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Passer outre
« L’UMP tient pour acquis que cela est possible, passant outre le débat qui divise les constitutionnalistes sur une telle éventualité » (à propos d'un référendum sur le mariage pour tous).
(Cédric Mathiot, sur liberation.fr, le 22 janvier 2013)
Ce que j'en pense
Rien ne vous choque outre mesure (sur la forme, j'entends, mon propos n'étant évidemment pas de juger d'un fond par trop réchauffé) ?Et pourtant, les spécialistes (de Girodet à Rey) sont unanimes : l'expression passer outre, qui signifie au propre « aller plus loin, continuer son chemin », se construit dans son emploi figuré soit absolument, soit avec la préposition à au sens courant de « ne pas tenir compte de, enfreindre » : Ils ont passé outre à cette interdiction, à nos objections. Malgré l'opposition de ses amis, il passa outre.
Bien sûr, rétorqueront certains esprits gonflés comme des outres, Hanse note que, outre Simone de Beauvoir, quelques écrivains ne se sont pas privés de... contrevenir audit usage, mais c'est pour mieux dénoncer ce relâchement.
De là à se voir proposer un référendum sur le sujet...
Ce qu'il conviendrait de dire
L’UMP tient pour acquis que cela est possible, passant outre au débat qui divise les constitutionalistes (l'Académie recommande la graphie avec un seul n).
Tags : passer outre, passer outre à, construction
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Commentaires
Je viens d'être amené à faire l'étude de fréquence sur l'usage écrit des deux constructions. Je joins ICI le Ngram correspondant.
Il est évident que la construction transitive directe a déplacé en quelques décennies celle avec à. Je ne me prononcerai pas sur la correction de cette substitution, mais l'utilisation des prépositions reste essentiellement affaire d'usage. Comme outre s'emploie par ailleurs sans préposition (outre X ou Y, outre(-)mer, outrepasser qqch), il semble logique que la tournure verbale suive.