• À première vue, l'Académie n'enregistre le substantif féminin avancée qu'au sens de « ce qui forme saillie ».

    L'avancée d'un toit, d'un balcon.

    Pourtant, certains, confondant l'action (avance, avancement) et le résultat (avancée), s'obstinent à parler des avancées de la science au lieu de ses progrès !

    Les avancées de la science (Bescherelle).
    Les avancées de la médecine (Larousse).
    Une avancée technique décisive (Robert).

    La faute à Littré, qui atteste dès 1874 l'acception « marche en avant » ?

    Le retour [dans une mer glacée] étant aussi pénible que l'avancée, il fallut renoncer à l'entreprise.

    À y regarder de plus près, force est de constater que l'on trouve également trace de ladite extension de sens (abusive ?) dans la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie... mais aux entrées « percée » (« Progrès remarquable, avancée spectaculaire »), « progrès » (« marche en avant, avancée ») et « remodeler » (« l'avancée et le recul des glaciers »). Pas sûr que cela constitue un progrès de notre langue.

    Avancée

    Osons avancer : Les progrès de la recherche sur le sida !

     


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  • La locution prépositive dans le cadre de compte parmi les tics de langage (avec au niveau de, en termes de, quelque part et autres formules creuses) qui envahissent les conversations actuelles, au détriment de la clarté et de la précision.

    Citons d'emblée Joseph Hanse (voir bibliographie) :

    « L'expression dans le cadre de, normale quand elle signifie "dans les limites de", (...) s'emploie de plus en plus comme un cliché pour "à l'occasion de". »

    Comparez :

    Il a agi dans le cadre de ses fonctions, dans le cadre de la loi, dans le cadre de notre accord (emploi correct selon Hanse).

    Un repas sera offert par la municipalité dans le cadre de son festival annuel (emploi abusif).

    Dans ce dernier exemple, on aura avantageusement recours à lors de, à l'occasion de, au cours de, etc.

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    Subtilité
    : Une silhouette apparut dans le cadre de la porte.

     

    Dans le cadre de

    Recueil de conférences données
    à l'occasion des rencontres de Femmes 2000
    (Editions Farel)

     


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  • Pendant longtemps, la locution rien moins que fut employée dans un sens aussi bien positif que négatif, selon le contexte (*). Ce n'est que depuis 1935 que l'Académie recommande de faire la distinction entre ne... rien moins que, qui signifie « nullement, en aucune façon » (valeur négative), et ne... rien de moins que, qui signifie « bel et bien, véritablement, tout à fait » (valeur positive).

    Comparez :

    Il n'est rien moins que futé (= il n'est aucunement futé, il n'est en rien futé).

    Il n'est rien de moins que futé (= il est tout à fait futé).

    Une soirée qui n'est rien moins que réussie (= une soirée ratée).

    Une soirée qui n'est rien de moins que réussie (= tout à fait réussie).

    Force est de constater que cette distinction est loin d'être toujours observée, même par d'excellents écrivains (Proust, pour ne citer que lui). Sans doute en raison de la trop grande similitude des deux formes. Aussi semble-t-il préférable d'éviter ces « fausses élégances » qui, si elles ne sont pas impeccablement maîtrisées, ont tôt fait de semer la confusion, en signifiant une chose et son contraire...

     

    Astuce

    Moyen mnémotechnique : la formule la moins longue (ne... rien moins que) a un sens négatif (-), tandis que celle la plus longue (ne... rien de moins que) a un sens positif (+).


    (*) On lit ainsi dans la huitième édition du Dictionnaire de l'Académie : « Rien moins que a d'ordinaire le sens négatif et signifie "tout plus que, nullement, en aucune façon" [...]. Cependant, suivi d'un substantif ou d'un verbe, il est quelquefois employé dans un sens positif et signifie alors "véritablement". Le reste de la phrase doit déterminer le sens dans lequel est prise cette locution. Vous lui devez de la reconnaissance, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur, Il est véritablement votre bienfaiteur. Vous pouvez vous dispenser de reconnaissance envers lui, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur, Il n'est pas du tout votre bienfaiteur. Vous le croyez votre concurrent ; il a d'autres vues : il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, Il n'est point votre concurrent. Vous ne le regardez pas comme votre concurrent ; cependant il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, Il est votre concurrent. Dans le premier sens, Il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter veut dire : Vous supplanter est la chose à laquelle il aspire le moins ; et dans le second sens, Il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter signifie : Il n'aspire pas à moins qu'à vous supplanter. Pour éviter toute équivoque, il est bon de réserver l'emploi de Rien moins que au sens négatif qui se justifie mieux ; et dans le sens positif, il convient de l'éviter et de se servir de préférence de Rien de moins que, qui s'explique parfaitement. »

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    Remarque 1
    : Vous l'aurez compris, l'hésitation porte essentiellement sur la valeur de rien moins que suivi d'un substantif ou d'un verbe (rien moins que suivi d'un adjectif semble toujours avoir un sens négatif et « rien de moins que "nullement" est rarissime », confirme Grevisse). Selon la linguiste Marie-Ève Damar, dont les travaux (2006) ont été portés à ma connaissance par une certaine Mariam que je remercie ici, le sens de rien moins que dépendrait surtout du caractère « adjectivable, gradable, comparable » du syntagme nominal qui suit. Comparez [!] : « [Il] n'était rien moins qu'un homme léger, et n'admettait dans sa maison que des gens de lui bien connus » (Stendhal ; la comparaison porte sur l'adjectif léger), « Je suis un homme très pauvre, et rien moins qu’un millionnaire » (Hugo ; le nom millionnaire est « proche de l'adjectif »), où le sens est négatif, et « La peine applicable à mon crime n’était rien moins que la peine capitale » (Chateaubriand), « Ce n’était rien moins que l’honorable Gordon Spilett » (Verne), où le sens est positif.
    Est-il besoin de préciser que les exemples donnés dans la huitième édition du Dictionnaire de l'Académie viennent contredire cette théorie... ?

    Remarque 2 : Selon l'Académie, ne est de rigueur dans ces constructions. Toutefois, reconnaît-elle dans la neuvième édition de son Dictionnaire, « Rien de moins ou Rien moins s'emploient aussi, sans négation, avec une valeur ironique, dans le sens de "pas moins", pour souligner l'extravagance d'une demande, d'une prétention. Il se prend pour un héros, rien de moins ou rien moins ».

    Remarque 3 : Dans la construction rien de + adjectif, l'épithète s'accorde au masculin singulier avec le pronom indéterminé rien auquel il se rapporte.

    Cette tenue n'a rien de négligé (et non rien de négligée).
    Votre réponse n'a rien de spontané.

    Rien (de) moins que

     


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  • Les acceptions du verbe transitif exécuter (dérivé du latin exsequi, « poursuivre ») sont nombreuses, notamment lorsqu'il a pour complément un nom de chose. Exécuter signifie alors « mener à bien », « accomplir, réaliser » ou « interpréter ».

    Exécuter un ordre, un projet, un logiciel.

    Exécuter une statue, un ouvrage.

    Exécuter une symphonie.

    Exécuter un saut périlleux, un pas de danse.

    Lorsque le complément est un nom de personne, exécuter prend le sens de « mettre à mort une personne par décision de justice ». Un otage ne saurait donc être exécuté (comme on le lit parfois dans les journaux), il est assassiné.

    « C'est par une extension abusive qu'on emploie ce terme [exécuter] dans le sens de "mettre à mort en dehors de toute procédure légale" », met en garde l'Académie.

    Le condamné à mort fut exécuté à l'aube.

    À la décharge des journalistes, il est vrai qu' exécuter n'a plus exactement le même contenu judiciaire depuis que la peine de mort a été abolie en France, mais ce n'est pas une raison pour employer ce verbe pour désigner n'importe quel meurtre.

    Au sens figuré, exécuter signifie « critiquer, discréditer » ; à la forme pronominale, « se résoudre à » ou « s'accomplir ».

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    Remarque 1
    : Les mêmes recommandations s'appliquent au nom féminin associé exécution.

    Remarque 2 : La préméditation différencie l'assassin du meurtrier.

    Remarque 3 : On notera que le verbe abattre, au sens de « tuer en faisant tomber d'un coup mortel », était à l'origine réservé aux animaux. Ce n'est que par extension qu'on l'emploie aujourd'hui pour l'assassinat de personnes.

    Exécuter

    Le 14 avril 1865, le président américain Abraham Lincoln
    fut abattu par balle (et non exécuté).
    (photo wikipedia sous licence GFDL by Gregory Maxwell)

     


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  • Le nom séisme (et l'adjectif associé sismique) est emprunté du grec seismos (ébranlement, tremblement de terre), lui-même dérivé de seiein (ébranler, secouer).

    C'est pour ces considérations étymologiques que l'expression secousse sismique est souvent considérée comme un authentique pléonasme (revenant à évoquer une « secousse secouante »). Et nombreux sont ceux qui recommandent de dire du Japon ou de l'Italie qu'ils subissent régulièrement de violents séismes, de violents tremblements de terre, de violents phénomènes sismiques, de violentes secousses telluriques (du latin tellus, la terre)... mais pas de violentes secousses sismiques !

    Bien inutilement, semble-t-il...

    En effet, secousse sismique ne relève du tour pléonastique que si l'on s'en tient au sens d'« ébranlement » du mot seismos ; c'est oublier un peu vite son autre acception (« tremblement de terre ») qui, seule, a été retenue lors de la formation de l'adjectif sismique pour qualifier les phénomènes « qui ont rapport aux tremblements de terre ».

    Dès lors qu'il est entendu que l'adjectif sismique ne s'emploie que pour les tremblements de terre, on est fondé à considérer qu'il apporte une utile précision au mot secousse, en ce sens qu'il existe d'autres types de secousses qui ne sont pas d'origine sismique (cf. Remarque 1). On peut donc admettre secousse sismique au même titre que phénomène sismique ou secousse tellurique. C'est tout du moins la position du Robert, de Hanse, de Dupré, etc. Attendons de voir ce qu'écrira l'Académie dans la neuvième édition de son Dictionnaire...

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    Remarque 1
    : Si l'adjectif sismique se rapporte spécifiquement aux tremblements de terre, le nom séisme n'est pas l'exact synonyme de tremblement de terre. D'une part, on peut concevoir qu'une secousse de l'écorce terrestre puisse avoir des origines diverses : humaine (explosion nucléaire), volcanique ou tectonique (mouvement des plaques terrestres). D'autre part, le séisme est un évènement ponctuel généré le long d'une faille, tandis que le tremblement de terre en est la conséquence au niveau du sol (vibrations du sol).

    Remarque 2 : La forme du nom séisme a été longtemps critiquée pour n'avoir pas transcrit la diphtongue grecque ei par i (sur le modèle leitourgialiturgie). Voilà pourquoi l'Académie des sciences recommande d'utiliser l'orthographe sism- plutôt que séism- pour l'ensemble de ses dérivés (sismologie, sismologue, sismicité, sismographe, etc., de préférence à séismologie, séismologue, séismicité, séismographe).

    Un risque sismique élevé.

    Remarque 3 : Au sens figuré, séisme désigne un bouleversement (un séisme politique).

    Séisme

    En économie financière, on parle de risque 6-SMIC...

     


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