• Vus et bévues

    « Depuis ce jour, les rêves que j'ai vus défiler sont identiques. »
    (Julien Jouanneau, sur lexpress.fr, le 11 juin 2015) 

     

     
     

    FlècheCe que j'en pense


    Le niveau de maîtrise des règles d'orthographe et de grammaire par nos concitoyens se serait dégradé ces dernières années, à en croire les résultats, publiés ce jour, du premier « baromètre Voltaire » (1). Gageons que les habitués de ce blog(ue) ne s'en étonneront guère...

    Pour l'occasion, L'Express nous convie à une plaisante pêche aux coquilles, autour d'une lettre d'amour pimentée des fautes de français les plus courantes (2). Et voilà que l'arroseur se voit bien rapidement arrosé. Car que lit-on dans le corrigé proposé ? « Depuis ce jour, les rêves que j'ai vu défiler [pas d'accord du participe passé suivi de l'infinitif] sont identiques. » Pas d'accord du participe passé suivi de l'infinitif ? On croit rêver ! J'ai comme l'impression que notre journaliste a confondu la règle et ses exceptions : seuls les participes fait et (depuis la réforme de 1990) laissé peuvent être considérés comme toujours invariables devant un infinitif. Dans tous les autres cas qui défileront devant nos yeux attentifs, le participe passé suivi d’un infinitif s’accordera avec le complément d’objet direct placé avant lui si ce dernier existe et fait l’action exprimée par l’infinitif. Comparez : La chorale que j'ai entendue chanter [j'ai entendu quoi ? la chorale (chanter)] et La chanson que j'ai entendu chanter [j'ai entendu quoi ? chanter (la chanson)]. Dans l'affaire qui nous occupe, les rêves, complément d'objet direct de vus, est placé avant ledit participe et fait l'action de l'infinitif (ce sont bien les rêves qui défilent). Partant, l'accord au masculin pluriel est de rigueur.

    Autant dire que le baromètre n'est pas à la fête !


    (1) Projet Voltaire est le nom d'un service en ligne d'entraînement à l'orthographe.

    (2) On trouvera l'intégralité de la lettre et du corrigé grâce au lien : http://www.lexpress.fr/education/corrigez-la-lettre-d-amour-du-francais-nul-en-grammaire_1688541.html. L'honnêteté m'oblige à préciser que l'accord y a été rectifié entre-temps, faisant ainsi passer le nombre de fautes à débusquer de dix à neuf...


    Voir également le billet Accord du participe passé.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La même chose.

     

    « Un tiens vaut mieux qu'un tien !Plaît à vif »

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