• Haro sur les fautes d'orthographe


    « C'est pourquoi la chasse aux fautes de français est devenu un vrai marché. »

    (Isabelle de Foucaud, sur lefigaro.fr, le 24 mai 2013)

     

     

     



     
    FlècheCe que j'en pense


    Voilà un article qui détonne dans la production actuelle : une fois n'est pas coutume, il y est question non pas de crise ni de scandale politico-financier mais... du niveau d'orthographe dans les entreprises françaises. Vaste programme, comme dirait l'autre, qui risque de jeter un grand froid sur une saison déjà bien frisquette, tant on sait qu'en matière d'écriture la meute salariée a du plomb dans l'aile.

    Las ! notre journaliste ne fait pas honneur à son sujet, en rapportant dans sa besace cette coquille de haut vol qui ne pouvait tomber plus mal... Le retour en grâce de l'orthographe dans les médias ? L'idée ne serait pas saugrenue. « Une seule faute d'orthographe peut diminuer de moitié les ventes d'un site de e-commerce », nous explique-t-on sans rire. Et à combien estime-t-on le nombre de lecteurs qui prennent la poudre d'escampette pour un article non relu, pour une faute non débusquée ? Exigeons à cor et à cri que les sociétés de formation aux abois commencent par arpenter les terres journalistiques. Le gibier, on le sait, y est abondant.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La chasse aux fautes de français est devenue un vrai marché.

     


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  • Acquit

    « En effet, pour les Bas-Rhinois (3e), il n’est pas question de dilapider maintenant l’acquit de 23 journées de championnat » (à propos de l'équipe de basket-ball de Kaysersberg II).

    (sur lalsace.fr, le 3 mai 2013)

     

     
     
    FlècheCe que j'en pense


    S'agissant d'un avantage incontestable, acquis ferait meilleur effet.

    Rappelons à notre journaliste que le participe passé du verbe acquérir (acquis, avec un s au singulier comme au pluriel) ne saurait être confondu avec le substantif acquit, de la famille du verbe acquitter, qui s'écrit avec un t et ressortit à l'idée de « rendre quitte ». Comparez : C'est chose acquise et Par acquit de conscience.

    Quant au choix de dilapider, il peut surprendre ici, tant il est d'usage d'employer ledit verbe à propos d'un bien matériel : dilapider un héritage, les biens d'une communauté. Si l'Académie et Robert s'en tiennent à ce sens que je n'ose qualifier de « propre » en raison de son étymologie latine (dilapidare est formé de dis exprimant la dispersion et de lapidare, « cribler de pierres »), force est de reconnaître que Larousse a depuis peu accepté dans son panier (de basket) l'acception figurée « gaspiller quelque chose, le dépenser inutilement ; gâcher » : Dilapider un temps précieux à discuter. On prêchera donc l'indulgence.


    Voir également le billet Acquis / Acquit.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Il n’est pas question de dilapider maintenant l’acquis (ou de perdre l'acquis).

     


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  • Une violence auxquelles

    « "Les rapports sexuels marchandisés, non désirés, sont une violence auxquelles de trop nombreuses femmes sont contraintes" » (communiqué d'élues socialistes en réponse aux propos du réalisateur François Ozon, photo ci-contre, sur la sexualité des femmes et la prostitution).

    (sur nouvelobs.com, le 22 mai 2013)

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Georges Biard)

     
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    Il faut croire que le sexe n'en finit pas de troubler son monde. Pour quelle autre raison en viendrait-on à accorder un pronom relatif avec le sujet de la subordonnée qu'il introduit plutôt qu'avec son antécédent ?

    Analysons la phrase : de trop nombreuses femmes sont contraintes à quoi ? à une violence, substantif féminin singulier. Aussi eût-il fallu écrire : une violence à laquelle de trop nombreuses femmes sont contraintes, le pronom relatif s'accordant comme il se doit en genre et en nombre avec son antécédent violence. Pour autant, il me semble que la construction de la phrase laisse encore à désirer, tant le participe contraintes renvoie plus logiquement, selon moi, aux rapports sexuels non désirés qu'à la violence subie.

    Quant au néologisme marchandisé, ignoré des dictionnaires usuels, il n'est utile qu'aux personnes atteintes de « verbite » aiguë.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire

     

    Les rapports sexuels tarifés, non désirés, sont une violence à laquelle de trop nombreuses femmes sont contraintes (ou mieux : Les rapports sexuels tarifés, non désirés, auxquels de trop nombreuses femmes sont contraintes, sont une violence intolérable, insupportable).

     


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  • Pai(e)ment

    « Un cadre de la région, qui avait continué de signer des ordres de paiment après les premières découvertes de fausses factures, a été relaxé » (à propos de détournement de fonds publics au profit d'associations fictives de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur).

    (Olivier Bertrand, sur liberation.fr, le 22 mai 2013)

     


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    Disons-le d'emblée : malgré les quelque huit cents kilomètres qui séparent la cité phocéenne de la petite commune mosellane, théâtre de violents combats lors de la guerre de 1870, les coquilles pleuvent ici comme à Gravelotte. Jugez-en plutôt : « condamnée à trois de prison » (jours, mois, ans ?), « les quartiers Nord » (la minuscule serait préférable), « deux autres peines (...) ont été encore requis », « au cours des audience », « les voyoux » (tout de même !), etc. De fait, c'est à peine si l'on s'étonne de l'omission d'une voyelle dans un article de voyou.

    Il est pourtant d'usage de conserver aux substantifs en -ment la voyelle caractéristique de l'infinitif dont ils dérivent : dévouer → dévouement, manier → maniement, blanchir → blanchiment, etc.

    On a donc écrit correctement payement à partir du verbe payer (en substituant au r final le suffixe -ment), plus rarement païment ou paîment (cf. Littré et Dupré). De nos jours, c'est la forme paiement (prononcée sans faire entendre le son ye) qui tient la corde.

    Par ailleurs, Thomas note que l'« on dit surtout la paye, mais on écrit plutôt la paie ». Il faut croire qu'à Marseille on sait se faire rétribuer quel que soit son accent.

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Signer des ordres de paiement.

     


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  • Une première

    « Première membre du gouvernement à réagir vendredi au feu vert du Conseil constitutionnel, Christiane Taubira, qui a porté le projet de loi au Parlement, a confirmé vendredi que les "textes et les mesures d’application" étaient "prêts" » (à propos de la loi sur le mariage pour tous).

    (dépêche AFP, sur liberation.fr, le 18 mai 2013)

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Guillaume Paumier)


     
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    Voilà que, dans la foulée de la féminisation des noms de métiers et fonctions, notre journaliste (dont, soit dit en passant, le sexe importe peu) s'emballe et juge indispensable de remettre en cause le genre d'un substantif qui ne ressortit pourtant à aucune de ces trois catégories. Gageons que, à ce train-là, nous ne tarderons pas à voir fleurir des incongruités telles que une élément fondamentale, un pièce maître, une agent principale, un personne essentiel, etc., sous le prétexte d'un politiquement correct pour le moins grammaticalement illogique. À la réflexion, il est vrai qu'on nous rebat déjà les oreilles avec un espèce de... Et que dire de cette bourde relevée dans la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie en chef(fe) : Le phénotype et le génotype d'une individu, alors que le substantif individu y est correctement présenté comme du genre masculin ? C'est à désespérer. Faudra-t-il une loi pour endiguer de telles dérives ?

    Que l'on se rassure, toutefois : notre substantif n'est pas subitement devenu un nom des deux genres ; les dictionnaires usuels, pourtant prompts à monter dans le TGV de la « modernité », ont conservé à membre sa virilité originelle. Mais pour combien de temps encore ?

    Sans doute est-il judicieux de rappeler ici qu'en français le masculin, en tant que genre non marqué, peut représenter aussi bien les femmes que les hommes. Et que les formules lourdement « sexuées » qui pullulent de nos jours sous des plumes souvent plus démagogiques que foncièrement galantes frisent selon moi le ridicule : toutes et tous, celles et ceux, chacune et chacun, chaque femme et chaque homme, il ou elle, etc.

    Lectrices, lecteurs, le beau sexe n'aspire-t-il pas à plus de légèreté ?

     

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    Ce qu'il conviendrait de dire


    Premier membre du gouvernement à réagir , Christiane Taubira...

     

     


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