• La gente masculine

    « Alors que Laurence Parisot, la présidente du Medef, a jugé "très sexy" la photo d'Arnaud Montebourg, le message a visiblement touché la gente masculine » (à propos de l'opération de communication du ministre du Redressement productif, photo ci-contre, en faveur du « produit en France »).

    (Isabelle de Foucaud, sur lefigaro.fr, le 23 octobre 2012)

    (photo leparisien.fr)


    FlècheCe que j'en pense


    Notre journaliste du Figaro file un mauvais coton. Voilà ce qui arrive à force d'écrire comme on parle : on s'emmêle les aiguilles de la montre Herbelin et de la machine à tricoter la marinière Armor-Lux, et on nous sert un brouet de paronymes mixés dans un robot Moulinex.

    Quitte à promouvoir les produits français, autant le faire dans une langue irréprochable : l'ancien nom féminin gent (« nation, race », sans e final et prononcé jen) de la gent masculine ne saurait être confondu avec l'adjectif gent (« noble, bien né » puis « gentil, plaisant ») de gente dame.

    À croire que la gent journalistique n'est pas composée que de gentes plumes...


    Voir également le billet Gens / Gent.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le message a visiblement touché la gent masculine (le t final ne se prononce pas).

     


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  • Aller croissants

    « Sunpower compte bien profiter de l’implantation de sa maison mère dans des régions très ensoleillées, où l’accès à l’énergie est difficile alors même que les besoins vont croissants » (à propos du fabricant américain de panneaux solaires, racheté par Total).

    (Frédéric de Monicault, sur lefigaro.fr, publié le 6 mai 2012, vu le 23 octobre 2012)

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par David Monniaux)



    FlècheCe que j'en pense


    Installer des panneaux solaires, chacun le conçoit aisément, ce n'est pas de la tarte. Et pour peu que l'on n'ait pas jugé utile de faire appel à un professionnel, on a tôt fait de se retrouver dans le pétrin. Est-ce une raison valable pour continuer de filer la métaphore pâtissière ?...

    Bien sûr, il ne saurait être ici question de la viennoiserie de forme recourbée, qui agrémente nos petits déjeuners. Comme souvent, la confusion se situe plutôt entre l'adjectif verbal, variable, et le participe présent, invariable (du verbe croître). En l'occurrence, il s'agit de la construction du verbe aller suivi d'un participe présent, qui sert à exprimer la continuité ou la progression de l'action : les besoins vont croissant ou en croissant (je crois que l'on veut nous faire comprendre qu'ils croissent peu à peu).

    Un conseil lumineux à l'intention de notre journaliste : mieux vaut éviter d'écrire la bouche pleine, en trempant sa plume dans le café...


    Voir également le billet Adjectif ou participe présent ?.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les besoins vont croissant.

     


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  • Comme vous n'en avez jamais lu


    « Une histoire d'amour comme vous n'en avez jamais lu » (à propos de la sortie en France du premier tome de la trilogie Cinquante nuances de Grey, aux éditions Lattès).

    (vu dans le métro parisien le 23 octobre 2012)

      

    (photo PM)



    FlècheCe que j'en pense


    Un ami a la gentillesse de m'envoyer ce matin cette photo prise dans le métro parisien pour attirer mon attention sur ce qu'il pense être une sulfureuse faute d'accord. Après tout, le participe passé lu n'a-t-il pas pour complément d'objet direct une histoire d'amour, suggère-t-il, qui suffirait à justifier un accord au féminin singulier ?

    Eh bien, non ! Du moins, pas entre les mains expertes de la majorité des spécialistes. C'est que l'accord du participe passé, dans la langue gauloise, recèle quelques subtilités ô combien perverses, qui pourraient bien en faire rougir plus d'un. Tout d'abord, il y a erreur d'analyse grammaticale : c'est en (et non une histoire d'amour) qui est ici complément d'objet direct de lu. Or, il est généralement admis (par Thomas, Grevisse, Hanse et quelques autres... autorités en la matière) que le participe passé dont l'objet direct est en ne varie pas. Gageons que la révélation n'attisera guère la libido de la ménagère menottée, mais c'est ainsi : l'invariabilité est ici de mise, sans plus de nuances, ledit pronom étant ressenti comme un partitif neutre équivalant à « une partie de cela ».

    Ce que mon ami a pris pour une boulette « comme il n'en avait jamais vu » n'est donc rien d'autre que le résultat de la stricte application d'une règle d'accord, aussi surprenante soit-elle. Il recevra, en guise de pénitence, cinquante coups de fouet. Qui parle de sadomasochisme ?


    Voir également le billet Accord du participe passé.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La même chose !

     


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  • Etiquetté de gauche

    « Après avoir sollicité en juillet l’ex-grand patron, étiquetté "de gauche", le gouvernement serait-il prêt à passer outre ses conclusions ? » (à propos de Louis Gallois, photo ci-contre, auteur d'un prochain rapport sur la compétitivité des entreprises françaises).

    (Dominique Albertini, sur liberation.fr, le 22 octobre 2012)

     (photo Wikipédia sous licence GFDL par Medef)


    FlècheCe que j'en pense


    Bien sûr, le substantif féminin étiquette prend deux t. Mais le verbe dérivé, étiqueter, ne double ladite consonne que devant une syllabe muette ; aussi son participe passé se satisfait-il d'un seul t. Du reste, la prononciation nous aide (pour une fois) à faire la distinction : Il étiquette (étikèt') un flacon mais Un flacon étiqueté (étiketé).

    Quant à la construction fautive passer outre ses conclusions, voir à ce sujet le billet Passer outre.

    Notre journaliste serait bien inspiré à l'avenir d'observer l'étiquette qui règle les (bons) usages à la cour de France, sous peine de passer pour un... timbré.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Après avoir sollicité en juillet l'ex-grand patron, étiqueté « de gauche », le gouvernement serait-il prêt à passer outre à ses conclusions ?

     


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  • Féérie de Noël

    (publicité vue le 22 octobre 2012)


     

    FlècheCe que j'en pense


    Voilà ce qui arrive quand on s'obstine à privilégier une prononciation non conforme à la graphie d'origine...

    Fée s'écrivant avec un seul accent aigu, la logique veut que le substantif dérivé s'écrive féerie (fée suivi du suffixe -erie) et se prononce fé-ri. Allez savoir pourquoi (par analogie avec la suite ée du verbe créer ?), une prononciation erronée (fé-é-ri) est venue concurrencer la première, au point de se voir accueillie dans les grimoires de nos apprentis sorciers de la langue, Robert et Larousse.

    C'est pour mettre un terme à cette situation paradoxale, où une prononciation le dispute à une autre pour une seule et même graphie officielle, que de brillants esprits ont proposé en 1990 d'apparier forme écrite et forme orale, en permettant d'accentuer selon la prononciation choisie : féerie continuera de se prononcer fé-ri, quand féérie se dira fé-é-ri. Brillante idée, assurément, que de nous laisser le choix du roi, sauf que l'on ne change pas les habitudes, graphiques cette fois, d'un coup de baguette magique : nos dictionnaires usuels s'entêtent à n'enregistrer que la graphie traditionnelle (que Robert et Larousse nous expliquent pourquoi !), avec ses deux options de prononciation. À croire qu'il est bien compliqué de mettre un peu de cohérence dans un monde de fées (ou de féés ?).


    Voir également le billet Féerie, féerique.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Féerie de Noël (de préférence à : Féérie de Noël).

     


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