• « Un nombre croissant de régions en Allemagne, pays très décentralisé, s'affranchissent des consignes de prudence d'Angela Merkel et font cavalier seul. »
    (paru sur lefigaro.fr, le 6 mai 2020.)  

     

    FlècheCe que j'en pense


    L'expression faire cavalier seul doit-elle varier en nombre ? me demande en substance un correspondant. Eh bien, figurez-vous que nos habituels ouvrages de référence, toutes écuries confondues, sont désespérément muets sur la question : pas la moindre mention « locution invariable » ni le moindre exemple avec un sujet pluriel à se mettre sous la dent...

    Dans son analyse des locutions du type verbe + substantif objet direct sans article, le linguiste Hervé Curat nous met toutefois sur la voie : « Faire bande à part, faire cavalier seul, comme faire équipe, renvoient à des comportements qui, certes, sont en principe des comportements d'être animés, mais ces comportements, pris en eux-mêmes, ne sauraient être considérés comme des être animés » (La Locution verbale en français moderne, 1982). Et il ajoute : « On notera un certain parallèle entre le fait que tous les substantifs en locution sont invariables en nombre et tendent à être au singulier, et le fait qu'ils soient tous invariables en genre et ne renvoient plus en français moderne qu'à des inanimés. » Autrement dit, nous aurions ici affaire à une locution figée au masculin singulier.

    Rien que de très conforme à l'étymologie, me direz-vous. Car enfin, le cavalier seul désigne depuis le début du XIXe siècle (1) une figure de danse propre au quadrille français, où l'homme (le cavalier de bal) danse seul : « Cette figure fournissait aux cavaliers l'occasion de faire montre de leur talent. [Il s'agissait d'un] solo de cavalier, qui n'était pas toujours exempt d'une certaine prétention » (Henri Cellarius, La Danse des salons, 1847) (2). De là l'idée de se détacher du groupe, de se mettre en avant, qui est passée par figure, dans la langue populaire puis courante, de danser, pincer, exécuter, improviser, esquisser, faire un (ou le) cavalier seul (proprement « exécuter une figure de danse ») (3) à faire cavalier seul (sans article), au sens de « avoir le comportement du cavalier seul, de celui qui exécute un (le) cavalier seul », à savoir « agir isolément, de façon indépendante » (4) : « La pluie redouble, le vent commence à faire cavalier seul... » (Paul Siraudin, 1855), « Les Pays-Bas font cavalier-seul dans le quadrille européen » (journal Gil Blas, 1882), « Nous aussi, nous gravitons les uns autour des autres, sans nous rencontrer, sans nous fondre. Chacun faisant cavalier seul » (Roger Martin du Gard, 1940), « Les chevaliers d'Arthur, quand ils ne sont pas réunis à la cour d'Arthur, font cavalier seul » (Jean Markale, 1985), « Dans l'espace ouvert par le traité de Schengen, n'est-il pas inopérant de faire cavalier seul ? » (Jean-Marie Rouart, 2017).

    Au demeurant, le singulier se justifie d'autant plus, dans cette affaire, que cavalier seul, comme terme de danse, était souvent tenu pour invariable, parfois même orthographié avec un trait d'union : « Je vais me désosser à faire des cavalier seul » (Victor Hugo, 1866), « [Ils] exécutaient des "cavalier-seul" qui arrachaient à l'assistance d'unanimes applaudissements » (Ernest d'Hervilly, 1875), « [Il] risquait des "cavalier seul" sur les mains » (Alphonse Daudet, 1876) (5). Aussi ne peut-on que s'étonner de trouver la locution figurée orthographiée au pluriel, jusque sous les sabots de pur-sang de la langue : « Certes, notre conjugaison est difficile, au troisième groupe surtout, où les verbes font presque cavaliers seuls » (René Georgin, Guide de la langue française, 1969), « Les Tchétchènes [...] décident de faire cavaliers seuls » (Hélène Carrère d'Encausse, Victorieuse Russie, 2014). Distraction ? fièvre de cheval ? coquille d'éditeur ? ou bien influence de la variante jouer les cavaliers seuls, formée sur le modèle de jouer les (naïfs, victimes, justiciers...) « feindre un sentiment, simuler une attitude » : « Une fracture a commencé à s'esquisser au sein du parti, où Jean-Pierre Raffarin a joué les cavaliers seuls » (Jean-Marie Rouart, 2015), d'où, par télescopage avec le tour familier (se) la jouer perso, « Il m'a semblé que Xavière et toi la jouiez cavaliers seuls » (Yann Queffélec, 2002) ?

    Dans le doute, mieux vaut encore réserver l'expression faire cavalier seul à un sujet au singulier. Histoire d'éviter tout faux pas chorégraphico-grammatical...

    (1) « Le chef d'orchestre dit à diverses reprises d'une voix forte. La camargo... le moulinet... en avant quatre... un cavalier seul... la queue du chat... (la contredanse finit.) » (Joseph Aude, 1813), « La figure du cavalier seul » (Grand Larousse du XIXe siècle, 1869).

    (2) Ceux qui sont persuadés que l'expression est née sur un champ de courses hippiques se consoleront en apprenant l'existence de quadrilles équestres : « Dans son quadrille équestre, M. François Baucher admet toutes les figures de l'ancienne contredanse [...], mais il en bannit la plus difficile, un cavalier seul en avant », lit-on dans le Nouveau Manuel complet d'équitation (1860) d'Armand-Denis Vergnaud.

    (3) « Gens [...] qui toute leur vie ont l'air de danser le cavalier seul » (Eugène Sue, 1843), « [Il] excellait à faire le cavalier seul » (Flaubert, 1845), « On grimpait sur les chaises [...] pour lui voir exécuter le cavalier seul » (Xavier de Montépin, 1853), « Il fut incapable de danser le "cavalier seul" de la pastourelle » (Champfleury, 1853), « Je me serais mis à danser un cavalier seul, grisé que j'étais par un certain quadrille guerrier d'Arban » (Ernest Blum, 1861), « Il exécuta un cavalier seul échevelé » (Émile Gaboriau, 1868), « Il a fait un cavalier seul très brillant » (Louis Veuillot, 1876), « [Il] tortillait un cavalier seul du temps de la Grande Chaumière » (Alphonse Daudet, 1884), « Le tout se termine par un petit quadrille folichon, où les femmes exécutent le cavalier seul » (Richard O'Monroy, 1890).

    (4) Il est à noter que les expressions cavalier seul et faire cavalier seul ont été reprises dans le jargon sportif (d'abord cycliste), où l'idée de supériorité, de domination l'a emporté sur celle d'indépendance : « La seconde série [d'un championnat de cyclisme] n'a été qu'un walk-over, [comprenez :] épreuve où un coureur court tout seul. Le malin public parisien a caractérisé d'un mot la course fournie par M. de Vasselot : Cavalier seul ! » (journal Le Vélo, 1893), « Cette belle course fut marquée par un cavalier seul de Stablinski qui fit ce qu'il voulut tout au long de l'épreuve » (Philippe Godard, 1979), « Faire cavalier seul, en parlant d'un concurrent ou d'une équipe, montrer sur les autres une grande supériorité et gagner sans être inquiété » (Larousse en ligne).

    (5) À côté de : « [Un danseur], qui avait pris place dans le plus réputé des quadrilles pour remplacer une célébrité absente, [...] exécutait des cavaliers seuls bizarres qui soulevaient la joie et l'ironie du public » (Guy de Maupassant, 1890).

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


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  • Un virus d'un drôle de genre

    « Jusqu'au 11 mai, chaque sortie du domicile doit être justifiée par une attestation de déplacement [...]. Les versions papiers sont toujours autorisées. »
    (Anaïs Thiébaux, sur journaldesfemmes.fr, le 1er mai 2020.)  

     

    FlècheCe que j'en pense


    Curieuse, cette marque du pluriel mise au nom papier, lui-même juxtaposé au nom versions. Car enfin, il n'est que trop clair que l'on a ici affaire à une réduction de versions sur papier (de la précieuse attestation de déplacement), par opposition aux versions électroniques, téléchargeables sur un téléphone portable. Partant, papier se doit de rester au singulier : « Est-ce que les versions papier des journaux finiront par disparaître ? » (Office québécois de la langue française).

    Renseignements pris, l'ellipse de la préposition sur devant le substantif papier ne date pas d'hier. Elle est attestée sur le papier depuis au moins la fin du XVIIIe siècle : « Les douze premières épreuves seront jointes aux douze exemplaires papier vélin » (Journal politique, 1784), mais c'est à l'ère numérique que se sont multipliées les combinaisons (copie papier, déclaration papier, document papier, édition papier, tirage papier, version papier...), jusque sous des plumes avisées : « Le tirage [de tel journal] atteint 150 000 exemplaires pour la seule édition papier » (Bernard-Henri Lévy, 2003), « [Les premiers volumes] n'avaient pas bénéficié d'autre chose que d'une version papier » (Jean Pruvost, 2006), « [Des formes] enfouies au fond de la mémoire d’un vieil ordinateur ou dans la version papier de Dire, Ne pas dire » (site Internet de l'Académie, 2015), « Version papier, version numérique » (site Défense de la langue française), « Dans les concours de dictées, on s'en tient traditionnellement, pour Larousse, à la version papier du PLI » (Jean-Pierre Colignon, 2019), « J'aurai à y revenir dans le cadre d'une prochaine chronique papier » (Bruno Dewaele, 2020).

    Quant à ceux qui tiennent à employer un adjectif pour faire pendant à électronique ou à numérique, ils gagneront à recourir, selon le contexte, à imprimé ou à manuscrit : « Le support numérique offre une grande souplesse dans la présentation des informations, comparativement à une version imprimée » (site Internet de l'Académie) et à fuir comme la peste-19 les formules copies dures, copie en dur qui commencent à contaminer la Toile, sous l'influence de l'anglais hard copy...

    Remarque : Cet emploi comme réduction syntaxique a beau être absent des articles consacrés au substantif papier, il n'est pas inconnu de nos dictionnaires. Jugez-en plutôt : « Quotidien ou périodique ayant une version papier et une version électronique » (article « bimédia » du Larousse en ligne), « Les Éditions Le Robert proposent des dictionnaires de référence en français [...], disponibles en version papier ou numérique » (site Internet desdites éditions).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les versions (sur) papier ou les versions imprimées (voire manuscrites).

     


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  • Un virus d'un drôle de genre

    « L'objectif est que le système sanitaire soit en capacité de supporter le déconfinement mais aussi que les Français apprennent à vivre avec le virus.  »
    (Propos de Sibeth Ndiaye, rapportés dans lemonde.fr, le 22 avril 2020.)  

     

    FlècheCe que j'en pense


    Parmi toutes les expressions à la mode, être en capacité de fait partie des rares à ne pas avoir encore reçu la consécration des dictionnaires. C'est que l'intéressée, quand elle serait dans toutes les bouches, même masquées, n'est pas en odeur de sainteté chez les spécialistes de la langue :

    « Sur le modèle de [l'anglicisme] Être en charge de, on trouve aussi Être en responsabilité de ou Être en capacité de [qui remplacent trop souvent les expressions justes Être chargé, responsable, capable de et Avoir la charge, la responsabilité, la capacité de] » (site Internet de l'Académie française, 2012),

    « Quand j'entends un ministre déclarer "nous sommes en capacité de" au lieu de "nous avons la capacité de", je dis non, car il n'utilise pas une tournure française » (Hélène Carrère d'Encausse, 2020),

    « La formule être en capacité de est un anglicisme critiqué » (site Orthodidacte),

    « Même les responsables de mouvements syndicaux donnent dans ce jargon élitiste et tombent dans le piège de l'anglomanie en se targuant d'être en capacité de trouver une sortie de crise : être capable de est sans doute trop vulgaire et pas assez contourné » (Léon Karlson, Parlez-vous correctement français ?, 2009),

    « [La préposition] en dégage un parfum d'officiel qui permet aux importants d'en rajouter : Je peux le faire est plus plat que je suis en capacité » (Didier Pourquery, Les Mots de l'époque, 2014).

    « Pourquoi persister à employer cet anglicisme hideux ? » (Alexandre des Isnards, Dictionnaire du nouveau français, 2017).

    Nous aurions donc affaire, au mieux, à une formule jargonnante, lourde et prétentieuse, au pis, à un anglicisme inutile. Voilà qui mérite que l'on y regarde de plus près.

    Première surprise : ladite expression a beau être d'un emploi assez rare avant la fin du XXe siècle, elle est attestée... depuis le XVIIe siècle ! Je n'en veux pour preuve que ces exemples glanés au fil de mes recherches confinées : « Les Bien-heureux sont tout vuides d'eux-mesmes et en capacité de se contenir les uns les autres » (Jean-Jacques Olier, 1657), « [Le monastère de Lérins] recevoit des enfans en âge, et il les rendoit bien-tost Pères en capacité de gouverner les Eglises » (Antoine Godeau, 1665), « Être en capacité de faire tout avec poids et mesure sans précipitation » (Lettres spirituelles attribuées à Jacques Bertot, publiées en 1726 mais écrites dans la seconde moitié du XVIIe siècle), « Ceux qui sont en droit et en capacité d'en [= des testamens olographes] faire » (Pierre-Jacques Brillon, 1727), « Toute volonté du soldat [...] étoit réputée un valable testament, et par conséquent en capacité de pouvoir revoquer les testamens qu'il pourroit avoir faits auparavant » (François de Cormis, 1734), « L'on conçoit que le but de cette disposition étoit que le donateur, après la donation, ne fût plus en capacité d'y déroger » (David Hoüard, 1780), « La ditte communauté se trouve en capacité d'en remettre les fonds à la ditte fabrique » (Registre de la ville de Breux, 1805), « Le reproche qu'on lui fait, c'est la fatuité avec laquelle il a cru [...] qu'il était en puissance et en capacité de vaincre ou de mourir » (Louis Veuillot, 1872), « Associés, nous sommes en capacité d'arrêter la machine énorme » (Stanislas-Arthur-Xavier Touchet, 1904), « La volonté n'est pas toujours en capacité de faire ce qu'elle veut » (Éric-Emmanuel Schmitt, 1997), « La position d'immobilité met en capacité de réfléchir et de travailler intensément » (Jean-Paul Dubois, 2017). Quelques académiciens comptent même parmi les contrevenants : « La quantité [...] de jeunes gens qui sont en volonté, en puissance, et en capacité de continuer les études » (Gabriel Hanotaux, 1902), « La France, elle aussi, est en capacité de relever les défis d'aujourd'hui et de demain » (Maurice Druon, 1987).

    L'exemple d'Hanotaux est particulièrement intéressant, dans la mesure où il laisse entendre que l'emploi de la construction être en + substantif + de + infinitif pour avoir + (article) + substantif + de + infinitif n'a rien d'exceptionnel en français. Et c'est là la deuxième surprise : (avec volonté comme substantif) « Nous sommes tous en voulenté de mettre mort cellui qui nous a fait si grant vitupere et si grant deshonneur » (Jean d'Arras, vers 1393), « [Ils] estoient en volenté de ocire tous les archiers » (Jean Froissart, avant 1410), « [La lionne] s'approche, plus sçavante, en volonté de lire » (Mathurin Régnier, 1608), « Elle ne fut en état ni peut-être en volonté de donner » (Voltaire, 1763) ; (avec puissance) « Ce qui est en puissance de recevoir nouvelles formes » (François de Fougerolles, 1597), « N'étant plus [...] en puissance de faire aucun bien » (Rousseau, 1775) ; (avec droit) « [Les] tristes réflexions qui seroient en droit de nous accabler journellement » (Mme de Sévigné, 1685), « Si vous entriez dans une république [...] où chaque famille se crût en droit de se faire justice à elle-même » (Fénelon, avant 1699) ; (avec pouvoir) « C'étoit assez qu'il voulût la paix, puis qu'il étoit en pouvoir de la faire » (Jean Le Laboureur, 1656), « Il y a bien de la différence entre être en pouvoir de faire une chose sans en rendre compte et être en droit de la faire » (Pierre Jurieu, 1687), « Les grands qui sont en pouvoir de faire du bien n'en font gueres » (Dictionnaire de Furetière, 1690) ; (avec possibilité) « Certains capitaines qui sont en possibilité de s'y [= à des instructions] conformer » (M. de Langeais, 1723), « Il en est peu à qui l'on fût en possibilité de faire rendre compte de [...] » (Antoine Pecquet, 1753).

    D'aucuns feront sans doute observer que certaines de ces expressions étaient déjà suspectes en leur temps. Que l'on songe à Jean-François Féraud, qui écrivait en 1788 : « On dit, avec le verbe être impersonnel, en ma puissance, en sa puissance [de faire]. Mais on ne dit point être en puissance de faire » (Dictionnaire critique de la langue française(1). Le tour se trouve pourtant dans la première édition (1694) du Dictionnaire de l'Académie : « Il est en puissance de vous obliger » (2) et encore dans le Dictionnaire national (1846) de Louis-Nicolas Bescherelle : « Être en puissance de. Avoir les moyens, la faculté de. Vous n'êtes pas en puissance de m'être utile dans cette affaire. J'étais peut-être le seul en puissance de le servir » (3). À l'inverse, Jean-Paul Jauneau considère que « être en droit de (+ infinitif) est plus littéraire que avoir le droit de ». Tout cela est affaire de goût et d'époque...

    D'autres, pour en revenir au cas qui nous occupe, ne manqueront pas de remarquer que l'anglais du XVIIe siècle connaissait aussi la construction to be in capacity of doing something : « Ministers are in capacity of taking the overfight of such and such congregations » (James Durham, avant 1658). De là à en conclure que être en capacité de est un prêt gracieux de Sa Majesté, il y a une distance d'un bon mètre que je me garderai bien de franchir. Car enfin, comment savoir, à ce stade, quelle langue a influencé l'autre ? Et quand bien même les Anglais auraient tiré les premiers, ce qui n'est jamais exclu, il y aurait prescription après plus de trois cent soixante ans !

    Vous l'aurez compris : être en capacité de (+ infinitif) a surtout l'air d'être un archaïsme, remis au goût du jour dans les années 1980. Et c'est là que les choses se compliquent : comment expliquer ce retour en grâce ?
    Par (fausse) analogie avec le tour être en charge de, comme le suppose l'Académie ? C'est oublier un peu vite, me semble-t-il, que ce dernier se construit surtout avec un nom complément.
    Par emprunt à la langue de Shakespeare ? To be in capacity of doing something paraît pourtant nettement moins courant en anglais moderne qu'en anglais du XVIIe siècle.
    Par analogie avec l'expression antonyme être dans l'incapacité de (+ infinitif) (4) ? C'est possible. Après tout, les dictionnaires acceptent sans ciller être dans l'incapacité de à côté de être incapable de ; pourquoi rechigneraient-ils à admettre être en capacité de à côté de être capable de ? D'autant que des voix s'élèvent désormais pour établir une distinction entre les deux constructions : « C'est une chose de considérer quelqu'un comme un incapable, c'en est une autre de concevoir [...] que toute personne est "en capacité de", en référence à la notion de potentialité, mais que cette capacité ne peut se réaliser effectivement à ce moment-là [...]. Il ne s'agit plus ici de la responsabilité de la personne mais de celle de l'environnement » (Claude Deutsch, 2017). Autrement dit, être capable de suppose de la part de l'intéressé une « capacité permanente et reconnue » (Petit Robert), quand être en capacité de y ajouterait l'idée que les conditions extérieures de réalisation de ladite capacité sont réunies à un moment donné.

    Tout bien considéré, le seul véritable reproche que l'on puisse faire à être en capacité de, c'est sa fréquence d'emploi en français contemporain. Le tour s'y répand à la vitesse d'un coronavirus au galop, au détriment de être capable de, être en mesure de, avoir la capacité de, avoir les moyens de, pouvoir, etc. Pas sûr qu'un simple comprimé de chloroquine suffise à restaurer les capacités immunitaires de ces moribonds...
     

    (1) Féraud n'appréciait pas davantage le tour être en mesure de.

    (2) Notons toutefois que cet exemple sera remplacé dans les éditions suivantes par : « S'il a envie de vous obliger, il en a la puissance. »

    (3) Suivi de la mention : « Omission des dictionnaires. »

    (4) Elle-même attestée depuis le XVIIe siècle : « Non seulement il n'est pas François estant estranger, mais il est mesme dans l'incapacité de le devenir, estant Sicilien » (Charles Du Faur, 1653).

    Remarque : Voir également le billet Être en charge de.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La même chose (?) ou soit capable de (en mesure de).

     


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  • Des vertes et des pas matures...

    « Le Président a montré, lundi soir, une communication plus mature, s'adressant à un peuple adulte et responsable. »
    (Arnaud Benedetti, sur atlantico.fr, le 14 avril 2020.)  

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Arno Mikkor.)

     

    FlècheCe que j'en pense


    À en croire le site de la Mission linguistique francophone, « en français, le contraire d'immature n'est pas mature (anglicisme) mais mûr » et réciproquement. Oserai-je avouer, après mûre réflexion, que cette affirmation me laisse un brin perplexe ? D'abord, dit-on d'un fruit encore vert qu'il est... immature ? Dans les ouvrages techniques, peut-être ; mais dans la langue courante, on dira bien plus sûrement qu'il n'est pas mûr, voire qu'il n'est pas parvenu à maturité. Ensuite, je ne vois pas bien en quoi l'adjectif immature serait moins suspect d'anglicisme que mature (si tant est que l'on ne confonde pas ce dernier avec le substantif chapeauté mâture, lequel désigne en bon français l'ensemble des mâts d'un navire).

    Dérivés de maturus (« mûr, parvenu à maturité ; prompt, hâtif ; qui a atteint tout son développement »), mature (XIIIe ou XIVe siècle, selon les sources) et son préfixé immature (fin du XVe siècle) sont deux latinismes, un temps passés de mode (contrairement à maturité, maturation, immaturité, qui se sont maintenus dans l'usage), puis repris à la fin du XIXe siècle sous l'influence de l'anglais technique, ainsi que le confirme le Dictionnaire de la langue française : « La reprise du mot [mature] à propos des humains n'a rien à voir avec l'archaïsme ; c'est un anglicisme, l'adjectif anglais mature, de même origine latine, étant resté usuel », « Par emprunt à l'anglais immature, l'adjectif [immature] a été repris en biologie (1897), puis (XXe siècle) en psychologie ». Tous deux ont essuyé le feu de la même critique : « L'adjectif mature a longtemps été considéré comme un anglicisme au sens de "qui a atteint une maturité psychologique" en parlant des personnes » (Portail linguistique du Canada), « Immature est le décalque du mot anglais immature, car mature n'existe pas chez nous alors qu'il existe en anglais (of mature years, "d'âge mûr") » (Étiemble, 1959), « Il ou elle est immature, pour employer cet anglicisme qui fait florès aujourd'hui » (Marie-Louise Audiberti, 2003), « [Il a longtemps craint] de passer pour puéril, immature comme disent si laidement les psychologues contemporains » (René Girard, 2005). Tous deux ont été logés à la même enseigne dans le Dictionnaire de l'Académie, à savoir... aux abonnés absents (du moins jusqu'au début des années 2000) ! Dupré relève toutefois une différence de taille entre les intéressés : « Il est indubitable qu'immature est un calque de l'anglais, où ce mot est le contraire de mature, "mûr". Mais on ne voit pas par quoi le remplacer ; l'existence en français de maturité lui donne une motivation suffisante pour qu'il soit parfaitement clair ; et il n'a rien d'étranger dans sa graphie ni dans sa phonétique (à condition de ne pas prononcer à l'anglaise). » Autrement dit, l'anglicisme immature serait admissible faute de mieux, contrairement à mature qui fait double emploi avec mûr. Et c'est là que les choses se compliquent.

    D'abord, Dupré oublie un peu vite qu'est attesté en français un antonyme morphologique de mûr : je veux parler de l'adjectif immûr. Certes, je vous l'accorde, son allure n'est pas très engageante − doit-il se prononcer im-mur, comme le préconisait Alexander Spiers en 1861, ou in-mur, comme indiqué dans le Wiktionnaire ? (1) −, mais enfin, il a le mérite d'exister (depuis le XVIe siècle, tout de même) et d'être bien de chez nous. Ferdinand Brunot, dans son  Histoire de la langue française (1930), y voit une « création isolée et peu viable » ; je vous laisse en juger par vous-même : « Les fruicts immeurs seront à grand esclandre » (Nostradamus, 1556), « Des prunes et des prunelles immeures » (Paul Bienassis, 1563), « Les espèces [de végétaux] les plus grasses et les plus douces donnent plus d'esprits que celles qui sont immeures, aigres et seiches » (Bernard Du Teil, 1659), « Un soufre immûr, immaturum, volatil, corrosif, selon le langage de l'ancienne chymie » (Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, 1751), « Amiante verte immûre » (Barthélemy Faujas de Saint-Fond, 1778), « Mûr, ûre, adjectif. Immûr, ûre » (Vocabulaire de nouveaux privatifs français [pas si nouveaux que ça...], 1794), « Immature, adjectif. Immûr, qui n'est pas mûr ; au figuré, prématuré, précoce, qui arrive avant le temps » (A New Dictionary, 1805), « Les meilleures poires étant mures sont les plus méchantes étant immures » (Jean-Baptiste Van Mons, 1836), « Immûr, ûre, adjectif. Qui n'est point parvenu à maturité » (Louis Barré, Complément du Dictionnaire de l'Académie, 1842), « Immûr, ûre, adjectif. Qui n'est point mûr, qui n'est point parvenu à maturité. Fruit immûr » (Louis-Nicolas Bescherelle, Dictionnaire national, 1846), « La chrysalide est encore immûre [traduction de l'anglais The chrysalis is yet immature] » (L'Apiculteur, 1865), « L'état immûr des champignons » (C. A. J. A. Oudemans, 1876), « Leurs sucs sont aqueux et immûrs » (Jean Mavéric, La Médecine hermétique des plantes, 1911), « L'or philosophique est, en réalité, jeune et immûr » (Eugène Canseliet, 1945), « Cet aspect anti-idéologique, obscur, immûr, aveugle du phénomène » (Dominique de Roux, 1971), « Un sommeil immûr » (Yabda Amaghestan, 1981), « [Une] gousse verte contenant des graines immûres » (Daniel Gilliéron, 2016).

    Ensuite, nombreux sont ceux qui croient percevoir une nuance entre mûr et son doublet savant mature. À commencer par les académiciens eux-mêmes, lesquels semblent n'admettre mature que dans des emplois techniques : « Qui a atteint la maturité. Biologie. Une cellule mature. • Spécialement. Se dit d'un poisson prêt à frayer » (neuvième édition de leur Dictionnaire), contrairement à mûr et à immature, censés pouvoir se dire aussi des êtres humains (2). D'autres font valoir, à tort ou à raison, que mûr qualifie désormais plutôt le développement physiologique (un fruit mûr ; un homme mûr, « ayant atteint un certain âge »), et mature, le développement psychologique (un homme mûr pouvant faire preuve d'immaturité) (3)... à moins que ce ne soit l'inverse : un enfant mûr pour son âge et une femme à la peau mature. L'usage, vous l'aurez compris, est encore hésitant...

    Toujours est-il − et c'est là l'objet de mon propos − que rien ne justifie la différence de traitement que d'aucuns cherchent à introduire entre mature et immature. Les deux adjectifs ont suivi la même évolution dans notre langue, et plus d'une bonne plume contemporaine ne peut se résoudre à pratiquer le deux poids deux mesures qui consiste à refuser à l'un le statut de réfugié linguistique accordé à l'autre : « [Être] plus matures lorsqu'on se sent anéantis » (Yves Simon, 2007), « Adopter une attitude autrement mature » (Bruno Dewaele, 2011), « Mais je ne crois pas que nous soyons plus [...] matures que vous » (Bernard Pivot, 2012), « Le voilà aujourd'hui avec une tête d'homme mature dans un corps de gamin » (Louis-Philippe Dalembert, 2013), « Le véritable désir d'écrire est toujours l'expression mature d'une douleur longtemps fermentée » (Thierry Cohen, 2014), « Des amitiés [...] plus matures et plus équilibrées » (Patrick Besnier, 2015), « M. Philippe n'est pas à l'aise dans ses années matures » (Yann Moix, 2018). Quant à ceux qui craignent de se voir taxer de snobisme (4) ou... d'amaturisme, ils pourront toujours ignorer en bloc ces latinismes doublés d'anglicismes, au profit des irréprochables : mûr (vert, pas mûr, voire immûr ?), adulte (jeune), (dé)raisonnable, (ir)réfléchi, posé, sage, qui fait preuve de maturité (d'immaturité), de maturité (de jeunesse), qui présente les premiers signes de vieillissement, développé, achevé, approfondi, etc. La langue française, convenons-en, n'est pas avare d'équivalents mûris sous nos latitudes.

    (1) Selon le TLFi, la prononciation [im] est de rigueur dans les dérivés formés dès le latin (immaculé, immuable, immanent, immerger...), et la prononciation [in], dans ceux formés à partir du français (immangeable, immanquable, immettable...).

    (2) « En parlant d'une personne. Qui a atteint l'âge où toutes les qualités, toutes les capacités sont pleinement développées. Homme mûr, femme mûre. Par métonymie. L'âge mûr, qui fait suite à la jeunesse et aux premiers temps de l'âge adulte. • Spécialement. Qui montre un esprit sage, posé et réfléchi. Une personne mûre et digne de foi. Cet enfant est mûr pour son âge. Par métonymie. Dans les expressions Mûre réflexion, mûre délibération, où l'on pèse toute chose avec soin. Nous ne pourrons nous décider qu'après mûre réflexion » (neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, article « mûr »), « Qui n'est pas encore parvenu à maturité. Un organe immature. Des cellules, des individus immatures. Spécialement. Se dit d'une personne dont l'esprit n'est pas mûr, dont le caractère n'est pas affermi. Un adolescent immature. Un comportement immature » (Ibid., article « immature »).

    (3) « Si l'on dit d'un fruit qu'il est mûr, on dit désormais plus facilement d'un individu qu'il est mature, bien que cela s'applique surtout à son état psychique et mental » (Jean-Michel Lueza, Défense de la langue française, 2013).

    (4) « Fi donc du snobisme qui méprise l'adjectif mûr et le participe mûri pour leur préférer mature ! » (Jean-Michel Lueza, Défense de la langue française, 2013).
     

    Remarque 1 : Emprunté du latin maturus, mature est attesté en moyen français au sens moral de « posé, réfléchi » : « Manière mature » (Gilles Le Muisit, vers 1350), « Mature deliberation » (Charte de Lons-le-Saunier, 1364), puis au sens de « parvenu à son plein degré de développement, mûr » : (en parlant d'un fruit) « Cerizes doulces et matures » (Bernard de Gordon, édition de 1495), (en parlant d'un abcès) « Ce qui estoit non mature mais ferme Dedens le corps en part par pourriture » (Pierre Gringore, 1510), (en parlant de l'âge) « Aage mature » (Jean Bouchet, 1545). Souvent mal distingué du participe passé du verbe maturer − comparez : « Comment les pustulles sont rompues après que ilz sont maturees » (Le Guidon en français, 1490) et « [...] après que ilz sont matures » (Ibid., édition de 1503) −, l'adjectif a fini par sortir de l'usage courant au profit de son doublet populaire mûr (attesté quant à lui depuis le XIIe siècle sous les formes meur, maur). Selon le Dictionnaire historique de la langue française, mature « a été repris avec deux acceptions techniques, à propos d'un poisson prêt à frayer et, par emprunt à l'anglais mature, en biologie animale, végétale [individus matures, Maximilien de Chaudoir, 1869], parfois même en psychologie ». Quant au préfixé immature, emprunté ultérieurement du latin immaturus et lui aussi souvent confondu avec le participe passé associé, il fut d'abord employé aux sens de « qui n'est pas mûr » : (au propre) « [Pomes] inmatures » (traduction du Regimen sanitatis d'Arnaud de Villeneuve, 1480), (comme au figuré) « Gloire immaturee » (Jean Bouchet, 1522), « En sa verde et immature adolescence » (Pierre de Saint-Julien de Balleure, 1589) ; de « prématuré » : « Par mort immature » (Jean Lemaire de Belges, 1504), « La mort immaturee de sa dame » (Hélisenne de Crenne, 1538) ; et de « volatil » : « Substance immature du cuivre » (Richard Le Blanc, 1556).
    Selon Goosse, « immature peut être senti comme dérivé régressif d'immaturité. Il est attesté quelques fois au XVIe siècle comme emprunt au latin immaturus. Sous l'influence de l'anglais, il reparaît à la fin du XIXe siècle chez les biologistes pour entrer dans un usage plus général après 1950 ; l'Académie l'a admis depuis 1998 ». Le continuateur du Bon Usage aurait pu tout aussi bien écrire : « Mature peut être senti comme dérivé régressif de maturité. Il est attesté du XIVe au XVIe siècle comme emprunt au latin maturus. Sous l'influence de l'anglais, il reparaît à la fin du XIXe siècle chez les biologistes pour entrer dans un usage plus général après 1950 ; l'Académie l'a admis depuis 2011. »

    Remarque 2 : Dans le cadre de l'orthographe rectifiée, on peut écrire : mûrmuremursmures.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une communication plus maîtrisée, plus adroite (en un seul mot...), plus efficace (?).

     


    votre commentaire
  • L'hôpital se fout-il de la charitude ?

    « Effectivement, on voit une frénation de l'augmentation [du nombre de malades hospitalisés]. »
    (Olivier Véran, photo ci-contre, sur BFM TV, le 7 avril 2020.)  

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    J'entends d'ici les moquations des mauvaises langues : « C'est avec une certaine gravitude que le ministre de la Santé a répondu, ce matin, aux questions d'un Jean-Jacques Bourdin plus déstabilisateur que jamais. Certes, a-t-il expliqué en substance, d'un ton ferme mais exempt de toute méprisance, on assiste depuis quelques jours à une frénation de l'aggravation de l'épidémie, mais il est encore trop tôt pour parler de déconfination, pardon de déconfinement. » Eh bien, renseignements pris, les esprits railleurs en seront pour leurs frais. Car, aussi surprenant que cela puisse paraître, ledit frénation (1) est bel et bien attesté dans notre lexique !

    À en croire les spécialistes de la langue que sont le TLFi, le Grand Robert et le Grand Larousse, le mot ressortit à la médecine − cela explique sans doute pourquoi on le trouve dans la bouche du ministre-neurologue Véran − et désigne l'action de ralentir une sécrétion de l'organisme : « On a vu se développer les vrais accidents épileptiformes [...] avec frénation incomplète » (Albert Charrin, 1897), « La notion de frénation a pris une grande importance dans la thérapeutique hormonale de ces dernières années » (André Galli et Robert Leluc, 1961). Aucun rapport avec l'affaire qui nous occupe, pensez-vous ? Voire. Car frénation se rencontre à l'occasion (dans le domaine de la psychologie, notamment) avec le sens général hérité du bas-latin frenatio « action de modérer » (2) : « Quelles que soient les causes secondes qui jouent le rôle de frein, cette frénation [de la natalité] est très certaine » (Marcel Réja, 1902), « Un défaut de frénation verbale » (Henri Wallon, 1912), « Sans la frénation (mettre un frein) de son instinct de propriété, tout être humain serait un voleur » (Raymond Genest, 1964). Est-ce à dire que cet emploi se justifie dans la phrase du ministre ? Le doute est permis... J'avoue pour ma part qu'il ne me viendrait pas à l'idée, quoi qu'il en soit, d'user d'un terme aussi didactique dans une émission destinée au grand public.

    De son côté, le directeur de la Santé, Jérôme Salomon, parle plus prosaïquement d'une (lente) « diminution de l'augmentation du nombre de patients admis en réanimation » − sorte d'oxymore que l'on pourrait traduire par « il y a un ralentissement de la dynamique de l'épidémie » (selon Tristan Vey, dans Le Figaro) ou, pour les plus matheux d'entre nous, « la dérivée seconde du nombre de cas cumulés est négative ». Je vous sens perplexe... Un simple freinage ne pouvait-il faire l'affaire ? Après tout, le Dictionnaire de l'Académie mentionne bien un emploi figuré : « Le freinage du développement de l'activité économique. » Et c'est là que les choses se compliquent. Ne lit-on pas dans un bulletin de l'Académie nationale de médecine, paru en 1986 : « Freinage, nom masculin. Action de ralentissement d'une fonction. L'orthographe frénage est incorrecte. Anglais : freination » ? Vous, je ne sais pas, mais moi, devant pareille cacophonation, je crois que je vais aller ronger mon frein ailleurs...
     

    (1) Selon Édouard Pichon, la variante freination − également attestée sous l'influence de la graphie freiner − présente l'inconvénient de combiner un radical authentiquement français avec un suffixe savant (d'origine latine).

    (2) Frenatio est lui-même issu de frenatum, supin de frenare (« mettre un mors, brider, modérer, retenir »), à l'origine du verbe freiner.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    On voit un ralentissement de l'augmentation du nombre de malades ou Le nombre de nouveaux cas décroît.

     


    2 commentaires


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