• Malgré la tendance actuelle à confondre la chose et la théorie afférente, la façon de procéder et le mode opératoire, on se gardera de faire de technique et de technologie des synonymes.

    Rappelons que le suffixe -logie est emprunté du grec logôs, qui signifie « discours, traité ». Il s'applique notamment aux sciences et aux études méthodiques (biologie, stomatologie, philologie, sociologie).

    Technologie désigne donc la théorie générale des techniques ou l'ensemble des savoirs, des pratiques et des termes propres à un domaine technique en particulier... non la technique elle-même, c'est-à-dire l'ensemble des procédés liés à un art, un métier, une recherche ! On veillera donc à ne pas confondre (sous l'influence de l'anglo-américain ?) la technique, qui codifie les pratiques des métiers, avec la technologie qui est une « théorisation » des techniques.

    AstucePour simplifier, on retiendra que la technologie est l'étude critique, la description des techniques (= des procédés) ; la technologie est donc théorique quand la technique se veut pratique.

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    Remarque 1 : Plutôt que de parler d'un produit high tech, on ferait mieux de le qualifier de haute technicité, comme relevant d'une technique de pointe. Quant à l'expression abusive « nouvelles technologies », on la remplacera avantageusement par « (équipements) techniques modernes » ou, dans son acception informatique, par « techniques de l'information et de la communication » – l'emploi de technologie s'accommodant mal du pluriel, par définition.

    Remarque 2 : De même, le terme méthodologie (étude des méthodes de recherche et d'analyse propre à une science, à une discipline) est abusivement employé comme synonyme de méthode. Nul besoin à Descartes de se donner des airs faussement savants avec un Discours de la méthodologie !
    On peut encore évoquer le mot pathologie (tiré du grec pathos, affection, maladie), qui désigne la branche de la médecine traitant des causes et des symptômes des maladies dans leur ensemble, et qui est le plus souvent utilisé abusivement pour désigner, par métonymie, la maladie elle-même, ou ses manifestations.

    Technique / Technologie

    On relèvera l'effort louable des ingénieurs
    de l'ENSTA dans la signification de leur sigle : Ecole nationale supérieure de techniques avancées.

     


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  • C'est à tort que l'on donne au verbe nécessiter le sens de « avoir besoin ».

    Nécessiter signifie « rendre nécessaire, indispensable » et ne peut donc avoir pour sujet une personne ou une chose concrète. Dans les autres constructions, on aura recours à requérir, exiger, avoir besoin...

    L'état de ce malade nécessite des soins (et non Ce malade nécessite des soins).

    Ce mur a besoin d'un coup de peinture (et non Ce mur nécessite un coup de peinture).

    Les investissements que ce projet a nécessités.

    AstuceOn retiendra que le verbe nécessiter signifie « rendre nécessaire » et non « avoir besoin ».

    Nécessiter
    Nécessiter est ici employé dans son sens classique
    (et aujourd'hui disparu) de « contraindre ».

     


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  • À première vue, l'Académie n'enregistre le substantif féminin avancée qu'au sens de « ce qui forme saillie ».

    L'avancée d'un toit, d'un balcon.

    Pourtant, certains, confondant l'action (avance, avancement) et le résultat (avancée), s'obstinent à parler des avancées de la science au lieu de ses progrès !

    Les avancées de la science (Bescherelle).
    Les avancées de la médecine (Larousse).
    Une avancée technique décisive (Robert).

    La faute à Littré, qui atteste dès 1874 l'acception « marche en avant » ?

    Le retour [dans une mer glacée] étant aussi pénible que l'avancée, il fallut renoncer à l'entreprise.

    À y regarder de plus près, force est de constater que l'on trouve également trace de ladite extension de sens (abusive ?) dans la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie... mais aux entrées « percée » (« Progrès remarquable, avancée spectaculaire »), « progrès » (« marche en avant, avancée ») et « remodeler » (« l'avancée et le recul des glaciers »). Pas sûr que cela constitue un progrès de notre langue.

    Avancée

    Osons avancer : Les progrès de la recherche sur le sida !

     


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  • Appliqué aux choses, le nom féminin capacité désigne la contenance (la capacité pulmonaire, la capacité d'un hôtel) ainsi que différentes grandeurs caractéristiques (en électricité, en thermodynamique et en informatique, notamment).

    En parlant d'une personne, il prend le sens d'« aptitude, faculté de comprendre, compétence » et se construit avec la préposition de − sur le modèle de (être) capable de −, devant un nom ou un infinitif.

    Il a une grande capacité de travail.

    Tout enfant a la capacité de surmonter les épreuves.

    Pourtant, la préposition à est fréquemment employée à la place de de devant un infinitif, comme l'illustre cet exemple fourni par l'Académie (qui nous a habitués à plus de conservatisme) :

    Je doute beaucoup de sa capacité à tenir cet emploi.

    Il semble en effet que l'usage moderne préfère de quand capacité est précédé de l'article défini la et à quand capacité est précédé de l'article indéfini une ou d'un possessif (ma, ta, sa, leur...).

    Comparez :

    Ils ont trouvé la capacité de rebondir.

    J'aimerais améliorer ma capacité à écouter (ou d'écouter).

    Il a une bonne capacité à prendre du recul (ou de prendre du recul).

    Elle doute de leur capacité à maîtriser la langue anglaise (ou de maîtriser).

    La construction avec de n'en reste pas moins, à mon goût, de meilleure langue, même en cas de répétition de la préposition : La capacité de l'être humain de surmonter les épreuves (que l'on peut, en l'occurrence, avantageusement transformer en : L'aptitude de l'être humain à surmonter les épreuves).

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    Remarque 1
    : De même écrira-t-on, avec l'antonyme incapacité : être dans l'incapacité d'agir, l'incapacité de contracter, mais une incapacité à faire quelque chose, l'incapacité de quelqu'un (ou son incapacité) à faire quelque chose.

    Remarque 2 : Capacité se construit également avec pour (lorsqu'il s'agit de personnes) dans l'expression juridique avoir capacité pour ou quand capacité est employé avec un article partitif (de la).

    L'expérience lui avait donné de la capacité pour la guerre (Hamilton).

    Remarque 3 : On dira correctement : Avoir la capacité d'agir ou Être capable d'agir, en mesure d'agir (voir le billet Être en capacité de).

    Remarque 4 : On se gardera de confondre capable et susceptible (voir le billet Capable).

    Capacité (à, de)

     


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  • La locution prépositive dans le cadre de compte parmi les tics de langage (avec au niveau de, en termes de, quelque part et autres formules creuses) qui envahissent les conversations actuelles, au détriment de la clarté et de la précision.

    Citons d'emblée Joseph Hanse (voir bibliographie) :

    « L'expression dans le cadre de, normale quand elle signifie "dans les limites de", (...) s'emploie de plus en plus comme un cliché pour "à l'occasion de". »

    Comparez :

    Il a agi dans le cadre de ses fonctions, dans le cadre de la loi, dans le cadre de notre accord (emploi correct selon Hanse).

    Un repas sera offert par la municipalité dans le cadre de son festival annuel (emploi abusif).

    Dans ce dernier exemple, on aura avantageusement recours à lors de, à l'occasion de, au cours de, etc.

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    Subtilité
    : Une silhouette apparut dans le cadre de la porte.

     

    Dans le cadre de

    Recueil de conférences données
    à l'occasion des rencontres de Femmes 2000
    (Editions Farel)

     


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