• Il ne s'agit pas à proprement parler d'un barbarisme mais d'un anglicisme, à savoir une tournure propre à la langue anglaise... et pour le moins impropre dans la nôtre.

    Malgré l'indéniable existence en français du verbe connecter (emprunté du latin conectere ou connectere, « unir, relier », composé de cum et de nectere, « enlacer, nouer, lier »), l'action associée s'écrit connexion (avec un x intercalaire, héritage cette fois du latin conexio, « lien, enchaînement », formé sur le supin conexum) et non connection comme en anglais.

    Connexion

    Connexion correspond à l'action de rendre connexe et signifie « liaison étroite et enchaînement entre certains choses, certaines idées ».

    Une connexion d'idées, de faits (= un enchaînement).

    Une connexion électrique, une connexion internet (et non une connection) mais L'installation électrique est bien connectée, mon ordinateur est connecté à Internet.

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    Remarque 1
    : Les mêmes observations valent pour les dérivés déconnexion / déconnecter... tellement la connexion est directe !

    Remarque 2 : On notera l'existence, à côté de connexion, du substantif féminin connexité. Selon Littré, « ces deux termes, si voisins, se distinguent en ce que connexion, dérivant directement du radical qui est dans connectere, exprime l'action de lier et le résultat de cette action ; et que connexité, dérivant de connexus, exprime la qualité d'être connexe ». Comme souvent en français, tout est affaire de nuances...

    Remarque 3 : On trouve trace au Moyen Âge d'un verbe connexer, remplacé à la fin du XVIIIe siècle par connecter : « pour connexer cette tierce partie aux précédentes » (Jean Lemaire de Belges).

    French Connection

    Quoi qu'on en pense, le titre relève ici de la filière anglaise...
    (film de William Friedkin)

     


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  • Pourquoi diable certains s'obstinent-ils à employer escalier au pluriel dans des expressions où il n'est de toute évidence question que de singulier ?

    Certes, l'hésitation sur le nombre est fondée dès lors que l'on a affaire à des objets composés de plusieurs parties identiques, mais, attendu qu'un escalier est constitué d'un ensemble de marches permettant d'accéder à un autre niveau, on conçoit qu'il convient de dire :

    Monter ou descendre l'escalier (de préférence à les escaliers) mais Monter ou descendre les marches.

    La concierge est dans l'escalier (à moins que l'immeuble ne possède plusieurs escaliers, auquel cas le pluriel peut se justifier).

    Aussi se gardera-t-on de confondre escalier et marche (ou degré)... sous peine de dévaler celles de la gloire orthographique.

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    Remarque 1
    : Dans l'expression figée descendre l'escalier quatre à quatre (de préférence à descendre les escaliers quatre à quatre), qui signifie « très vite, en franchissant plusieurs marches à la fois », on notera la juxtaposition du collectif (l'escalier) et de la partie (les marches).

    Remarque 2 : L'usage de la préposition dans (Il le croisa dans l'escalier) est préférable à sur, qui entretient la confusion entre marches, palier et escalier.

    Escalier


    Sans doute préfèrent-elles descendre l'escalier tout court...
    (Livre de Paul Henney, Editions EDP Sciences.)

     


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  • Passer (aller, sauter) d'un extrême à l'autre et passer d'une extrémité à l'autre sont deux expressions possédant le même sens, à savoir « passer d'un état excessif à un état contraire ».

    Ce n'est pas une raison pour passer outre aux règles du genre en écrivant, par extrême confusion : passer d'une extrême à l'autre (formulation fautive, extrême étant ici un nom masculin).

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    Remarque 1
    : Extrême est également un adjectif qui signifie « qui est au dernier point, au plus haut degré » et, par extension, « qui est très éloigné de la juste mesure » (Un froid extrême. Une attitude extrême). En tant que superlatif, extrême ne devrait pas être pourvu d'une marque de degré, mais on trouve souvent dans la littérature les formulations plus extrême, aussi extrême..., acceptées par Littré et Hanse.

    Remarque 2 : Malgré ses airs pléonastiques, l'expression être à la dernière extrémité est admise par l'Académie, avec le sens de « être sur le point de mourir ».

    Remarque 3 : On notera l'accent aigu de extrémité et l'accent circonflexe de extrême échappant à la règle qui veut que, « quand dans les dérivés l'accent devient aigu, le mot primitif prenne l'accent grave et non l'accent circonflexe, par exemple : problème / problématique, système / systématique » (Littré).

    Extrême

    Livre de Nuria Roca, Editions Ulisse

     


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  • Plusieurs expressions construites avec les verbes mettre et remettre peuvent prêter à confusion ou présenter des difficultés.


    • Mettre
    (ou remettre) sur pied (et non sur pieds) : constituer, élaborer.

    • Mettre au ban de la société (et non au banc) : déclarer indigne.

    • Mettre à jour (= mettre en conformité, tenir en ordre, actualiser) mais Mettre au jour (= faire sortir de terre, faire apparaître, divulguer).

    Les archéologues ont mis au jour des vestiges romains (il s'agit d'une mise au jour) mais Il a mis ses comptes à jour (il s'agit d'une mise à jour).

    • Mettre en cause (= impliquer dans, incriminer) mais Remettre en cause (= examiner, considérer une nouvelle fois et de manière critique).

    Il est mis en cause dans une affaire de fausses factures mais Elle a remis en cause sa participation aux négociations.

    • Mettre (ou remettre) en question : contester, soumettre à la discussion.

    • Mettre (ou être) en butte (et non en but) : exposer (ou être exposé) à.

    Il a été mis en butte à ses contradictions.

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    Remarque 1 : Faites attention à la conjugaison au conditionnel : Vous mettriez (et non Vous metteriez, par analogie avec la terminaison des verbes du premier groupe).

    Remarque 2 : Faites attention à l'accord du participe passé de la forme pronominale (voir le rappel de la règle).

    Elle s'est mise à table mais Elle s'est mis un chapeau et des gants.

    Elle s'est remise de sa maladie.

    Remarque 3 : Concernant l'accord de la locution mis à part, voir le rappel de la règle.

     

    Remettre

     


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  • La distinction, qui a cours en Belgique et au Québec notamment, entre ennuyant (dans le sens de « contrariant ») et son paronyme ennuyeux (dans le sens de « lassant, fastidieux, qui cause de l'ennui ») est conforme à l'avis de Littré :

    « L'homme ennuyant est celui qui ennuie par occasion ; cela est accidentel ; l'homme ennuyeux est celui qui ennuie toujours ; cela est inhérent. Un homme ennuyant peut n'être aucunement ennuyeux. »

    Ainsi, nos cousins Québécois qualifieront un contretemps d'ennuyant (qui les a contrariés sur le moment) et un emploi d'ennuyeux (s'il est intrinsèquement monotone, fastidieux).

    Cette nuance n'est plus de mise en France, où l'Académie considère l'adjectif ennuyant (participe présent du verbe ennuyer) comme vieilli. On remplacera donc avantageusement ce dernier par ennuyeux, qui réunit les deux idées (contrariété passagère imputable aux circonstances et lassitude persistante).

    Un homme ennuyeux, un contretemps bien ennuyeux.

     

    Ennuyeux

     


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