• Mettre à jour

    « La lessiveuse mise à jour par les enquêteurs de l'office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) fonctionnait de manière assez simple » (à propos du démantèlement d'un réseau de blanchiment de l'argent du cannabis).

    (Frédéric Ploquin, sur marianne.net, le 13 octobre 2012)

     


    FlècheCe que j'en pense


    Vous l'aurez compris, il n'est pas ici question de laver son linge sale en public... mais bien de blanchir de l'argent noir à l'aide d'un dispositif aussi complexe que stupéfiant, permettant de réintroduire dans le circuit financier des fonds d'origine douteuse.

    Qui aurait dit que la lessiveuse de ma grand-mère allait s'offrir une seconde jeunesse (je parle bien de la lessiveuse, pas de ma grand-mère) en servant de métaphore aux opérations de blanchiment de l'argent sale ? Métaphore que notre journaliste s'empresse de filer de but en blanc, en évoquant la mise à jour de ladite lessiveuse. Il ne me souvient pourtant pas que la bassine en métal de mamie fût dotée d'une horloge programmable ni qu'elle requît quelque actualisation... En revanche, le système mafieux de recyclage de l'argent de la drogue a selon toute vraisemblance été mis au jour, entendez révélé, mis en évidence, par la police judiciaire au cours d'une grande entreprise de nettoyage à sec.


    Voir également le billet Mettre.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La lessiveuse mise au jour par les enquêteurs.

     


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  • se fixer des idéals

    « Conquérants, mais aussi joueurs, les Haut Béarnais, d'une discipline exemplaire, se placent sur des rails idéals pour entamer l'entreprise de reconquête qu'ils se sont fixés » (à propos du club de rugby d'Oloron-Sainte-Marie, près de Pau).

    (Fabrice Borowczyk, sur sudouest.fr, article paru le 17 septembre 2012, lu le 11 octobre 2012) 


    FlècheCe que j'en pense


    Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans l'univers du ballon ovale...

    Oh, je vous entends d'ici pouffer à la lecture de ce pluriel qui n'a rien d'idéal à vos oreilles. Et pourtant, l'adjectif (et surtout le nom) possède bien deux formes distinctes au masculin pluriel :  idéaux dans la langue de la philosophie et des mathématiques, idéals dans la langue de la littérature, de la morale et des beaux-arts (encore convient-il de savoir dans quelle catégorie entreposer lesdits rails...).

    Toutefois, Hanse fait justement remarquer que cette distinction – très théorique – faite par l'Académie, déjà peu respectée en ce qui concerne le substantif, l'est encore moins avec l'adjectif. Le constat est sans appel : idéals, considéré par certains comme archaïque, se fait régulièrement plaquer par son concurrent sur tous les terrains.

    Mais là n'était pas mon propos. Intéressons-nous plutôt à ce curieux accord de participe passé, que notre journaliste, qui ne fait décidément pas les choses à demi, nous envoie par-dessus la tête (et par-dessus sa jambe) tel un drop mal ajusté.

    Se fixer, ici employé dans le sens de « décider, déterminer quelque chose de manière durable et précise », est un verbe pronominal réfléchi, dont le participe passé s’accorde de la même façon qu'avec l’auxiliaire avoir. Les joueurs ont fixé quoi ? qu' mis pour l'entreprise de reconquête (et non les rails !), complément d'objet direct placé avant le participe passé fixée (d'où accord avec ledit COD, au féminin singulier). À qui ? à se, mis pour les Haut-Béarnais (ou haut Béarnais), complément d'objet indirect.
    L'accord aurait certes été différent s'il avait été question d'objectifs ou, plus opportunément,... de buts : Les buts qu'ils se sont fixés sont ambitieux.

    En synthèse, les arbitres évoqueront un manque de discipline syntaxique exemplaire justifiant un carton rouge pour s'être à ce point em-mêlé(e) dans une même phrase. « Haka retirer ses moufles », comme dirait l'autre depuis les gradins...

    Voir également le billet Accord du participe passé des verbes pronominaux.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les Haut-Béarnais (ou haut Béarnais) se placent sur des rails idéaux (plus courant que idéals) pour entamer l'entreprise de reconquête qu'ils se sont fixée.

     


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  • Jamais


    « On a jamais vu un État se comporter comme cela, que ce soit vis-à-vis d’autres États ou d’actionnaires privés » (propos d'un observateur commentant le rôle de l'Allemagne dans l'échec de la fusion EADS-BAE).

    (Véronique Guillermard et Yann Le Galès, sur lefigaro.fr, le 10 octobre 2012)

     


    FlècheCe que j'en pense


    Pour du jamais vu, c'est du jamais vu : l'adverbe jamais doit se sentir bien seul, dans une phrase négative, sans sa particule ne. Sans doute s'est-elle envolée vers des cieux plus cléments...

    À la décharge de nos journalistes, il faut bien avouer que l'emploi de jamais est souvent capricieux. D'ordinaire, il possède le sens négatif de « en aucun temps » et se construit alors avec ne ou sans (sauf en cas d'ellipse de la particule et du verbe) : Je ne l'ai jamais vu. On a communiqué par lettres sans jamais se voir. Son comportement est agréable, jamais méprisant (ellipse). Mais parfois, dans des tours interrogatifs, dans une hypothèse, une comparaison ou dans certaines locutions notamment, il prend le sens affirmatif de « en un temps quelconque » et se passe alors de ses béquilles : A-t-on jamais vu pareil comportement ? C'est la personne la plus étonnante que j'aie jamais rencontrée. Si jamais je l'avais su ! Au grand jamais, à tout jamais.

    Remarque : On notera que, pour des considérations étymologiques (jamais étant composé des anciens adverbes jà, « déjà », et mais, « plus »), l'expression plus jamais relève de la tautologie.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    On n'a jamais vu un État se comporter comme cela.

     


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  • Plus dure est la côte


    « Nicolas Sarkozy n'a cessé de répéter à ses visiteurs, avec beaucoup de jubilation, qu'avec "Hollande il tenait un formidable agent de communication" puisque chacune de ses initiatives antisarkozystes lui permettait de remonter la côte de la popularité. »

    (Nicolas Domenach, sur marianne2.fr, le 10 octobre 2012)

     

     

     


    FlècheCe que j'en pense


    Il faut croire que la popularité de l'ancien président de la République était tombée bien bas, dans l'esprit retors de notre journaliste, pour ainsi suggérer qu'il lui ait fallu remonter la... pente !

    Retors, l'esprit de notre journaliste l'est assurément, qui entretient bien inutilement la confusion de plus en plus répandue entre les quasi-homophones côte et cote. Rappelons que l'accent circonflexe doit se faire oublier chaque fois qu'il est question de mesure, d'évaluation (du latin quot, « combien » : une cote d'alerte, la cote d'un cheval, une cote boursière, une cote mal taillée ; o ouvert de botte) mais est de rigueur dans tous les autres cas, où prévaut notamment l'idée de côté, de flanc (du latin costa, « côté, flanc, partie en relief d'un objet » : une côte de bœuf, marcher côte à côte, la Côte d'Azur ; o fermé de faute).

    Remonter la côte de la popularité : la formule est un peu raide, vous en conviendrez, même quand elle est appliquée à un sportif coutumier des côtes du cap Nègre. D'ici à ce que l'on nous dise qu'il « grimpe dans les sondages »...

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    « Remonter la côte de la popularité » mais « Redresser sa cote de popularité ».

     


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  • Présager

    « Le parallèle ne présage en rien de l'issue du combat » (à propos du duel Copé-Fillon pour la présidence de l'UMP).

    (Gérard Courtois, sur lemonde.fr, le 9 octobre 2012)


    FlècheCe que j'en pense


    Girodet est catégorique : présager (« annoncer par quelque signe ; prévoir ») est un verbe transitif direct, qui s'emploie donc sans préposition. Aussi écrira-t-on correctement : Son état laisse présager une issue fatale. Tout cela présage un avenir meilleur.

    Pour autant, ledit verbe est susceptible de se construire avec un complément d'origine introduit par de en plus du complément d'objet direct attendu. Autrement dit, il est possible de présager quelque chose de quelque chose. Je n'en veux pour preuve que cet exemple déniché dans la huitième édition du Dictionnaire de l'Académie : « Je ne présage rien de mauvais de ce que vous me dites là » (entendez : ce que vous me dites là ne présage rien de mauvais)... lequel a purement et simplement disparu de la neuvième édition. Sans doute parce qu'il ne présageait rien de bon, à force d'entretenir la confusion avec la construction indirecte fautive.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le parallèle ne présage en rien l'issue du combat (ou ne présage rien de l'issue du combat).

     


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