• On hésite parfois sur l'adverbe de négation qu'il convient d'employer dans une alternative. Doit-on dire : Qu'il vienne ou non, cela m'est égal ou Qu'il vienne ou pas, cela m'est égal ?

    En fait, la langue soignée recommande ou non pour faire porter la négation sur la proposition entière, la particule pas n'ayant pas par elle-même de valeur négative. Ou pas reste toutefois correct pour modifier le terme qui le précède directement (notamment un adverbe comme guère ou peu, selon Hanse) avec le sens de « pas du tout ».

    Comparez : Mange-t-il beaucoup ou non ? (= mange-t-il beaucoup ou ne mange-t-il pas beaucoup ?) et Mange-t-il peu ou pas ? (= mange-t-il un peu ou ne mange-t-il pas du tout ?).

    On dira donc de préférence, notamment dans le style soutenu :

    Qu'il le veuille ou non, il devra m'écouter.

    Selon le contexte, on fera ou non l'accord et la liaison.

    Par ailleurs, Hanse précise que seul ou non peut être placé devant l'attribut, le participe passé conjugué, le complément d'objet direct ou indirect.

    Je me demande si c'est ou non une raison valable (ou Je me demande si c'est une raison valable ou non, et non Je me demande si c'est ou pas une raison valable).

    Force est de reconnaître que ces subtilités sont rarement respectées dans l'usage.

    Ou non / Ou pas

     


    votre commentaire
  • On sous-estime l'inventivité de nos adolescents en matière d'adverbe exclamatif, nouvel objet de leurs prédilections.

    Nous avions déjà le choix entre le raffiné Combien je le regrette !, le courtois Comme je suis confus !, le classique Que je suis désolé !, le familier Ce que j'suis bête ! et le trivial Qu'est-ce que j'en ai à faire ?

    Voici éclore le délicieusement fleuri Comment tu me fais ch... !, assorti de sa non moins subtile variante Comment que tu me les c... !

    La jeunesse de notre pays (les générations qui l'ont précédée, aussi) serait bien inspirée d'ouvrir une grammaire et de retenir que, dans une tournure exclamative, c'est l'adverbe comme qui marque le degré, l'intensité, voire la manière : Comme tu es grand ! Comme il me parle ! Comme j'aimerais te croire ! Comme je suis désolé !

    Dans l'interrogation indirecte, comme s'emploie parfois au lieu de comment ou de combien (Il ne sait pas comme je l'aime ou combien je l'aime : expression de l'intensité), mais on privilégie généralement comment pour exprimer la manière et combien pour exprimer la quantité : Je me demande comment il a réussi. Je ne sais pas combien de personnes viendront.

    Comme toujours en français, la précision est une alliée ô combien précieuse. Comment en douter ?

    Séparateur de texte


    Remarque : Article inspiré de celui de Bruno Dewaele consacré au même sujet [sur son blog(ue) A la fortune du mot] et de sa malice coutumière.

    Combien / Comme / Comment
    Beaucoup, beaucoup...
    (Film de Bertrand Blier)

     


    2 commentaires
  • Emprunté du latin praemunire, « fortifier, prémunir » (composé de prae, « devant, avant », et munire, « se garantir, se protéger »), le verbe transitif prémunir signifie « protéger ou mettre en garde quelqu’un contre un risque, une menace ». Il s'emploie surtout à la forme pronominale, avec le sens de « prendre les précautions nécessaires pour se préserver de quelque désagrément ».

    On notera que (se) prémunir se construit correctement avec la préposition contre, et non avec de par analogie avec (se) munir.

    La loi sur la protection de l'enfance prémunit les mineurs contre les atteintes physiques, psychologiques, affectives et morales.

    Les assurances permettent de se prémunir contre les aléas de la vie (et non de se prémunir des aléas de la vie).

    Comment se prémunir contre les maladies infectieuses ? (et non Comment s'en prémunir ?).

    Prémunir
    Eh non ! Il convient de se prémunir contre ce en
    et d'écrire : « Comment se prémunir contre elle ».

     


    votre commentaire
  • L'adverbe tellement marque l'intensité. C'est un équivalent de tant quand il modifie un verbe (ou un nom, dans sa construction avec de) et de si quand il modifie un adjectif (à condition que si n'exprime pas une comparaison).

    Je l'apprécie tellement (ou tant, à tel point) qu'il me manque déjà.

    C'est tellement grand (ou si grand) que je me suis perdu.

    Il y a tellement de monde (ou tant de monde) !


    Tellement
     admet deux types de construction, que l'on se gardera de confondre :

    • employé avec que (les deux éléments pouvant être séparés ou rapprochés), tellement introduit une subordonnée exprimant la conséquence, sur le modèle de si... que ou tant... que (voir les exemples cités précédemment),

    • employé sans que, tellement est juxtaposé à la proposition exprimant la cause.

    Il me plaît, tellement il est drôle (ou tant il est drôle).

    On évitera de mélanger ces deux constructions, en intercalant notamment un que dans la construction par juxtaposition, tour populaire et fautif.

    Il est tellement grand qu'il dépasse ses parents ou Il dépasse ses parents tellement il est grand (et non Il dépasse ses parents tellement qu'il est grand).

    Elle me rend fou, tellement je l'aime (et non tellement que je l'aime).

    Séparateur de texte


    Remarque
    : Dans une phrase affirmative, la locution tellement... que exige l'indicatif ou le conditionnel. Dans une phrase négative ou interrogative, on emploie le subjonctif. Il en va de même avec si... que.

    Il est tellement sournois qu'on ne peut (pourrait) lui faire confiance.

    Est-il tellement sournois qu'on ne puisse lui faire confiance ?

    Il n'est pas tellement malade qu'il ne puisse se lever.

    Tellement que

    Earl le chien remue la queue tellement (qu') il est heureux !
    (Album de Patrick McDonnell, Editions Des grandes personnes)

     


    6 commentaires
  • Au sens propre, le verbe taxer signifie « fixer la valeur de », puis « soumettre à une taxe, à un impôt ». Dans le langage familier, taxer signifie également « extorquer, soutirer ».

    Le tabac est de plus en plus lourdement taxé.

    Elle lui a taxé une cigarette (familier).

    Au figuré, taxer prend le sens de « accuser » (quelqu'un de quelque chose). Dans ce cas, on se gardera d'employer ce verbe directement avec un adjectif ou un nom attribut, comme on le voit souvent par analogie avec traiter.

    Comparez :

    On le taxe d'incompétence ou d'être incompétent et On le traite d'incompétent.

    Séparateur de texte


    Remarque
    : On notera que taxer et traiter s'emploient essentiellement pour dénoncer un défaut.

    Taxer

    Julien Sorel, héros malheureux du roman de Stendhal,
    peut être taxé d'opportunisme.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique