• Vous pouvez compter sur moi pour vous rappeler deux ou trois choses sur les constructions du verbe compter.

    1. Compter sans, qui signifie « ne pas prendre en considération, ne pas tenir compte de » (par opposition à compter avec), n'a pas le même sens que sans compter. Comparez :

    C'était compter sans le hasard.

    Nous serons dix à table, sans compter les enfants (simple évaluation numérique).

    Elle dépense sans compter (= avec prodigalité ou générosité).

    Sans compter qu'il faudra aller la chercher ! (= sans considérer que).

    2. Dans le sens de compter sans, il est impropre d'écrire sans compter sur (par confusion avec compter sur, qui signifie « avoir confiance en, se fier à ») et déconseillé d'écrire sans compter avec, formulation plus lourde.

    Les vacances s'annonçaient bien, mais c'était compter sans la météo (= c'était sans tenir compte de la météo, c'était ignorer la météo) et non Les vacances s'annonçaient bien, mais c'était sans compter sur la météo (qui revient à dire : c'était sans avoir confiance en la météo, ce qui n'est pas le propos).

    C'était compter sans son entêtement (de préférence à C'était sans compter avec son entêtement).

    3. Mais on écrira correctement : Il est mort sans jamais avoir pu compter sur elle.

     

    En résumé

    On fera la distinction entre :

    compter avec et compter sans, « tenir, ne pas tenir compte de »,

    compter sur, « avoir confiance en, se fier à ».

     
    Remarque 1 : Pour signifier que l'on a une chose à sa suffisance, on emploiera l'expression avoir son content de (et non son comptant de) : Il a eu son content de félicitations. Quant à la locution adverbiale sans compter, elle signifie « sans limite » (Elle dépense sans compter).

    Remarque 2 : On notera que l'expression compte tenu se construit avec la préposition de (compte tenu des circonstances = étant donné les circonstances). Pour introduire une proposition subordonnée, on aura recours à la locution conjonctive invariable étant donné que, suivie de l'indicatif.

    Remarque 3 : Un équivalent à l'expression C'était compter sans (son entêtement) peut être C'était oublier que (qu'il était têtu).

    Compter sans
    (Éditions Le Cherche Midi)

     


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  • Flèche

    Tel, adjectif


    Suivi d'un nom (ou d'un pronom), tel s'accorde naturellement avec celui-ci (qu'il soit avec ou sans article).

    Je viendrai tel jour, à telle heure, de telle sorte que vous soyez là.

    De même, tel s'accorde quand il est attribut.

    Tels sont ses désirs.

    Sa gentillesse fut telle qu'elle l'apprécia tout de suite (tel, corrélatif construit avec que, signifie ici « si grand, si important »).

    Tels que je les connais, ils ne nous aideront pas.

    Il n'y a d'hésitation sur l'accord que lorsque tel (avec ou sans que) introduit une comparaison ou des exemples (voir ci-dessous tel que).

    Remarque : Dans l'expression rien de tel, tel est invariable (en tant qu'épithète de rien) : Rien de tel que la santé !

    Flèche

    Tel, pronom indéfini


    Employé seul, tel est un pronom indéfini masculin singulier.

    Tel est pris qui croyait prendre.


    Remarque
    : Untel, unetelle (ou un tel, une telle) s'emploient pour désigner une personne quelconque (Monsieur Untel).

    Flèche

    Tel (que), comparaison


    La locution tel que, composée de l'adjectif tel et du terme de liaison que, s'accorde avec le nom auquel elle se rapporte et qui généralement précède. Synonyme de comme, elle introduit une comparaison ou des exemples (on ne la confondra pas avec l'expression similaire introduisant une subordonnée de conséquence, cf. ci-dessous Subtilités).

    Des personnes telles que vous.

    Il est tel que vous le voyez.

    Il a vu des oiseaux tels que des mésanges et des grives.

    Telles que des chevaux emballés, les vagues bondissaient sur le rivage (Girodet).

    Lorsque tel est employé seul (sans que), dans le langage soutenu, pour introduire une comparaison ou des exemples, l'usage accorde le plus souvent tel avec le nom qui suit (mais l'accord est également possible avec le nom qui précède).

    Mon père, telle une furie, entra dans la pièce (de préférence à Mon père, tel une furie).

    Tel un mur, la montagne se dressait devant nous.

    Il a vu des oiseaux telles des mésanges et des grives.


    Remarque 1 : On évitera, dans le registre soutenu, d'employer tel que devant un participe. On dira ainsi : comme convenu, comme prévu, de préférence à tel que convenu, tel que prévu.

    Remarque 2 : Selon Grevisse, « parfois, dans la langue populaire (ou négligée), tel ne se rapporte à rien de précis et tel que joue tout à fait le rôle d'une conjonction équivalant à comme » : Tel que je vous l'ai promis, je vous ai fait parvenir un exemplaire de mon livre.

    Flèche

    Tel quel, locution adjective


    L'expression tel quel, qui est composée de deux adjectifs et qui signifie « sans modification, sans changement », s'accorde avec le nom auquel elle se rapporte.

    Il a laissé les choses telles quelles (= telles qu'elles étaient, dans l'état où elles se trouvaient).

     
    Remarque 1
    : Il en est de même avec comme tel et en tant que tel.

    En tant que telle, votre action est condamnable.

    C'est sa compagne et il la considère comme telle.

    Remarque 2 : La formulation tel que en substitution de tel quel est populaire et incorrecte.

    Séparateur de texte


    Subtilités

    Il convient de faire la distinction entre :

    J'ai revendu ces voitures telles quelles (sens de « dans le même état »).

    J'ai revendu ces voitures telles qu'elles étaient (sens de « comme »).

    Leurs inquiétudes sont telles qu'elles se sentent mal (sens de « d'un tel degré », introduit une subordonnée de conséquence).

     

    Tel quel

     


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  • Dans un souci de légèreté, on préférera écrire de façon (ou de manière) que plutôt que de façon (ou de manière) à ce que, comme on le voit parfois par analogie avec la tournure infinitive.

    Elle place son argent de façon qu'il rapporte des revenus réguliers (de préférence à de façon à ce qu'il rapporte).

    Mais on dira :

    Elle place son argent de façon à obtenir des revenus réguliers (tournure infinitive).

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Selon l'Académie, le tour « de façon à ce que, couramment employé et qu'on rencontre même chez de bons auteurs, n'est pas à conseiller ».

    Remarque 2 : Les locutions de façon que, de manière que, de sorte que sont le plus souvent suivies du subjonctif, dans le sens de « afin que, pour que » (conséquence recherchée, but), plus rarement de l'indicatif, dans le sens de « si bien que » (conséquence réalisée).

    Parlez plus fort, de façon que je vous entende (= afin que je vous entende => subjonctif).

    Elle parlait fort, de façon que je l'entendais (= si bien que je l'entendais => indicatif).

     

    De façon que

     


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  • Au sens de « prendre pour soi, capter au détriment d'autrui », accaparer est traditionnellement considéré comme un verbe transitif direct, dont l'Académie ignore l'emploi à la forme pronominale : on accapare quelque chose, on ne s'accapare pas quelque chose (par analogie avec s'arroger) ni de quelque chose (par analogie avec s'emparer).

    Il a accaparé la conversation (= il a monopolisé la conversation) et non Il s'est accaparé de la conversation ni Il s'est accaparé la conversation.

    Ceux qui souhaitent employer un tour pronominal pourront toujours recourir à s'arroger, s'emparer, etc.

    Il a accaparé tous les pouvoirs ou Il s'est arrogé tous les pouvoirs (= il s'est attribué indûment tous les pouvoirs, il s'est emparé de tous les pouvoirs).

    Séparateur de texte

    Remarque 1 : Girodet conseille d'« éviter la forme pronominale, qui n'ajoute rien au sens » (que l'on songe également à finir/se finir, empirer/s'empirer, etc.), quand Larousse et Robert signalent qu'elle est fréquente en Belgique (s'accaparer de quelque chose plus que s'accaparer quelque chose, d'après Michèle Lenoble-Pinson) − et même au Canada, si l'on en croit Grevisse. À y bien regarder, ces constructions superfétatoires sont également attestées de longue date en France : « Du manège l'aréopage S'accapare les complimens » (chanson anonyme citée dans le journal pamphlétaire Les Actes des Apôtres, 1790), « Se conjugue avec le pronom se : s'accaparer. Il s'accapare de tout. (Omission de l'Académie.) » (Bescherelle, Dictionnaire usuel de tous les verbes français, 1842), « [Sous la Révolution,] accaparer apparaît au peuple comme un vague synonyme de attirer, grouper [...] ; on le trouve sous forme pronominale, comme synonyme de se grouper, se coaliser : "Dans plusieurs cafés, il y a des particuliers qui se rassemblent et s'accaparent pour parler entre eux" (1794) » (Ferdinand Brunot, 1939)... jusque sous des plumes avisées : « [Ils] s'accaparaient du reste de la maison » (Raymond Ruffin), « Marcel vole à son profit leur identité, s'accapare de leurs fonctions aux yeux de la mère » (Alain Buisine), « Il y eut un colonel pour s'accaparer les manœuvres » (Philippe Claudel).

    Remarque 2 : S'accaparer est toutefois légitime au sens de « être accaparé », selon Prosper Poitevin (1856), Pierre Larousse (1866) et Adolphe Thomas (1957) : C'est ainsi que certaines marchandises s'accaparent. Quant au tour accaparer quelqu'un, il est désormais admis par l'Académie au sens de « l'occuper exclusivement » (« le retenir », selon Robert ; « l'empêcher par sa présence, ses exigences de s'occuper d'autre chose que de soi », selon Josette Rey-Debove) : « Son travail l'accapare. Elle est accaparée par ses enfants » (neuvième édition de son Dictionnaire), mais « reste une expression imagée, pittoresque » (selon Dupré).

    Remarque 3 : Emprunté de l'italien accaparrare (« retenir une marchandise en donnant des arrhes »), lui-même dérivé de caparra (« arrhes »), accaparer est à l'origine un terme de commerce, qui a pris au XVIe siècle le sens péjoratif de « acquérir et conserver des marchandises pour en faire monter le prix » avant de voir ses emplois figurés pénétrer dans la langue courante.

    Remarque 4 : On notera l'orthographe de accaparer : deux c et un p.

    Accaparer

    Pour les mères accaparées par leurs enfants...

     


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  • Les noms entretien, maintien, soutien... ne prennent pas de t final comme on l'écrit parfois par analogie avec l'indicatif présent des verbes dont ils découlent.

    Il a un entretien avec un conseiller d'orientation mais il s'entretient avec un conseiller d'orientation.

    La police est responsable du maintien de l'ordre mais la police maintient l'ordre.

    Il a reçu le soutien de sa famille mais sa famille le soutient.

     

    Entretien

     


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