• Une personnalité empreint de courage

    « Sans jamais citer son rival, il a assuré "ne pas faire partie de ces gens qui prennent leurs distances", louant "la personnalité hors du commun empreint de beaucoup de courage" de Sarkozy » (propos de Jean-François Copé, photo ci-contre, cherchant à se démarquer de l'ancien Premier ministre dans la course à la présidence de l'UMP).

    (Laure Equy, sur liberation.fr, le 25 août 2012)

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Marie-Lan Nguyen)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Défaut de prononciation de l'intéressé, déjà épinglé à ce sujet (voir le billet Empreint / Emprunt) ? Erreur de retranscription du journaliste ? Confusion entre les homophones emprunt et empreint ?

    Quelles que soient les circonstances, rien ne justifie l'invariabilité du participe passé empreint, employé ici (avec le sens de « marqué, qui porte l'empreinte de ») comme adjectif qualifiant la personnalité hors du commun.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La personnalité empreinte de beaucoup de courage de Sarkozy.

     


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  • Etant données que

    « "Oui" il y aura un enseignant dans chaque classe "même si ces dernières années nous avons eu beaucoup de difficultés étant données les suppressions de postes" » (propos du ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, au sujet de la prochaine rentrée scolaire).

    (dépêche AFP parue sur liberation.fr, le 23 août 2012)

     

    (photo wikipedia)

     

    FlècheCe que j'en pense


    On a tôt fait d'attribuer aux hommes politiques des propos qui ne sont pas les leurs... voire des graphies qui ne sont pas davantage de leur propre main. Ainsi de cet accord dont on a peine à concevoir qu'il puisse être imputable à Vincent Peillon étant donné... le ministère dont il a la responsabilité ! Rappelons en effet que, selon l'usage actuel le plus fréquent, la locution étant donné est censée rester invariable quand, placée avant le nom auquel elle se rapporte, elle joue le rôle d'une préposition (à l'instar de excepté, attendu, y compris, vu, etc.).
    Comparez ces exemples empruntés à Girodet : Étant donné les circonstances, nous devons agir énergiquement et Deux droites parallèles étant données, traçons la perpendiculaire.

    Pour autant, force est de reconnaître que l'usage a longtemps été hésitant et que l'accord naturel de donné avec le nom qui suit a pour lui la caution de plus d'une bonne plume : « Étant données les circonstances, familiales et patriotiques » (Jean Anouilh), « Étant donnés son aspect et sa tournure » (Pierre Loti), « Étant données les circonstances présentes » (Saint-Exupéry)... Il n'est pas rare, au demeurant, de trouver chez un même auteur des exemples avec accord et d'autres sans accord : « Étant donnée la modestie de mon grade » (Georges Duhamel, Civilisation), « Étant donné les circonstances » (Id., Les Voyageurs de "L'Espérance") ; « Étant donnés les usages locaux » (Jules Romains, Lucienne), « Étant donné l'urgence » (Id., Le Dictateur).
    Mieux vaut toutefois se garder de changer la donne à tout propos.


    Remarque 1 : L'Académie ne donne, dans la dernière édition de son Dictionnaire, que des exemples avec étant donné invariable : « Étant donné sa sottise, on ne pouvait attendre autre chose de lui. Étant donné les circonstances, il a choisi la meilleure solution. » Mais elle sème le trouble sur son site Internet, en écrivant : « Les participes approuvé, attendu, [...] excepté, passé, supposé, vu, ainsi que non compris, y compris, étant donné, excepté que, ci-joint, etc., placés immédiatement avant le nom précédé ou non d'un article, sont invariables », puis, quelques lignes plus loin : « Dans le cas des participes passés antéposés comme passé, mis à part, étant donné, etc., deux types d'accord sont possibles, selon que l'on donne à ce participe une valeur de particule invariable jouant un rôle de préposition (c'est le cas le plus fréquent) ou selon qu'on souhaite lui conserver sa valeur verbale. »

    Remarque 2 : Voir également le billet Locutions prépositives.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La même chose ou, plus fréquemment, étant donné les suppressions de postes.

     


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  • Ex-nihilo


    « La littérature ne s'écrit pas ex-nihilo, les auteurs se nourrissent les uns des autres et l'ont toujours fait » (à propos des soupçons de plagiat qui pèsent sur le livre de Joseph Macé-Scaron, photo ci-contre).

    (paru sur lexpress.fr, le 22 août 2012)

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    Quitte à copier, autant éviter de prendre modèle sur quelqu'un qui confond manifestement les différents emplois de la particule ex.

    Quand elle exprime l'ancienneté, elle se joint au nom par un trait d'union : Mon ex-mari. Un ex-président. (On dit encore, substantivement et familièrement : Mon ex.)

    Quand elle exprime la provenance, elle n'est pas suivie de trait d'union dans les locutions adverbiales empruntées du latin : ex nihilo (= à partir de rien), ex abrupto (= de manière brusque), ex aequo (= sur le même rang), ex cathedra (= d'un ton doctoral). Mais on écrira les substantifs ex-libris et ex-voto avec un trait d'union. S'agirait-il d'ex-ceptions ?

    Remarque : On apprendra à varier les plaisirs en évoquant un ancien nègre, un précédent copiste, un ex-plagiaire...

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La littérature ne s'écrit pas ex nihilo.

     


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  • Faire connaître son inclinaison à voter

    « Au sein d’Europe Ecologie-les Verts, une partie des dirigeants ont fait connaître cet été leur inclinaison à voter non au traité budgétaire européen. »

    (Mael Thierry, sur nouvelobs.com, le 22 août 2012)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Que notre journaliste est sur une bien mauvaise pente ! Il est une époque pas si lointaine où l'on aurait crié, vert de colère, au barbarisme...

    Spontanément, je serais pourtant plutôt enclin à une dose d'indulgence dès lors qu'il est question d'écologie. Après tout, n'aurait-on pas cherché, par cette métaphore « pentue », à faciliter l'introduction du bulletin dans l'urne « noniste » ?

    Plus sérieusement, si la confusion entre les paronymes inclinaison et inclination (qui partagent la même étymologie) est – à la rigueur – excusable au sens propre, elle l'est beaucoup moins au figuré. Seul inclination peut, en effet, décrire les penchants du cœur et de l'esprit, depuis la propension à agir d'une certaine façon (une inclination à la paresse) jusqu'aux élans amoureux les plus passionnés (avoir de l'inclination pour... sa voisine).

    Voir également le billet Inclinaison / Inclination.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Ils ont fait connaître leur inclination (ou plus simplement : leur souhait, leur envie, leur désir) à voter non.

     


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  • Des vacances pas si calmes que prévues

    « Après des vacances pas si calmes que prévues, le conseil des ministres de ce mercredi marquera symboliquement le signal de la pré-rentrée politique »

    (Guillaume Launay et Laure Equy, sur liberation.fr, le 21 août 2012)

    (photo afp.com/Lionel Bonaventure)


    FlècheCe que j'en pense


    En accordant prévues au féminin pluriel, les journalistes semblent établir une comparaison entre deux adjectifs (calmes et prévues) en rapport direct avec vacances. Cette éventualité pourrait certes s'envisager (après tout, rien n'empêche d'écrire : Ces vacances sont plus imprévues que prévues, en ce sens qu'elles relèvent davantage de la décision de dernière minute que de la décision mûrement réfléchie)... mais est-ce bien là le propos visé ?

    Si... que, employé avec la négation, entre en concurrence avec aussi... que pour exprimer une comparaison : Il n'est pas si (ou aussi) grand que je le croyais.

    Souvent, la proposition subordonnée introduite par que (encore appelée complément du comparatif) fait l'objet d'un emploi elliptique : Il n'est pas si grand que mon père (l'est). C'est bien de cette construction, fréquente dans la langue relâchée, que relève notre exemple : les vacances ne sont pas si calmes (qu'il était) prévu. Le tour impersonnel, bien que sous-entendu, impose l'invariabilité du participe passé prévu.

    Moralité : comme prévu, les règles de syntaxe ne s'offrent pas de vacances, elles...

    Voir également le billet Prévu.


    Remarque : Les mêmes considérations valent pour que convenu, qu'annoncé, etc.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Après des vacances pas si calmes que prévu.

     


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