• Dans la langue soignée, on veillera à faire la distinction entre ceci et cela.

    Ceci s'emploie pour annoncer ce qui suit ou pour indiquer ce qui est proche ; cela (sans accent sur le a) sert au contraire à évoquer ce qui précède ou à indiquer ce qui est éloigné. Dans le cas particulier d'une série, ceci renvoie au dernier élément ; cela, au premier.

    Dites-lui ceci de ma part : merci !

    Vous m'apprenez cela, je ne le savais pas.

    Que dites-vous de cela ? (après avoir parlé) mais Que dites-vous de ceci ? (en montrant quelque chose qui est proche).

    Et avec cela, vous prendrez quoi d'autre ? (et non Et avec ceci ? comme dit mon boucher).

    On comprend ainsi que l'expression ceci dit, dans le sens de « quoi qu'il en soit », est incorrecte, puisque faisant référence à quelque chose qui vient d'être dit. On écrira donc :

    Cela dit, je ne suis pas certain de ne pas me tromper (et non ceci dit).

    Astuce
    On retiendra que ceci va être dit, quand cela a été dit.

     

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    Remarque 1 : Malgré la mise en garde de l'Académie, le portail linguistique du Canada, rejoint par Robert, considère toutefois que « dans un autre contexte, ceci dit est attesté dans le sens de "ayant dit ces mots", "sur ce" » :

    Ceci dit, je dois m'en aller (= sur ce, je dois m'en aller).

    Remarque 2 : On retrouve la même distinction entre voici, qui annonce quelque chose de nouveau ou de proche, et voilà (avec un accent sur le a), qui indique ce qui vient d'être dit ou ce qui est éloigné. Idem avec celui-ci / celui-là.

    Voici monsieur Untel. Bienvenue à lui.

    Je vais vous présenter monsieur Untel. Le voilà.

    Remarque 3 : Quand il n'y a pas de raison objective de choisir, c'est cela (ou voilà) qui doit être préféré. Mais tant qu'il est possible de trancher, on maintiendra la distinction ceci / cela, voici / voilà, notamment quand ils s'opposent dans une même phrase.

    Son exposé est fort intéressant, à cela près qu'il comporte quelques imprécisions.

    Remarque 4 : Suivi d'un infinitif (le plus souvent venir), voici marque l'idée d'une action proche.

    Voici venir le printemps (= le printemps approche).

    Voici venu le temps des rires et des chants... (paroles du générique de L'Île aux enfants).

    Remarque 5 : On veillera à employer le pronom relatif approprié dans la construction C'est (de) cela... (voir l'article sur Dont).

    C'est de cela qu'il s'agit ou C'est cela dont il s'agit.

    Remarque 6 : La graphie celà est fautive : cela s'écrit toujours sans accent, tout comme sa forme contractée et populaire ça, pronom démonstratif à ne pas confondre avec l'adverbe de lieu çà que l'on n'emploie plus guère que dans les locutions adverbiales çà et là, deçà delà et en deçà ou comme interjection, pour marquer la surprise, la menace ou l'impatience.

    Ça commence bien mais Ah çà ! Je ne m'y attendais pas !

    Remarque 7 : Voir également les articles Ci et là et À ceci près

    Ceci cela

    Livre de Jean Tardieu, éditions Gallimard

     


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  • L'expression n'être pas sans ignorer à la place de n'être pas sans savoir fait partie de ces « fausses élégances » qui ont la vie dure : il s'agit d'un contresens.

    On comprend en effet aisément que si ignorer veut dire « ne pas savoir », être sans ignorer signifie « savoir » et n'être pas sans ignorer ne peut avoir d'autre sens que « ignorer ». En l'espèce, la double négation (ne... pas + sans) conduit à sous-entendre exactement le contraire de ce que l'on veut signifier, à savoir « vous ignorez » au lieu de « vous savez sans doute » !

    Vous n'êtes pas sans savoir (= vous savez sans doute) que je suis très occupé en ce moment (et non vous n'êtes pas sans ignorer que...).

    Vous n'êtes pas convaincu(e) ? Reprenons cette même construction avec un autre verbe : Vous n'êtes pas sans me rappeler quelqu'un (= vous me rappelez quelqu'un). Ce paysage n'est pas sans rappeler la Provence (= ce paysage rappelle la Provence), etc.

    Dans le doute, mieux vaut éviter cette tournure un rien alambiquée et lui préférer : Vous savez pertinemment, certainement, sans doute, très bien que... ou encore Il ne vous a pas échappé que.

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    Remarque : On écrira correctement : Vous n'ignorez pas au sens de « Vous savez » (J'ose espérer que vous n'ignorez pas qui je suis).

    Savoir et Ignorer

    Livre d'Anne Balansard, Éditions Belin

     


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  • Si l'usage tend à employer indifféremment les locutions à nouveau et de nouveau, l'Académie, quant à elle, les distingue nettement (tout du moins depuis 1935) : à nouveau signifie « de façon complètement différente, en repartant de zéro », quand de nouveau a le sens de « une fois de plus, derechef », mais de la même façon.

    Deharveng cite cette phrase de Borsu (la Bonne Forme), qui aide à bien comprendre la nuance :

    « Le professeur qui explique de nouveau une théorie donne les mêmes explications que la première fois ; c'est une simple répétition. Celui qui explique à nouveau donne d'autres explications, les dispose dans un autre ordre, s'y prend autrement. »

    Ainsi dira-t-on correctement :

    J'ai raté mon dessin, je vais le faire à nouveau (= d'une façon totalement différente, dans l'espoir qu'il soit plus réussi).

    J'ai raté mon dessin, je vais le faire de nouveau (= de la même façon, donc il sera une fois de plus raté).

    Astuce

    À nouveau = d'une façon différente, sur de nouvelles bases (idée de manière)
    De nouveau = une fois de plus (idée de répétition, de temps).

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    Remarque 1 : Si Grevisse s'est fait docilement l'écho de la recommandation des Immortels dans Le Français correct (1982), il semble que Goosse, dans Le Bon Usage (2008), porte sur la question un regard moins « complaisant » que son illustre prédécesseur :

    « Les grammairiens, arbitrairement, ont attribué un rôle particulier à la seconde locution [à nouveau], lorsqu’elle est apparue au XIXe siècle, alors qu’elle a eu dès le début la même signification que la première locution [de nouveau, attesté depuis le XIIe siècle], comme Littré le reconnaissait déjà. L’usage des auteurs n’a pas suivi cette distinction artificielle. »

    Remarque 2 : Composé de la préposition de, de re et de chef (au sens ancien de « bout, fin ») pour « ayant atteint une seconde fois l'extrémité », l'adverbe derechef, en un seul mot, appartient au registre littéraire (et vieilli). Il est synonyme de de nouveau et non pas de sur-le-champ, aussitôt, immédiatement, comme le croient certains. Quitte à employer un mot un rien désuet, autant le faire avec précision !

    Elle se mit derechef à fouiller dans son sac, sans plus de succès.

    Rien de nouveau

     


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  • Au sens figuré, le verbe rebattre signifie « répéter inutilement et d'une façon ennuyeuse ». Rebattre les oreilles à quelqu'un, c'est donc lui répéter quelque chose à satiété.

    En aucun cas, il ne s'agit de rabattre des oreilles indiscrètes (ni davantage de les rabâcher ou de les rabaisser) comme on peut l'entendre parfois par analogie avec l'expression rabattre le caquet de (ou à) quelqu'un (le faire taire, le remettre à sa place).

    Il n'en finit pas de me rebattre les oreilles avec ses histoires d'autrefois (et non de me rabattre les oreilles).

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    Remarque
    : Au sens propre, rebattre signifie « battre de nouveau » (comme dans rebattre des cartes). Au sens figuré, l'adjectif rebattu prend une connotation péjorative : C'est un sujet rebattu (= sans originalité, à force d'être répété).

     

    Rebattre les oreilles

    Les ânes ont les oreilles rebattues de moqueries sur la longueur de leurs organes...
    (photo wikipedia sous licence GFDL by Dave Crosby)

     


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  • La locution des fois, utilisée pour parfois, relève du langage populaire. On lui préférera : parfois, quelquefois, de temps à autre, etc.

    Je le rencontre parfois à la bibliothèque (plutôt que je le rencontre des fois).

    Il peut encore servir de temps à autre (plutôt que il peut encore servir, des fois).

    Parfois oui, parfois non (plutôt que des fois oui, des fois non).

     

    Des fois

     


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