Le nom féminin digression désigne un développement qui s'éloigne de son sujet (dans un texte, un discours, une conversation).
Un malheur n'arrivant jamais seul, on se gardera de s'écarter en plus du bon usage, en employant le vocable disgression (avec s intercalaire), qui n'existe pas et constitue donc un barbarisme formé sous l'influence des mots commençant par le préfixe dis- qui marque notamment la division et la séparation (discontinu, dissocier, disqualifier...).
Il s'est perdu dans de vaines digressions (et non disgressions).
Remarque : La confusion vient de ce que l'on croit que digression est formé sur le préfixe di- (qui indique un rapport de deux), alors que la logique voudrait qu'il méritât plutôt le support de dis-, eu égard à l’idée véhiculée d’une séparation d’avec le propos principal. Il se trouve que digression est emprunté du latin digressio (« action de s'écarter de son chemin »), lui même formé du préfixe dis-, justement, et d'un dérivé de gradior (« avancer »), après élision du s devant la consonne g. Selon Dupré, « la forme disgression a existé en ancien français (au sens de "détour"), mais le mot a été ensuite rectifié d'après la forme du latin classique digressio ». Au demeurant, seule la forme digression possède une entrée dans le Dictionnaire de Furetière (1690) – comme dans le Dictionnaire de Nicot (1606) et dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie (1694) –, même si disgression figure curieusement sous l'entrée revenir : « On dit après avoir fait quelque disgression... » (la graphie sera rectifiée dans les éditions suivantes). Force m'est toutefois de constater que la forme disgression s'est rencontrée sous d'illustres plumes au XVIIe siècle : « Cet ordre consiste principalement à la disgression sur chaque point, qui a rapport à la fin, pour la montrer toujours » (Pascal).
Un peu de provocation ?...