• Pourquoi l'adjectif rebelle et le verbe se rebeller s'écrivent-ils sans accent alors que rébellion en prend un ? Les mystères de l'orthographe lexicale...

    Dans son Encyclopédie du bon français (1972), Dupré justifie ce paradoxe par le fait que « le français, qui accentue légèrement la dernière syllabe, ne peut laisser un mot attendre l'accent trop longtemps ». Rebelle, dissyllabique, ne contient qu'une syllabe inaccentuée (la première), contrairement à la graphie rebellion, qui en contiendrait trois ; ce déséquilibre est corrigé par l'adjonction d'un accent : rébellion.

    À la décharge des esprits rebelles, force est de reconnaître, avec Féraud, que l'usage a longtemps été « partagé sur la première syllabe re : les uns n'y mettent point d'accent, les autres écrivent avec l'accent aigu rébelle, rébeller, rébellion. D'autres enfin ne le mettent point à l'adjectif et le mettent au verbe et au substantif, comme Trévoux par exemple » (Dictionnaire critique, 1787). L'ennui, c'est que l'hésitation a depuis gagné la deuxième syllabe, du moins quant à sa prononciation. Comparez : ré-bèlion (selon Littré et le Grand Larousse), ré-bélion (selon le Robert en ligne) et ré-bèlion ou ré-bélion (selon le TLFi et le Grand Robert).

    Allez vous étonner, après cela, que les Français soient fâchés avec les accents...

     

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    Remarque 1
     : De même, les adjectifs tenace et reclus (sans accent) donnent les substantifs ténacité et réclusion (avec un accent aigu).

    Remarque 2 : Emprunté du latin rebellio (« reprise des hostilités ; révolte »), lui-même dérivé du latin bellum (« guerre »), rébellion est un substantif féminin qui signifie « révolte, soulèvement, résistance ouverte aux ordres de l'autorité légitime ».

    Rebelle

    Film de Sam Mendes.

     


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  • Rémunérer vient du latin remunerare (formé du préfixe re- et de munus, présent) et signifie littéralement « donner un présent en retour », donc « récompenser ». Dans le langage courant, ce verbe transitif a pris le sens de « payer ».

    On se gardera d'intervertir les lettres m et n et de prononcer rénumérer, comme on l'entend souvent, par analogie avec numéraire ou sous l'influence de énumérer.

    Il s'est fait rémunérer pour son travail (et non rénumérer).

    Astuce

    Un moyen mnémotechnique pour se rappeler l'ordre des lettres (m puis n) : c'est le même que dans monnaie.

     

    Rémunération

     


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  • Il arrive parfois d'hésiter sur le doublement ou non du c dans certains mots.

    Voici les principales difficultés que l'on peut rencontrer.

     

    Un "c"Deux "c"
    Acabit
    Accalmie
    Acacia
    Acclamer
    Académie Accommoder
    Acajou Accompagner
    Acariâtre (= grincheux)
    Accoster
    Acné Accourir
    Acolyte
    Accueil
    Acompte Coccyx (=os)
    Acoustique
    Ecchymose
    Acrobate
    Ecclésiastique
    Acrylique Macchabée
    Bucolique
    Occire (= tuer)
    Eclectique Occitan
    Oculaire Occlusion
    Racoler
    Occulter
    Récurrent
    Occurrence

    Saccade
      Succinct (avec trois c !)
      Succion
      Succulent
      Succursale

     

    Remarque : On retiendra que les mots commençant par ac- prennent deux c sauf...

     

    Acuponcture

     


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  • Selon le contexte, occurrence signifie « circonstance » ou « apparition d'une unité lexicale dans le discours ».

    Notez l'orthographe traîtresse : deux c, deux r... donc deux fois plus de risques de se tromper ! Celle-ci se justifie par l'étymologie latine de ce mot emprunté du verbe occurrere (aller au-devant de, rencontrer), lui-même formé du préfixe ob- et du radical currere (le doublement de la consonne c provenant de l'assimilation du b du préfixe avec le c du radical).

    Une occurrence favorable. Dans cette fâcheuse occurrence.

    En l'occurrence (= en la circonstance).

    Relever le nombre d'occurrences d'un mot dans un texte.

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    Remarque 1 : De même, concurrence et récurrence prennent deux r (mais un seul c !).

    Remarque 2 : On notera qu'une occurrence, dans son acception vieillie de « circonstance plus ou moins fortuite », n'est pas forcément favorable. Aujourd'hui, on parle plutôt d'une occasion (avec deux c !).

    Occurrence

     


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  • Où diable faut-il placer ce fichu h ? Voilà la question que doivent se poser les jardiniers amateurs lorsqu'il leur vient l'envie de composer un bouquet de fleurs... sous peine de semer leur florilège de fautes à tout vent.

    Il se trouve que le nom savant des plantes, en latin ou en grec, est souvent complété par une « dédicace botanique », formée à partir du patronyme du botaniste ou de l'explorateur à qui lesdites plantes ont été dédiées.

    Ainsi, pour orthographier correctement le mot dahlia (h avant l), il suffit de se rappeler que c'est le botaniste suédois Anders Dahl qui le rapporta du Mexique, en 1789.

    Un dahlia nain (et non un dalhia nain).

    Même explication pour le forsythia, ainsi nommé en l'honneur de William Forsyth, botaniste britannique, ainsi que pour le fuchsia (chs et non sch), en l'honneur du médecin et botaniste bavarois Leonhart Fuchs.

    Un champ de fuchsias (Zola).

    Quant au rhododendron, c'est son étymologie qui nous vient en aide : en grec, rhodon signifie « rose » (et dendron, arbre).

    Un rhododendron sauvage (et non un rodhodendron sauvage).

    C'est encore l'étymologie qui nous aide à orthographier correctement – et surtout à visualiser – orchidée : grec orkhidion, « petit testicule », par analogie... de forme !

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    Remarque 1
    : De même, le bégonia emprunte son nom à l'intendant général de Saint-Domingue au XVIIe siècle Michel Bégon ; le camélia, au jésuite Georg Joseph Kamel, qui l'apporta d'Asie en Europe ; le freesia (prononcez frésia), au médecin allemand Friedrich Heinrich Theodor Freese ; le gardénia, au botaniste écossais Alexander Garden ; le magnolia, au botaniste français Pierre Magnol ; le zinnia, au botaniste allemand Johann Gottfried Zinn ; etc.

    Remarque 2 : L'emploi des termes formés sur un nom étranger pose parfois question : faut-il les prononcer à la française ou respecter leur prononciation naturelle ? Il en est ainsi du mot fuchsia, couramment prononcé fuchia par nos concitoyens alors que le nom du botaniste auquel il se réfère se dit fouks en allemand. Voilà pourquoi d'aucuns préconisent de prononcer fouk-sia (la prononciation fuk-sia, que l'on devine derrière la graphie fuxia adoptée par George Sand, me semble bâtarde). Quel sort convient-il alors de réserver à forsythia, quand on sait que Forsyth se prononce for-saïss, en anglais ?...

    DahliaRhododendron

                            Dahlia                                                            Rhododendron
    (photo wikipedia sous licence GFDL by Vulkan)                             (photo wikipedia)

     


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