• Voilà deux mots définitivement placés sous le signe de la confusion.

    Confusion des genres, tout d'abord : si l'on ignore le plus souvent que météore est un nom du genre masculin, que dire de celui de météorite, particulièrement hésitant : l'usage préfère le féminin, quand les scientifiques parlent le plus souvent d'un météorite (d'après Hanse). L'Académie, quant à elle, laisse le choix à l'entrée « météorite » de la dernière édition de son Dictionnaire (« nom féminin ou masculin »)... mais s'en tient au seul féminin aux autres entrées : « Le point d'impact d'une météorite », « Une météorite a percuté la Terre », « Météorite pierreuse ».

    Confusion des sens, enfin. Emprunté du grec meteôra (« choses élevées dans les airs »), météore désigne à la fois tout phénomène observé dans l'atmosphère, ainsi que, en particulier, un corps céleste qui se désintègre pendant sa chute dans l'atmosphère (on parle alors couramment d'étoile filante) et, par extension, le phénomène lumineux associé. Quant à météorite, il s'agit d'un fragment de corps céleste qui percute le sol d'un astre.

    On notera donc que la différence entre un météore et un(e) météorite réside dans le fait que seule la seconde entre en contact avec la surface de la Terre (ou de n'importe quel astre). Par ailleurs, on retiendra que météore possède un sens beaucoup plus large que celui couramment retenu, désignant aussi bien la foudre, l'arc-en-ciel, l'aurore boréale... que la seule étoile filante !

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    Remarque 1 : Au sens figuré, météore (et l'adjectif associé météorique) désigne également une personne ou une chose qui brille d'un éclat passager.

    La carrière météorique d'une chanteuse issue de la télé-réalité.

    Remarque 2 : Comète (emprunté du grec komê, chevelure) désigne un astre qui, au voisinage du Soleil, éjecte une atmosphère passagère à l'aspect de chevelure diffuse.

    Météore / Météorite
    (Film de Jack Arnold)

     


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  • Dans plusieurs expressions, le nom féminin demeure est employé dans ses acceptions anciennes, souvent mal comprises de nos contemporains.

    En effet, contrairement à l'usage moderne qui ne retient que le sens de « domicile, habitation », demeure désignait également, autrefois, le fait de tarder à faire quelque chose ainsi que, en termes de jurisprudence, le retard, le temps qui court au-delà du terme échu.

    Il y a péril en la demeure (= Il y a danger à ne rien faire et non Il y a danger à rester dans la maison... à moins qu'elle ne soit en proie aux flammes !).

    Mettre quelqu'un en demeure (de faire quelque chose ) [= L'obliger à remplir son engagement et non L'obliger à rester à la maison].

    Remarque : « Il y a péril en la demeure » est la traduction de la locution latine juridique periculum in mora (où mora signifie « délai, retard »).

    Péril en la demeure

    Il y a péril, pour les moins de 18 ans, à demeurer trop près de l'affiche...
    (Film de Michel Deville)

     


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  • En termes météorologiques, un cyclone (formé sur le grec kuklôn, « cercle ») est une zone de basses pressions animée d'un mouvement de rotation, de vents violents et de fortes précipitations. Par extension, il désigne un tourbillon de vents violents.

    On appelle œil du cyclone la zone située en son centre, où les vents sont encore calmes et le temps clair.

    Être dans l'œil du cyclone, c'est donc connaître une accalmie... avant d'essuyer la tempête ! Et, plus largement, « rester calme dans la tourmente ».

    Force est de constater que, dans l'usage courant (journalistique, notamment), les personnes ne connaissant rien aux phénomènes météorologiques font un fâcheux contresens en interprétant cette expression comme étant synonyme de « être en pleine tourmente, au cœur des difficultés, en mauvaise posture ».

    Après ses déclarations controversées, cet homme politique est dans l'œil du cyclone.

    Curieux cheminement – aux allures de clin d'œil – que celui de cette expression, qui rappelle que les mots peuvent évoluer, du propre au figuré, jusqu'à signifier le contraire de leur acception d'origine (on appelle énantiosémie − du grec enantios, « opposé » – la coprésence des contraires dans un même mot).

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    Remarque 1
    : Cyclone et ses dérivés (cyclonal, cyclonique) se prononcent avec un o fermé, malgré l'absence d'accent circonflexe.

    Remarque 2 : Il semble que, dans certains pays (en Suisse ?), on parle d'œil de l'ouragan, ce qui n'est guère surprenant tant cyclone compte de synonymes (ouragan, typhon, hurricane).

    Etre dans l'œil du cyclone

    Rien à voir avec l'œil du cyclope.
    (Le cyclope d'Odilon Redon, source Wikipédia)

     


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  • Le nom séisme (et l'adjectif associé sismique) est emprunté du grec seismos (ébranlement, tremblement de terre), lui-même dérivé de seiein (ébranler, secouer).

    C'est pour ces considérations étymologiques que l'expression secousse sismique est souvent considérée comme un authentique pléonasme (revenant à évoquer une « secousse secouante »). Et nombreux sont ceux qui recommandent de dire du Japon ou de l'Italie qu'ils subissent régulièrement de violents séismes, de violents tremblements de terre, de violents phénomènes sismiques, de violentes secousses telluriques (du latin tellus, la terre)... mais pas de violentes secousses sismiques !

    Bien inutilement, semble-t-il...

    En effet, secousse sismique ne relève du tour pléonastique que si l'on s'en tient au sens d'« ébranlement » du mot seismos ; c'est oublier un peu vite son autre acception (« tremblement de terre ») qui, seule, a été retenue lors de la formation de l'adjectif sismique pour qualifier les phénomènes « qui ont rapport aux tremblements de terre ».

    Dès lors qu'il est entendu que l'adjectif sismique ne s'emploie que pour les tremblements de terre, on est fondé à considérer qu'il apporte une utile précision au mot secousse, en ce sens qu'il existe d'autres types de secousses qui ne sont pas d'origine sismique (cf. Remarque 1). On peut donc admettre secousse sismique au même titre que phénomène sismique ou secousse tellurique. C'est tout du moins la position du Robert, de Hanse, de Dupré, etc. Attendons de voir ce qu'écrira l'Académie dans la neuvième édition de son Dictionnaire...

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    Remarque 1
    : Si l'adjectif sismique se rapporte spécifiquement aux tremblements de terre, le nom séisme n'est pas l'exact synonyme de tremblement de terre. D'une part, on peut concevoir qu'une secousse de l'écorce terrestre puisse avoir des origines diverses : humaine (explosion nucléaire), volcanique ou tectonique (mouvement des plaques terrestres). D'autre part, le séisme est un évènement ponctuel généré le long d'une faille, tandis que le tremblement de terre en est la conséquence au niveau du sol (vibrations du sol).

    Remarque 2 : La forme du nom séisme a été longtemps critiquée pour n'avoir pas transcrit la diphtongue grecque ei par i (sur le modèle leitourgialiturgie). Voilà pourquoi l'Académie des sciences recommande d'utiliser l'orthographe sism- plutôt que séism- pour l'ensemble de ses dérivés (sismologie, sismologue, sismicité, sismographe, etc., de préférence à séismologie, séismologue, séismicité, séismographe).

    Un risque sismique élevé.

    Remarque 3 : Au sens figuré, séisme désigne un bouleversement (un séisme politique).

    Séisme

    En économie financière, on parle de risque 6-SMIC...

     


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  • Le nom féminin Pléiade(s) [avec une majuscule] est à l'origine associé au chiffre 7 :

    • Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont les sept filles d'Atlas et de Pléioné, que Zeus changea en étoiles pour les soustraire aux poursuites du chasseur Orion.

    • En astronomie, Pléiades est le nom d'un groupe de sept étoiles de la constellation du Taureau.

    • En littérature, Pléiade (au singulier) est le nom donné à plusieurs groupes de sept poètes (notamment, à la Renaissance, celui constitué de Ronsard, Du Bellay, Baïf, Belleau, Pontus de Tyard, Jodelle, et Peletier du Mans, remplacé après sa mort par Dorat).

    Par extension, pléiade (au singulier et avec une minuscule) se dit aujourd'hui d'un groupe de personnes remarquables. Si leur nombre est désormais indéterminé, il serait cependant préférable qu'il restât restreint, en souvenir du chiffre 7 associé.

    Aussi conviendrait-il de dire : La soirée s'est déroulée en présence d'un grand nombre d'artistes (et non d'une pléiade d'artistes), si ceux-ci se comptent par dizaines. C'est assurément moins chic, mais c'est nettement plus respectueux de l'étymologie.

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    Remarque 1
    : On notera que le mot pléiade s'écrit sans tréma. C'est du reste le cas chaque fois que le i suit un é : absentéisme, manichéisme, ostréiculture, etc.

    Remarque 2 : Quoique plaisante, l'expression « pléiade de stars » frise le pléonasme sept étoiles...

    Remarque 3 : Voir aussi ce billet.

     

    Pléiade

    Il n'y avait donc que sept étoiles ?
    (Source : L'essentiel online)




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