• Le nom féminin Pléiade(s) [avec une majuscule] est à l'origine associé au chiffre 7 :

    • Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont les sept filles d'Atlas et de Pléioné, que Zeus changea en étoiles pour les soustraire aux poursuites du chasseur Orion.

    • En astronomie, Pléiades est le nom d'un groupe de sept étoiles de la constellation du Taureau.

    • En littérature, Pléiade (au singulier) est le nom donné à plusieurs groupes de sept poètes (notamment, à la Renaissance, celui constitué de Ronsard, Du Bellay, Baïf, Belleau, Pontus de Tyard, Jodelle, et Peletier du Mans, remplacé après sa mort par Dorat).

    Par extension, pléiade (au singulier et avec une minuscule) se dit aujourd'hui d'un groupe de personnes remarquables. Si leur nombre est désormais indéterminé, il serait cependant préférable qu'il restât restreint, en souvenir du chiffre 7 associé.

    Aussi conviendrait-il de dire : La soirée s'est déroulée en présence d'un grand nombre d'artistes (et non d'une pléiade d'artistes), si ceux-ci se comptent par dizaines. C'est assurément moins chic, mais c'est nettement plus respectueux de l'étymologie.

    Séparateur de texte

    Remarque 1
    : On notera que le mot pléiade s'écrit sans tréma. C'est du reste le cas chaque fois que le i suit un é : absentéisme, manichéisme, ostréiculture, etc.

    Remarque 2 : Quoique plaisante, l'expression « pléiade de stars » frise le pléonasme sept étoiles...

    Remarque 3 : Voir aussi ce billet.

     

    Pléiade

    Il n'y avait donc que sept étoiles ?
    (Source : L'essentiel online)




    5 commentaires
  • Les locutions impersonnelles construites avec le verbe aller peuvent poser quelques problèmes de construction.

    Ainsi se gardera-t-on de toute confusion entre il en va (de même, ainsi, autrement...) de (ou pour), qui marque une comparaison et est synonyme de « il en est (de même pour telle personne) », et il y va (de), qui exprime un enjeu et signifie « il s'agit (de) », « ce qui est en jeu, en cause, c'est ».

    Comparez :

    Il en va de même pour moi (= il en est de même pour moi). Il en va tout autrement pour lui (ou de lui). On trouve aussi la construction : Il en va de cette affaire-là comme de l'autre.

    Je ne vous mens pas. Il y va de mon honneur (= il s'agit de mon honneur, mon honneur est en jeu).

     Séparateur


    Remarque 1
    : Louis-Nicolas Bescherelle analysait ainsi le fameux vers de Racine « Il y va de ma gloire ; il faut que je me venge » : Il [= le salut] de ma gloire va [= tend] y [= à cela, c'est-à-dire à me venger].

    Remarque 2 : Napoléon Landais rappelle que « devant le futur et le conditionnel du verbe aller, on supprime toujours le pronom y [par souci d'euphonie] : ainsi on ne dira pas plus il y ira de votre fortune, il y irait de ma vie que j'y irai, tu y irais. Il faut dire : il ira de votre fortune, il irait de ma vie ».

     

    Il en va / Il y va

    C'est Il y va de votre responsabilité qu'il convient d'écrire !
    (article de l'Union des Syndicats agricoles de l'Aisne)

     


    13 commentaires
  • Sanction, en droit constitutionnel, désigne l'acte par lequel le chef de l'État ou le souverain donne à une loi l'approbation, la confirmation qui la rend exécutoire. Par extension, le mot se dit de la peine (ou plus rarement de la récompense) prévue pour assurer l'exécution de ladite loi, ainsi que de la simple approbation que l'on donne à une chose.

    La sanction royale.

    Une sanction pénale. S'exposer à des sanctions.

    Ce mot a reçu la sanction de l'usage, ce projet attend la sanction des urnes (= l'approbation de l'usage, du peuple).

    À en croire la huitième édition (1935) du Dictionnaire de l'Académie, le verbe sanctionner ne peut donc s'employer qu'au sens strict de « confirmer par une sanction, approuver légalement ou officiellement », avec un nom de chose pour complément d'objet direct.

    Sanctionner une loi, un décret, un privilège.

    Une décision sanctionnée par les autorités (= approuvée officiellement pour en assurer l'exécution par des peines ou des récompenses).

    Un examen blanc, qui n'est pas sanctionné et constitue un simple entraînement.

    Mais parce que sanction, dans la langue courante, s'entend surtout avec la valeur négative de « peine, punition », grande est la tentation de donner à sanctionner le sens étendu (en réalité, plutôt restreint) de « punir (quelque chose ou quelqu'un) par une sanction » :

    « La partie devient dure et l'arbitre a le tort de ne pas sanctionner les coupables » (Midi olympique, 1930), « Des pénalités très graves qui sanctionnaient ce genre d'entreprises » (Albert Camus, 1947), « La nécessité de sanctionner sévèrement ses retentissantes injures » (Marcel Aymé, 1948), « Il est anormal que des délits de simple police [...] ne soient pas automatiquement sanctionnés » (Jean Giraudoux, 1950), « Les hommes et femmes de cœur [...] exigent que la justice française sanctionne les coupables » (abbé Pierre, 1952), « La Polizeihaft, ou détention de police, sanctionne les personnes considérées [comme dangereuses] » (Henri Michel, 1967).

    En dépit de l'avertissement lancé par l'Académie en 1969 (*), cet emploi a reçu la sanction de l'usage − « Comment pourrait-on empêcher [la rue] de donner à sanctionner le sens de "punir", puisque sanction est [devenu un] synonyme de châtiment ? » s'interroge André Rigaud dans Vie et langage (1970) −, et les dictionnaires courants l'admettent désormais sans réserve : « Sanctionner une faute. Sanctionner quelqu'un » (Petit Robert), « Sanctionner un élève » (Petit Larousse). Aussi les Immortels du XXIe siècle n'eurent-ils d'autre choix que d'assouplir leur position dans la dernière édition (2018) de leur propre Dictionnaire :

    « 1. Donner à une loi l'approbation qui la rend exécutoire. Par extension. Valider, entériner quelque chose. Un cycle d'études sanctionné par un diplôme. Cet usage a été sanctionné par le temps.

    2. Frapper quelque chose d'une sanction. Sanctionner un délit, un crime. Par extension. Sanctionner un en-avant au rugby. » 

    Position à demi assouplie, en vérité. Car si désormais l'Académie reconnaît (du bout des lèvres) le sens naguère condamné, elle se refuse toujours à construire le verbe sanctionner avec autre chose qu'un complément d'objet inanimé : « On évitera d'employer Sanctionner avec un complément désignant une personne : on sanctionne une faute mais on punit, on châtie un individu », s'empresse-t-elle d'ajouter en guise de marque d'usage. Las ! la construction incriminée apparaît au détour de l'article « rétrograder » : « Sanctionner un concurrent en le faisant reculer dans le classement final » et jusque sous des plumes académiciennes : « Il est nécessaire de sanctionner les spéculateurs » (Jean Dutourd, 1985), « Le médecin [...] peut être sanctionné pour une faute » (Dominique Fernandez, 2007), « [Joseph-François Michaud], lecteur du roi sanctionné par Charles X » (Hélène Carrère d'Encausse, 2011), « [Le] géographe est ainsi sanctionné pour tenue inconvenante » (Erik Orsenna, 2015), « La gauche pense surtout à la nécessité de sanctionner un président issu de la droite » (Jean-Marie Rouart, 2017). Avouez que pareille inconséquence mériterait une bonne sanction.


    (*) « Sanctionner est employé abusivement dans le sens de punir. On punit un individu, on sanctionne sa faute. » Autres exemples de condamnation : « Sanctionner n'a pas le sens de punir qu'on lui attribue parfois » (Thomas, 1956), « Sanctionner n'a pas le sens de terminer, non plus que celui de punir » (René Georgin, 1966), « Je n'emploie pas [ce verbe] dans le sens aberrant qu'on lui donne aujourd'hui : sanctionner signifie approuver, non punir » (Claude Lévi-Strauss, 1988), « Il n'est pas recommandé de faire de sanctionner un mot ambivalent en l'employant dans le sens d'infliger des sanctions, c'est-à-dire punir, pénaliser » (Jacques Capelovici, 1992).



    Remarque : Il est intéressant de noter que l'ambivalence du mot sanction, qui évoque « tour à tour la consécration, l'approbation, le blâme, le châtiment » (Albert Bayet, 1951), remonte à son origine même : déjà en latin le verbe sancire (« rendre inviolable par un acte religieux ») − dont dérivent l'adjectif sanctus et le substantif sanctio  − s'employait aussi bien, à en croire Félix Gaffiot, au sens de « consacrer, ratifier (une loi, un traité) » qu'au sens de « interdire, punir (quelque chose) », selon que l'on considérait l'opération (par laquelle on rend « sacré » ce qui ne l'est pas par nature) ou les moyens prévus pour en assurer la bonne exécution. Confirmation nous en est donnée par Joseph Ortolan : « Le verbe sancire signifie confirmer une chose, la garantir par des peines contre toute atteinte ; on nomme sanctio, sanction, cette garantie ; et sanctum, saint, sanctionné, ce qui est ainsi garanti [...]. Ainsi, par choses saintes on entend, en droit romain, celles qui ne sont ni sacrées ni profanes, mais qui sont protégées par une sanction pénale, [qui sont] entourées d'une sorte de vénération légale » (Explication historique des Institut[e]s de Justinien, 1835).

     

    Sanction, sanctionner
    Illustration de l'ambiguïté du verbe sanctionner dans l'usage actuel...
    (Éditions Chronique Sociale)

     


    votre commentaire
  • Dérivé du latin tacere (« taire »), le nom réticence désigne proprement l'action de taire à dessein une chose qu'on pourrait ou qu'on devrait dire et, par métonymie, la chose omise. Par conséquent, est réticent celui qui se tait volontairement, qui ne veut pas dire tout ce qu'il sait, qui ne livre pas toute sa pensée en persistant dans son silence.

    Un témoin réticent (= qui reste silencieux, qui ne dit pas tout ce qu'il a vu).

    Il m'a parlé sans réticence (= sans faire d'omissions).

    Au figuré : « La robe décolletée — audacieuse et néanmoins réticente — ouvre sur une guimpe de linon » (Laurent Tailhade, 1911). 

    Dès le milieu du XVIIIe siècle, lit-on dans le Dictionnaire historique de la langue française, réticence s'est employé « par métonymie encore » (?) pour désigner « l'attitude, le comportement de la personne qui se garde d'exprimer ouvertement sa pensée mais marque par sa réserve une désapprobation » : « J'hésitais à le rencontrer, puis jugeai que ma réticence était absurde » (André Gide), « Il approuva ce réquisitoire avec beaucoup de chaleur au début, mais bientôt avec des réticences » (Jules Romains). On ne s'étonnera donc pas d'apprendre que réticent a suivi la même évolution, au siècle suivant, en recevant le sens étendu (et critiqué) de « hésitant, récalcitrant, qui marque de la réserve » − peut-être aussi sous l'attraction du français rétif (« récalcitrant, indocile ») et de l'anglais reluctant : « Le docteur les [= les malades] sentait réticents, réfugiés au fond de leur maladie avec une sorte d'étonnement méfiant » (Albert Camus), « Son autorité, sa compétence [...] m'inspiraient une réticente estime » (Hervé Bazin) et, avec un nom de chose, « Sa voix était encore plus réticente que ses paroles » (Simone de Beauvoir). N'en déplaise aux puristes, ce glissement sémantique peut sembler naturel, puisqu'il s'agit dans tous les cas de l'expression d'une marque de réserve : orale et délibérée, dans le sens classique ; générale et parfois involontaire, dans le sens actuel (*). On gagnera toutefois à réserver les mots réticence et réticent à leur acception première et à dire dans les autres emplois :

    Il est peu disposé à nous aider ou Il hésite à nous aider ou Il est réservé à l'idée de nous aider (de préférence à Il est réticent à nous aider).

    Ils ont levé les dernières hésitations (de préférence à Ils ont levé les dernières réticences).

    Exprimer des réserves (de préférence à exprimer des réticences, qui frise l'oxymore).

    (*) Selon le Robert, cette extension de sens s'explique par « le caractère psychologique de la plupart des réticences » ; selon René Georgin, « quand on garde le silence devant une proposition, une demande, c'est généralement qu'on fait des réserves, qu'on n'est pas emballé, voire qu'on désapprouve » (Jeux de mots, 1957).

    Séparateur de texte

    Remarque : En 2018, l'Académie s'est résolue à enregistrer dans la neuvième édition de son Dictionnaire les sens étendus de réticence et de réticent, précédés de la mention suivante : « Cet emploi souvent critiqué s’est installé dans l’usage et se rencontre chez de nombreux auteurs. »

     

    Réticence, réticent

     


    votre commentaire
  • Répliquer promptement, le plus souvent avec de l'esprit et de l'à-propos, c'est « avoir de la repartie ».

    Elle a la repartie facile. Elle m'a lancé une de ces reparties dont elle a le secret.

    Avoir le sens de la repartie.

    On notera que, traditionnellement, repartie ne prend pas d'accent. La confusion provient de ce que l'on pense que ce mot dérive du verbe répartir alors qu'il est formé à partir du verbe repartir.

    En effet, repartir a deux sens bien distincts, que l'on se gardera de confondre :

    • « partir de nouveau » et « recommencer » : il se conjugue comme partir avec l'auxiliaire être, au sens propre (Il est venu ce matin et est reparti en fin de journée) comme au sens figuré (On le croyait fatigué, et le voilà qui est reparti de plus belle),

    • « répondre vivement et sur-le-champ » : il se conjugue comme mentir avec l'auxiliaire avoir [dans un registre vieilli ou littéraire : Il ne lui a reparti que (par) des injures].

    On fera la distinction avec le verbe répartir, qui signifie « partager, distribuer, attribuer à chacun sa part » (Les biens ont été équitablement répartis entre nous).

    Depuis 1990, l'orthographe rectifiée répartie, homophone (même prononciation) et homographe (même graphie) du participe passé du verbe répartir, ajoute un peu plus à la confusion. Car vous conviendrez qu'il ne s'agit là pas tant de « partager » des répliques (sens de répartir) que de les « lancer » (sens de repartir).

    Séparateur de texte


    Remarque
    : L'évolution, devant une consonne, du préfixe re- vers la forme ré- est fréquente, notamment en l'absence de valeur itérative propre. Ainsi de repartir (partir de nouveau) et répartir (partager). Quant à reviser (viser de nouveau), seule forme toujours attestée par l'Académie, elle est considérée de nos jours comme l'orthographe vieillie du verbe réviser.

    Repartie
    Editions Eyrolles

     


    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique