• Il s'en est suivi

    « Henrik Rummel s’est gagné une petite réputation outre-Manche. Moins pour sa médaille de bronze glanée en aviron dimanche dernier qu’en raison de la cérémonie pour le podium qui s’en est suivie » (à propos d'un détail de l'anatomie du rameur américain, photo ci-contre).

    (paru sur 20minutes.fr, le 8 août 2012)



    FlècheCe que j'en pense


    Contrairement à s'en aller, s'ensuivre s'écrit en un seul mot et suit la même construction que s'enfuir. Malgré ce que l'on peut lire chez de bons écrivains, écrire aux temps composés Il s'en est suivi est aussi incongru que Il s'en est fui !

    Voir également le billet S'ensuivre.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    En raison de la cérémonie pour le podium qui s’est ensuivie.

     


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  • Finis les électrochocs

    « Finis les électrochocs, le voilà qui replonge dans ses vieux croquis » (à propos du « véritable » inventeur du téléphone, Antonio Meucci, photo ci-contre).

    (Henri Haget, dans L'Express n° 3187, août 2012)

     

    (photo Wikipédia)


    Finies les belles années

    « Fini les belles années aux 35% de marge et près de 50% pour Maroc Telecom. »

    (Emmanuel Berretta, dans Le Point n° 2072, mai 2012)



    FlècheCe que j'en pense

     
    Fini
    , placé en tête d'une phrase exclamative ou interrogative sans verbe, doit-il être accordé avec le nom qui suit ? Oui... de préférence, répondent en substance la plupart des spécialistes de la langue : « Le participe passé fini placé en tête dans une phrase averbale s'accorde le plus souvent » (Grevisse), « Fini s'accorde généralement mais peut rester invariable » (Hanse), « L'accord peut se faire, mais n'est pas obligatoire » (Girodet). Encore faut-il, précise l'Académie sur son site Internet, que le participe passé qualifie bien ledit nom. Comparez : Finies, les vacances ! (ce sont bien les vacances qui sont finies) et Fini, les puces dans le matelas ! (on ne peut dire que les puces sont finies) ; dans ce dernier cas, fini est laissé invariable, car il peut être analysé comme la réduction de la forme lexicalisée c'est fini. Aussi est-on fondé à se demander, pour en revenir aux deux exemples qui nous occupent, s'il ne serait pas plus pertinent d'opter pour l'invariabilité dans le premier, l'assertion Les électrochocs sont finis ayant bien moins de sens que Les belles années sont finies...


    Remarque 1 : Selon Grevisse, fini s'accorde toujours quand il suit le nom : « L'époque du patriotisme, finie ! » (Drieu la Rochelle), mais reste invariable dans Fini de, mis pour C'en est fini de.

    Remarque 2 : Girodet donne à entendre que la présence d'une virgule entraînerait l'invariabilité : « Fini, les soucis ! ou Finis les soucis ! ». L'Académie n'est pas de cet avis : « Finies, les vacances ! »

    Remarque 3 : Une grammaire en ligne donne l'exemple suivant : Finie la récréation, on rentre. Cette formulation me paraît ambiguë, dans la mesure où elle ne permet pas de savoir si la première proposition est exclamative. Mieux vaut écrire, selon le sens voulu : Finie la récréation ! On rentre ou Une fois la récréation finie, on rentre.

    Remarque 4 : Voir également le billet Fini.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Fini les électrochocs mais Finies les belles années.

     


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  • Cantonnée aux rôles de blonde

    « Mais le mythe Monroe ne se résume pas (...) à une filmographie inégale, qui la voit bien souvent cantonnée aux rôles de blonde idiote » (à propos de Marilyn Monroe, photo ci-contre).

    (Julien Bordier, dans L'Express n° 3187, août 2012)


                (source wikipedia)

    Se cantonner à 1,4%


    « Les augmentations individuelles seraient plus généreuses que les augmentations générales, qui pourraient se cantonner à +1,4% » (à propos des prévisions de hausse de salaires pour 2013).

    (Domitille Arrivet, dans Le Point n° 2088, septembre 2012) 

            (source bourse-tendance.fr)

    FlècheCe que j'en pense


    Si la tentation est grande de construire avec la préposition à un verbe qui signifie, au figuré, « limiter les activités, les attributions de quelqu'un », cantonner exige pourtant l'usage de dans, héritage de son sens propre « répartir des troupes dans des cantonnements », puis « mettre à l'écart, isoler ».

    Les mêmes remarques valent évidemment pour son emploi pronominal. Mais cela ne semble guère perturber nos journalistes, notamment celle du Point qui n'en est plus à une impropriété près, elle qui n'hésite pas à recourir, pour introduire un pourcentage, à un verbe dont le sens n'est autre que « limiter ses activités à »...

    Voir également le billet Cantonner.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une filmographie inégale, qui la voit bien souvent cantonnée dans les rôles de blonde idiote.

    Les augmentations générales pourraient se limiter à +1,4%.

     


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  • Chacun à leur façon

    « Noémi et Michel sont des amoureux des vieilles pierres, chacun à leur façon » (à propos des actuels propriétaires du château de Selles-sur-Cher, photo ci-contre).
    (Annick Colonna-Césari, dans L'Express n° 3187, août 2012)

    (photo www.chateau-selles-sur-cher.com)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Il ne s'agit pas à proprement parler d'une faute, tant il y a hésitation sur l'accord de la phrase (pronoms personnels, adjectifs possessifs) lorsque chacun renvoie à un nom pluriel. L'Académie elle-même, sur ce sujet, ne s'aventurerait pas à jeter la première pierre. Jugez-en plutôt : « Il faut remettre ces livres chacun à sa place. Ils s'en allèrent chacun de son côté » (à l'entrée « chacun » de la neuvième édition de son Dictionnaire), mais « Jeu de billes où les joueurs lancent chacun à leur tour une bille en visant celle de leur adversaire » (à l'entrée « poursuite »). Chacun déduira de ces exemples ce que bon lui semble...

    Pour ma part, si l'accord d'intention reste possible (Ils sont rentrés chacun chez soi ou chacun chez eux), il me semble préférable d'opter pour les formes à la troisième personne du singulier (son, sa, ses ; il, elle, le, la, lui, soi ; le sien, la sienne), plus « cohérentes » avec le pronom indéfini chacun.


    Voir également le billet Chacun.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Noémi et Michel sont des amoureux des vieilles pierres, chacun à sa façon.

     


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  • Au plan numéraire

    « Rien à voir cependant avec Aristote : son premier moteur n'est pas premier au plan numéraire mais au plan hiérarchique » (à propos de la conception aristotélicienne de Dieu).

    (Philippe Chevallier, dans L'Express n° 3187, août 2012)

       

    Buste d'Aristote (photo Wikipédia sous licence GFDL par Eric Gaba)

     

    FlècheCe que j'en pense


    L'adjectif numéraire ayant trait, autrefois, à l'évaluation des distances (pierres numéraires) et, de nos jours, à celle des espèces monnayées (valeur numéraire), on est en droit de se demander s'il n'y a pas là confusion avec ordinal, pour exprimer le rang au sein d'un ensemble.

    Quant à l'emploi critiqué de la locution au plan (de) dans le sens figuré de « au niveau de, sur le plan de », voir ce billet.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Son premier moteur n'est pas premier sur le plan ordinal.

     


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