• Tout réussisent

    « Cette saison, s'il y a bien deux entités à qui tout réussissent, c'est bien l'équipe de Paris Saint-Germain et l'émission Touche Pas à Mon Poste présentée par Cyril Hanouna » (photo ci-contre).

    (paru sur son Gentside Sport, le 16 mai 2013)  

    (photo d8.tv)


    FlècheCe que j'en pense


    On ne peut pas en dire autant de notre journaliste, dont la phrase n'est pas un modèle de réussite en matière d'accord.

    Deux constructions étaient pourtant possibles : s'il y a bien deux entités à qui tout réussit (accord au singulier avec le sujet tout) ou s'il y a bien deux entités qui réussissent tout (accord au pluriel avec le sujet qui, mis pour deux entités). Las ! notre journaliste s'est emmêlé les entités syntaxiques.

    À quand une émission Ne touche pas à ma langue ?


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    S'il y a bien deux entités à qui tout réussit.

     


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  • Frag(r)ance

    « La prolifération des publicités comparatives sur des offres limitées brouille la perception des prix. Les consommateurs doutent (à juste titre !) de la crédibilité des messages qui leurs sont destinés. »
    (Michel-Édouard Leclerc, sur son blog, le 16 mai 2013)  


    FlècheCe que j'en pense


    Aucun doute possible, pour le coup : il s'agit bien d'une confusion, somme toute classique, entre le pronom personnel et l'adjectif possessif.

    Leur, pronom personnel, est invariable et accompagne un verbe ; on peut le remplacer par lui, dont il est le pluriel (Je lui parle  Je leur parle). Leur, adjectif, est variable et qualifie un nom ; il indique un possesseur pluriel et peut être remplacé par mes, ses (Ses paroles sont réconfortantesLeurs paroles sont réconfortantes). Leur peut également être un pronom possessif ; il est alors toujours précédé d’un déterminant défini et peut prendre la marque du pluriel (Ces mots sont les leurs).

    Pour l'heure, il n'est pas certain que les distributeurs (de l'Eure et d'ailleurs) parviennent ainsi à restaurer leur crédibilité auprès de clients qui se laissent de moins en moins prendre à ce leurre qu'est la publicité comparative.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les messages qui leur sont destinés.

     


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  • Député du Lot-et-Garonne

    « La mise en examen de Jérôme Cahuzac pourrait ne pas l'empêcher d'être candidat à sa propre succession au poste de député du Lot-et-Garonne. »

    (Nicolas Hasson, sur lefigaro.fr, le 17 mai 2013)

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Cyclotron)


    FlècheCe que j'en pense


    Autant le dire d'emblée, la règle censée régir l'emploi des prépositions et des articles devant les noms de département français ne brille pas par sa simplicité. Qu'on en juge : devant un nom simple, explique Girodet, en n'est envisageable que si ledit nom est du féminin singulier et commence par une consonne : en Corrèze ou dans la Corrèze, en Gironde ou dans la Gironde ; mais c'est dans (suivi de l'article) qui s'impose dans tous les autres cas : dans le Calvados, dans l'Oise, dans les Ardennes. Force est de constater, avec Larousse, que l'usage tend plutôt à fixer l'emploi de l'une ou l'autre des prépositions en fonction de la longueur du nom : en se rencontre ainsi plus volontiers devant les noms comportant au moins deux syllabes sonores (en Corrèze, en Dordogne) ; dans, devant ceux n'en comportant qu'une (dans la Creuse, dans la Manche). Histoire de maintenir un certain équilibre prosodique ?

    Les choses se compliquent quand le nom de département est composé (avec des traits d'union). Cette fois, toujours selon Girodet, c'est la préposition en qui est préférée à dans... sauf si ledit nom est au pluriel, ou s'il est masculin et que son premier élément n'est pas lui-même un nom propre (de rivière, de montagne...) : dans le Lot mais en Lot-et-Garonne (n'en déplaise à Michel Sardou), dans le Rhône comme dans les Bouches-du-Rhône, dans la Loire mais en Maine-et-Loire (Maine comme Loire sont du genre féminin), dans le Bas-Rhin mais en Haute-Loire. En effet, l'existence simultanée du Lot et de la Garonne, de l'Indre et de la Loire exclut l'article au singulier (et, partant, le recours à dans le), quand le pluriel Bouches rend obligatoire dans les.

    Comme si tout cela n'était pas assez alambiqué, Thomas croit utile de préciser que l'article n'a pas sa place devant un nom de département introduit par de, quand celui-ci est composé de deux termes coordonnés par et : Les habitants de Seine-et-Marne (et non de la Seine-et-Marne). Toutefois, si le nom du département commence par une voyelle, l'article est facultatif : Le département d'Eure-et-Loir (ou de l'Eure-et-Loir). Fichtre ! on en viendrait presque à ne plus bouger de chez soi, de peur de contrevenir à l'une des règles les plus arbitraires de la langue française !

    Pour en revenir à notre département... d'élection, il résulte de l'examen de tout ce qui précède que l'on parlera correctement du député de Lot-et-Garonne, des prochaines élections en Lot-et-Garonne, etc. Voilà qui ne va définitivement pas arranger les affaires de Michel Sardou et de ses fameux curés.


    Remarque 1 : En règle générale, les départements français prennent le genre du cours d'eau (la Loire), du massif (le Jura), du mont (le Cantal), du littoral (la Manche) ou du nom commun d'entité géographique (la Côte-d'Or, le Pas-de-Calais, le Puy-de-Dôme) qui leur donne leur nom − mais il est des exceptions : la Lozère (qui tire son nom du mont Lozère). Ceux qui sont formés par deux termes coordonnés par et sont du genre masculin si au moins l'un des termes qui les composent est masculin : le Lot-et-Garonne mais la Maine-et-Loire (féminin, contrairement à l'usage, selon l'Académie... mais masculin chez Larousse et Robert, probablement par confusion avec la province voisine du Maine).

    Remarque 2 : Autre exemple des divergences entre nos spécialistes : les Le Bidois et Grevisse conseillent d'écrire dans le Loir-et-Cher, quand l'Académie préconise l'emploi de la préposition en (n'en déplaise cette fois à Michel Delpech). Quand on vous parle de règle arbitraire...



    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Candidat à sa propre succession au poste de député de Lot-et-Garonne.

     


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  • Les fêtes de fin d'année(s)


    « Cet effort de  solidarité se traduit également par l’attention portée aux fêtes de fin d’années, pendant lesquelles la ville [de Puteaux] dépense 1 million d’euros en illuminations. »

    (Guy Konopnicki, sur marianne.net, le 15 mai 2013)

     



     
    FlècheCe que j'en pense

     

    Étant donné la fraîcheur inhabituelle de ce mois de mai, on ne s'étonnera pas d'être gagné par la nostalgie de Noël...

    Au singulier, fin d'année s'écrit logiquement sans s à année, puisqu'il ne saurait être question d'autre chose que de la fin... de l'année ! Au pluriel, le sens plaide en faveur du s à fin mais toujours pas à son complément, puisque pour chaque fin il n’y a qu’une année : Les fins d'année sont souvent l'occasion de repas en famille.

    Partant, je ne vois pas au nom de quelle illumination année prendrait la marque du pluriel dans l'expression fêtes de fin d'année. Sous l'attraction de fêtes ? avanceront d'aucuns. La solidarité a ses limites, tant on sait qu'il y a plusieurs fêtes célébrées à l'approche d'une même fin d'année. Rien n'y fait : plus de onze millions d'occurrences de ladite expression avec année au pluriel fourmillent sur la Toile ! Cette année encore, Google aura le mot de la fin.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    L’attention portée aux fêtes de fin d’année.

     


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  • Ils ne se sont pas faits prendre

    « Qui, des "casseurs" ou des "ultras", a fichu un brin monstre au Trocadéro et alentours lundi soir, en marge des célébrations du titre de champion de France du Paris Saint-Germain ? (...) "Les vrais casseurs, ils ne se sont pas faits prendre." »
    (Sylvain Mouillard, sur liberation.fr, le 13 mai 2013)

     

     

     
    FlècheCe que j'en pense


    Un « brin monstre » ? Curieuse cohabitation que voilà, entre un premier substantif tout en modestie (un brin signifie familièrement « un petit peu ») et un second qui se la joue champion du monde, quand il est comme ici employé adjectivement au sens de « très important, exceptionnel ». On frise l'oxymore... à moins qu'il ne s'agisse plus vraisemblablement du brin picard, survivance de l'ancien français bran ou bren, qui prit le sens d'« excrément » après avoir désigné la partie la plus grossière du son, donc le rebut. Auquel cas, il faudrait avoir du brin dans les yeux pour ne pas saisir l'image : les casseurs ont fichu une m... noire !

    Avec alentour(s), on ne frise plus, on plonge... dans la confusion entre l'adverbe (« à proximité, tout autour, dans l'espace environnant »), qui s'écrit sans s final, et le substantif masculin pluriel, qui désigne « les lieux qui entourent un espace, les environs » et qui est toujours accompagné d’un déterminant. Comparez : Il regardait alentour (ou à l'entour, graphie généralement considérée comme vieillie) et Il n'y a personne aux alentours.

    Quant au participe passé fait, rappelons à notre journaliste qu'il reste invariable quand il est suivi d'un infinitif. N'est-il pas dommage de se faire casser pour un brin... d'inattention ?

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Qui a fichu une pagaille monstre (on écrit également pagaïe voire pagaye) au Trocadéro et aux alentours (ou dans ses alentours) ?

    Les vrais casseurs ne se sont pas fait prendre.

     

     


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