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Les effluves se sont répandu(e)s
« Des effluves de gaz se sont répandues dans la nuit de lundi à mardi depuis une usine chimique de Rouen jusqu'à la région parisienne. »
(lu sur le site lexpress.fr, le 22 janvier 2013)
(Tableau d'Eugen Bracht, source Wikipédia)
Ce que j'en pense
Et voilà qu'une fuite de gaz ravive la guerre des sexes...Pourquoi certains s'entêtent-ils à faire d'effluve un mot du genre féminin ? Sans doute en raison de sa terminaison, au parfum de cuve ou d'étuve.
L'étymologie nous indique pourtant que le mot est masculin : emprunté du neutre latin effluvium (« écoulement »), qui a également donné effluent, effluve – le plus souvent employé au pluriel – désigne une émanation : odorante, au propre, et d'ordre moral et psychologique, au figuré.
Pour autant, reconnaissons que d'excellents écrivains se sont laissé aller à la faute de genre : « Les effluves du sombre et du profond, mêlées / À vos effusions » (Hugo) ; « des effluves amoureuses » (Flaubert) ; « effluves amollissantes » (A. Daudet) ; « Les effluves bleues » (Verlaine) ; « effluves odoriférantes » (Proust) ; « Une effluve plus forte » (Giraudoux).
Est-ce pour cette raison que Larousse, qui tient à rester dans le vent, s'est cru obligé de préciser que le mot est « parfois féminin au pluriel » ? Grevisse, quant à lui, note que le bougre « est souvent féminin au XIXe siècle, moins souvent au XXe ». L'avis de Littré est pourtant sans nuages : « On fait souvent ce mot féminin ; c'est une faute ; il est masculin ».
On ne s'étonnera pas que, devant pareille cacophonie, plusieurs milliers de personnes se soient senti(e)s la tête dans le gaz...
Moyen mnémotechnique : pensez à Cyrano et à son « nez fleuve » (comme on dit un roman fleuve)... pour un effluve, liaison comprise.Ce qu'il conviendrait de dire
Des effluves de gaz se sont répandus.
Tags : effluves, genre, masculin, féminin
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