• Emprunté du latin luxuria (excès, profusion), la luxure est un des sept péchés capitaux, qui s'oppose à la chasteté. L'adjectif associé est luxurieux, « qui s'adonne à la luxure, aux plaisirs de la chair » puis « qui incite à la luxure, sensuel ».

    Un regard, un livre luxurieux.

    On se gardera de faire la confusion avec l'adjectif luxuriant d'étymologie voisine (emprunté du latin luxurians) mais signifiant « qui pousse en abondance » (en parlant des végétaux) et, au sens figuré, « qui déborde de richesse, de vigueur ». Le nom associé est la luxuriance.

    Une végétation luxuriante (= foisonnante, abondante, exubérante).

    Une imagination luxuriante (= débordante, exubérante).

    Aussi considérera-t-on les dépliants invitant à la détente dans des « jardins luxurieux » ou dans une « maison luxurieuse » comme autant de publicités graveleuses !...

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    Remarque 1
    : Il fut un temps où l'adjectif luxurieux possédait les deux acceptions : « exubérance (dans la végétation) » et « qui se livre aux excès (sexuels) ». Il n'a conservé que ce dernier sens lorsque luxuriant est entré dans l'usage.

    Remarque 2 : Quant à l'adjectif luxueux, il signifie « qui se remarque par son luxe ».

     

    Luxuriant / Luxurieux
    Editions Rivages

     


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  • Il faut croire que le français est riche pour parler des pathologies. Ainsi ne compte-t-on pas moins de quatre synonymes pour désigner ce qui peut provoquer ou favoriser l'apparition d'un cancer : cancérigène, cancérogène, carcinogène et oncogène.

    Des substances cancérigènes (ou cancérogènes, carcinogènes, oncogènes).

    Les deux premiers adjectifs sont composés du substantif cancer (« tumeur maligne ») − lui-même tiré du latin cancer, cancri, traduction du grec karkinos (« crabe, écrevisse ») − et du suffixe -gène, emprunté du grec gennân (« engendrer »). Le troisième est composé de carcino-, tiré du grec karkinos déjà évoqué. Quant au dernier, il utilise le préfixe onco-, tiré du grec ogkos (« grosseur, tumeur »).

    Hanse constate que « cancérigène l'emporte nettement sur cancérogène » (j'ajoute : auprès du grand public), mais Bescherelle note de son côté que ce dernier, construit « sur le modèle de pathogène, anxiogène, tend à remplacer cancérigène, moins bien formé », quoique plus ancien.

    Il est vrai que plus d'un puriste de la langue considère le terme cancérigène comme incorrect, sous prétexte que le premier élément des composés savants d'origine grecque reçoit ordinairement la finale -o (et non -i, réservée aux éléments latins) (*). Du reste, ne parle-t-on pas de cancérologie et de cancérologue... et non de cancérilogie ? (on dit également carcinologie et oncologie). Toujours est-il que l'Académie de médecine recommande d'employer cancérogène... quand l'Académie française ne fait aucune différence entre les deux termes. Quel panier de crabes !

    (*) Aussi bien paraît-il plus cohérent d'opter pour carcinogène, irréprochable, plutôt que pour une forme hybride à préfixe latin et à suffixe grec.

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    Remarque
    : Sans entrer dans des détails trop techniques, précisons que certains font la distinction entre cancérogène (« qui favorise l'apparition d'un cancer »), cancérigène (« qui favorise le développement d'un cancer ») et oncogène (« qui favorise le développement des tumeurs »). D'autres encore font remarquer que tous les cancers ne sont pas forcément des carcinomes. Pas simple...

    Cancérigène / Cancérogène

    Son concurrent cancérigène a du plomb dans l'aile...
    (Éditions EDP Sciences)

     


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  • Bien que proches par leur étymologie (du latin cumulare, entasser, amasser) et leur sens, ces deux verbes ne sont pas pour autant synonymes.

    Flèche

    Accumuler


    Accumuler
    signifie « amasser, entasser », au sens propre comme au sens figuré. On notera l'idée de progression dans le temps et de verticalité contenue dans ce mot (pensez à la réalisation d'un tas).

    Verbe transitif, accumuler peut être employé absolument (sans complément, au sens de « thésauriser ») ou à la forme pronominale.

    Accumuler des provisions, des marchandises, des heures de travail, des preuves contre quelqu'un, des dettes, les bêtises, les erreurs, les honneurs, les connaissances, etc.

    Il accumule (des richesses).

    Les dossiers s'accumulent sur son bureau. Les charges s'accumulent contre lui. La neige s'est accumulée sur le toit.

    Flèche

    Cumuler


    Cumuler signifie, en termes de jurisprudence, « assembler, réunir » (cumuler des preuves, des infractions). Dans le langage courant, ce verbe est employé au sens de  « réunir sur sa personne, avoir simultanément la jouissance (de droits, de qualités, d'avantages...) » puis, par extension, « exercer en même temps » (souvent avec une connotation péjorative). Cette fois, c'est l'idée de simultanéité et d'avantage (parfois injustifié) qui prédomine.

    Verbe transitif, cumuler peut être employé absolument (au sens de « occuper abusivement plusieurs emplois »). On notera que son emploi à la forme pronominale, bien que fréquent, n'est pas reconnu par l'Académie ; dans ce sens, on privilégiera s'ajouter, s'amonceler, s'accumuler, se combiner, etc.

    Cumuler les fonctions, les titres, les honneurs, etc.

    Il cumule (des emplois).

    Les indemnités peuvent s'ajouter (de préférence à peuvent se cumuler).

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    Remarque 1 : On peut donc accumuler les honneurs (= en recevoir de plus en plus, dans la durée) ou cumuler les honneurs (= en recevoir plusieurs en même temps, à la fois). En revanche, lorsque l'on évoque des défauts ou des inconvénients, mieux vaut employer accumuler (les sottises, les erreurs, les fautes).

    Remarque 2 : Quand il est question d'objets, (s')accumuler est de rigueur.

    Remarque 3 : On notera que les noms associés sont cumul et accumulation.

    Le cumul des mandats. Une accumulation d'objets.

     

    Cumuler / Accumuler

    Et accumulez les œufs de Pâques !

     


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  • Dans le sens d'« être lent à venir, à se produire », le verbe tarder se construit le plus souvent avec la préposition à (+ infinitif).

    Les secours ont tardé à arriver.

    Je ne vais pas tarder à partir (= je suis sur le point de partir).

    Avec la construction impersonnelle il (me) tarde, qui signifie « je suis impatient, j'ai hâte », on emploie de (+ infinitif) ou que (+ subjonctif).

    Il me tarde de partir en vacances.

    Il nous tarde que vous la rencontriez.

    Le temps lui tarde de venir, que tout soit terminé (= Il lui tarde...).

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    Remarque
    : Tarder, verbe transitif indirect quand il se construit avec les prépositions à ou de, est également un verbe intransitif (c'est-à-dire n'admettant pas de complément d'objet).

    Les secours ont tardé. La police est venue sans tarder.

     

    Tarder
    (Livre de Moritz Petz et Quentin Gréban, Editions Nord-Sud)

     


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  • Les locutions impersonnelles construites avec le verbe aller peuvent poser quelques problèmes de construction.

    Ainsi se gardera-t-on de toute confusion entre il en va (de même, ainsi, autrement...) de (ou pour), qui marque une comparaison et est synonyme de « il en est (de même pour telle personne) », et il y va (de), qui exprime un enjeu et signifie « il s'agit (de) », « ce qui est en jeu, en cause, c'est ».

    Comparez :

    Il en va de même pour moi (= il en est de même pour moi). Il en va tout autrement pour lui (ou de lui). On trouve aussi la construction : Il en va de cette affaire-là comme de l'autre.

    Je ne vous mens pas. Il y va de mon honneur (= il s'agit de mon honneur, mon honneur est en jeu).

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    Remarque 1
    : Louis-Nicolas Bescherelle analysait ainsi le fameux vers de Racine « Il y va de ma gloire ; il faut que je me venge » : Il [= le salut] de ma gloire va [= tend] y [= à cela, c'est-à-dire à me venger].

    Remarque 2 : Napoléon Landais rappelle que « devant le futur et le conditionnel du verbe aller, on supprime toujours le pronom y [par souci d'euphonie] : ainsi on ne dira pas plus il y ira de votre fortune, il y irait de ma vie que j'y irai, tu y irais. Il faut dire : il ira de votre fortune, il irait de ma vie ».

     

    Il en va / Il y va

    C'est Il y va de votre responsabilité qu'il convient d'écrire !
    (article de l'Union des Syndicats agricoles de l'Aisne)

     


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