant de faire du sport (= c'est difficile de faire du sport → adjectif → pas de u intercalaire).

    C'est en se fatiguant au travail qu'il est tombé malade (participe présent → u intercalaire).

    Ce sont des activités fatigantes (adjectif) mais Ce sont des activités fatiguant le dos (participe présent).

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    Remarque 1 : On retrouve la même distinction orthographique entre extravagant / extravaguant, fringant / fringuant, navigant / naviguant.

    Remarque 2 : La graphie fatiguant a pu servir autrefois pour l'emploi adjectival du participe présent : « Tous les soins fatiguans » (Pierre de Maupeou, 1602), « Fatiguant, fatiguante, adjectif. Ennuieux, importun » (Dictionnaire de Richelet, 1680). Toutefois, les académiciens décidèrent, dès la première édition (1694) de leur propre Dictionnaire, de distinguer graphiquement l'adjectif du participe, « bien que ce soit le même mot » (dixit Littré). Et c'est sans u que ledit mot est attesté chez Molière : « Un [homme] des plus fatigans » (Le Misanthrope, 1666). « Dans l'adjectif l'u était inutile : on a bien fait de le supprimer », acquiesce Jean-François Féraud.

    Remarque 3 : Voir également l'article Adjectif ou participe présent ?

     

    Fatigant / Fatiguant

    Fatigant
    aurait été davantage de saison !

     

     


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  • « Il conclue, enchanté : "Cela fait vingt ans que je n'ai pas vu autant de gens dans les rues de Moscou." » (lexpress.fr, extrait d'un article daté du 11/12/11.)


    Par quel curieux phénomène de transmutation lexicale le verbe conclure aurait-il évolué en concluer ?

    Sans doute est-il utile de rappeler que conclure, exclure et inclure sont des verbes du troisième groupe. On se gardera donc de les conjuguer comme ceux du premier groupe, se terminant en -er (il ne s'agit pas des verbes excluer ni incluer !). Seul inclure se distingue des deux autres représentants de cette famille formée sur le radical latin claudere (fermer) : au participe passé, il a conservé son s final étymologique.

    Présent : je conclus, il exclut, il inclut (et non je conclue, il inclue, il exclue).

    Futur : je conclurai, il exclura, il inclura (et non je concluerai, il excluera, il incluera).

    Participe passé : conclu, conclue et exclu, exclue mais inclus, incluse.

    Affaire conclue ! mais Toutes taxes incluses.

    Cet objet exclu, cette chose exclue mais Ce paragraphe inclus, cette clause incluse.

    On a inclus la TVA dans le prix final.

    J'ai exclu des conventions dernièrement conclues des clauses précédemment incluses.

    On les a exclus de notre groupe (ici, le s provient de l'accord du participe passé avec le COD les placé avant).

    Il se leva et conclut son discours en portant un toast (et non Il se leva et conclua son discours).

    Astuce


    On retiendra que inclu sans s n'existe pas !

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    Remarque 1 : Sachez que Flaubert lui-même (dans un instant d'égarement ?) se serait laissé aller à la faute (d'après A. Thomas dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française) :

    « Aucun grand génie n'a conclu, et aucun grand livre ne conclue, parce que l'humanité elle-même est toujours en marche et qu'elle ne conclue pas. » (extrait de sa Correspondance)

    Mais la palme du plus joli barbarisme revient sans hésitation à Jean Giraudoux, qui écrivit : « Un dialecte qui excluât les mots bas et vulgaires ». Voilà qui est pour le moins cocasse...

    Remarque 2 : Littré précise que, jusqu'au XVIIIe siècle, la graphie exclus, excluse était admise : Pourquoi de ce conseil moi seule suis-je excluse ? (Racine). Du reste, le substantif dérivé est exclusion, formé comme inclusion. Mais le participe passé d'exclure (comme celui de conclure) a fini par perdre son s final, sans doute sous l'influence des nombreux participes en u (bu, pu, su, vu, etc.). Seul inclus a conservé sa terminaison, vraisemblablement en raison de l'antériorité de l'adjectif (fin du XIVe siècle) sur le verbe (fin du XVIe siècle). Telles sont les incohérences du français...

    Remarque 3 : D'un usage moins courant, les verbes occlure, perclure (si tant est que cette forme ait jamais existé), reclure font leur participe passé en us, car ils sont surtout employés comme adjectifs (à l'image d'inclus).

    Paupières occluses (= fermées).

    Une femme percluse de rhumatismes.

    Il vit reclus dans sa maison (= isolé).

    Remarque 4 : Conclure peut se construire avec les prépositions à et de.

    Le juge conclut à un non-lieu, à l'authenticité de ce témoignage.

    Ils conclurent (et non concluèrent) de tout cela que vous avez tort.

    Concernant exclure, Paul Dupré (voir bibliographie) précise que, dans sa construction avec de, ce verbe « ne peut être suivi que d'un nom : Exclure de ses prévisions, exclure d'une organisation. On ne peut plus employer exclure de + infinitif [on aura recours à empêcher de] ». Voilà qui est curieux. Il a exclu de venir nous voir cet été serait une formulation incorrecte ?... Quant au tour impersonnel il est exclu / il n'est pas exclu que, il est encore critiqué par certains grammairiens mais pas par l'Académie.

    Il n'est pas exclu que je vous rejoigne (= il est possible, il se peut que je vous rejoigne).

    Remarque 5 : On se gardera de toute confusion avec l'abréviation du nom exclusivité (information importante donnée par un seul organe de diffusion) : Il s'agit d'une exclu de l'AFP.

    Remarque 6 : Voir également l'article sur l'accord des locutions prépositives (ci-inclus).

    Conclure / Exclure / InclureConclure / Exclure / Inclure










                        Illustration retourneaucm1.com)

     

         Parce que le e est inclus d'office ?
        (Une du Libération du 9 janvier 2012 ;
           les traits rouges sont de mon fait.)                            

     


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  • Si l'usage reste particulièrement flottant concernant l'accord de c'est (et de ses formes conjuguées), il convient de préciser quelques principes.

    Rappel de la règle

    C'est, suivi d'un nom ou d'un pronom au pluriel, s'accorde de préférence avec celui-ci sauf :

    1. quand le verbe est suivi de nous ou vous.

      C'était nous qui étions visés. C'est vous qui le dites !

    2. devant l'énoncé de sommes, d'heures ou de quantités quelconques pensées comme un tout :

      C'est onze heures qui sonnent. C'est deux jours de perdus.
      C'est cent euros qu'il me faut (quantité globale) mais Ce sont cent euros bien placés (si on pense à chaque unité qui compose l'ensemble).

    3. quand le pronom en est intercalé dans l'expression.

      Des fantômes ? Crois-tu que c'en est ?

    4. devant une préposition.

      C'est aux hommes de bonne volonté que je m'adresse.

    5. dans la locution figée si ce n'est (= excepté).

      Il ne voit personne, si ce n'est ses enfants.

     

    Dans tous les autres cas où le présentatif c'est est suivi du pluriel, l'accord est « de meilleure langue » selon l'Académie (sans que le singulier soit pour autant incorrect).

    Ce sont eux qui m'en ont parlé (de préférence à C'est eux, qui appartiendrait contre toute logique au registre familier).

    Tout ça, ce sont des histoires. C'étaient des paroles en l'air.

    Ce sont mon père et ma mère qui sont responsables (de préférence à C'est mon père et ma mère).

    Ce sont le football et le rugby qu'il préfère (de préférence à C'est...).

    L'enfer, ce sont les autres (de préférence à c'est les autres, n'en déplaise à Sartre).

    Ne seraient-ce point les soldes ?

    Il semble que ce soient des incompétents !

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    Remarque 1
    : La construction c'est... qui / que permet la mise en relief d'un sujet ou d'un complément.

    • Avec un sujet, la locution c'est moi qui (et ses déclinaisons) exige l'accord avec le pronom personnel.

    C'est moi qui l'ai fait (et non qui l'a fait) mais C'est lui qui l'a fait.

    C'est toi qui es énervé !

    • Avec un complément prépositionnel, deux constructions sont grammaticalement possibles : c'est de... que ou c'est... dont. D'une part, on se gardera de les mélanger, en se rappelant que de est déjà inclus dans dont. D'autre part, on notera que la première construction est préférable, afin de rattacher la préposition au nom mis en relief.

      C'est de ton avenir qu'il s'agit (de préférence à C'est ton avenir dont il s'agit, considéré comme archaïque ; et non C'est de ton avenir dont il s'agit, qui relève du pléonasme syntaxique).

      C'est de lui que je parle (de préférence à C'est lui dont je parle ; et non C'est de lui dont je parle).

      Les mêmes remarques valent pour c'est à vous que je parle (et non à qui je parle).

    • De même, avec un complément de lieu, on veillera à ne pas verser dans le pléonasme :

      C'est là que j'habite (de préférence à C'est là où j'habite, = à cet endroit et étant considérés comme deux indications de lieu redondantes par certains grammairiens – mais plus par l'Académie) mais C'est l'endroit j'habite.

    Remarque 2 : La tournure interrogative c'est qui qui, d'une lourdeur pachydermique, relève du langage populaire et est à proscrire.

    Remarque 3 : Avec ceci, cela, tout ce qui, etc., l'accord du verbe se fait comme avec ce. Du reste, l'usage actuel tend à reprendre le sujet par ce.

    Tout cela ne sont que des bêtises (ou Tout cela, ce ne sont que des bêtises).

    Remarque 4 : En raison de l'indistinction, à l'oral, entre c'était, ce soit et c'étaient, ce soient, ceux-ci sont souvent concurrencés à l'écrit par ceux-là, sans que cela soit incorrect.

    Était-ce des menaces ? (au lieu de Étaient-ce des menaces ?)

    « Il semble que ce soit des soldats canadiens » (Thomas).

    Remarque 5 : Serait-ce, fût-ce, ne serait-ce que, ne fût-ce que (pour introduire un renchérissement, une précision) sont des formes figées (conjuguées à l'imparfait du subjonctif) qui restent invariables.

    Tous les risques, fût-ce les plus improbables, seront envisagés (et non fussent les plus improbables) mais on écrira correctement à la forme personnelle Tous les risques, fussent-ils les plus improbables.

    Il souhaite te parler, ne fût-ce que quelques minutes (= même seulement quelques minutes).

    Quant aux formes sont-ce, c'en sont, furent-ce, elles sont contraires à l'euphonie (et propices au jeu de mots ?) selon Girodet, qui prône alors le singulier : De telles paroles sont des injures ; oui, c'en est.

    Remarque 6 : Selon Hanse, « ce doit être, ce peut être, ce ne saurait être suivent théoriquement la même règle que c'est ». Dans la pratique, le singulier l'emporte souvent, surtout au présent où les formes verbales diffèrent à l'oral : Ce doit être eux mais Ce devrait (ou devraient) être eux.

     

    C'estC'est à l'amour auquel je pense

     

     

     

     

     




            (source : legroupement.com)

     

     

                                                                            N'en déplaise à Françoise Hardy,
                                                                             on dira correctement :
                                                                              « C'est à l'amour que je pense ».

     


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  • Certaines personnes éprouvent quelques difficultés à faire la distinction entre ces deux homophones, qui n'ont pourtant ni la même nature, ni la même signification... ni la même orthographe !

    Rappel de la règle

    • Quand (du latin quando), adverbe de temps ou conjonction, s'écrit avec un d final. Il sert à exprimer un rapport au temps (simultanéité, répétition...), parfois la cause ou l'opposition.

    Quand rentres-tu ? J'aimerais savoir quand tu rentres (adverbe de temps).

    Je lisais quand on frappa à la porte (conjonction, au sens de « lorsque, au moment où »).

    • Quant (du latin quantus) s'écrit avec un t final uniquement dans la locution prépositive quant à (au, aux), qui signifie « pour ce qui est de, en ce qui concerne ».

    Quant à Eric, il rentrera tard (= pour ce qui est d'Eric).

    Les enfants, quant à eux, resteront à la maison (= pour ce qui est des enfants).


    En cas de doute, il suffit de remplacer quand/quant par « pour ce qui est de » pour savoir s'il faut mettre un d ou t à la fin. Par ailleurs, la liaison nous aide : quant à (prononcé kanta et non kanda) exige le t.

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Suivi d'un verbe au conditionnel, quand signifie « encore que, quoique, alors même que » (Quand je le voudrais, je ne le pourrais pas).

    Remarque 2 : Si ces deux homophones sont aujourd'hui invariables, il n'en fut pas toujours ainsi de quant, ancien indéfini qui avait autrefois le sens de « combien de ». On trouve encore trace de sa variabilité dans l'expression toutes et quantes fois (que) [= toutes les fois que] et dans le substantif dérivé quantième, qui sert à désigner le jour du mois.

    Quel quantième sommes-nous aujourd'hui ?

    Remarque 3 : En tête de phrase ou de proposition, quant à marque un changement de thème.

    Remarque 4 : On écrit avec des traits d'union rester sur son quant-à-soi, qui signifie « garder ses distances ».

    Remarque 5 : La tournure quand est-ce que, bien que grammaticalement correcte, relève du registre familier et est à déconseiller en raison de sa lourdeur.

    Remarque 6 : Quand on doit être prononcé kanton, afin d'éviter le hiatus (ici, le frottement des deux nasales an et on) : Quand on pense à ce qu'il a fait !

    Subtilités

    Quand à son père on écrit une telle lettre, c'est qu'on lui en veut beaucoup (= lorsque l'on écrit une telle lettre à son père et non pour ce qui est de son père).

    Qu'en pensez-vous ? (= Vous en pensez quoi ?)

     

    Quand

    Film de John Huston

     


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  • Rémunérer vient du latin remunerare (formé du préfixe re- et de munus, présent) et signifie littéralement « donner un présent en retour », donc « récompenser ». Dans le langage courant, ce verbe transitif a pris le sens de « payer ».

    On se gardera d'intervertir les lettres m et n et de prononcer rénumérer, comme on l'entend souvent, par analogie avec numéraire ou sous l'influence de énumérer.

    Il s'est fait rémunérer pour son travail (et non rénumérer).

    Astuce

    Un moyen mnémotechnique pour se rappeler l'ordre des lettres (m puis n) : c'est le même que dans monnaie.

     

    Rémunération

     


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