• Présager

    « Le parallèle ne présage en rien de l'issue du combat » (à propos du duel Copé-Fillon pour la présidence de l'UMP).

    (Gérard Courtois, sur lemonde.fr, le 9 octobre 2012)


    FlècheCe que j'en pense


    Girodet est catégorique : présager (« annoncer par quelque signe ; prévoir ») est un verbe transitif direct, qui s'emploie donc sans préposition. Aussi écrira-t-on correctement : Son état laisse présager une issue fatale. Tout cela présage un avenir meilleur.

    Pour autant, ledit verbe est susceptible de se construire avec un complément d'origine introduit par de en plus du complément d'objet direct attendu. Autrement dit, il est possible de présager quelque chose de quelque chose. Je n'en veux pour preuve que cet exemple déniché dans la huitième édition du Dictionnaire de l'Académie : « Je ne présage rien de mauvais de ce que vous me dites là » (entendez : ce que vous me dites là ne présage rien de mauvais)... lequel a purement et simplement disparu de la neuvième édition. Sans doute parce qu'il ne présageait rien de bon, à force d'entretenir la confusion avec la construction indirecte fautive.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le parallèle ne présage en rien l'issue du combat (ou ne présage rien de l'issue du combat).

     


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  • N'importe quoi

    « C'est l'occasion de montrer que n'importe qui, dans n'importe qu'elle secteur, peut être touché par cette crise » (à propos de la manifestation des militants CGT de PSA).

    (Louis Morice, sur nouvelobs.com, le 9 octobre 2012) 

     


    FlècheCe que j'en pense


    Force est de constater que la maîtrise de langue française fait figure de cinquième roue du carrosse. C'est assurément la crise, dans tous les secteurs.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    C'est l'occasion de montrer que n'importe qui, dans n'importe quel secteur, peut être touché par cette crise.

     


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  • Quatre journées et demi

    « 4 journées et demi d'école » (à propos des nouveaux rythmes scolaires proposés par le gouvernement).

    (vu au journal de vingt heures de TF1, le 9 octobre 2012) 

     


    FlècheCe que j'en pense


    Gageons qu'une demi-journée d'étude supplémentaire par semaine ne sera pas de trop à notre journaliste pour réviser ses règles d'accord...

    Placé devant un nom, demi est toujours suivi d'un trait d'union et reste invariable ; placé après, il s'accorde avec celui-ci en genre (masculin ou féminin) mais pas en nombre : une demi-heure mais une heure et demie. Un demi-litre mais deux litres et demi.

    Allez, prônons l'indulgence, même à demi-mot : faute révélée est à demi pardonnée...

    Voir également le billet Demi.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    4 journées et demie d'école.

     


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  • Un risque potentiel

    « Ces médicaments pouvant provoquer une somnolence et des troubles de la vision, l’attention des patients doit être attirée sur ce risque potentiel lors de la conduite automobile et l’utilisation de machines » (à propos des antispasmodiques).

    (lu sur lefigaro.fr le 9 octobre 2012) 

                   (photo Wikipédia)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Je ne m'attarderai pas sur la conduite automobile, attelage contestable s'il en est (voir à ce sujet le billet Adjectifs relationnels). En revanche, le risque potentiel appelle un commentaire : un risque, à savoir un péril possible, un hasard dangereux, ne contient-il pas déjà l'idée d'éventualité (fâcheuse) ? N'est-il pas, de fait, toujours potentiel ?

    Encore un de ces pléonasmes, certes inoffensifs, mais qui risquent de donner des spasmes à certains.

    Remarque : Dérivé du latin potentia (« puissance »), l'adjectif potentiel signifie notamment « virtuel, en puissance, susceptible d'exister » : un ennemi potentiel, des ressources potentielles.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    L’attention des patients doit être attirée sur ce risque lors de la conduite d'une automobile et de l'utilisation de machines.

     


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  • Logorrhée verbale


    « Vos réponses ne doivent pas excéder 2 ou 3 minutes, le temps de dire juste ce qu’il faut, sans tomber dans la logorrhée verbale ni vous répéter » (propos de Patrick Amar, à l'occasion de la parution de son livre Développez votre assertivité aux éditions Leduc).

    (paru sur cadreonline.com le 22 juin 2012, lu le 9 octobre 2012) 

     

      



    FlècheCe que j'en pense


    L'assertivité, vous connaissez ? Moi non plus. D'après Wikipédia, il s'agit d'« un concept de la première moitié du XXe siècle introduit par le psychologue new-yorkais Andrew Salter désignant la capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres ». Bigre ! Et moi qui aurais innocemment parlé d'affirmation de soi... Mais là n'est pas mon propos.

    Voilà donc un auteur – que dis-je ? un coach ! – qui nous affirme tout de go que, si l'on souhaite réussir un entretien d'embauche, mieux vaut ne pas s'égarer dans la logorrhée verbale. Il n'est pas certain que verser dans le pléonasme soit plus apprécié d'un recruteur...

    Sans doute est-il opportun de rappeler la signification exacte de ce substantif féminin à la graphie à haut risque pour qui n'est pas familier de son étymologie grecque : composé des éléments logo- (du grec logos, « mot, discours ») et -rrhée (du grec rheîn, « couler »), logorrhée désigne littéralement un flux de paroles (généralement inutiles) et, en psychiatrie, le besoin incoercible de parler. Pour faire bref : pas de logorrhée sans paroles, voilà une assertion que ferait bien de retenir notre auteur, s'il veut éviter qu'on le croie atteint de « pléonastite aiguë »...

    Remarque 1 : On retrouve le suffixe -rrhée dans divers noms de pathologie où il  indique l'écoulement d'un liquide organique (diarrhée, blennorrhée, gonorrhée, galactorrhée, séborrhée, ainsi que catarrhe...). Bien que de graphie proche, le substantif féminin pluriel arrhes (somme d'argent donnée en gage) ne partage pas la même étymologie : il est emprunté du latin arr(h)a, « gage ».

    AstuceUne astuce pour se rappeler la place du h dans logorrhée : penser à l'écoulement... du Rhin, le fleuve ! Logo-Rhin... Encore faut-il ne pas oublier de doubler le r.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Vos réponses ne doivent pas excéder 2 ou 3 minutes, le temps de dire juste ce qu’il faut, sans tomber dans la logorrhée.

     


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