• Comme vous n'en avez jamais lu


    « Une histoire d'amour comme vous n'en avez jamais lu » (à propos de la sortie en France du premier tome de la trilogie Cinquante nuances de Grey, aux éditions Lattès).

    (vu dans le métro parisien le 23 octobre 2012)

      

    (photo PM)



    FlècheCe que j'en pense


    Un ami a la gentillesse de m'envoyer ce matin cette photo prise dans le métro parisien pour attirer mon attention sur ce qu'il pense être une sulfureuse faute d'accord. Après tout, le participe passé lu n'a-t-il pas pour complément d'objet direct une histoire d'amour, suggère-t-il, qui suffirait à justifier un accord au féminin singulier ?

    Eh bien, non ! Du moins, pas entre les mains expertes de la majorité des spécialistes. C'est que l'accord du participe passé, dans la langue gauloise, recèle quelques subtilités ô combien perverses, qui pourraient bien en faire rougir plus d'un. Tout d'abord, il y a erreur d'analyse grammaticale : c'est en (et non une histoire d'amour) qui est ici complément d'objet direct de lu. Or, il est généralement admis (par Thomas, Grevisse, Hanse et quelques autres... autorités en la matière) que le participe passé dont l'objet direct est en ne varie pas. Gageons que la révélation n'attisera guère la libido de la ménagère menottée, mais c'est ainsi : l'invariabilité est ici de mise, sans plus de nuances, ledit pronom étant ressenti comme un partitif neutre équivalant à « une partie de cela ».

    Ce que mon ami a pris pour une boulette « comme il n'en avait jamais vu » n'est donc rien d'autre que le résultat de la stricte application d'une règle d'accord, aussi surprenante soit-elle. Il recevra, en guise de pénitence, cinquante coups de fouet. Qui parle de sadomasochisme ?


    Voir également le billet Accord du participe passé.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La même chose !

     


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  • Etiquetté de gauche

    « Après avoir sollicité en juillet l’ex-grand patron, étiquetté "de gauche", le gouvernement serait-il prêt à passer outre ses conclusions ? » (à propos de Louis Gallois, photo ci-contre, auteur d'un prochain rapport sur la compétitivité des entreprises françaises).

    (Dominique Albertini, sur liberation.fr, le 22 octobre 2012)

     (photo Wikipédia sous licence GFDL par Medef)


    FlècheCe que j'en pense


    Bien sûr, le substantif féminin étiquette prend deux t. Mais le verbe dérivé, étiqueter, ne double ladite consonne que devant une syllabe muette ; aussi son participe passé se satisfait-il d'un seul t. Du reste, la prononciation nous aide (pour une fois) à faire la distinction : Il étiquette (étikèt') un flacon mais Un flacon étiqueté (étiketé).

    Quant à la construction fautive passer outre ses conclusions, voir à ce sujet le billet Passer outre.

    Notre journaliste serait bien inspiré à l'avenir d'observer l'étiquette qui règle les (bons) usages à la cour de France, sous peine de passer pour un... timbré.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Après avoir sollicité en juillet l'ex-grand patron, étiqueté « de gauche », le gouvernement serait-il prêt à passer outre à ses conclusions ?

     


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  • Féérie de Noël

    (publicité vue le 22 octobre 2012)


     

    FlècheCe que j'en pense


    Voilà ce qui arrive quand on s'obstine à privilégier une prononciation non conforme à la graphie d'origine...

    Fée s'écrivant avec un seul accent aigu, la logique veut que le substantif dérivé s'écrive féerie (fée suivi du suffixe -erie) et se prononce fé-ri. Allez savoir pourquoi (par analogie avec la suite ée du verbe créer ?), une prononciation erronée (fé-é-ri) est venue concurrencer la première, au point de se voir accueillie dans les grimoires de nos apprentis sorciers de la langue, Robert et Larousse.

    C'est pour mettre un terme à cette situation paradoxale, où une prononciation le dispute à une autre pour une seule et même graphie officielle, que de brillants esprits ont proposé en 1990 d'apparier forme écrite et forme orale, en permettant d'accentuer selon la prononciation choisie : féerie continuera de se prononcer fé-ri, quand féérie se dira fé-é-ri. Brillante idée, assurément, que de nous laisser le choix du roi, sauf que l'on ne change pas les habitudes, graphiques cette fois, d'un coup de baguette magique : nos dictionnaires usuels s'entêtent à n'enregistrer que la graphie traditionnelle (que Robert et Larousse nous expliquent pourquoi !), avec ses deux options de prononciation. À croire qu'il est bien compliqué de mettre un peu de cohérence dans un monde de fées (ou de féés ?).


    Voir également le billet Féerie, féerique.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Féerie de Noël (de préférence à : Féérie de Noël).

     


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  • En terme d'image

    « Le président de l'UDI a réussi le lancement de son nouveau parti. Au moins en terme d'image » (à propos de Jean-Louis Borloo, photo ci-contre).

    (Rodolphe Geisler, sur lefigaro.fr, le 21 octobre 2012)

      

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Peter17)



    FlècheCe que j'en pense


    Comment mettre un terme à cette fâcheuse tendance qui s'obstine à ignorer la marque du pluriel dans l'expression en termes de ? En ne cessant de répéter que ladite expression signifie proprement « avec les mots de (telle corporation ou telle spécialité) » : en termes de médecine, de droit.

    Bien sûr, il se trouvera toujours de brillants esprits pour donner à ladite locution le sens élargi (et non attesté dans nos dictionnaires usuels) de « en matière de », sous l'influence de l'anglais in terms of, mais quitte à verser dans l'anglicisme, autant y plonger jusqu'au cou, en conservant de part et d'autre de la Manche ce pluriel fort logique.

    En d'autres termes, on retiendra que le pluriel est toujours exigé dans l'expression en termes de, quel que soit le nombre du complément qui suit.


    Voir également le billet En termes de.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    En termes d'image (ou mieux : En matière d'image).

     


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  • Il peut peu


    « Comme quoi, la verbalisation moderne informatisée, peu aussi rendre service. »

    (Angélique Négroni, sur lefigaro.fr, le 22 octobre 2012)

      

     



    FlècheCe que j'en pense


    Comme quoi, une bonne relecture et un peu de rigueur dans l'usage de la ponctuation peuvent également rendre service... Car se prendre une prune automatique pour si peu serait d'un effet on ne peut plus regrettable.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Comme quoi, la verbalisation moderne informatisée peut aussi rendre service.

     


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