• S'accaparer

    « Le chef de l'Etat a rendu au ministère de l'Intérieur sa ligne de crédits pour "travaux divers d'intérêt général", que Sarkozy s'était accaparée. »
    (Michel Revol, dans Le Point no 2091, octobre 2012)

     

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par EPP)



    FlècheCe que j'en pense


    Jusqu'à nouvel ordre, le verbe transitif direct accaparer ne saurait s’accommoder de la forme pronominale dans le sens de « capter au détriment d'autrui » : on accapare quelqu'un ou quelque chose, mais on ne se l'accapare pas !

    Dans l'intérêt général de la langue française, on évitera de s'arroger de telles prérogatives...


    Voir également le billet Accaparer.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La ligne de crédits que Nicolas Sarkozy avait accaparée.

     


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  • Subordination de témoins

    « Marseille : coup de théâtre au procès des Marronniers (...) Soupçonnés de subordination de témoins, 6 personnes ont été déférées devant le parquet. »

    (Éric Miguet, sur metrofrance.com, paru le 14 octobre 2012, lu le 20 octobre 2012)

    Palais de justice de Marseille (photo Wikipédia sous licence GFDL par Robert Valette)


    FlècheCe que j'en pense


    Il faut croire que le coup de théâtre n'a pas seulement éclaté entre les murs du palais de justice de Marseille mais également entre les lignes du Métro quotidien.

    Passons sur les soupçons qui pèsent sur l'accord des participes passés (le substantif personne aurait-il subitement changé de sexe ?) pour nous intéresser plus longuement à un autre suspect.

    De toute évidence – et je vous prends à témoin –, notre journaliste s'est emmêlé les pieds sur les lames de son parquet, car il n'est pas tant question ici de rabaisser lesdits témoins que de les séduire pour mieux les corrompre ! Le substantif féminin subordination (qui a à voir avec le verbe subordonner, « mettre sous l'autorité de quelqu'un ; faire dépendre de ») ne saurait en effet se substituer à subornation (de l'ancien verbe suborner, « détourner du droit chemin ; tromper » puis « séduire »).

    Vous me direz, avec juste raison, qu'il a bien fallu à nos six prévenus faire preuve d'un ascendant certain sur les témoins (idée attachée à subordination) pour les inciter à mentir par intérêt (sens de subornation). Il n'en reste pas moins, en attendant, que notre journaliste a été fait marron par nos deux paronymes !

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Soupçonnées de subornation de témoins, 6 personnes ont été déférées devant le parquet.

     


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  • Dont il s'agit

    « C’est de l’avenir de la France dont il s’agit » (propos de Gilles Artigues, photo ci-contre, vice-président du conseil général de la Loire).

    (vu sur modem42.com, le 19 octobre 2012)

     


    (photo www.gillesartigues.com)


    FlècheCe que j'en pense


    Voilà un élu, ancien professeur de mathématiques, qui, sur son propre site, se dit « en charge de l'éducation, de la jeunesse et des politiques urbaines », après avoir « fai[t] parti [sic] des fondateurs du Mouvement démocrate ». Les mauvaises langues auraient-elles des raisons de craindre pour la jeunesse ligérienne (puisque tel est le nom des habitants du département de la Loire) ?...

    Pour « en charge de », voir le billet En charge de.

    Pour « faire parti », voir le billet Parti / Partie.

    Pour le reste, on se rappellera que de est déjà inclus dans le pronom relatif dont. Certes, précise l'Académie, la langue classique admettait l’emploi de dont pour reprendre un nom ou un pronom déjà précédé de la préposition de ; on lit ainsi dans Les Amants magnifiques de Molière : « Ce n’est pas de vous, madame, dont il est amoureux» Mais ça, c'était il y a longtemps ! De nos jours, on veillera à éviter toute redondance dans les constructions commençant par C'est de... (voir également le billet Dont). C'est de l'avenir de la langue française qu'il est question !

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    C’est de l’avenir de la France qu'il s’agit.

     


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  • Combien restent-ils

    « Combien de cas restent-ils dans l'ombre ? » (à propos des risques de corruption d'agents pénitentiaires).

    (François Koch, dans L'Express no 3198, octobre 2012)

    (photo city-paris.org)
     

    FlècheCe que j'en pense


    Voilà une question qui aurait mieux fait de rester sous le manteau rayé du bagnard... En pleine lumière plane une ombre de corruption syntaxique. De confusion, plus précisément, entre les différentes constructions du verbe rester : des cas restent dans l'ombre (tour personnel, où le verbe peut être conjugué aux six personnes grammaticales) et il reste des cas dans l'ombre (tour impersonnel, où le verbe ne se conjugue qu'à la troisième personne du singulier).

    À la forme interrogative, quand la phrase commence par combien de + nom en fonction de sujet (ici, combien de cas), il n'y a pas inversion du sujet (repris par le pronom postposé ils) : Des cas restent dans l'ombreCombien de cas restent dans l'ombre ? (et non Combien de cas restent-ils dans l'ombre ?).

    Quand le verbe est employé à la forme impersonnelle, dans un tour interrogatif, le pronom il suit celui-ci : Il reste des cas dans l'ombreCombien de cas reste-t-il dans l'ombre ?

    En synthèse, la reprise du sujet par le pronom postposé est en liberté surveillée...

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Combien de cas restent dans l'ombre ?

     


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  • A l'envie

    « Le gouvernement le répète à l'envie : la France respectera son engagement de ramener son déficit public à 3% du PIB en 2013. »

    (Marie Visot, sur lefigaro.fr, le 19 octobre 2012)

      

     

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Flickr)



    FlècheCe que j'en pense


    Difficile de résister à l'envie... de pester à l'envi. Contre ces fichus homophones qui empoisonnent le quotidien de nos journalistes. Vrai, on a parfois envie de leur tordre le cou (qui a dit : « aux deux » ?).

    De toute évidence, il y a là déficit d'attention syntaxique, entendez confusion entre le substantif féminin envie (= désir, besoin) et envi, déverbal de l'ancien français envier (inviter à, provoquer), que l'on ne rencontre plus que dans la locution à l'envi (ellipse de jouer à l'envi de) et qui signifie « avec émulation, en rivalisant » puis « à qui mieux mieux », voire « sans retenue » : Ils multiplient les provocations à l'envi. Cette configuration peut être modifiée à l'envi.

    Il ne reste plus qu'à espérer que notre journaliste respectera son engagement de ramener dans les meilleurs délais sa prose publique à 100 % du PIB, entendez le « pas d'incorrections ni de barbarismes ».


    Voir également le billet Envi / Envie.

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le gouvernement le répète à l'envi.

     


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