• Le Journal Officiel enterre le hash... tag !

    « Mot-dièse : Suite signifiante de caractères sans espace commençant par le signe # (dièse), qui signale un sujet d'intérêt et est insérée dans un message par son rédacteur afin d'en faciliter le repérage. »

    (JORF du 23 janvier 2013)

     

     
    FlècheCe que j'en pense


    Voici donc la dernière création en date de la commission générale de terminologie et de néologie : mot-dièse (mots-dièse, au pluriel), en lieu et place du hashtag bien connu des accros des réseaux sociaux.

    Certes, le nouveau-né nous offre un profil plus familier que cet anglicisme formé de la juxtaposition des termes hash (« croisillon », en typographie) et tag (« bribes de conversation »). Problème : le signe associé à ce dernier (le fameux croisillon #) ne saurait être confondu avec le dièse ♯ des musiciens !

    Les membres de la commission auraient-ils été plus inspirés de s'en tenir au néologisme déjà utilisé par nos cousins québécois : mot-clic ? Le débat est ouvert... sous l'œil goguenard de millions de « twitteurs » (ou de « twittos »).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Je suggère : mot-croisé, en attendant de trancher (d'un coup de... hache).

     


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  • Voir plus

    « Mardi, Algirdas Semeta [NDA : commissaire européen à la fiscalité] a implicitement pointé vers un chiffre de 30 milliards, voir plus » (à propos du produit escompté de la future taxe Tobin sur les transactions financières).

    (Jean-Jacques Mevel, sur lefigaro.fr, le 22 janvier 2013)

     

    Voir(e)

    « Le jeu d’ombre et de lumière que permettent ces cellules vient renforcer une dramaturgie faiblarde, voir condescendante » (à propos de la mise en scène de l'opéra de Leoš Janáček, L’Affaire Makropoulos, par Krzysztof Warlikowski, à l'Opéra Bastille).

    (Jean-Christophe Brianchon, sur m2jc.fr, le 1er octobre 2013)

     

     


    FlècheCe que j'en pense


    C'est tout vu : il y a là confusion entre le verbe voir et son homophone l'adverbe voire, employé au sens de « vraiment » et, plus couramment, de « et même » pour renforcer une assertion.

    Joint à plus, voire suggère une quantité plus importante encore ; joint à même, il frise pour beaucoup le pléonasme (voir... plus sur ce sujet dans le billet Voire même).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    30 milliards, voire plus.

    Une dramaturgie faiblarde, voire condescendante.

     


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  • Les effluves se sont répandu(e)s

    « Des effluves de gaz se sont répandues dans la nuit de lundi à mardi depuis une usine chimique de Rouen jusqu'à la région parisienne. »

    (lu sur le site lexpress.fr, le 22 janvier 2013)

     


    (Tableau d'Eugen Bracht, source Wikipédia)

     
    FlècheCe que j'en pense


    Et voilà qu'une fuite de gaz ravive la guerre des sexes...

    Pourquoi certains s'entêtent-ils à faire d'effluve un mot du genre féminin ? Sans doute en raison de sa terminaison, au parfum de cuve ou d'étuve.

    L'étymologie nous indique pourtant que le mot est masculin : emprunté du neutre latin effluvium (« écoulement »), qui a également donné effluent, effluve – le plus souvent employé au pluriel – désigne une émanation : odorante, au propre, et d'ordre moral et psychologique, au figuré.

    Pour autant, reconnaissons que d'excellents écrivains se sont laissé aller à la faute de genre : « Les effluves du sombre et du profond, mêlées / À vos effusions » (Hugo) ; « des effluves amoureuses » (Flaubert) ; « effluves amollissantes » (A. Daudet) ; « Les effluves bleues » (Verlaine) ; « effluves odoriférantes » (Proust) ; « Une effluve plus forte » (Giraudoux).

    Est-ce pour cette raison que Larousse, qui tient à rester dans le vent, s'est cru obligé de préciser que le mot est « parfois féminin au pluriel » ? Grevisse, quant à lui, note que le bougre « est souvent féminin au XIXe siècle, moins souvent au XXe ». L'avis de Littré est pourtant sans nuages : « On fait souvent ce mot féminin ; c'est une faute ; il est masculin ».

    On ne s'étonnera pas que, devant pareille cacophonie, plusieurs milliers de personnes se soient senti(e)s la tête dans le gaz...


    AstuceMoyen mnémotechnique : pensez à Cyrano et à son « nez fleuve » (comme on dit un roman fleuve)... pour un effluve, liaison comprise.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Des effluves de gaz se sont répandus.

     


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  • Des touristes Russes

    « Les prévisions météorologiques ne prévoient pas d'accalmie ces prochains jours [...] Claire Chazal faisait état d'un grave accident d'autocar survenu près de Chambéry, lequel transportait des touristes Russes. »

    (lu sur le site Télé-Loisirs.fr, le 21 janvier 2013)

    (photo TF1.fr)

     
    FlècheCe que j'en pense


    Claire Chazal dérape en direct, samedi 19 janvier 2013 dans le journal de vingt heures, et voilà que la Toile en fait une montagne : « 20 morts, dont trois graves » a cru bon de préciser – fort maladroitement, cela va sans dire – la présentatrice, à propos d'un grave accident survenu près de Chambéry.

    « La boulette ! » [NDA : de neige] titre le site de Télé-Loisirs, qui ferait bien de balayer (ladite neige) devant sa porte avant de faire des gorges chaudes de la sortie de route de la présentatrice vedette de TF1. En effet, évoquer « des prévisions qui ne prévoient pas » puis « des touristes Russes » ajoute la coquille au pléonasme. Pas de quoi faire froid dans le dos, j'en conviens, mais suffisamment pour justifier le gel des hostilités.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les prévisions météorologiques n'annoncent pas d'accalmie ces prochains jours (...) Claire Chazal faisait état d'un grave accident d'autocar, lequel transportait des touristes russes.

     


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  • Passée cette étape

    « Passée cette étape, distributeurs et consommateurs seront à même de mieux comprendre la problématique et de faire leur choix d’achat sur des bases rationnelles » (à propos de la controverse sur la nocivité supposée de l'aspartame).

    (Michel-Édouard Leclerc, sur son blog, le 15 janvier 2013)

     
    FlècheCe que j'en pense


    Placé avant le nom auquel il se rapporte, passé (ainsi que les participes attendu, excepté, vu, etc.) est généralement considéré comme une préposition et reste donc invariable. Après le nom, il est adjectif et s'accorde.

    Passé vingt heures, il ne viendra plus mais Il est vingt heures passées.

    Quant à problématique, voilà un terme dont notre époque abuse et qui est l'objet d'une controverse à peine plus édulcorée que celle concernant l'aspartame.


    Voir également les billets Locutions prépositives et Problématique.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Passé cette étape (mais : Cette étape passée), distributeurs et consommateurs seront à même de mieux comprendre l'enjeu.

     


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