• Par parenthèse(s)

    « On verrait bien si les députés socialistes ont envie d'une dissolution qui serait, par parenthèses, le meilleur moyen pour Hollande d'être réélu en 2017 » (propos d'Alain Minc, économiste français, photo ci-contre).

    (Corinne Lhaïk, sur lexpress.fr, le 6 mai 2013)

     

     


    FlècheCe que j'en pense


    Emprunté du grec parenthesis (« action d'intercaler »), parenthèse désigne à l'origine un élément, accessoire et autonome, inséré dans une phrase. C'est dans cette acception que le mot est employé, au singulier, dans la locution classique par parenthèse, « sans rapport avec ce qui précède ou qui suit ». Au pluriel, il en est venu à désigner chacun des deux signes typographiques entre lesquels on place l'élément à isoler. Ce qui fait dire à Thomas qu'« une phrase formant parenthèse est souvent mise entre parenthèses ». Et ce qui me fait ajouter que, si l'on peut dire quelque chose par parenthèse, on l'écrit entre parenthèses.

    Comparez : Une prononciation qui, par parenthèse [= soit dit en passant], est très approximative et Une prononciation écrite entre parenthèses dans un dictionnaire.

    Force est de constater que cette utile distinction entre sens propre et sens figuré, entre la locution appartenant au langage de l'imprimerie (entre parenthèses, comme on écrit entre crochets, entre guillemets) et la figure de rhétorique (par parenthèse, par analogie avec par antithèse, par comparaison) n'est plus guère observée de nos jours : nombreux sont les auteurs à employer indifféremment l'une et l'autre formule pour marquer au cours de l'énoncé l'insertion d'une idée accessoire. L'Académie elle-même note désormais dans son Dictionnaire : « Par parenthèse ou Entre parenthèses, pour annoncer une précision ou une digression. Par parenthèse, j'ajouterai que... Soit dit par parenthèse. Entre parenthèses, j'ajouterai, je vous ferai observer que... » Dans l'usage courant, par parenthèse s'est en fait vu voler la vedette par soit dit entre parenthèses, puis par entre parenthèses tout court, employé au propre comme au figuré.

    Contrairement à notre journaliste (que je soupçonne, par parenthèse, d'avoir mal retranscrit le propos d'Alain Minc), on s'efforcera à tout le moins de préserver la logique plaidant en faveur du singulier dans la première locution et du pluriel dans la seconde. Fermons là la parenthèse.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une dissolution qui serait, par parenthèse, le meilleur moyen pour Hollande d'être réélu en 2017.

     


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  • Chaque« À cet âge, chaque garçon et chaque fille décideront bientôt des hommes et des femmes qu'ils deviendront pour le reste de leur vie » (à propos du dernier clip d'Indochine, réalisé par Xavier Dolan et jugé trop violent par Françoise Laborde, du CSA).

    (Xavier Dolan, sur huffingtonpost.fr, le 7 mai 2013)

     

     
     
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    Si le propos reste compréhensible, la formulation est assurément maladroite.

    En effet, Thomas rappelle que « après chaque répété, le verbe se met au singulier, que les sujets soient ou non coordonnés ». Même mise en garde chez Bescherelle et chez Girodet : Chaque ville et chaque village (ou chaque ville, chaque village) a son charme particulier. Seuls Littré et Grevisse admettent le verbe au pluriel, en l'absence de pronom possessif : Chaque homme et chaque femme avait ou avaient un bouquet mais Chaque homme et chaque femme avait son bouquet.

    En l'espèce, le singulier semble préférable, tant on conçoit mal que chaque garçon devienne des hommes et chaque fille, des femmes. Le reste de la phrase sera modifié en conséquence, par exemple : Chaque garçon et chaque fille décidera bientôt de l'homme ou de la femme qu'il deviendra pour le reste de sa vie.


    Voir également le billet Chaque.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Chaque enfant décidera bientôt de l'homme ou de la femme qu'il deviendra pour le reste de sa vie.

     


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  • Il à« Le nouveau Louxor à plus de succès que les non-primaires de la droite. Normal ! » (à propos de la réouverture du cinéma parisien).

    (« tweet » de Rémi Féraud, photo ci-contre, premier secrétaire de la fédération parisienne du Parti socialiste, le 7 mai 2013)

     

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par G. Garitan)


     
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    Normal, vraiment ?

    Confondre l'auxiliaire et la préposition, sur fond d'obélisque égyptien (du grec obeliskos, « petite broche à rôtir », par ressemblance des formes), ne manque pourtant pas de piquant.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le nouveau Louxor a plus de succès que...

     


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  • Renouvel(l)é« Rien de nouveau dans mes propos de Tokyo : c'est aux primaires de 2016 actées par l'UMP que j'ai renouvellé mon intention d'être candidat. »

    (« tweet » de François Fillon, photo ci-contre, repris sur liberation.fr, le 9 mai 2013)

     (photo Wikipédia sous licence GFDL par Marie-Lan Nguyen)


     
    FlècheCe que j'en pense


    Un vent nouveau soufflerait-il du Japon sur la conjugaison française ? Si l'on en croit la graphie de son récent « tweet » rapporté dans Libération, l'ancien Premier ministre (François... Filon ?) gagnerait assurément à renouveler son intention d'être candidat à une session de rattrapage.

    Si depuis 1990 le choix est permis entre il renouvelle (orthographe traditionnelle) et il renouvèle (orthographe rectifiée), cette liberté ne s'applique aux verbes en -eler que pour noter le son « e ouvert » quand la syllabe qui suit est muette. En d'autres termes, les formes conjuguées du verbe renouveler ne peuvent prendre deux l que devant un e muet. Le participe passé se contentera donc d'une consonne simple, à moins d'être prononcé renouvèlé, ce qui, convenons-en, constituerait un incontestable renouveau de la langue de bois politique.

    Nul besoin d'attendre 2016 pour constater que la prononciation fait souvent peu de cas d'une orthographe sans cesse renouvelée.


    Voir également le billet Interpel(l)er.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    J'ai renouvelé mon intention d'être candidat.

     


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  • Six à sept« Dramatique accident de bâteau dans le port italien de Gênes (...) plusieurs [personnes] ont été blessées et six à sept autres sont portées disparues. »

    (sur euronews.com, le 8 mai 2013)


    (photo Wikipédia par Olivier)


     
    FlècheCe que j'en pense


    Dramatique dérapage syntaxique dans la langue française de France. Plusieurs lecteurs sont blessés de voir qu'une ou deux règles de grammaire sont portées disparues.

    Thomas n'avait pourtant pas noyé le poisson : « Placé entre deux nombres, à laisse supposer une quantité intermédiaire qui peut être fractionnée. » Girodet apporte de l'eau à son moulin : « On emploie ou si l'écart ne peut se fractionner et si les deux nombres sont consécutifs : Il y avait dans le salon cinq ou six personnes. »

    Grande est donc la gêne que j'éprouve à demander à notre journaliste si 6,5 disparus est un bilan sérieusement envisageable...

    Quant au mot bateau, on se gardera de le coiffer d'un accent circonflexe, sous l'influence de gâteau, château et bâtiment. Même retourné, le chapeau chinois constitue une piètre bouée de sauvetage.

    AstuceMoyen mnémotechnique : l'accent circonflexe décore le gâteau, mais ferait couler le bateau.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Dramatique accident de bateau dans le port de Gênes.

    Six ou sept personnes sont portées disparues.

     


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