• Le verbe intransitif demeurer se conjugue selon le sens avec l'auxiliaire avoir ou avec l'auxiliaire être (c'est également le cas de convenir et passer).

    FlècheConjugué avec avoir


    Demeurer se conjugue avec l'auxiliaire avoir au sens de « habiter » (ainsi que « tarder »).

    J'ai demeuré quelques années à Paris.

    Il a demeuré longtemps en chemin.

    FlècheConjugué avec être


    Demeurer se conjugue avec l'auxiliaire être au sens de « rester ».

    Elle est demeurée mon amie.

    Il est demeuré fidèle à ses convictions.

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    Remarque
    : Pour les expressions construites avec le nom féminin associé demeure, voir (il y a) péril en la demeure.

     

    Demeurer



     


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  • Emprunté du latin concernere (« mêler avec »), le verbe concerner signifie « toucher, intéresser, se rapporter à ».

    Cela ne me concerne pas (= Cela ne m'intéresse pas ou Cela n'a pas de rapport avec moi).

    En ce qui concerne (ou Concernant) cette affaire... (= au sujet de, quant à).

    En ce qui me concerne (ou Me concernant)... (= pour ma part, quant à moi).

    L'emploi de la forme passive être concerné (ou se sentir concerné) au sens d'« être intéressé, touché, impliqué » est condamné par l'Académie depuis le XVIIIe siècle (apparemment sans grand effet, depuis tout ce temps) :

    « On ne doit pas dire : Vous êtes directement concerné par cette mesure, mais : Vous êtes directement touché par cette mesure ou, à la forme active : Cette mesure vous concerne directement. »

    Littré n'est pas du même avis : « Grammaticalement, cet emploi ne fait aucune difficulté [...]. On dit très communément des phrases comme celles-ci : Votre ami est concerné dans cette affaire ; Les intérêts concernés par cette mesure. » Le tour se trouve, d'ailleurs, sous de bonnes plumes : « Les camarades ne se sentirent pas concernés dans cet épisode » (Duhamel), « [La peinture] cessa de se sentir concernée par ce qui s'était appelé sublime » (Malraux), « Je ne me sentis sans doute pas concernée » (Beauvoir), « Je n'étais concerné par aucun jugement » (Camus), etc.

    Au nom de quel principe un verbe transitif direct ne serait-il pas susceptible de la forme passive ? s'interroge à bon droit René Georgin. En l'absence de justification de la part des Immortels, Maurice Chapelan avance un argument que je laisse à votre appréciation : « Simplement parce que [concerner] s'emploie, à l'actif, en parlant des choses et toujours à la troisième personne. Mais la légitimité de son emploi au passif entraîne[rait] celle de l'employer, à l'actif, avec tous les pronoms personnels : je ne concerne pas cet homme, tu concernes mon affaire, etc. » (Le Figaro littéraire, 1964).

    Dans le doute, mieux vaut encore s'abstenir...

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    Remarque 1
     : Il est cocasse de constater que l'Académie ne tient pas toujours compte de ses propres recommandations. Ainsi peut-on s'étonner de lire dans la dernière édition de son Dictionnaire : « Tout acteur concerné par le bon fonctionnement d'une entreprise » (à l'entrée « prenant ») ou encore « Avoir affaire de (vieilli), être concerné par » (à l'entrée « affaire »). Faute d'inattention ? Lacune ? Condamnation abusive ?

    Remarque 2 : Selon Maurice Grevisse, « l'emploi de concerner au passif, qui surprend certains lecteurs, s'est introduit il n'y a pas tellement longtemps (vers le milieu du XIXe siècle peut-être) » (Problèmes de langage, 1964). La réalité semble quelque peu différente : « Les terres concernées » (Chroniques d'Enguerrand de Monstrelet, 1572), « [Les pupilles] concernés par ledit contrat de mariage » (texte daté de 1769).

    Remarque 3 : Il y a fort à parier que l'analogie avec l'anglais to be concerned in, with (s'intéresser à, s'occuper de) a favorisé le succès dans l'usage moderne du participe passif concerné. Pour autant, on ne saurait lui donner le sens de « s'inquiéter, être préoccupé par » sous l'influence de l'anglais to be concerned about.

    Son état de santé la préoccupe (et non la concerne).

    Concerner
    « La drogue vous concerne tous » serait de meilleure langue...
    (Livre de Pierre Mezinski, Éditions de La Martinière)

     


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  • Bénéficier est un verbe transitif indirect qui signifie « tirer profit, avantage » ou « jouir d'un droit, d'un avantage, d'un privilège ». Il se construit avec la préposition de et ne peut donc avoir pour sujet que la personne ou la chose qui tire profit.

    L'accusé a bénéficié de circonstances atténuantes.

    Cet employé bénéficie d'avantages en nature.

    Il bénéficie de cette mesure (et non Cette mesure lui bénéficie).

    Dans le sens de « profiter à », la construction bénéficier à, bien que courante, est critiquée puisque son sujet n'est plus le bénéficiaire mais la chose qui apporte un profit. On aura avantageusement recours, dans cet emploi, à profiter à, être favorable, bénéfique à, etc.

    La croissance a profité (ou a été favorable, bénéfique) aux grandes entreprises (et non a bénéficié aux grandes entreprises).

    Le redécoupage électoral a profité à l'opposition (et non a bénéficié à l'opposition).

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    Remarque 1 : Il convient de faire attention à la conjugaison du verbe bénéficier.

    À l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous bénéficiions.
    Au futur et au conditionnel : il bénéficiera / il bénéficierait.

    Remarque 2 : On écrit faire bénéficier quelqu'un de quelque chose : « faire bénéficier quelqu'un de ses connaissances » (Larousse), « faire bénéficier quelqu'un de bienfaits » (Dictionnaire historique de la langue française).

    Remarque 3 : Ce n'est que dans la dernière édition de son Dictionnaire (1994) que l'Académie reconnaît l'adjectif associé bénéfique. D'abord employé comme terme d'astrologie pour qualifier ce qui exerce une influence favorable (par opposition à maléfique), il possède aujourd'hui le sens de « qui a un bon effet, qui fait du bien, qui exerce une influence favorable ».

    En dépit des protestations de Jacques Capelovici (voir bibliographie) pour qui « il n'y a aucune raison de dire qu'un médicament ou que l'air pur est bénéfique, alors qu'il est, en réalité, bienfaisant ou salutaire », la distinction entre bénéfique et bienfaisant paraît d'autant plus ténue que ces deux adjectifs partagent la même étymologie latine (beneficus, bienfaisant). Mieux vaut cependant réserver l'emploi de bénéfique aux seuls cas où le sens s'oppose diamétralement à maléfique. On évitera notamment d'en faire un synonyme d'avantageux.

    Remarque 4 : L'Office québécois de la langue française fait judicieusement remarquer que bénéficier et profiter ne sont pas parfaitement synonymes. Ainsi, « bénéficier, contrairement à profiter, donne à penser que le sujet tire profit de quelque chose sans l’avoir vraiment cherché » : on bénéficie d'avantages fiscaux, de droits, de privilèges mais on profite de ses vacances, de la vie. Autre nuance : seul le verbe profiter peut être employé au sens d'« abuser » (profiter de la situation).

    Bénéficier

     


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  • L'adjectif pareil, qui signifie « égal, semblable, identique », s'accorde logiquement en genre (masculin / féminin) et en nombre (singulier / pluriel) avec le nom auquel il se rapporte.

    Ces deux robes sont pareilles.

    Je n'ai jamais vécu pareilles aventures. Je n'ai jamais rien vu de pareil.

    Ce n'est pas pareil, ça n'a rien à voir.

    Rester pareil à soi-même.

    D'ordinaire, l'accord est également de mise avec les locutions adjectives sans pareil et à nul autre pareil, qui signifient « incomparable ».

    Des exploits sans pareils. Une honnêteté sans pareille.

    Une femme à nulle autre pareille, un homme à nul autre pareil.


    Dans la langue soutenue, le complément sera introduit par à et non par que.

    Une robe pareille à la tienne (et non pareille que la tienne).


    Bien que courant, l'emploi de pareil comme adverbe (pour modifier le verbe) est incorrect. On préférera pareillement, de même, de la même façon, comme, etc.

    J'ai fait comme toi (et non J'ai fait pareil que toi).

    Je ne pense pas la même chose. (et non Je ne pense pas pareil).

    Ils sont habillés de façon identique (et non Ils sont habillés pareil).

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    Remarque
    : Pareil est également un nom signifiant « chose semblable, identique à celle dont on parle », que l'on rencontre surtout dans quelques expressions.

    Au féminin : Rendre la pareille (et non l'appareil) à quelqu'un (= faire à quelqu’un – en bien ou en mal – ce qu’il a fait vis-à-vis de soi).

    Au masculin : C'est du pareil au même (= il n'y a aucune différence). Elle n'a pas son pareil (ou sa pareille) pour nous faire rire (= elle est inégalée dans son domaine).

    Au pluriel : Vous et vos pareils (= vous et vos semblables, personnes de même caractère, de même qualité, de même condition).

    Voir également ce billet.

    Pareil
    Film de Pascal Laëthier

     


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  • Au cours des époques, le verbe empirer a supporté différentes constructions.

    Comme verbe transitif, on a pu le gratifier d'un complément d'objet direct : Les remèdes n'ont fait qu'empirer son mal (= aggraver). « Pour vouloir fuir le mal, quelquefois on l'empire » (Thomas Corneille).

    Comme verbe pronominal, les classiques s'en sont délectés : « Leur état allait s'empirant » (Bossuet), « La disposition de leur cœur [est] capable egalement de s'empirer ou de s'ameliorer » (Pierre Bayle). Et encore, au XIXe siècle : « Il était impossible que notre situation s'empirât » (Emmanuel de Las Cases), « Si son état venait à s'empirer » (George Sand), « Sa monomanie s'empire de jour en jour » (Villiers de l'Isle-Adam).

    De nos jours, ces emplois sont considérés par la plupart des ouvrages de référence comme vieillis ou littéraires. Ne subsiste plus guère, dans le sens de « devenir pire, s'aggraver », que la construction intransitive, avec l'auxiliaire avoir ou – plus rarement – l'auxiliaire être selon que l'on veut indiquer l'action ou l'état : Sa maladie empire, a empiré (voire est empirée).

    Seule l'Académie continue de présenter sans aucune mention d'usage le tour pronominal, qui perdure sous l'influence de s'aggraver et de s'améliorer : « Leur situation s'empirait inexorablement » (neuvième édition de son Dictionnaire), « L'état du malheureux s'était brusquement empiré » (Maurice Druon).

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    Remarque
    : Voir également l'article consacré à Pire / Pis.

    Empirer

    La surdité de Beethoven n'a fait qu'empirer à compter de ses trente ans.
    (portrait de Joseph Karl Stieler, source wikipedia)

     


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