• Elle s'est retrouvé(e)

    « Lors d'une remise de prix à Montréal, en 2009, la Franco-Colombienne [NDA : Ingrid Bétancourt] avait réclamé un nouveau procès "impartial" pour la Française [Florence Cassez, photo ci-contre] qui, selon elle, s'est retrouvé "au mauvais endroit au mauvais moment". »

    (Jim Jarrassé, sur lefigaro.fr, le 24 janvier 2013)

    (photo liberezflorencecassez.com)

     
    FlècheCe que j'en pense


    Bien sûr, tout le monde est très ému : Ingrid, Florence et tous ses soutiens qui feront peu de cas de cette phrase relevée sur le site du Figaro.

    Il n'empêche, ce participe passé aurait mieux fait de rester sous les verrous, tant son (non) accord est sujet à caution ! En effet, Florence Cassez a retrouvé qui ? se mis pour elle-même, COD placé avant le participe. L'accord au féminin s'impose donc.

    De là à évoquer le cliché d'une armée mexicaine de correcteurs laissant passer les coquilles...


    Voir également le billet Accord du participe passé des verbes pronominaux.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elle s'est retrouvée "au mauvais endroit au mauvais moment".

     


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  • Il est vrai(e)

    « Certaines critiques, trop contentes de pouvoir enfin l'enterrer, argueront sans doute que le public a simplement ouvert les yeux sur les réels talents d’acteur de l’ancien champion de culturisme dont l’expressivité est parfois, il est vraie, inversement proportionnelle à  la taille des biceps » (à propos de la sortie du dernier film d'Arnold Schwarzenegger).

    (Alexandre Devecchio, sur atlantico.fr, le 23 janvier 2013)

     

     
    FlècheCe que j'en pense


    C'est l'histoire de l'arroseur arrosé : à trop vouloir se moquer de ces colosses dont on suppose qu'ils ont tout dans les bras et rien dans la tête, on en perd le sens et l'accord communs.  On est en effet fondé à se demander ce qui a bien pu passer par la tête de notre journaliste pour accorder au féminin l'adjectif dans le tour impersonnel il est vrai... si ce n'est la proximité trompeuse du mot expressivité.

    Un dictionnaire doublé d'une bonne grammaire, voilà le dernier rempart contre l'approximation syntaxique, diront les mauvaises langues.

    Vrai, il n'est jamais recommandé de se moquer d'un plus costaud que soi !

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Il est vrai.

     


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  • Le Journal Officiel enterre le hash... tag !

    « Mot-dièse : Suite signifiante de caractères sans espace commençant par le signe # (dièse), qui signale un sujet d'intérêt et est insérée dans un message par son rédacteur afin d'en faciliter le repérage. »

    (JORF du 23 janvier 2013)

     

     
    FlècheCe que j'en pense


    Voici donc la dernière création en date de la commission générale de terminologie et de néologie : mot-dièse (mots-dièse, au pluriel), en lieu et place du hashtag bien connu des accros des réseaux sociaux.

    Certes, le nouveau-né nous offre un profil plus familier que cet anglicisme formé de la juxtaposition des termes hash (« croisillon », en typographie) et tag (« bribes de conversation »). Problème : le signe associé à ce dernier (le fameux croisillon #) ne saurait être confondu avec le dièse ♯ des musiciens !

    Les membres de la commission auraient-ils été plus inspirés de s'en tenir au néologisme déjà utilisé par nos cousins québécois : mot-clic ? Le débat est ouvert... sous l'œil goguenard de millions de « twitteurs » (ou de « twittos »).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Je suggère : mot-croisé, en attendant de trancher (d'un coup de... hache).

     


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  • Voir plus

    « Mardi, Algirdas Semeta [NDA : commissaire européen à la fiscalité] a implicitement pointé vers un chiffre de 30 milliards, voir plus » (à propos du produit escompté de la future taxe Tobin sur les transactions financières).

    (Jean-Jacques Mevel, sur lefigaro.fr, le 22 janvier 2013)

     

    Voir(e)

    « Le jeu d’ombre et de lumière que permettent ces cellules vient renforcer une dramaturgie faiblarde, voir condescendante » (à propos de la mise en scène de l'opéra de Leoš Janáček, L’Affaire Makropoulos, par Krzysztof Warlikowski, à l'Opéra Bastille).

    (Jean-Christophe Brianchon, sur m2jc.fr, le 1er octobre 2013)

     

     


    FlècheCe que j'en pense


    C'est tout vu : il y a là confusion entre le verbe voir et son homophone l'adverbe voire, employé au sens de « vraiment » et, plus couramment, de « et même » pour renforcer une assertion.

    Joint à plus, voire suggère une quantité plus importante encore ; joint à même, il frise pour beaucoup le pléonasme (voir... plus sur ce sujet dans le billet Voire même).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    30 milliards, voire plus.

    Une dramaturgie faiblarde, voire condescendante.

     


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  • Les effluves se sont répandu(e)s

    « Des effluves de gaz se sont répandues dans la nuit de lundi à mardi depuis une usine chimique de Rouen jusqu'à la région parisienne. »

    (lu sur le site lexpress.fr, le 22 janvier 2013)

     


    (Tableau d'Eugen Bracht, source Wikipédia)

     
    FlècheCe que j'en pense


    Et voilà qu'une fuite de gaz ravive la guerre des sexes...

    Pourquoi certains s'entêtent-ils à faire d'effluve un mot du genre féminin ? Sans doute en raison de sa terminaison, au parfum de cuve ou d'étuve.

    L'étymologie nous indique pourtant que le mot est masculin : emprunté du neutre latin effluvium (« écoulement »), qui a également donné effluent, effluve – le plus souvent employé au pluriel – désigne une émanation : odorante, au propre, et d'ordre moral et psychologique, au figuré.

    Pour autant, reconnaissons que d'excellents écrivains se sont laissé aller à la faute de genre : « Les effluves du sombre et du profond, mêlées / À vos effusions » (Hugo) ; « des effluves amoureuses » (Flaubert) ; « effluves amollissantes » (A. Daudet) ; « Les effluves bleues » (Verlaine) ; « effluves odoriférantes » (Proust) ; « Une effluve plus forte » (Giraudoux).

    Est-ce pour cette raison que Larousse, qui tient à rester dans le vent, s'est cru obligé de préciser que le mot est « parfois féminin au pluriel » ? Grevisse, quant à lui, note que le bougre « est souvent féminin au XIXe siècle, moins souvent au XXe ». L'avis de Littré est pourtant sans nuages : « On fait souvent ce mot féminin ; c'est une faute ; il est masculin ».

    On ne s'étonnera pas que, devant pareille cacophonie, plusieurs milliers de personnes se soient senti(e)s la tête dans le gaz...


    AstuceMoyen mnémotechnique : pensez à Cyrano et à son « nez fleuve » (comme on dit un roman fleuve)... pour un effluve, liaison comprise.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Des effluves de gaz se sont répandus.

     


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