• Faire parti

    « Il fait aujourd'hui parti des rares Français à compter au niveau mondial » (à propos de Vincent Dureau, considéré comme le père de la Google TV, lancée en France en septembre).

    (Emmanuel Paquette, dans L'Express no 3197, octobre 2012)

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    Un instant, je me suis demandé si cet informaticien de renom n'était pas entré en politique par la lucarne d'un obscur parti américain implanté dans la Silicon Valley. Sans doute étais-je de parti pris, car il ne s'agit en fait que d'une simple confusion entre les homophones parti et partie. Que notre journaliste se rassure : il peut continuer à zapper les e finals sans états d'âme. Comme c'est parti, ça devrait passer inaperçu, entre deux publicités, sur petit écran...


    Voir également le billet Parti / Partie.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Il fait aujourd'hui partie des rares Français à compter au niveau mondial.

     


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  • Rien de moins que

    « Ce jour-là, c'est à Anvers que devrait se jouer rien de moins que le destin de la Belgique » (à propos des élections municipales du 14 octobre, en Belgique).
    (Jean-Michel Demetz, dans L'Express no 3197, octobre 2012)

     


    FlècheCe que j'en pense


    Voilà un triste exemple de l'à-peu-près qui sévit parfois dans les médias. La recette est aussi éculée que les histoires belges : vous prenez une locution du langage courant, rien de moins (= pas moins), et une autre, voisine bien qu'appartenant à un registre plus littéraire, ne... rien de moins que (= véritablement, bel et bien). Vous mélangez vigoureusement le tout et vous nous servez dans la confusion un joli solécisme : rien de moins que, dépourvu de son indispensable particule négative.

    Où est le mal, me direz-vous ? Après tout, ce n'est rien de plus qu'un petit ne...

    Sans doute est-il inutile de lutter anvers et contre tous : pourquoi faire simple quand on peut faire si compliqué ?


    Voir également le billet Rien (de) moins que.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    C'est à Anvers que devrait se jouer le destin de la Belgique, rien de moins.

     


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  • Une épicerie bien achalandée

    « Des aides de l'État et du conseil général ont permis à la jeune femme d'y installer une épicerie bien achalandée » (à propos de la réouverture d'un commerce dans une commune du Finistère).

    (journal de 13 heures de TF1, le 16 octobre 2012)


    Tréflaouénan (photo Wikipédia sous licence GFDL par GO69)


    FlècheCe que j'en pense


    On imagine déjà les étagères de l'épicerie croulant sous les galettes bretonnes et les bouteilles de cidre... Erreur classique !

    Et pourtant, on ne peut pas reprocher à l'adjectif achalandé de cacher ses origines : dérivé de chaland (autrefois écrit chalant, participe présent de l'ancien français chaloir, « importer ») et non d'achat, il a à voir avec les clients... et non avec les marchandises, comme les esprits nonchalants (participe présent de l'ancien verbe nonchaloir, « négliger ») le croient trop souvent. Ainsi peut-on parler correctement d'un restaurant, d'un cinéma bien achalandé (= qui reçoit beaucoup de clients) ou encore d'un nouveau magasin qui commence à s'achalander grâce à une campagne de publicité efficace.

    Bien sûr, il se trouvera toujours des petits malins pour faire remarquer qu'un magasin où affluent les chalands doit vraisemblablement être bien approvisionné (encore que, dans les pays de l'Est, il y a quelques années...). Il n'empêche : la distinction entre les clients et les stocks... n'est pas en option !

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une épicerie bien approvisionnée, où l'on trouve de tout.

     


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  • La République démocratique du Congo

    «  Hollande est arrivé en République démocratique du Congo » (à propos du déplacement du président de la République française à Kinshasa, à l'occasion du 14e Sommet de la francophonie).

    (dépêche AFP publiée sur lexpress.fr, le 13 octobre 2012)

      



    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault)



    FlècheCe que j'en pense


    Reconnaissons-le d'emblée : l'usage des majuscules en français a toujours été assez flottant.

    À l'Imprimerie nationale, la règle en vigueur concernant le mot république est désormais la suivante : celui-ci prend la majuscule lorsqu'il est complété par un simple adjectif de nationalité (la République française, la République dominicaine) ou quand il désigne une période historique (la Ve République) ; la minuscule est de rigueur dans tous les autres cas, notamment lorsque république est précisé par un nom propre (la république d'Irlande, la république socialiste du Vietnam). Une exception : la République fédérale d'Allemagne, forme consacrée par l'usage par analogie avec l'ancienne République démocratique allemande.

    Mais ce distinguo, également en usage dans le Robert illustré et le Petit Larousse illustré, est remis en cause par un arrêté de 1993 relatif à la terminologie des noms d'États, qui préconise l'usage de la majuscule dans tous les cas, pour des considérations apparemment plus diplomatiques que contestataires : la République socialiste du Vietnam, la République populaire de Chine.

    Pour compliquer encore un peu plus les choses, Thomas et Girodet préconisent de leur côté la graphie république Argentinerépublique Dominicaine, « parce qu'on dit l'Argentine, la Dominicaine » ! Devant tant d'arbitraire, on se sent tout à coup bien... minuscule.

    Voilà pourquoi il se trouvera toujours des petits malins pour préférer évoquer la RDC plutôt que de trancher la question, capitale, de l'emploi de la majuscule pour la république démocratique du Congo...

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Hollande est arrivé en république démocratique du Congo (selon les règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale et dans les dictionnaires usuels).

    Hollande est arrivé en République démocratique du Congo (selon l'option prise par l'arrêté de 1993).

     


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  • Il l'y a enjoint

    « Mise en examen vendredi pour "blanchiment en bande organisée", [Florence Lamblin] nie tout rapport à ce réseau lié au trafic de stupéfiants. Et refuse donc de démissionner, comme l'y a plus ou moins enjoint le maire de Paris, Bertrand Delanoë » (à propos d'une élue écologiste de Paris).

    (Delphine de Mallevoüe, sur lefigaro.fr, le 14 octobre 2012)

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Marie-Lan Nguyen)


    FlècheCe que j'en pense


    De grâce, cessons ce jeu de massacre ! J'enjoins aux journalistes de ne plus employer le verbe enjoindre tant qu'ils n'auront pas sérieusement... examiné sa construction : enjoindre à quelqu'un de faire quelque chose. D'où, en phase de pronominalisation du complément d'objet indirect de personne : Je lui ai enjoint de venir (et non Je l'ai enjoint de venir), puis de l'infinitif complément d'objet direct : Je le lui ai enjoint. Après tout, viendrait-il à l'idée de notre journaliste d'écrire : comme l'y a ordonné le maire de Paris ? Ce serait pour le moins... stupéfiant !

    Dans le doute, mieux vaut recourir à ordonner, commander, inviter, contraindre, d'usage plus courant.


    Voir également le billet Enjoindre.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elle refuse de démissionner, comme le lui a enjoint le maire de Paris.

     


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