• Dans le sens d'« être lent à venir, à se produire », le verbe tarder se construit le plus souvent avec la préposition à (+ infinitif).

    Les secours ont tardé à arriver.

    Je ne vais pas tarder à partir (= je suis sur le point de partir).

    Avec la construction impersonnelle il (me) tarde, qui signifie « je suis impatient, j'ai hâte », on emploie de (+ infinitif) ou que (+ subjonctif).

    Il me tarde de partir en vacances.

    Il nous tarde que vous la rencontriez.

    Le temps lui tarde de venir, que tout soit terminé (= Il lui tarde...).

    Séparateur de texte

    Remarque
    : Tarder, verbe transitif indirect quand il se construit avec les prépositions à ou de, est également un verbe intransitif (c'est-à-dire n'admettant pas de complément d'objet).

    Les secours ont tardé. La police est venue sans tarder.

     

    Tarder
    (Livre de Moritz Petz et Quentin Gréban, Editions Nord-Sud)

     


    2 commentaires
  • Les locutions impersonnelles construites avec le verbe aller peuvent poser quelques problèmes de construction.

    Ainsi se gardera-t-on de toute confusion entre il en va (de même, ainsi, autrement...) de (ou pour), qui marque une comparaison et est synonyme de « il en est (de même pour telle personne) », et il y va (de), qui exprime un enjeu et signifie « il s'agit (de) », « ce qui est en jeu, en cause, c'est ».

    Comparez :

    Il en va de même pour moi (= il en est de même pour moi). Il en va tout autrement pour lui (ou de lui). On trouve aussi la construction : Il en va de cette affaire-là comme de l'autre.

    Je ne vous mens pas. Il y va de mon honneur (= il s'agit de mon honneur, mon honneur est en jeu).

     Séparateur


    Remarque 1
    : Louis-Nicolas Bescherelle analysait ainsi le fameux vers de Racine « Il y va de ma gloire ; il faut que je me venge » : Il [= le salut] de ma gloire va [= tend] y [= à cela, c'est-à-dire à me venger].

    Remarque 2 : Napoléon Landais rappelle que « devant le futur et le conditionnel du verbe aller, on supprime toujours le pronom y [par souci d'euphonie] : ainsi on ne dira pas plus il y ira de votre fortune, il y irait de ma vie que j'y irai, tu y irais. Il faut dire : il ira de votre fortune, il irait de ma vie ».

     

    Il en va / Il y va

    C'est Il y va de votre responsabilité qu'il convient d'écrire !
    (article de l'Union des Syndicats agricoles de l'Aisne)

     


    13 commentaires
  • En dépit de ce que l'on voit souvent, genèse s'écrit sans accent aigu sur le premier e – et se prononce donc jenaiz' et non jénaiz' –, contrairement à ses dérivés génésiaque (« relatif à la Genèse ») et génésique (« relatif à la génération, à la sexualité »).

    Avec une majuscule, la Genèse (empruntée du grec genesis, « création, production, naissance ») désigne la création du monde et de l'homme par Dieu ainsi que le premier livre de la Bible consacré au récit de la Création et aux origines de l'humanité.

    Avec une minuscule, genèse est un nom commun féminin, qui désigne la façon dont une chose a été créée, son processus de développement.

    La genèse d'un roman, d'une œuvre d'art, d'une maladie.

    Expliquer, retracer la genèse d'un évènement.

    Séparateur de texte

    Remarque : Dans le domaine scientifique, les noms composés avec l'élément -genèse se voient parfois affublés d'un accent (sous l'influence de génétique ?), qui ne se justifie pas. On écrira donc morphogenèse, parthénogenèse, thermogenèse, etc.

     

    Genèse

     


    votre commentaire
  • Voilà un de ces verbes à la mode qu'il est de bon ton d'employer pour briller en société. Encore faut-il en maîtriser le sens et la construction.

    Enjoindre signifie « ordonner expressément, prescrire » ; il se conjugue comme joindre et se construit comme ordonner : avec un complément d'objet direct (ordinairement un infinitif précédé de l'introducteur de, plus rarement un nom [cf. Remarque 1]) précisant l'action attendue et un complément d'objet indirect (ou second) désignant la personne à qui l'ordre est donné. On dira donc : enjoindre à quelqu'un de faire quelque chose (et non enjoindre quelqu'un de faire quelque chose ou à faire quelque chose, comme on l'entend de plus en plus souvent sous l'influence probable de l'anglais to enjoin someone to do something) et il leur a enjoint de faire quelque chose (et non il les a enjoints de).

    Le président a enjoint au gouvernement de prendre les mesures nécessaires (et non Le président a enjoint le gouvernement de prendre ou à prendre).

    Les ministres ont reçu une demande leur enjoignant d'accélérer les réformes (et non les enjoignant) ou Les ministres ont reçu l'injonction d'accélérer les réformes.

    Les policiers leur ont enjoint de ne pas porter plainte (et non leur ont enjoints : le participe passé reste invariable, car la proposition subordonnée infinitive, en fonction de complément d'objet direct, est toujours postposée).

    Je vous enjoins de vous expliquer ! Il lui fut enjoint de s'expliquer.

    Dans le doute, mieux vaut recourir selon le contexte à ordonner, commander, inviter, d'usage plus courant.

    Séparateur de texte


    Remarque 1Enjoindre peut également se construire avec un autre type d'objet direct qu'un infinitif : « L'Église enjoint l'observation des fêtes » (quatrième édition du Dictionnaire de l'Académie, 1762), « Les formalités que la loi nous enjoint » (neuvième édition dudit ouvrage, 1992), « La loi enjoint à chaque citoyen le paiement d'un impôt proportionnel à son revenu » (Larousse en ligne), d'où Un cessez-le-feu a été enjoint aux soldats. Ce tour (enjoindre quelque chose à quelqu'un) est toutefois considéré comme vieilli par Grevisse et le TLFi.

    Remarque 2 : On s'étonne de trouver sous la plume pourtant avisée de Julien Soulié cette recommandation : « Enjoindre est transitif direct : on enjoint quelqu'un de faire quelque chose. On dira donc : La DRH l'a enjoint(e) de venir dans son bureau » (Trucs et astuces pour écrire sans fautes, 2014). Voilà qui contredit tous les exemples cités dans les ouvrages de référence : « On enjoignit à tous les officiers de rester à leur poste » (Littré), « Il lui enjoignit de se taire » (Grevisse), « On enjoignit à tous les officiers de se rendre à leur poste » (Académie), « Il lui a enjoint de venir » (Grand Robert), « On lui a enjoint de quitter le pays » (Larousse en ligne). Pour autant, est-on fondé à considérer enjoindre comme « un verbe transitif indirect », ainsi que l'écrivent l'Académie et l'Office québécois de la langue française sur leurs sites Internet respectifs ? Je ne le crois pas : d'une part, l'intéressé ne peut s'employer avec un objet indirect seul (on ne dit pas : Je lui enjoins sans préciser ce qui est enjoint, alors que l'inverse est attesté : « On confond toujours ce qu'une religion tolère avec ce qu'elle enjoint » [Édouard Lefebvre de Laboulaye]) ; d'autre part − et contrairement à ce que laisse entendre Michel Therrien dans Fais gaffe ! (2001) : « Le verbe enjoindre est transitif indirect, c'est-à-dire qu'il ne peut avoir que des compléments indirects ; il se construit avec les prépositions à et de » −, le de qui précède l'infinitif complément n'est pas à proprement parler une préposition mais un introducteur (ou marqueur) d'infinitif, qui ne donne pas lieu à une construction indirecte (j'en veux pour preuve le fait que la pronominalisation s'effectue avec un pronom COD : Je vous enjoins de vous expliquer ! → Je vous l'enjoins ! et non pas Je vous en enjoins !). Il s'agit donc bien plutôt d'un verbe transitif à double complémentation : un objet indirect de personne, suivi d'un infinitif (fût-il introduit par de) objet direct.

    Remarque 3 : Si vous voulez faire chic et simple, il vous est possible de recourir à adjurer (adjurer quelqu'un de faire quelque chose = demander instamment quelque chose à quelqu'un) : Il l'adjure de dire la vérité.

    Enjoindre

     


    6 commentaires
  • Il est fréquent de se demander si l'on doit mettre la marque du pluriel aux jours de la semaine. Comme souvent en français, la réponse est : oui (puisqu'il s'agit de noms communs), mais...

    On écrit :

    Tous les lundis, les mardis, etc.

    En vente les mercredis et samedis mais En vente les mercredi et samedi de chaque semaine (= en vente le mercredi et le samedi de chaque semaine, puisqu'il n'y a qu'un mercredi et qu'un samedi par semaine. Le pluriel les est ici le résultat de la somme de deux singuliers : le mercredi et le samedi).

    La réunion a lieu les premier et troisième mercredis de chaque mois (il n'y a qu'un premier mercredi et qu'un troisième mercredi chaque mois, mais cela fait deux mercredis concernés dans le mois).

    La réunion a lieu le premier mercredi du mois ou La réunion a lieu (tous) les premiers mercredis du mois (le pluriel insiste sur l'idée de répétition : il y aura plusieurs « premier mercredi du mois » dans l'année).


    Séparateur de texte

    Remarque 1
    : Le même genre de subtilité régit l'accord des adjectifs prochain et dernier :

    Le séminaire a eu lieu lundi et mardi derniers ; un autre se tiendra du 8 au 9 septembre prochains (ce sont les jours qui sont ici qualifiés).

    Nous irons à Paris le 8 et le 9 septembre prochain(s) (le singulier est possible en raison de la présence de l'article singulier, mais le pluriel est également correct).

    Ils viennent nous voir du 8 au 9 septembre prochains (prochains qualifie les jours, si l'on insiste sur le fait que la visite a lieu dans les prochains jours du mois où l'on s'exprime) mais Ils viennent nous voir du 8 au 9 septembre prochain (prochain qualifie le mois, si l'on insiste sur le fait que la visite a lieu dans un mois à venir).

    Remarque 2 : Voir également l'article Matin / Soir (tous les lundis matin).

    Remarque 3 : De même, les noms de mois peuvent prendre la marque du pluriel.

    Des septembres pluvieux mais Des mois de septembre pluvieux.

    Tous les premiers janvier.

    Remarque 4 : On notera que les noms des jours et des mois s'écrivent sans majuscule (contrairement à la langue anglaise), sauf dans les noms de fêtes et d'évènements historiques pris absolument (sans mention de millésime).

    Le 14 Juillet, le 11 Septembre mais La fête nationale du 14 juillet 1790, l'attentat du 11 septembre 2001.

    Le Dix-Huit Brumaire. La rue du 22-Novembre.

    Remarque 5 : Étymologiquement, lundi (du latin Lunae dies) signifie « jour de la lune », mardi (du latin Martis dies) « jour de Mars », mercredi (du latin Mercurii dies) « jour de Mercure », jeudi (du latin Jovis dies) « jour de Jupiter », vendredi (du latin Veneris dies) « jour de Vénus », samedi (du latin sabbati dies) « jour du sabbat » (= jour de repos) et dimanche (du latin dies dominicus) « jour du Seigneur ». Si autrefois la semaine commençait le dimanche, l'usage (ainsi que la norme internationale) a entériné le choix du lundi comme premier jour de la semaine.

    En ce qui concerne les mois de l'année, les Romains ayant d'abord adopté le calendrier étrusque divisé en dix mois de mars à décembre, cela nous éclaire sur la signification de : septembre (septième mois), octobre (huitième), novembre (neuvième) et décembre (dixième). Juillet fut ainsi nommé en l'honneur de Julius (César) et août, en l'honneur de l'empereur Augustus, qui fit porter son nombre de jours à 31 afin de ne pas être en reste vis-à-vis de son prédécesseur. Mars (du latin Martius [mensis]) honore le dieu de la Guerre ; mai (du latin Maius [mensis]) est le mois de Maia, épouse de Vulcain ; juin, celui de Junius Brutus, premier consul ; seul le mois d'avril (du latin Aprilius [mensis]) possède une origine obscure (mois d'Aphrodite, déesse de l'Amour ?). Par la suite ont été ajoutés janvier (du latin Januarius [mensis]), mois de Janus, et février (du latin Februarius [mensis]), mois de la purification.

    Remarque 6 : Les jours travaillés (par opposition aux jours fériés) sont qualifiés d'ouvrables, non parce que les magasins sont ouverts ces jours-là, mais pour des raisons étymologiques : ouvrable est dérivé de l'ancien verbe ouvrer, qui signifie « travailler ».

    Jour de la semaine

     


    10 commentaires