• Ce n'est pas parce qu'un trublion est un « fauteur de troubles » que son orthographe doit nous troubler...

    Cet homme est un perturbateur, un vrai trublion (et non troublion).

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    Remarque 1
    : Néologisme formé à partir du verbe troubler et du latin trublium (écuelle), le sobriquet de Trublion fut employé en 1890 par l'écrivain Anatole France à propos du duc d'Orléans, prétendant au trône de France, également surnommé « prince Gamelle » depuis qu'il avait émis le souhait de faire son service militaire et de partager la gamelle des soldats.

    Remarque 2 : Alain Rey, dans son Dictionnaire historique de la langue française, note que ce terme péjorativement connoté peut s'employer au féminin : une trublionne (avec deux n).

    Trublion

    Editions Scali

     


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  • Attention : querelle de spécialistes !

    D'un côté, Girodet et Hanse, pour qui l'adjectif stupéfait, indiquant un état, ne doit pas être confondu avec le participe passé du verbe stupéfier (= causer une grande surprise, au sens figuré), suggérant l'action.

    Aussi s'évertuent-ils à bien distinguer les constructions : on est stupéfait de quelque chose (adjectif suivi de son complément) mais stupéfié par quelque chose (forme passive, avec complément d'agent).

    Sa conduite les stupéfie  Ils sont stupéfaits de sa conduite (et non stupéfaits par sa conduite : la construction passive exige la forme verbale de stupéfier) ou Ils sont stupéfiés par sa conduite (et non stupéfiés de sa conduite).

    Elle a été stupéfaite d'apprendre cela mais Elle a été stupéfiée par cette nouvelle.

    Cette nouvelle nous a stupéfiés (et non nous a stupéfaits) mais Cette nouvelle nous a laissés stupéfaits ou Nous sommes restés stupéfaits devant cette nouvelle.

    Elle le regarde d'un air stupéfait. Elle en resta stupéfaite.

    De l'autre, Grevisse et Dupré qui, tout en ne reconnaissant eux aussi à stupéfait que son emploi adjectival, ne voient en revanche aucune raison de refuser l'utilisation du participe passé stupéfié comme adjectif (équivalent, dans ce cas, de stupéfait), alors que c'est pratique courante en français (Il a été surpris par la nuit / Il a été tout surpris de ma visite). D'où les formulations suivantes, également correctes à leurs yeux :

    Il a été stupéfié d'apprendre cela (en plus de Il a été stupéfait d'apprendre cela).

    Elle en resta stupéfiée (où en équivaut à de cela).

    Au milieu, Larousse et Robert, qui ne se sont pas privés d'enregistrer le – très – controversé verbe stupéfaire (= étonner, frapper de stupeur), doublet inutile de stupéfier à la 3e personne du singulier de l'indicatif présent et aux temps composés. Donnant ainsi toute légitimité à l'emploi de stupéfait non plus seulement comme adjectif mais également comme forme de conjugaison : Elle a stupéfait tout le monde en réussissant (au lieu de Elle a stupéfié tout le monde).

    Stupéfiant, ne trouvez-vous pas ?

    Dans le doute, et dans la langue soignée, mieux vaut éviter d'employer stupéfait comme participe passé :

    Cette nouvelle m'a stupéfié (de préférence à Cette nouvelle m'a stupéfait).

    Cela me stupéfie (de préférence à Cela me stupéfait).

    Astuce

    On retiendra qu'il est déconseillé de dire être stupéfait par : on peut être stupéfait de quelque chose ou stupéfié par (voire de) quelque chose.


    Stupéfait / Stupéfié

     


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  • Voilà une expression dont on use et abuse au point d'en oublier le sens.

    En effet, la locution prépositive au niveau de signifie proprement « à la hauteur de » et décrit, de fait, la position dans l’espace de deux choses l’une par rapport à l’autre.

    La température relevée au niveau du sol.

    La fuite s'est produite au niveau de la soudure.

    Il est parvenu au niveau du rond-point.

    Au sens figuré, cette locution ne doit être employée, selon l'Académie, « que lorsqu'elle exprime une comparaison entre deux termes ».

    Son talent n'est pas au niveau de sa réputation.

    Cet élève n'est pas au niveau de sa classe.

    Les exemples suivants, bien que ne suggérant pas de comparaison, supposent un degré, un grade, un échelon et sont donc considérés comme corrects par de nombreux spécialistes (Bescherelle, Hanse, etc.) mais pas forcément par l'Académie.

    Ces dossiers seront traités au niveau des conseillers.

    Cette décision sera prise au niveau de la direction.

    En revanche, c'est à tort que l'on emploie au niveau de en l'absence de toute notion d'échelle, au sens de « en ce qui concerne, sur le plan de, du point de vue de, pour ce qui est de, en matière de, dans le domaine de, quant à, etc. »

    Nous avons un problème en ce qui concerne les ressources humaines (et non au niveau des ressources humaines).

    Le talent de cet artiste se manifeste surtout sur le plan de l'expressivité (et non au niveau de l'expressivité).

    Il va subir une opération au cœur (et non au niveau du cœur).

    On a relevé des erreurs d'arbitrage (et non des erreurs au niveau de l'arbitre).

    Les scores du parti progressent (et non Le parti progresse au niveau des scores).

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    Remarque 1
    : Je n'ose ici évoquer cette vilaine expression « au niveau du vécu », qui a fait florès en dépit d'un... niveau de langue à peine correct.

    Remarque 2 : L'expression se mettre au niveau de signifie « se mettre à la portée de » et n'est pas sujette à critique.

    Afin de bien se faire comprendre, il s'est mis au niveau de son interlocuteur.

    Remarque 3 : Employée dans le sens figuré de « au niveau de », la locution au plan (de) est critiquée par l'Académie. On la remplacera par sur le plan (de) − suivi d'un substantif ou d'un adjectif −, ou, mieux encore, par d’autres locutions telles que dans le domaine de, en matière de, du point de vue de, au sujet de, pour ce qui est de, en ce qui concerne.

    Sur le plan moral, sur le plan de la santé (ou mieux : du point de vue de la morale, en matière de santé).

    Sur tous les plans.

    Au niveau de

     


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  • N'en déplaise à Robert, que l'on sait prompt à accueillir en son sein les derniers rejetons semés à tout vent, l'Académie rappelle qu'il est impropre de parler du déroulé d'une affaire, d'une manifestation, d'un entretien, d'une soirée, etc. pour désigner la succession des étapes d'un évènement ou d'un processus.

    À la différence de certains verbes qui possèdent deux dérivations différentes selon qu'il s'agit d'une action ou de son résultat (par exemple : abréger → abrègement et abrégé), le verbe dérouler – dont déroulé est le participe passé – se contente en effet du seul substantif déroulement pour les deux acceptions.

    Ainsi dira-t-on :

    Le procès s'est déroulé à huis clos mais Personne n'a pu assister au déroulement du procès (et non au déroulé du procès).

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    Remarque 1
    : Le nom masculin déroulage désigne, quant à lui, l'opération mécanique qui consiste à détacher d'une bille de bois une feuille mince et continue (Le déroulage fournit du bois de placage).

    Remarque 2 : À la forme pronominale, le verbe dérouler est souvent employé abusivement à la place d'avoir lieu. Selon Hanse, « se dérouler peut se dire de toute suite progressive et ininterrompue qui s'expose aux regards, dans l'espace ou le temps (paysage, manifestation, récit, événement, vie, congrès, etc.) ; on a tort d'appliquer ce verbe à n'importe quoi au lieu de se passer, avoir lieu ».

    Déroulé

    N'en déplaise à l'agence Reuters, il convient d'écrire déroulement !

     


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  • Certains croient bien faire en prenant soin de prononcer aéro-page comme dans aéro-port. Ils ne manquent pas d'air !...

    C'est oublier l'étymologie grecque d'aréopage : Areios pagos, la « colline d'Arès » (Mars, dieu de la guerre) où siégeait dans l'Antiquité le tribunal d'Athènes. Rien à voir donc avec une éventuelle « page aérienne » ni avec un quelconque souci d'aérophagie (composé du préfixe aéro-, air, et du grec phagein, manger, et signifiant « introduction d'air dans les voies digestives lors de la déglutition ») ! Comme souvent, mieux vaut réviser ses classiques quand on souhaite faire une incursion dans le registre soutenu...

    Aujourd'hui, un aréopage désigne (par métonymie) une assemblée de gens particulièrement compétents dans leur domaine, un groupe d'experts.

    Un aréopage de chercheurs, de magistrats.

     

    Aréopage

    Colline d'Arès à Athènes
    (photo wikipedia sous licence GFDL by ajbear AKA KiltBear)

     


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