• Pas de chance : les adjectifs absent et présent n'admettent pas les mêmes constructions. Ce qui nous vaut la formulation de quelques impropriétés à l'école comme au bureau...

    FlècheAbsent / S'absenter

    • Absent de : ne se dit que d'un lieu

      Il est absent de Paris, de son bureau, de chez lui.

      Il s'est absenté de mon cours
      (= du lieu où se tenait mon cours, par métonymie).

    • Absent à : ne peut être suivi que d'un complément de temps

      Il était absent au moment de l'appel.

    Ainsi : Il est absent à la réunion (par analogie à Il est présent à la réunion) est une formulation incorrecte.

    On dira : Il est absent de la réunion ou Il était absent lors de la réunion.

    FlèchePrésent / Se présenter


    L'adjectif présent se construit sans difficulté avec la préposition à.

    Cette personne est présente à la réunion, à l'appel, à ton anniversaire.

    Il s'est présenté à l'examen.

     

    Séparateur de texte


    Remarque
    : Si, pour la plupart des spécialistes, une femme est censée répondre présent ! (de préférence à présente) à l'appel de son nom, l'Académie laisse clairement le choix au sens figuré : « Ils ont répondu présents ou présent à l’appel de la Nation » (neuvième édition de son Dictionnaire). Voir les billets Ils ont répondu présent(s) et Ça l'affiche mal.

    Absent / Présent

    Chabal, le grand absent de la Coupe du Monde de Rugby 2011
    (photo Wikipédia sous licence GFDL by Zegreg63)

     


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  • Flèche

    Ici et là, adverbes


    , adverbe, s'écrit avec un accent grave. Il marque le lieu (parfois le temps) et s'oppose à ici.

    Ne reste pas , viens ici.

    Çà et (dans cet emploi, çà est un adverbe de lieu archaïque, synonyme d'ici).

    Nous verrons d'ici .

    J'irai où tu veux (ou J'irai où tu veux) mais C'est que j'irai (de préférence à C'est là où j'irai).

    De , j'ai une belle vue. Il est parti par .

     

    Flèche

    Ci et, trait d'union


    Ci
    (contraction de ici) et se joignent par un trait d'union au pronom démonstratif (celui, celle, ceux, celles) ou au nom (ou nom de nombre) qui le précède si ce dernier est lui-même précédé d'un adjectif démonstratif (ce, cet, cette, ces).

    Cet homme-là, cette femme-ci, celui-ci, ces deux-là, ces deux hommes-là, ces jours-ci mais La personne, , en face de toi.

    L'usage est plus hésitant lorsque le nom, employé avec un démonstratif, est suivi d'un adjectif ou d'un complément.

    Cet amour-là mais Cette preuve d'amour ( porte sur la preuve d'amour, pas sur l'amour).

    Cette vue-là mais Ce point de vue ( porte sur le point de vue, pas sur la vue).

    Ce jeudi soir-là ou Ce jeudi soir (selon que l'on insiste sur la date ou sur l'heure).

    Comme adverbe de lieu, ci est toujours précédé ou suivi d'un trait d'union.

    Ci-dessus, ci-joint, ci-gît (du verbe gésir, « être couché »).

    De-ci de-là, par-ci par-là.

     

    Locutions avec trait d'unionLocutions sans trait d'union
    ci-annexé çà et là (« de côté et d'autre »)
    ci-après de là
    ci-contre d'ici là (« entre le moment présent et un temps postérieur »)
    ci-dessus, ci-dessous ici et là (« de côté et d'autre »)
    ci-devant, ci-derrière ici ou là (« en un ou des lieux qu'on ne saurait préciser »)
    ci-gît là aussi
    ci-inclus là contre
    ci-joint là même, par là même
    de-ci de-là (« en divers endroits, en diverses occasions ») là où
    halte-là par ici, par là
    jusque-là *
     
    là-bas

    là-contre *
     
    là-dedans  
    là-devant, là-derrière  
    là-dessous, là-dessus  
    là-haut  
    par-ci par-là  

    * Étonnamment, l'Académie accepte les graphies jusque-là et jusque là ainsi que là-contre et là contre, même si la présence du trait d'union est de loin la plus répandue.

     

    En résumé

    On retiendra que les adverbes ci et sont toujours précédés d'un trait d'union quand ils sont employés comme particules avec un démonstratif pour le renforcer.

     

    Remarque 1 : Ici et -ci marquent la proximité (dans l'espace ou le temps) et et -là l'éloignement, mais cette distinction tend à disparaître dans la langue courante au profit de et -là quand il n'y a pas d'alternative.

    Tu préfères cette voiture-ci ou cette voiture-là ?
    Ce jour-là, il avait plu
    (temps passé) mais Je viendrai ces jours-ci (temps proche).

    Remarque 2 : est également une interjection : Oh là là !

    Remarque 3 : Ci est également pronom et s'oppose à ça (sans accent grave), contraction de cela dans le registre familier. Par ailleurs, on se gardera de confondre le pronom démonstratif ça avec çà (avec un accent grave), que l'on n'emploie plus guère comme adverbe de lieu que dans les locutions çà et là, deçà delà et en deçà ou comme interjection, pour marquer la surprise, la menace ou l'impatience.

    Faites comme ci, pas comme ça.
    Ça
    commence bien
    mais Ah çà ! Je ne m'y attendais pas !

    On notera également que la langue soignée tend à éviter ça devant une forme composée du verbe être. Elle dira donc : Ç'a été un plaisir (pour Ce a été un plaisir, ce s'élidant en ç avec cédille devant un a) ou encore Cela a été un plaisir.

    Remarque 4 : On évitera toute redondance dans les constructions introduites par c'est là que.

    Paris ? C'est là qu'on voit les plus beaux monuments de France (et non C'est là qu'on y voit, qui relève du pléonasme syntaxique).

    Remarque 5 : Voir également l'article consacré à Ceci et cela et celui consacré au Trait d'union après au- et en-.

     

    Là-dedans

     


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  • Littré, Girodet, Thomas se font l'écho d'une distinction que les grammairiens ont essayé d'établir entre commencer à et commencer de suivis d'un infinitif, ainsi qu'entre continuer à et continuer de, distinction qui serait fondée sur le principe que à indiquerait une intention dirigée vers un but (visée prospective, dans le jargon linguistique), quand de serait privilégié en présence d'une action de durée déterminée (visée rétrospective) ou en l'absence de toute intention.

    Si nos spécialistes ne s'accordent pas sur la formulation de cette différence sémantique, voici néanmoins les tendances qu'il est possible de dégager.

     

    Flèche

    Commencer à, commencer de (+ infinitif)


    Commencer à
    se dirait d'une action qui n'est pas renfermée dans des limites précises, qui est susceptible de progrès. L'accent est mis sur l'action exprimée par l'infinitif.

    Cet enfant commence à parler, à écrire (il entame un processus de longue haleine, qui aboutira au fait de savoir parler, de savoir écrire).

    Il commence à s'intéresser à la Bourse, afin de faire fructifier son argent.

    Le temps commence à changer.

    Commencer de se dirait d'une action circonscrite, qui ne suppose pas de développement, qui ne tend pas à un but. L'accent est mis sur le fait de commencer.

    L'orateur commençait à peine de parler quand on lui coupa la parole.

    Je n'ai pas encore commencé de prendre des notes.

    Quand le tonnerre commence de gronder, il faut s'attendre à un orage.

     

    Flèche

    Continuer à, continuer de (+ infinitif)


    Sans doute la logique aurait-elle voulu, par analogie, que l'on continuât à faire ce que l'on a commencé à faire et que l'on continuât de faire ce que l'on a commencé de faire. C'est, du reste, ce que préconisait Roubaud au XVIIIe siècle : « On continue à faire ce qu'on fait d'habitude, ce qu'on a coutume de faire, tant qu'on n'y renonce pas ; on continue de faire ce qu'on fait actuellement, ce après quoi l'on est, tant qu'on ne discontinue pas. On continue à jouer tant qu'on est adonné au jeu ; on continue de jouer tant qu'on reste au jeu. » Las ! les académiciens de l'époque, sous l'influence de Marmontel (si l'on en croit Lafaye), décidèrent précisément le contraire.

    Continuer à indiquerait donc la prolongation d'un acte commencé, d'une durée déterminée. L'accent est mis sur le fait de mener l'action à son terme.

    Ils ont continué à parler sans se préoccuper de moi.

    Je vais continuer à lire mon journal.

    Continue à bien travailler, et tu seras reçu à ton examen.

    « Cet homme, tenant son verre, continue à boire ; c'est-à-dire il achève ce qu'il avait commencé. » (Littré)

    Continuer de indiquerait la persistance d'une action que l'on a l'habitude de faire ou dont la fin n'est pas envisagée. L'accent est mis sur l'action exprimée par l'infinitif.

    Il continue de parler grossièrement (= il persiste dans ses habitudes grossières).

    Je continue de lire des romans policiers.

    La rivière continue de couler.

    « Cet homme est un ivrogne, et, malgré ses promesses, il continue de boire, c'est-à-dire il persiste dans ses habitudes d'ivrognerie. » (Littré)


    Force est de reconnaître que ces distinctions sont subtiles, mal cernées par les spécialistes eux-mêmes... et donc rarement respectées dans l'usage. De nos jours, l'Académie s'en tient désormais au constat suivant : « Commencer à ou, littéraire, commencer de, suivi d'un infinitif, sert à marquer le début d'une action. » Même marque d'usage avec continuer : « Continuer à ou, littéraire, continuer de, suivi de l'infinitif, persister à, ne pas cesser de. » Voilà qui a le mérite d'être beaucoup plus simple (sans pour autant rendre compte des occurrences des deux constructions) : commencer à et continuer à ressortiraient au langage courant, quand commencer de et continuer de appartiendraient à un registre plus soutenu (voire archaïsant, selon Dupré).

    Encore plus simple : pour Grevisse et Hanse, les deux constructions sont correctes et de sens équivalent. Ouf, on commençait à/de s'inquiéter.

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Dans la pratique, le choix entre à et de relève le plus souvent d'un souci d'euphonie, à en croire Thomas, Girodet et Grevisse. C'est donc l'oreille qui aurait le dernier mot.

    Il commença d'apprendre l'anglais (pour éviter le hiatus – frottement entre voyelles – commença à apprendre).

    Il continue à demander la même chose (pour éviter la répétition de demander).

    Reconnaissons que tout cela semble très subjectif, tant on perçoit mal la différence de traitement entre il persista à avancer (où le hiatus ne semble guère incommoder nos spécialistes) et il continua à avancer (où il offenserait subitement leurs oreilles délicates).
    Goosse fait encore observer que commencer de est très fréquent dans la langue écrite, « du moins quand ce verbe est au passé » − comprenez : de, après le verbe à l'indicatif présent, paraît particulièrement affecté...
    Selon Jean-Michel Kalmbach, enfin, « plutôt que d'y voir des nuances de sens particulières, il suffit de considérer [ces couples] comme des formes concurrentes, dont l'une représente un état plus ancien de la langue. [En effet,] le marqueur d'infinitif de était un élément solidement ancré dans la langue ancienne ».

    Remarque 2 : On ne peut s'empêcher de sourire en constatant que certains spécialistes parviennent à illustrer des positions contraires – continuer de « se dit pour insister sur l'absence d'interruption dans une action », selon Péchoin & Dauphin (2001), alors qu'il suppose « une action répétée par intervalle », selon Marmontel (1819) – avec des exemples où la valeur sémantique dudit verbe est pourtant la même : Ils ont continué de l’aider jusqu’à la fin de leur vie. Quoique je n'aie pas à me louer de cet homme-là, je continuerai de le voir. Dans les deux cas, il est bien question d'une habitude.

    Remarque 3 : La construction commencer par (faire quelque chose) sert à préciser la première étape d'une action et ne doit pas être confondue avec commencer à (faire quelque chose).

    Remarque 4 : Voir également le billet Continu / Continuel.

    Commencer / Continuer (à, de)
    Livre d'Yves Blanc, aux éditions Retz

     


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  • Le substantif féminin confiance se rencontre dans plusieurs expressions construites avec des prépositions différentes : faire confiance à quelqu'un / à quelque chose, gagner / mériter / conserver / perdre la confiance de quelqu'un, mettre quelqu'un en confiance, etc.

    De son côté, l'expression avoir confiance admet deux constructions :

    • avec en, devant un nom de personne ou un pronom personnel.

      J'ai confiance en mon médecin, en lui, en Dieu.

    • avec en ou dans, devant un nom de chose (dans étant privilégié devant les articles le, la, les, ainsi que devant les pronoms lequel, laquelle, lesquels et lesquelles, pour des raisons d'euphonie).

      J'ai confiance en l'avenir ou dans l'avenir mais J'ai confiance dans les institutions (et non en les institutions).
      Il a confiance en ou dans sa famille.
      Les marchés financiers ont perdu toute confiance en ou dans l'Espagne.

     

    En résumé

    On a confiance en quelqu'un mais en ou dans quelque chose (dans étant privilégié devant l'article le, la ou les).

     

    Remarque 1 : Les mêmes observations valent pour les expressions mettre (ou placer) sa confiance, garder (ou perdre) confiance, avoir foi.

    Remarque 2 : Bien que condamnée par certains puristes qui lui préfèrent accorder, mettre ou donner sa confiance, l'expression faire confiance, attestée dans le Dictionnaire de Richelet (1728), est tout à fait entrée dans l'usage. Elle se construit avec à, devant un nom de personne ou un nom de chose.

    Je fais confiance à mon patron, à ma bonne étoile.

    Remarque 3 : Le verbe se fier se construit le plus souvent avec à (parfois avec sur).

    Fiez-vous à lui (de préférence à Fiez-vous y). Il se fie sur ses propres forces.

    Remarque 4 : Voir également les billets Être confiant que et En (suivi de l'article défini).

    Avoir confiance (en, dans)

     


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  • Pourquoi donc certains boudent-ils à l'oral (et parfois à l'écrit) le pronom relatif dont, d'un emploi pourtant souvent plus commode que son homologue que (qui présente des difficultés de genre et de nombre) ? Mystère... Enfin, pas tout à fait. La concurrence entre que et dont n'est pas nouvelle : elle date du Moyen Âge.

    Il n'en demeure pas moins que, dans la langue soignée d'aujourd'hui, dès que l'on se pose la question de qui ? de quoi ? (notamment avec les verbes transitifs indirects), il convient de recourir à dont, qui remplace un complément introduit par de.

    Ainsi dira-t-on correctement :

    Prends tout ce dont tu as besoin (et non ce que tu as besoin) → tu as besoin de quoi ?

    Fais ce dont tu as envie (et non ce que tu as envie) → tu as envie de quoi ?

    Je ne comprends rien à ce dont tu me parles → tu me parles de quoi ?

    Les amis dont je me sens proche → je me sens proche de qui ?

    L'histoire dont je me souviens (mais que je me rappelle) → je me souviens de quoi ? (mais je me rappelle quoi ?)

    Ce dont il est question → il est question de quoi ?

    La maison dont je suis propriétaire → je suis propriétaire de quoi ?

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Après c'est, deux constructions sont grammaticalement possibles : c'est de... que ou c'est... dont. D'une part, on se gardera de les mélanger, en se rappelant que de est déjà inclus dans dont, conformément à son étymologie latine (de unde, « d'où ? »). D'autre part, on notera que la première construction est préférable, dès lors que le complément mis en relief est prépositionnel (en d'autres termes, il est recommandé de rattacher la préposition au nom mis en relief).

    C'est de ton avenir qu'il s'agit (de préférence à C'est ton avenir dont il s'agit, considéré comme archaïque ; et non C'est de ton avenir dont il s'agit, qui relève à notre époque du pléonasme syntaxique).

    C'est de lui que je parle (de préférence à C'est lui dont je parle ; et non C'est de lui dont je parle) mais C'est l'homme dont je parle.

    Les mêmes remarques valent pour c'est à vous que je parle (et non à qui je parle).

    Remarque 2 : Lorsque l'antécédent est un être animé, dont est l'équivalent de de qui, duquel, de laquelle, desquels, desquelles.

    Je tiens ces informations de cette personne → La personne dont (ou de qui, de laquelle) je tiens ces informations.

    Lorsque l'antécédent est un être inanimé, dont est l'équivalent de duquel, de laquelle, desquels, desquelles.

    Je me suis inspiré de cette affaire → L'affaire dont (ou de laquelle) je me suis inspiré.

    Toutefois, selon Grevisse, lorsque l'antécédent est un pronom neutre (ce, cela, rien...), dont ne peut guère être remplacé par de quoi.

    De quoi as-tu besoin ? → Ce dont (de préférence à de quoi) j'ai besoin.

    Remarque 3 : L'Académie met en garde contre l'emploi de dont en tant que complément d'un nom introduit par une préposition ou lorsque de fait partie d'une locution prépositive (voir également le billet Dont qui choque).

    J'ai écrit sur les pages du cahierLe cahier sur les pages duquel j'ai écrit (et non Le cahier dont j'ai écrit sur les pages).

    Il se réjouit de la réussite de son fils → Son fils, de la réussite duquel il se réjouit (et non Son fils, dont il se réjouit de la réussite) ou, plus élégamment : Son fils dont la réussite le réjouit.

    Il est resté auprès de ses parents (de fait partie de la locution auprès de) → Les parents auprès desquels (ou auprès de qui) il est resté (et non Les parents dont il est resté auprès d'eux).

    Remarque 4 : Dans une relative introduite par dont (= de lui, d'elle(s), d'eux, de cela), on se gardera d'employer un adjectif possessif, un pronom personnel ou le pronom en renvoyant au même antécédent (pour cause de double emploi).

    On aperçoit la porte de la maison → La maison dont on aperçoit la porte (et non La maison dont on aperçoit sa porte).

    Je vous ai parlé de cette personne → La personne dont je vous ai parlé (et non La personne dont je vous en ai parlé).

    Remarque 5 : Concernant l'emploi de dont comme complément d'un pronom numéral, voir ce billet.

    Remarque 6 : Voir également le billet Dont / D'où.


    Définitions

    Pronom relatif : pronom particulier (qui, que, quoi, dont, où, lequel et ses composés) qui se distingue des autres pronoms (personnels, démonstratifs...) par sa faculté de reprendre un nom (dit antécédent) et d'introduire une proposition subordonnée (dite relative).

    La maison         que                  tu vois.
    (Antécédent)   (Pronom relatif)

    Dont

     


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