• Des vacances pas si calmes que prévues

    « Après des vacances pas si calmes que prévues, le conseil des ministres de ce mercredi marquera symboliquement le signal de la pré-rentrée politique »

    (Guillaume Launay et Laure Equy, sur liberation.fr, le 21 août 2012)

    (photo afp.com/Lionel Bonaventure)


    FlècheCe que j'en pense


    En accordant prévues au féminin pluriel, les journalistes semblent établir une comparaison entre deux adjectifs (calmes et prévues) en rapport direct avec vacances. Cette éventualité pourrait certes s'envisager (après tout, rien n'empêche d'écrire : Ces vacances sont plus imprévues que prévues, en ce sens qu'elles relèvent davantage de la décision de dernière minute que de la décision mûrement réfléchie)... mais est-ce bien là le propos visé ?

    Si... que, employé avec la négation, entre en concurrence avec aussi... que pour exprimer une comparaison : Il n'est pas si (ou aussi) grand que je le croyais.

    Souvent, la proposition subordonnée introduite par que (encore appelée complément du comparatif) fait l'objet d'un emploi elliptique : Il n'est pas si grand que mon père (l'est). C'est bien de cette construction, fréquente dans la langue relâchée, que relève notre exemple : les vacances ne sont pas si calmes (qu'il était) prévu. Le tour impersonnel, bien que sous-entendu, impose l'invariabilité du participe passé prévu.

    Moralité : comme prévu, les règles de syntaxe ne s'offrent pas de vacances, elles...

    Voir également le billet Prévu.


    Remarque : Les mêmes considérations valent pour que convenu, qu'annoncé, etc.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Après des vacances pas si calmes que prévu.

     


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  • Les roues son prêtes


    « Un montage de photos diffusé sur le site internet de la Nasa montre que les roues fonctionnent correctement et son prêtes à rouler » (à propos des premiers déplacements sur Mars du robot Curiosity, photo ci-contre).

    (dépêche AFP servilement reprise sur liberation.fr, nouvelobs.com, ouest-france.fr, etc., le 21 août 2012)

     


    (photo wikipedia, source NASA)



    FlècheCe que j'en pense


    Nul besoin d'une expédition sur Mars pour traquer les monstres langagiers (je n'ai pas osé l'anglicisme alien) et autres curiosités syntaxiques !

    Certes, le son « son » est à l'origine de quatre homophones en français : son (adjectif possessif), sont (forme verbale), son (substantif masculin désignant la sensation auditive) et son (substantif masculin désignant le résidu de la mouture du grain), mais de là à les confondre dans un article à visée scientifique...

    Profitons de l'occasion qui nous est donnée pour saluer, une fois n'est pas coutume, la capacité du monde.fr à détecter ce genre de coquilles terrestres.


    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les roues sont prêtes à rouler.

     


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  • On en n'est pas moins homme


    « Pour être musicien d'orchestre, on en est pas moins homme. »

    (lu dans Au cœur de l'orchestre, de Christian Merlin, Éditions Fayard, 2012, photo ci-contre)


     

     

     

    FlècheCe que j'en pense


    Si l'adverbe de négation ne est fréquemment omis dans le langage populaire ou enfantin (Il viendra pas. C'est pas moi), la langue écrite et soignée ne s'accommode guère d'un tel oubli. À moins qu'il (ne) s'agisse plus vraisemblablement d'une simple coquille ? D'une fausse note, assurément !

    En l'occurrence, c'est la musique interne de cette phrase qui peut tromper son homme, la liaison on en prêtant à confusion avec on n'en... Et Dieu sait que l'erreur est humaine !

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Pour être musicien d'orchestre, on n'en est pas moins homme..

     


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  • Ils se sont donnés le mot

    « Les porte-parole du gouvernement allemand se sont donnés le mot pour faire retomber les attentes avant la visite prévue à Berlin du président français François Hollande, jeudi [23 août]. »

    (dépêche AFP servilement reprise sur liberation.fr, lesechos.fr, leparisien.fr, etc., le 20 août 2012)

     
    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Jean-Marc Ayrault)


    FlècheCe que j'en pense


    Allez, un peu d'analyse grammaticale. Les porte-parole (orthographe traditionnelle) ou les porte-paroles (orthographe rectifiée) ont donné quoi ? le mot, complément d'objet direct placé après le participe passé donné, qui reste donc invariable. À qui ? à se, complément d'objet indirect mis pour les porte-parole(s). En d'autres termes, ils se sont donné le mot doit s'analyser comme ils ont donné le mot à eux-mêmes.

    Les mêmes remarques valent, je vous le donne en mille, pour les autres emplois de se donner comme pronominal réciproque : ils se sont donné rendez-vous, la main, la peine, un instant pour réfléchir, etc.


    Voir également le billet Accord du participe passé des verbes pronominaux.

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Ils se sont donné le mot pour faire retomber les attentes.

     


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  • Un mont majuscule

    « C'est là, dans le plus haut village du massif Central, à deux pas du Mont Gerbier de Jonc, que Laurent Wauquiez avait décidé de rassembler ses troupes. »
    (Cédric Dedieu, sur lemonde.fr, le 20 août 2012, avant remaniement de l'article...)

    (photo wikipedia sous licence par Casse-cailloux)

     

    FlècheCe que j'en pense


    Nom d'un... Cédric ! Le Monde n'en finit pas de s'emmêler les majuscules dans les désignations géographiques (voir également le billet Le détroit du Pas-de-Calais).

    Les recommandations de l'Académie sont pourtant claires : « Les noms communs d'entités géographiques [baie, cap, golfe, lac, mer, mont, pic, etc.] individualisés par un nom propre ou un adjectif gardent leur minuscule initiale : c'est le nom propre ou l'adjectif, distinctif pour le lieu, qui prend la majuscule. » En d'autres termes, l'élément générique (le nom commun) conserve sa minuscule tandis que l'élément spécifique (l'adjectif ou le nom propre, qui le précise) prend une majuscule : le mont Blanc, l'océan Atlantique, la montagne Sainte-Victoire... et le massif Central ? Eh bien non, justement ! Ce dernier toponyme fait partie des (nombreuses) exceptions que l'on écrit traditionnellement avec majuscule au nom commun et minuscule à l'adjectif quand celui-ci désigne une situation géographique : le Massif central, le Bassin parisien, etc.

    En résumé, notre journaliste s'est perdu dans les méandres « loiresques » des règles typographiques, sources de bien des maux. Il faut croire qu'il s'est attiré une colère majuscule de sa rédaction, puisque l'article a depuis été intégralement remanié, et l'extrait incriminé, passé... à la (bas de) casse.

    Remarque : Lorsque l'élément générique entre dans la formation d'un nom propre composé, il prend alors une majuscule et est relié aux autres mots de la partie spécifique par un trait d'union. Ainsi distinguera-t-on le mont Saint-Michel (nom commun) de la commune du Mont-Saint-Michel (nom propre), le mont Blanc (le seul sommet) du Mont-Blanc (le massif), etc. De l'intérêt des normes typographiques en toponymie...

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Dans le plus haut village du Massif central, à deux pas du mont Gerbier de Jonc.

     


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