• Le nom séisme (et l'adjectif associé sismique) est emprunté du grec seismos (ébranlement, tremblement de terre), lui-même dérivé de seiein (ébranler, secouer).

    C'est pour ces considérations étymologiques que l'expression secousse sismique est souvent considérée comme un authentique pléonasme (revenant à évoquer une « secousse secouante »). Et nombreux sont ceux qui recommandent de dire du Japon ou de l'Italie qu'ils subissent régulièrement de violents séismes, de violents tremblements de terre, de violents phénomènes sismiques, de violentes secousses telluriques (du latin tellus, la terre)... mais pas de violentes secousses sismiques !

    Bien inutilement, semble-t-il...

    En effet, secousse sismique ne relève du tour pléonastique que si l'on s'en tient au sens d'« ébranlement » du mot seismos ; c'est oublier un peu vite son autre acception (« tremblement de terre ») qui, seule, a été retenue lors de la formation de l'adjectif sismique pour qualifier les phénomènes « qui ont rapport aux tremblements de terre ».

    Dès lors qu'il est entendu que l'adjectif sismique ne s'emploie que pour les tremblements de terre, on est fondé à considérer qu'il apporte une utile précision au mot secousse, en ce sens qu'il existe d'autres types de secousses qui ne sont pas d'origine sismique (cf. Remarque 1). On peut donc admettre secousse sismique au même titre que phénomène sismique ou secousse tellurique. C'est tout du moins la position du Robert, de Hanse, de Dupré, etc. Attendons de voir ce qu'écrira l'Académie dans la neuvième édition de son Dictionnaire...

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    Remarque 1
    : Si l'adjectif sismique se rapporte spécifiquement aux tremblements de terre, le nom séisme n'est pas l'exact synonyme de tremblement de terre. D'une part, on peut concevoir qu'une secousse de l'écorce terrestre puisse avoir des origines diverses : humaine (explosion nucléaire), volcanique ou tectonique (mouvement des plaques terrestres). D'autre part, le séisme est un évènement ponctuel généré le long d'une faille, tandis que le tremblement de terre en est la conséquence au niveau du sol (vibrations du sol).

    Remarque 2 : La forme du nom séisme a été longtemps critiquée pour n'avoir pas transcrit la diphtongue grecque ei par i (sur le modèle leitourgialiturgie). Voilà pourquoi l'Académie des sciences recommande d'utiliser l'orthographe sism- plutôt que séism- pour l'ensemble de ses dérivés (sismologie, sismologue, sismicité, sismographe, etc., de préférence à séismologie, séismologue, séismicité, séismographe).

    Un risque sismique élevé.

    Remarque 3 : Au sens figuré, séisme désigne un bouleversement (un séisme politique).

    Séisme

    En économie financière, on parle de risque 6-SMIC...

     


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  • Le nom féminin Pléiade(s) [avec une majuscule] est à l'origine associé au chiffre 7 :

    • Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont les sept filles d'Atlas et de Pléioné, que Zeus changea en étoiles pour les soustraire aux poursuites du chasseur Orion.

    • En astronomie, Pléiades est le nom d'un groupe de sept étoiles de la constellation du Taureau.

    • En littérature, Pléiade (au singulier) est le nom donné à plusieurs groupes de sept poètes (notamment, à la Renaissance, celui constitué de Ronsard, Du Bellay, Baïf, Belleau, Pontus de Tyard, Jodelle, et Peletier du Mans, remplacé après sa mort par Dorat).

    Par extension, pléiade (au singulier et avec une minuscule) se dit aujourd'hui d'un groupe de personnes remarquables. Si leur nombre est désormais indéterminé, il serait cependant préférable qu'il restât restreint, en souvenir du chiffre 7 associé.

    Aussi conviendrait-il de dire : La soirée s'est déroulée en présence d'un grand nombre d'artistes (et non d'une pléiade d'artistes), si ceux-ci se comptent par dizaines. C'est assurément moins chic, mais c'est nettement plus respectueux de l'étymologie.

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    Remarque 1
    : On notera que le mot pléiade s'écrit sans tréma. C'est du reste le cas chaque fois que le i suit un é : absentéisme, manichéisme, ostréiculture, etc.

    Remarque 2 : Quoique plaisante, l'expression « pléiade de stars » frise le pléonasme sept étoiles...

    Remarque 3 : Voir aussi ce billet.

     

    Pléiade

    Il n'y avait donc que sept étoiles ?
    (Source : L'essentiel online)




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  • Hôte est ce que l'on appelle un nom ambivalent : il possède deux significations non seulement différentes, mais tout à fait opposées ! En effet, il désigne à la fois la personne qui accueille et celle qui est accueillie. « Il en résulte assez bizarrement que tout invité est l'hôte de son hôte », ironise Jacques Capelovici dans son Guide du français correct.

    Afin d'éviter toute équivoque, mieux vaut réserver le mot hôte (ou hôtelier, pour l'activité économique) à la personne qui reçoit, qui donne l'hospitalité, et appeler invité (ou client) celui qui est reçu, qui reçoit l'hospitalité.

    Bienvenue chez moi ! Je suis votre hôte, vous êtes mes invités.

    Une chambre d'hôte (= chambre louée au voyageur par un particulier).

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    Remarque 1
    : On notera que l'ambiguïté n'existe qu'au masculin. En effet, quand il signifie « personne qui reçoit, qui accueille », hôte a pour féminin hôtesse (sens voisin de maîtresse de maison) : l'hôtesse d'une auberge, l'hôtesse de l'air (quant à l'expression hôtesse d'accueil, elle revêt tous les atours du pléonasme...). Quand il signifie « personne qui est reçue », hôte a la même forme au féminin qu'au masculin (dans cette acception, c'est donc un nom épicène, comme convive, « personne qui prend part avec d'autres à un repas ») : on dira une hôte ou, plus couramment, une invitée.

    Remarque 2 : Au pluriel, hôtes désigne les êtres qui vivent en un certain lieu : les hôtes des bois, des mers ; des hôtes indésirables (= des animaux nuisibles). Faut-il voir dans l'existence de cette acception pas toujours flatteuse la justification de la graphie – bien singulière – chambre d'hôte préconisée par l'Académie, là où ladite institution ne se prive pas d'écrire chambre d'amis ? Nous sommes tous invités à le supposer... encore que l'Académie précise, en réponse à ma requête, que « chambre d'hôte a été formé sur le modèle de table d'hôte, qui se rencontre dès le XIXe siècle » et où les gens, bien que nombreux, y venaient manger seuls.

    Remarque 3 : Hôte partage la même étymologie (du latin hospes) avec hôpital, hôtel mais également avec otage (prendre en ostage signifiait à l'origine « héberger ») !

    Remarque 4 : Dans la langue soutenue, amphitryon [i puis y, en raison du préfixe amphi- (« double, des deux côtés ») qui ne prend jamais d'y] désigne l'hôte qui reçoit à sa table, la personne chez qui l'on mange.

    Ce soir, notre amphitryon nous a régalés.

    Avouez que cette formulation fait son petit effet, en soirée ! Sauf que ce nom est en fait emprunté au personnage de la mythologie grecque, qui a inspiré à Plaute puis à Molière... la figure pathétique du mari trompé offrant un grand repas aux officiers de son armée (Zeus prit les traits du prince Thébain pour abuser sa femme Alcmène, qui donna naissance à Héraclès). Mieux vaut donc réserver ce terme au registre ironique. Au féminin, on dira hôtesse plutôt qu'amphitryonne (pour les mêmes relents de cocuage, toujours mal venus à table).

    Hôte / Invité

    « Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois »
    Le Corbeau et le Renard, de La Fontaine
    (illustration par Grandville, source wikipedia)

     


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  • Le verbe devoir (du latin debere, tenir quelque chose de quelqu'un, lui en être redevable) fait partie de ces verbes qui revêtent différentes significations selon leurs constructions.

    Flèche

    Devoir suivi d'un nom complément d'objet direct

    Suivi d'un nom, devoir a le sens de « avoir à rembourser une somme d'argent », « être redevable à », « être obligé envers ».

    Il me doit 15 euros.

    Je lui dois la vie. Le pays doit sa prospérité au tourisme.

    Les enfants doivent le respect aux parents.

    DevoirDevoir suivi d'un verbe à l'infinitif


    Suivi d'un infinitif, devoir sert à exprimer l'obligation (morale ou sociale), la contrainte, l'intention, le souhait, la probabilité, le caractère inéluctable ou le futur proche.

    Tu dois obéir (obligation).

    Il a dû retourner précipitamment au bureau (contrainte, nécessité).

    Nous devons nous voir demain (intention, projet).

    Vous devriez passer à la maison (souhait, suggestion au conditionnel).

    Ils ont déjà dû arriver chez eux (probabilité, supposition).

    Cela devait arriver (caractère inéluctable).

    Le train doit partir dans un instant (futur proche).

    FlècheSe devoir (à, de)


    Employé à la forme pronominale, le verbe devoir peut susciter quelques interrogations : doit-on dire Je me dois de faire cela ou Je me dois à faire cela ? Se devoir de est-il synonyme de devoir ?

    Se devoir à est suivi d'un nom et exprime l'obligation : Il se doit à sa famille (= il est dans l'obligation de se consacrer à sa famille).

    Se devoir de est suivi d'un infinitif et exprime la nécessité morale : Il se doit de dire la vérité à sa famille. Elle se doit de réussir (= elle a le devoir de réussir).

    On notera que, dans ces deux constructions, le sujet doit désigner une personne. Ainsi ne dira-t-on pas Cette question se doit d'être posée mais mérite d'être posée ou doit être posée.

    Finalement, la différence entre se devoir de et devoir (par exemple, Je dois intervenir et Je me dois d'intervenir) est subtile. Dans les deux cas, il s'agit bien d'une obligation, d'une nécessité, mais sans doute exprimée avec plus de force et avec une connotation morale plus marquée dans la construction pronominale (Je me dois d'intervenir = je suis moralement tenu d'intervenir).

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    Remarque 1
    : Le participe passé du verbe devoir ne prend un accent circonflexe qu'au masculin singulier, la confusion avec l'article du n'étant possible que dans ce cas.

    Il a intervenir mais Les intérêts dus. En bonne et due forme (= dans le respect des règles).

    Remarque 2 : Attention à l'accord du participe passé : suivi d'un infinitif, reste invariable.

    Les sommes que j'ai payer (les factures est COD de payer, pas de ) mais Les sommes que j'ai payées ou Les sommes que j'ai dues.

    Remarque 3 : Le tour impersonnel comme il se doit signifie « comme il est convenable de faire, comme c'est l'usage » ou, ironiquement, « comme on pouvait le prévoir ».

    Ils ont fêté son anniversaire comme il se doit.

    Remarque 4 : On notera l'ambiguïté de la phrase Il a dû partir, qui peut exprimer l'obligation (il a été obligé de partir) ou la probabilité (il doit déjà être parti).

    Remarque 5 : Dans le registre soutenu, on emploie l'imparfait du subjonctif (ou le conditionnel présent) dans les formules dussé-je (ou dussè-je, selon les Rectifications orthographiques de 1990), dût-il, dussent-ils, devraient-ils, etc. (avec inversion du sujet).

    Je finirai ces travaux, dussé-je y laisser la santé ! (= même si je devais y laisser la santé).

    Remarque 6 : Comme le verbe pouvoir, devoir n'a pas d'impératif.

    Devoir

     


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  • Emprunté du latin luxuria (excès, profusion), la luxure est un des sept péchés capitaux, qui s'oppose à la chasteté. L'adjectif associé est luxurieux, « qui s'adonne à la luxure, aux plaisirs de la chair » puis « qui incite à la luxure, sensuel ».

    Un regard, un livre luxurieux.

    On se gardera de faire la confusion avec l'adjectif luxuriant d'étymologie voisine (emprunté du latin luxurians) mais signifiant « qui pousse en abondance » (en parlant des végétaux) et, au sens figuré, « qui déborde de richesse, de vigueur ». Le nom associé est la luxuriance.

    Une végétation luxuriante (= foisonnante, abondante, exubérante).

    Une imagination luxuriante (= débordante, exubérante).

    Aussi considérera-t-on les dépliants invitant à la détente dans des « jardins luxurieux » ou dans une « maison luxurieuse » comme autant de publicités graveleuses !...

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    Remarque 1
    : Il fut un temps où l'adjectif luxurieux possédait les deux acceptions : « exubérance (dans la végétation) » et « qui se livre aux excès (sexuels) ». Il n'a conservé que ce dernier sens lorsque luxuriant est entré dans l'usage.

    Remarque 2 : Quant à l'adjectif luxueux, il signifie « qui se remarque par son luxe ».

     

    Luxuriant / Luxurieux
    Editions Rivages

     


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