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Impact

Arrêtons d'utiliser impact à tout va !

Ce mot à la mode possède une signification très précise, notamment en termes de balistique : emprunté du latin impactum (dans le sens de « frapper contre »), il désigne à proprement parler le choc d'un projectile contre un corps et, par métonymie, la trace laissée par le projectile au point d'impact.

Des impacts de balles.

Le point d'impact d'une balle, d'une météorite.

L'impact a été très violent, lors de l'accident.

Au figuré, impact désigne un effet violent (de surprise, de choc), une vive répercussion (produite sur l'opinion), conservant ainsi l'idée de brutalité, de heurt présente au sens propre.

L'impact du « J'accuse » d'Émile Zola sur l'opinion.

Mais l'usage actuel (journalistique et publicitaire, notamment) en a considérablement affaibli la portée, sous l'influence de l'anglais impact, au point de déclencher les légitimes protestations de l'Académie : « C'est par une extension abusive qu'on emploie Impact en parlant d'une influence diffuse ou générale. » Dans ce cas, le locuteur épris de clarté privilégiera effet, influence, conséquence, répercussion, résultat, retentissement, contrecoup.

Les effets de la publicité, de la crise financière, du réchauffement de la planète.

Son intervention a eu un effet positif sur l'opinion.

La nouvelle a eu un grand retentissement dans le milieu politique.

Une étude d'impact n'est rien d'autre que l'étude des effets d'une politique.

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Remarque
: Il va de soi que le verbe impacter et son dérivé impactant ne sont pas reconnus par l'Académie. On aura avantageusement recours, selon le contexte, aux verbes affecter, agir, causer, concerner, frapper, impressionner, influencer, nuire, peser, toucher, etc. ou aux locutions avoir un effet sur, avoir des répercussions, exercer une influence, influer sur, jouer un rôle dans, etc. Une fois encore, la richesse du français permet une grande précision.

La crise affecte l'activité économique (et non impacte l'activité économique).

 

Impact

Quels effets sur notre santé
? serait plus approprié.

 

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B
Bonjour à tous.<br /> Il est patent que nos célébrités (politiques ou culturelles) ainsi que nos médiatiseurs (et même les meilleurs journalistes) ont découvert avec ravissement ce mot "gérer" et ses dérivés : enfin des mots qui sont d'autant plus pratiques qu'ils veulent tout dire (et donc rien) !<br /> Quand un mot nous manque, inutile de prendre notre dictionnaire des synonymes : il suffit d'utiliser "gérer" ou l'un de ses dérivés.<br /> À ce sujet, mais cela pourrait s'appliquer à beaucoup d'autres mots invasifs, on devrait créer une rubrique "Ils l'ont fait" où seraient cités les propos desdits célébrités ou médiatiseurs.<br /> Commençons par Paul Molac, député LIOT du Morbihan. Interviewé dans son véhicules sur la situation de violence liée à la réforme des retraites et cité par le "Vu" du 24 mars 2023 (https://www.france.tv/france-5/vu/4780525-emission-du-24-mars-2023.html), il dit textuellement :<br /> "[...] sauf que gérer un pays, c'est pas [hésitation]... c'est pas de la gestion !"<br /> Ce qui signifie que le mots "gérer" et ses dérivés signifient tout, mais aussi leur contraire puisque l'action de gérer n'est pas la gestion. Ce qui est vraiment très pratique !<br /> Autrement dit, le même député aurait pu dire, sans sourcilier :<br /> "[...] sauf que la gestion d'un pays, c'est pas [hésitation]... c'est pas le gérer !"<br />  <br /> Magnifique !...<br />  <br /> Amicalement,<br /> Bernard Trompeur<br />  <br />  <br />  
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B
Merci, cher Philippe, pour cette tirade. Et bonne idée d'avoir commencé à répertorier les mots qu'Impact remplacent : coût, perte, gain, bénéfice. [...] importance, émotion, perturbation, dégradation, amélioration... Je pense qu'on en trouverait plus d'une centaine...<br /> En fait, il m'est venu l'idée que ce mot Impact est un "schtroumpfisme", c.-à-d. qu'il se met à la place de quantité d'autres mots beaucoup plus précis. Mais, comme dans la langue des Schtroumpfs, ça marche en français ! Surtout quand on n'a rien de très précis à dire (ce qui est souvent le cas).<br /> Bien sûr l’inénarrable "gérer" et ses dérivés peuvent aussi accéder au rang de schtroumpfisme ! Gageons en effet que cette famille de mots va petit à petit remplacer tous les mots  possédant un sens un tant soit peu actif...<br /> Gageons aussi qu'avec de telles pratiques les dictionnaires vont s'alléger !<br /> On peut démontrer que ces deux familles de mots sont à la mode en établissant leur fréquence dans Ngram Viewer (voir mon premier message) ou dans tout autre logiciel d'étude d'un corpus de texte. Mais dans la vie courante, il suffit de remarquer que ces mots (en plus d'être appliqué à la place de toutes sortes de mots plus précis) sont également ajouté (gratuitement, en sus) au discours : Jadis (qui n'était pourtant pas tellement mieux) on disait, lorsque l'on relatait un problème : "C'est difficile !" À présent on dit "C'est difficile à gérer !". Et on est sur le point de dire : "C'est difficile à gérer, comme impact !"<br /> Si l'on se croit grandi en farcissant son discours de ces mots, c'est bien la preuve que ces mots sont à la mode...<br /> À quand une émission de télé qui se nommerait "Impact" (ou "Impacts") ?<br />  <br /> Amicalement, Bernard Trompeur
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P
Je prends note, sporadiquement, depuis 20 ans des usages les plus absurdes du mot impact par les journalistes et invités des radios francophones publiques - RTS (Suisse), Fr Inter, Info et Culture) -. Je note une extension continue de son champs sémantique. Ainsi peut-il être utilisé en lieu et place de : coût, perte, gain, bénéfice. déficit, efficacité, proportion, exemple, poids, importance, émotion, perturbation, dégradation, amélioration, dommage, dégâts... pour en citer quelques uns. Mais le plus stupéfiant est que personne, hors vous, ne semble l'avoir remarquer. Voici un slam que j'ai composé à ce sujet:<br /> Chaque jour je suis rossé de bavardes cataractes,<br /> Flots d’impacts impactés impactant des impacts <br /> Je hais ce terme guerrier, ce mot de mitraillé  <br /> De stigmates meurtriers, cet usage dévoyé<br /> D’un jargon policier qui pollue le dialecte <br /> Des causeurs consacrés, qui paradent, se délectent,<br /> Et se tiennent pour lettrés d’user à tout propos,<br /> A toute cause et effet de ce sinistre mot<br /> Qu’ils auront absorbé, par complaisante osmose, <br /> Pour faire de la fumée, à vrai dire pas grand chose. <br /> Quelques niaises logorrhées, ou caquets de pécores<br /> Des fadaises ampoulées de prétentieux butors   <br /> A cette mode insensée, on les dirait addictes.<br /> De la langue mutilée, qu’ils entendent le verdict ! 
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B
Cette intrusion continuelle des mots "impact" et "impacter" dans la langue des journalistes est une plaie ; de sorte qu'on pourrait qualifier ces derniers d' "impacteurs gérants" (le mot "gérer" et ses dérivés étant une autre plaie complémentaire).<br /> Comme tout à un effet sur tout (par définition), tout "impacte" tout (et en avant les "impacts" !). Et comme tout et chacun agit sur tout, en avant le mot "gérer" !<br /> N'y a-t-il jamais dans les rédactions (parlées, télévisées ou écrites) de rédacteurs en chef qui s'intéressent un tant soit peu à notre langue ? Pour exemple, la mode "cerise sur le gâteau" a duré des années mais les rédacteurs en chef ont finit par l'apercevoir...<br /> J'ai demandé à Ngram Viewer de faire le compte des occurrences relatives du mot "impact" depuis 1900 à nos jours : il apparaît que les occurrences de ce mot ont été multipliées par 1000 dans ce laps de temps (sans compter les occurrences d'"impacter").<br /> Ce dernier mot, "impacter", dessine à partir de 1945 des ondulations de 20 ans ; mais à partir de 1985 il commence son accroissement démentiel...<br /> Amicalement,<br /> Bernard Trompeur
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