• Des personnages clef

     
    « Son responsable sera un des personnages clef du dispositif gouvernemental » (à propos de la future Banque publique d'investissement).

    (paru dans L'Express n° 3192, septembre 2012)

    (photo wikipedia)

     

    FlècheCe que j'en pense


    En apposition, clef a valeur d'adjectif épithète (comprenez ici : les personnages sont autant de clefs) et prend donc logiquement la marque du pluriel.

    Voir également le billet Pluriel des noms en apposition.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Un des personnages clefs.

     


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  • Avoir de la répartie


    « RÉPARTIE Le président n'a pas apprécié un éditorial et ne le cache pas » (à propos d'un article du Figaro qui n'a pas eu l'heur de plaire à François Hollande, photo ci-contre).

    (paru dans L'Express n° 3192, septembre 2012)

     

     


    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault)

     

    FlècheCe que j'en pense

    Et c'est reparti : voilà un journaliste qui croit devoir affubler d'un accent aigu le substantif féminin repartie alors que celui-ci est dérivé du verbe repartir (au sens de « répliquer ») et non de répartir (« partager, distribuer, attribuer à chacun sa part »). À sa décharge, reconnaissons que Larousse (PLi 2005) et Robert (Ri 2013) ajoutent à la confusion, en enregistrant la prononciation contestée sans pour autant modifier la graphie. D'où ce grand écart, assurément déstabilisant, entre ce que l'on voit (repartie) et ce que l'on entend ([réparti]). L'orthographe rectifiée (répartie), que je ne recommande pas, a au moins le mérite de la cohérence.


    Voir également le billet Repartie.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    REPARTIE Le président n'a pas apprécié un éditorial.

     


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  • Un roman détonant

    « [Félicité Herzog] prouve avec ce premier roman détonant qu'on peut exceller à la fois dans les chiffres et dans les lettres » (à propos de la fille du célèbre alpiniste Maurice Herzog, photo ci-contre).

    (Marianne Payot, dans L'Express n° 3191, septembre 2012)

     

     

     

    FlècheCe que j'en pense

    Voilà une formulation qui, sans être fautive à proprement parler, me laisse perplexe.

    Avec un seul n, détoner signifie « faire explosion ». On suppose donc que notre journaliste considère par là ledit roman comme « explosif ». Propre à faire voler en éclats la légende d'un père, qui tombe de sa montagne ? Assurément... sauf que, si l'on s'en tient à la définition de l'Académie, l'adjectif détonant semble réservé aux substances chimiques et aux mélanges à manier avec précaution... au sens propre, donc, pas au figuré. Larousse a beau ajouter de son côté : « se dit de choses qui, réunies, peuvent provoquer une crise, un problème grave », cette acception... détonne dans le cas présent, faute de mélange ou de confrontation avérés.

    Peut-il s'agir, justement, d'une confusion avec l'homophone détonnant, gratifié de deux n pour témoigner de sa parenté avec le ton musical (détonner signifie « sortir du ton » et, au figuré, « ne pas être en harmonie avec, produire un contraste désagréable ») ? On est fondé à se le demander tant ce roman choc jette un froid en s'attaquant à la figure de héros national que Maurice Herzog s'est employé à bâtir. Pourtant, là encore, le doute s'insinue : aucun dictionnaire usuel n'enregistre en effet détonnant comme adjectif. Étonnant...

    Sans doute eût-il été plus consensuel de s'en tenir à l'adjectif explosif (si tel était bien le propos initial), qui a le mérite de réunir les deux sens, propre et figuré.


    Remarque : L'honnêteté m'oblige à préciser que le Robert illustré enregistre dans son édition 2014 l'emploi figuré de détonant au sens étendu de « ce qui peut entraîner de vives réactions ». Les mauvais esprits insinueront que le dictionnaire en fait des tonnes pour se distinguer de la concurrence.


    Voir également le billet Dénoter / Détonner.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elle prouve avec ce premier roman explosif que...

     


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  • Quoiqu'il en soit

    « Quoiqu’il en soit, pour Ségolène Royal, "arrêter ? C’est impensable". »

    (dépêche AFP servilement reprise sur liberation.fr, 20minutes.fr, leparisien.fr, etc., le 3 septembre 2012)

     

     

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Matthieu Riegler)


    FlècheCe que j'en pense


    Quoi qu'on en dise, recopier les dépêches de l'AFP sans prendre la peine de les relire constitue un exercice à haut risque... syntaxique.

    « Relire ? C'est indispensable ! », pourrait-on dire pour imiter l'ancienne candidate à l'élection présidentielle. Cette utile précaution, quoique chronophage, aurait sans doute permis d'éviter toute confusion entre la locution quoi que (en deux mots), qui signifie « quelle que soit la chose que », et la conjonction de subordination quoique (en un seul mot), que l'on peut remplacer par « bien que », « encore que ».

    Voir également le billet Quoique / Quoi que.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Quoi qu’il en soit, pour Ségolène Royal, "arrêter ? C’est impensable".

     


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  • Un déroutant périple

    « Le déroutant périple du vol AF 562 » (à propos du déroutement du vol Paris-Damas, le 15 août 2012).

    (Charles Haquet, dans L'Express n° 3191, septembre 2012)

    (Airbus A330 d'Air France, source airfrance.com)



    FlècheCe que j'en pense

    Déroutant, le titre de cet article de L'Express l'est assurément !

    À l'origine, périple désigne en effet un voyage en bateau autour d'une mer ou des côtes d'un pays, eu égard à son étymologie (grec peri, « autour », et plous, « navigation »).

    Ce n'est que par extension que ce substantif masculin s'emploie désormais à propos de tout voyage accompli par quelque moyen que ce soit... à condition, précise l'Académie tatillonne, que ledit voyage soit réellement circulaire !

    Et c'est bien là que l'attelage bat de l'aile : car on est fondé à se demander si, aux yeux de ces empêcheurs de proser en rond que sont les immortels, un simple vol aller, aussi mouvementé fût-il, peut se confondre avec un circuit.

    Bien sûr, feront remarquer certains, l'usage et Larousse ont entériné depuis des lunes le sens étendu de « long voyage comportant beaucoup d'étapes » (que Robert, de son côté, prend soin de présenter comme « critiqué »). Il n'empêche, les académiciens ne se laisseront pas aussi facilement mener en bateau...

    Quant au verbe dérouter, employé ici au sens propre de « faire suivre une route autre que celle initialement prévue », on notera qu'il ressortit d'abord au registre de la chasse (Le cerf a dérouté les chiens), puis à celui de la marine (dérouter un navire sur un autre port), avant de voir son usage étendu à l'aviation. Parmi ses dérivés, on compte l'adjectif déroutant (« qui déroute, qui déconcerte l'esprit »), qui n'est autre que le participe présent dudit verbe pris cette fois dans son acception figurée, ainsi que deux substantifs que l'Académie fait synonymes : déroutement et déroutage (« action ou fait de dérouter un moyen de transport »).


    Voir également le billet Périple.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le déroutant trajet (ou parcours) du vol AF 562.

     


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