• Vancouvert


    (vu au 12/13 dimanche de France 3, le 28 octobre 2012, à l'occasion du violent séisme survenu au large des côtes du Canada) 

     

     

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    Sans doute est-il recommandé, par avis de tempête, de rester bien couvert. Il n'empêche... Notre journaliste ne mesure pas l'offense ici faite à la mémoire de George Vancouver (1757-1798), navigateur britannique qui, vent debout contre les éléments, explora et cartographia la côte nord-ouest du Canada. Bien sûr, il n'est question que d'un misérable t, mais tout porte à croire que celui-ci risque fort de faire déborder la tasse de l'ancêtre britannique.

    Gageons que, couvert de honte, l'imprudent s'engagera à ne plus faire de vagues. À défaut, il risque bien de se prendre un vent par sa direction...


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Vancouver (ville du Canada, ainsi nommée en 1886 en hommage à George Vancouver).

     


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  • Ils se sont opposé

    « Une mesure à laquelle se sont farouchement opposé François Hollande et la ministre de l'Ecologie, Delphine Batho » (au sujet de la proposition des grands patrons français d'autoriser l'exploitation des gaz de schiste).
    (Guillaume Errard, sur lefigaro.fr, le 28 octobre 2012) 

      


    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault)

    FlècheCe que j'en pense


    Décidément, rien ne va plus chez les plumitifs de France. À l'heure où les pigeons et leurs chaperons du CAC 40 réclament à bec et à cri un choc de compétitivité qui tarde à prendre son envol, j'avoue que je me satisferais déjà d'un choc de « grammaticalité » dans les basses-cours rédactionnelles.

    L'analyse de cette phrase ne relève pourtant pas de l'usine à gaz : le président et la ministre ont opposé (au sens figuré de « placer quelqu'un pour faire barrage ») qui ? se, mis pour eux, complément d'objet direct placé avant le participe passé ; à quoi ? à une mesure.

    Pas de quoi y laisser des plumes, convenons-en. Vous trouvez que j'ergote ? Notre volatile de journaliste, liquéfié, se retrouve, lui, le bec... dans le gaz.

    Remarque 1 : D'aucuns préféreront considérer que le pronom se dans s'opposer à n'est pas analysable et, partant, que le participe passé s'accorde avec le sujet. Le résultat, fort heureusement, est le même.

    Remarque 2 : Voir également le billet Accord du participe passé des verbes pronominaux.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une mesure à laquelle se sont farouchement opposés François Hollande et la ministre de l'Écologie.

     


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  • Elle s'en est pris à la finance


    « Ségolène Royal s'en est pris à la finance, cette hydre qui dévore l'humanité et qui n'a pas encore été défiée » (à propos du discours de Ségolène Royal, photo ci-contre, à l'occasion du congrès du Parti socialiste, à Toulouse).
    (Sylvain Courage, sur nouvelobs.com, le 27 octobre 2012) 

     

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Matthieu Riegler)


    FlècheCe que j'en pense


    Courage, cher Sylvain : vous n'êtes apparemment pas le seul journaliste au Nouvel Observateur à vous battre contre cette hydre que constituent les règles d'accord des participes passés des verbes pronominaux.

    Et pourtant, l'exercice n'est pas si coûteux...

    Dans s'en prendre à quelqu'un, qui signifie « s'attaquer à quelqu'un en le rendant responsable », les pronoms se et en n'ont pas de fonctions syntaxiques, ils ne peuvent être analysés comme compléments d'objet (de nos jours, on ne dit plus dans ce sens : elle a pris elle-même à quelqu'un).

    Selon la règle d'accord (cf. billet Accord du participe passé des verbes pronominaux), cette locution est donc assimilable à un verbe essentiellement pronominal, dont le participe passé s'accorde en nombre et en genre avec le sujet.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elle s'en est prise à la finance.

     


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  • Elle s'est dit favorable

    « La ministre s'était déjà dit "favorable à une discussion [...] pour voir de quelle manière les éditeurs et Google pourraient se mettre d'accord sur un arrangement y compris financier pour le référencement des articles" » (à propos de la ministre de l'Économie numérique, Fleur Pellerin, photo ci-contre)
    (Boris Manenti, sur nouvelobs.com, le 26 octobre 2012) 

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Nicolas Reitzaum)

    FlècheCe que j'en pense


    Encore une histoire d'accord de participe passé mal maîtrisé ! À la décharge de notre journaliste, il faut bien reconnaître que les spécialistes ne font pas tous la même analyse de la situation.

    La plupart considèrent que, dans la construction se dire suivi d'un attribut (avec le sens de « se prétendre, se déclarer »), se doit être analysé comme un complément d'objet direct, ce qui revient à légitimer le tour dire quelqu'un ou quelque chose + attribut de l'objet : elle a dit elle-même [être] favorable. Plus facile à... dire qu'à cautionner, convenons-en.

    Pour ma part, j'avoue une nette préférence pour l'approche de Hanse, qui analyse cette phrase comme équivalente à « la ministre a dit qu'elle-même était favorable ». Pour lui, se n'a pas de fonction logique, il ne peut être analysé comme complément d'objet (le COD étant en réalité la proposition qu'elle-même était favorable). La locution est donc assimilable à un verbe essentiellement pronominal.

    Quelle que soit l'analyse retenue, le résultat est heureusement le même : le participe passé s'accorde, au féminin singulier, avec le sujet (version Hanse) ou avec le pseudo COD.

    En revanche, on écrira correctement : Elle s'est dit qu'elle ferait bien d'avoir une discussion avec eux. Dans ce cas, se dire signifie « dire à soi-même » et se = à soi est complément d'objet indirect. L'invariabilité est donc de rigueur.

    Et Google, qu'est-ce qu'il en dit, de l'accord (de compromis) ?

    Voir également le billet Accord du participe passé des verbes pronominaux.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La ministre s'était dite "favorable à une discussion".

     


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  • L'Aisne

    (publicité vue sur aisne-open.com, le 26 octobre 2012)


     

     

     

     


    FlècheCe que j'en pense


    Autant le clin d'œil 100 % français est plaisant, autant l'allusion anglaise me laisse perplexe. Quelle motivation peut bien pousser un département français à recourir à une langue étrangère pour promouvoir ses propres atouts culturels et touristiques ? La volonté de faire « djeun(e)s » à tout prix ? Ou la nécessité de préserver une créativité en friche ? Les pronostics sont ouverts.
    Il ne faudra pas ensuite s'étonner d'entendre les mauvaises langues soutenir que, dans sa forme, l'opération est vile... Aisne.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    C'est ouvert, l'Aisne ! (comme dirait Rimbaud).

     


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