• On frôle le flirt

    « Renoncer, il n'en est pas question pour ces pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, malgré un thermomètre qui frôle avec les quarante degrés. »

    (Catherine Monnier, au journal de vingt heures de TF1, le 18 août 2012)

     

    (© Yvon Boëlle, sur pelerin.info)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Certes, à en croire Évelyne Dhéliat, le thermomètre a bien atteint aujourd'hui, voire légèrement dépassé, les quarante degrés dans plusieurs régions de France. Certes, la chaleur accablante de ce samedi à ne pas mettre un randonneur dehors avait-elle de quoi enfiévrer les réflexes syntaxiques les plus aigus. Il n'empêche : frôler reste un verbe transitif direct, à l'ombre comme en plein soleil.

    Sans doute l'idée vous a-t-elle effleuré(e) que notre journaliste devait avoir à l'esprit (en état de surchauffe) la construction intransitive qui sied au verbe flirter, emprunté à nos voisins anglais. Dans le secret espoir de convoquer d'outre-Manche une bruine salvatrice ? Qui sait ? peut-être s'approche-t-on là de la vérité (on brûle ?). De là à prétendre qu'on la frôle du doigt...

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Un thermomètre qui flirte avec les quarante degrés.

    Un thermomètre qui frôle les quarante degrés.

     


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  • Pas-de-Calais

    « Mais avant d'arriver à Rotterdam, il faudra passer le détroit du Pas-de-Calais » (à propos de l'opération de sauvetage du porte-conteneurs MSC Flaminia, photo ci-contre).

    (Marie-Béatrice Baudet, sur lemonde.fr, le 16 août 2012)

            (Photo wikipedia)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Comme quoi, on peut être journaliste au Monde... et ne pas connaître la géographie de son pays !

    Il y a là, en effet, confusion entre le département (le Pas-de-Calais, avec majuscules et traits d'union) et le détroit qui sépare Calais de Douvres et relie la Manche à la mer du Nord : le pas de Calais, où le nom commun pas (sans majuscule, donc) est à prendre au sens de « passage » (maritime).

    Moralité : mieux vaut maîtriser les normes typographiques, sous peine de partir à la dérive...

    Voir également le billet Un mont majuscule.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Il faudra passer le détroit du pas de Calais.

     


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  • De singuliers échos

    « Cette déclaration [de Mgr Bernard Podvin] fait échos à la polémique provoquée par la "Proposition nationale pour une prière des fidèles en la fête de l'Assomption" écrite par le cardinal André Vingt-Trois. »

    (paru sur humanite.fr, le 14 août 2012)


    (Écho et Narcisse, tableau de Nicolas Poussin)


    FlècheCe que j'en pense


    Curieusement, parmi les nombreuses locutions construites avec le substantif écho, on ne trouve nulle trace de faire écho à (au sens de « réagir à,  répondre à ») dans la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie. Littré, Hanse, Thomas, Larousse ne s'en étant pas davantage fait(s) l'écho (l'accord du participe passé reste sujet à débat, cf. billet Accord du participe passé des verbes pronominaux), sans doute est-on fondé à s'interroger sur la régularité de ladite locution, aussi couramment utilisée soit-elle.

    Quoi qu'il en soit, le singulier est généralement de rigueur dans les emplois d'écho sans déterminant : demeurer / rester sans écho, trouver écho, en écho, etc.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    « Cette déclaration vient en réaction, en réponse (voire fait écho) à la polémique » (si l'on privilégie le sens de « répliquer à »).

    « Cette déclaration se fait l'écho de la polémique » (si l'on privilégie le sens de « propager, faire état de »).

     


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  • Laisser sur sa fin

    « Le projet inachevé du Sabbat et l'expérience récente non moins malheureuse de ses deux duos bouffes l'avaient indubitablement laissé sur sa fin » (à propos du compositeur français Emmanuel Chabrier, photo ci-contre).

    (lu dans L'Odyssée musicale d'Emmanuel Chabrier, d'Éric Lacourcelle, Éditions L'Harmattan, 2000)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Confusion amusante entre les deux homophones fin et faim. Le contexte impose pourtant clairement l'idée de frustration, d'insatisfaction, non celle d'achèvement, de terme.

    Dans le premier cas, il convient de recourir à l'expression laisser quelqu'un sur sa faim (= ne pas satisfaire sa curiosité, ne pas répondre à son attente), qui établit un parallèle entre la nourriture physique et la nourriture intellectuelle, entre l'appétit et la soif de connaissance. Les mêmes remarques valent pour rester sur sa faim (= ne pas obtenir tout ce qu'on espérait).

    Dans le second cas, on emploiera logiquement les expressions construites avec le substantif féminin fin : toucher à sa fin, prendre fin, sentir approcher la fin, etc.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Ils l'avaient indubitablement laissé sur sa faim.

     


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  • Eté ou était ?

    « Seul un feu de détritus été relevé par la préfecture dans les quartiers nord » (à propos des violences urbaines à Amiens, photo ci-contre).

    (paru sur lefigaro.fr, le 15 août 2012)

    (AP Photo/ Georges Charrieres)


    FlècheCe que j'en pense


    Oubli (du a de a été) ou confusion (entre les formes verbales été et était) ? Quoi qu'il en soit, une simple relecture aurait permis à notre journaliste de relever cette jolie coquille. Il est vrai que la crise, dont on nous rebat les oreilles, s'invite également au cœur des rédactions, au point de réduire significativement les effectifs de correcteurs. Tout de même...

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Seul un feu de détritus a été relevé par la préfecture dans les quartiers nord.

     


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