• Dans la locution aller (ou marcher) de pair, pair (nom masculin sans e final) est invariable et signifie « ensemble, sur le même rang ». Il ne doit pas être confondu avec deux choses qui font la paire (une paire de chaussures).

    Aller de pair, c'est donc « aller ensemble en étant sur le même rang ». La confusion avec paire provient de ce que l'on emploie souvent cette expression pour associer seulement deux éléments.

    Croissance et progrès social doivent aller de pair (et non de paire).

    Foi, espérance et charité vont de pair (citation de Benoît XVI associant les trois vertus théologales).

    Les deux vont de pair mais Les deux font la paire.

    Ce même pair est également employé dans d'autres expressions avec des sens différents :

    • dans être jugé par ses pairs (et non par ses pères), pair correspond à une personne de rang semblable. Rien à voir avec une quelconque paternité...

    • dans travailler au pair, pair signifie que l'on est « logé, nourri et rémunéré ».

    • avec la locution hors (de) pair, on souligne que la chose ou la personne est sans égale.

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    Remarque 1Pairesse s'est dit, au XIXe siècle, de l'épouse d'un pair de France (« titre surtout honorifique, donnant accès au conseil du roi, accordé aux douze principaux seigneurs du royaume »). Pair peut également être adjectif : un nombre pair.

    Remarque 2 : Pers (dont on ne prononce pas le s final au masculin) est un adjectif homonyme, emprunté du latin persus, qui signifie « d'une couleur intermédiaire entre le bleu et le vert » (celle des yeux de la déesse Athéna, selon la mythologie grecque).

    Des yeux pers (à ne pas confondre avec des yeux vairons, c'est-à-dire de couleur différente) ou Des yeux de couleur perse.

    Remarque 3 : Signalons également l'homophone perd, forme conjuguée du verbe perdre.

    Fille au pair

     


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  • L'adverbe quelquefois (en un seul mot et sans s après quelque) signifie « en certaines occasions, de temps à autre, parfois ». Il modifie le plus souvent un verbe.

    On évitera la confusion avec le groupe nominal quelques fois (en deux mots, puisque formée du déterminant quelques et du nom fois), qui signifie « un petit nombre de fois ».

    Les quelques fois où je l'ai croisé, il ne m'a pas reconnu (en raison de la présence du déterminant les, il ne peut s'agir que du nom fois).

    J'ai tenté quelques fois de l'aborder (= plusieurs fois).

    Je me demande quelquefois si j'ai bien fait (= parfois).

    Il est quelquefois injuste (= parfois).

    Astuce

    On écrit quelquefois quand on pourrait dire parfois, quelques fois quand on pourrait dire plusieurs fois.

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    Remarque
    : Il arrive parfois (quelques fois ?) que le contexte ne permette pas de choisir entre ces deux homophones :

    Nous nous sommes croisés quelquefois (parfois) ou quelques fois (plusieurs fois).

     

    Quelquefois

    Là, cela relève du pléonasme poétique...

     


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  • La locution des fois, utilisée pour parfois, relève du langage populaire. On lui préférera : parfois, quelquefois, de temps à autre, etc.

    Je le rencontre parfois à la bibliothèque (plutôt que je le rencontre des fois).

    Il peut encore servir de temps à autre (plutôt que il peut encore servir, des fois).

    Parfois oui, parfois non (plutôt que des fois oui, des fois non).

     

    Des fois

     


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  • Certes, il est tentant d'affubler le mot cauchemar d'un d final superfétatoire, par analogie avec le verbe cauchemarder et l'adjectif cauchemardesque associés. Mais ce serait une faute, doublée d'une entorse à son étymologie picarde ! Sans doute a-t-on considéré que la graphie cauchemarer n'aurait fait rire personne... au point d'envisager sérieusement l'ajout d'un d euphonique qui n'appartient pas au radical (ce phénomène d'intercalation d'une lettre qui n'est pas d'origine étymologique s'appelle une épenthèse).

    Ce film m'a fait faire des cauchemars (et non des cauchemards), mais Ce film m'a fait cauchemarder.

    Si cette bizarrerie heurte votre logique, sachez que abri s'écrit sans le t d'abriter, bazar sans le d de bazarder, etc.

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    Remarque 1
    : Emprunté du vieux français cauquemare, composé de cauche, impératif de l'ancien verbe cauchier, « presser, fouler », et du néerlandais mare, « fantôme nocturne » (que l'on retrouve dans le mot anglais nightmare), un cauchemar est, du point de vue étymologique, « un rêve dans lequel on est poursuivi par des fantômes et qui s'accompagne d'une sensation d'oppression ».

    Remarque 2 : Les adjectifs cauchemardesque (« qui ressemble à un cauchemar ») et cauchemardeux (« rempli de cauchemars ») viennent de faire leur entrée dans la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie. En revanche, la variante cauchemaresque (attestée chez les frères Goncourt et chez Blaise Cendrars) n'y est toujours pas enregistrée. Elle faisait pourtant vraiment peur, non  ?

    Cauchemar

    (Émission de télévision)

     


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  • Une faute fréquente entache l'emploi de l'impératif présent des verbes du premier groupe notamment, à savoir le recours à un s final à la deuxième personne du singulier (par analogie avec le présent de l'indicatif) alors qu'il n'en faut pas.

    Rappelons d'emblée la règle :

    À la deuxième personne du singulier de l'impératif présent, les formes en -es et -as perdent leur s final sauf devant les pronoms en et y non suivis d'un infinitif (l'ajout de ce s euphonique servant à éviter le contact entre deux voyelles).


    Il résulte de cette règle que, à la deuxième personne du singulier de l'impératif présent, ne prennent pas de s final (sauf devant les pronoms en et y non suivis d'un infinitif) :

    • les verbes du premier groupe,

    Parle-lui ! mais Parles-en à ton professeur !

    Mange de la soupe ! mais Manges-en !

    Regarde-la ! mais Regardes-y à deux fois !

    • les verbes du deuxième et troisième groupes cueillir, accueillir, recueillir, souffrir, tressaillir, recouvrir, couvrir, découvrir, ouvrir, entrouvrir, assaillir et offrir, ainsi que aller et savoir.

    Ouvre la porte et cueille des cerises !

    Va dans ta chambre ! mais Vas-y !

    Va y mettre ton grain de sel ! Va y voir ! (Y suivi d'un infinitif → pas de s ni de trait d'union.)

    Sache-le !

     

    Astuce

    En synthèse, on retiendra que les désinences -es et -as n'existent pas à la deuxième personne du singulier de l'impératif présent (sauf devant les pronoms en et y non suivis d'un infinitif).

     

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    Remarque 1
    : Le trait d'union se place entre le verbe et le ou les pronoms qui s'y rapportent sauf en cas d'apostrophe due à une élision. On notera à ce propos que me, te, le, la s'élident devant en et y, sauf si ces derniers dépendent d'un infinitif.

    Dites-le-moi !

    Parle-lui-en ! (et non parle-lui-z-en, parle-z-en-lui) mais Parle-m'en !

    Va-t'en ! (t' correspond à l'élision de te-en) mais Va te laver les mains ! (sans trait d'union, le pronom te se rapportant à laver, pas à va).

    Remarque 2 : Dans une tournure impérative, en et y se placent toujours après le pronom conjoint.

    Mettez-m'en une douzaine ! (Et non mettez-en-moi une douzaine ; m' correspond à l'élision de me-en.)

    On notera que les formes m'y, t'y, l'y, grammaticalement correctes, sont pratiquement inusitées (« L'inaccoutumance nous en fait trouver le son désagréable », écrivait en 1849 Bernard Jullien dans son Cours supérieur de grammaire). Mieux vaut tourner la phrase autrement : mène-moi là, mettez-le là, jette-toi dedans (de préférence à mène-m'y, mettez-l'y, jette-t'y).

    Remarque 3 : Certains verbes (comme devoir, falloir, pleuvoir, pouvoir) n'ont pas d'impératif.

    Remarque 4 : Cas particulier de avoir et être : Aie confiance, sois rassuré !

    Remarque 5 : Voir également les billets Ayons, soyez et T'inquiète.

    Impératif

    Livre d'Anne-Marie Chapouton, éditions Flammarion

     


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