• L'adjectif rassis, au sens de « desséché, sans être encore dur » (en parlant du pain) et de « conservé pendant plusieurs jours afin d'être plus tendre » (en parlant de la viande), n'est autre que le participe passé du verbe rasseoir, employé dans son ancienne acception de « ne plus être frais ».

    Du pain rassis.

    Laisser le pain devenir rassis (de préférence à laisser rassir le pain).

    Une brioche, une viande rassise.

    Mais le mot n'étant plus senti comme appartenant à la famille de asseoir, les graphies étymologiques se voient concurrencer dans la langue courante moderne par les formes analogiques rassir, rassi, rassie (alignées sur finir), que l'Académie tolère désormais, dans un accès d'attendrissement : « Rassis, -ise. On trouve aussi Rassi, -ie », lit-on dans la neuvième édition (2018) de son Dictionnaire.

     

    Rassis

    Une viande savoureuse est une viande bien rassise.
    (photo Wikipédia sous licence GFDL by David Benbennick)

     


    3 commentaires
  • Bien qu'attestée sous la plume de bons auteurs (Céline, Gide) dans les imitations de la langue parlée, la tournure pour ne pas que − attelage contre nature grammaticale de la locution conjonctive de subordination pour que et de l'adverbe de négation ne... pas − reste populaire (pour pas que paraît carrément vulgaire !). A-t-on jamais entendu dire afin pas qu'il s'ennuie ? ironise Albert Dauzat. Certes non !

    Dans un style soigné, on lui préférera pour que... ne... pas, afin que le verbe (ou l'auxiliaire, s'il s'agit d'un temps composé) soit correctement entouré du couple ne... pas.

    Je l'ai appelé pour qu'il ne se déplace pas inutilement (et non pour ne pas qu'il se déplace inutilement).

    Elle s'est cachée pour qu'on ne la voie pas (et non pour ne pas qu'on la voie).

    Dans le doute, il est toujours possible de recourir à des tournures verbales (pour éviter qu'il ne se déplace inutilement) ou à des locutions synonymes (de crainte qu'il ne se déplace inutilement, de peur qu'on ne la voie, afin qu'on ne la voie pas).

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Après pour que, le verbe se met au subjonctif.

    Remarque 2 : La construction pour ne pas + infinitif est évidemment correcte.

    Elle est partie pour ne pas déranger.

    On se gardera toutefois de la confondre avec la tournure de ne pas + infinitif. Comparez : Il se retint pour ne pas crier (= il se retint de crier) et Il se retint de ne pas crier (qui signifie le contraire).

     

    Pour ne pas que

     


    9 commentaires
  • L'adjectif évident signifie « qui s'impose clairement à l'esprit, qui est immédiatement perceptible ».

    Il s'agit là d'une erreur évidente (= manifeste).

    Il est évident que vous êtes épuisé.

    Aussi se gardera-t-on, sur les conseils de l'Académie, de l'employer abusivement au sens de « facile ».

    Ce n'est pas facile, ce n'est pas aisé, ce n'est pas gagné d'avance, c'est difficile (et non Ce n'est pas évident).

    Séparateur de texte


    Remarque : L'emploi du subjonctif après il est évident que ne peut s'envisager que si la locution est à la forme négative ou interrogative.

    Il est évident qu'il viendra mais Il n'est pas évident qu'il vienne (ou qu'il viendra).

    Evident

    Certes, ce n'est pas facile...

     


    votre commentaire
  • Gourmand, adjectif et substantif, signifie « qui mange avec avidité et avec excès » et aussi « qui prend plaisir à manger, qui apprécie la bonne chère ». Dans le premier sens, il est synonyme de glouton ; dans le second, il est très proche de gourmet (« personne qui apporte dans les plaisirs de la table une recherche de délicatesse et de raffinement »).

    Cet enfant est très gourmand. C'est un gourmand.

    Par métonymie, gourmand signifie également « qui montre de la gourmandise ».

    Elle a une bouche gourmande, un regard gourmand.

    On se gardera d'employer gourmand au sens étendu de « savoureux, délicieux, appétissant (voire gastronomique) », dans des expressions telles que dessert gourmand, chronique gourmande, recette gourmande, cuisine gourmande..., les inanimés ne pouvant pas montrer de gourmandise !

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : L'Académie, qui condamne sur son site Internet cette mode consistant à qualifier de gourmand non plus celui qui mange mais ce qui est mangé, est surprise en flagrant délit de contradiction à l'article « hé ! » de la neuvième édition de son Dictionnaire : « Répété, pour marquer une sorte d'adhésion gourmande, de complicité, parfois railleuse ou ironique. Hé, hé, je ne dis pas non. » C'est peu de dire que ce revirement nous laisse sur notre faim !

    Remarque 2 : Gourmand signifie également « rameau ne donnant pas de fruits ». Couper les gourmands d'un arbre fruitier.

    Gourmand

    Ce n'est pas la cuisine qui est gourmande, mais ceux qui l'apprécient !

     


    1 commentaire
  • La confusion entre les expressions loin de là et tant s'en faut – toutes deux synonymes de « bien au contraire » – a abouti à la formule hybride loin s'en faut, qui est incorrecte.

    On la remplacera avantageusement par loin de là (notez l'accent sur le a), il s'en faut ou tant s'en faut :

    Elle n'est pas désagréable, loin de là (et non loin s'en faut).

    La situation ne s'améliore pas, loin de là.

    Nous ne sommes pas assez forts, il s'en faut.

    Elle n'était plus, tant s'en fallait, de première jeunesse.

     

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : On notera que la graphie loin sans faux, parfois rencontrée, ajoute le contresens au solécisme. En effet, dans tant s'en faut, faut correspond au verbe falloir dans son sens premier de « manquer » (qui n'est autre que celui de son doublet faillir), que l'on retrouve dans les expressions peu s'en faut (« peu à manquer », donc « presque ») et il s'en faut de beaucoup.

    Remarque 2 : Voir également le billet Peu s'en faut.

    Loin s'en faut

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique