• C'est à tort que l'on donne au verbe nécessiter le sens de « avoir besoin ».

    Nécessiter signifie « rendre nécessaire, indispensable » et ne peut donc avoir pour sujet une personne ou une chose concrète. Dans les autres constructions, on aura recours à requérir, exiger, avoir besoin...

    L'état de ce malade nécessite des soins (et non Ce malade nécessite des soins).

    Ce mur a besoin d'un coup de peinture (et non Ce mur nécessite un coup de peinture).

    Les investissements que ce projet a nécessités.

    AstuceOn retiendra que le verbe nécessiter signifie « rendre nécessaire » et non « avoir besoin ».

    Nécessiter
    Nécessiter est ici employé dans son sens classique
    (et aujourd'hui disparu) de « contraindre ».

     


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  • À première vue, l'Académie n'enregistre le substantif féminin avancée qu'au sens de « ce qui forme saillie ».

    L'avancée d'un toit, d'un balcon.

    Pourtant, certains, confondant l'action (avance, avancement) et le résultat (avancée), s'obstinent à parler des avancées de la science au lieu de ses progrès !

    Les avancées de la science (Bescherelle).
    Les avancées de la médecine (Larousse).
    Une avancée technique décisive (Robert).

    La faute à Littré, qui atteste dès 1874 l'acception « marche en avant » ?

    Le retour [dans une mer glacée] étant aussi pénible que l'avancée, il fallut renoncer à l'entreprise.

    À y regarder de plus près, force est de constater que l'on trouve également trace de ladite extension de sens (abusive ?) dans la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie... mais aux entrées « percée » (« Progrès remarquable, avancée spectaculaire »), « progrès » (« marche en avant, avancée ») et « remodeler » (« l'avancée et le recul des glaciers »). Pas sûr que cela constitue un progrès de notre langue.

    Avancée

    Osons avancer : Les progrès de la recherche sur le sida !

     


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  • Appliqué aux choses, le nom féminin capacité désigne la contenance (la capacité pulmonaire, la capacité d'un hôtel) ainsi que différentes grandeurs caractéristiques (en électricité, en thermodynamique et en informatique, notamment).

    En parlant d'une personne, il prend le sens d'« aptitude, faculté de comprendre, compétence » et se construit avec la préposition de − sur le modèle de (être) capable de −, devant un nom ou un infinitif.

    Il a une grande capacité de travail.

    Tout enfant a la capacité de surmonter les épreuves.

    Pourtant, la préposition à est fréquemment employée à la place de de devant un infinitif, comme l'illustre cet exemple fourni par l'Académie (qui nous a habitués à plus de conservatisme) :

    Je doute beaucoup de sa capacité à tenir cet emploi.

    Il semble en effet que l'usage moderne préfère de quand capacité est précédé de l'article défini la et à quand capacité est précédé de l'article indéfini une ou d'un possessif (ma, ta, sa, leur...).

    Comparez :

    Ils ont trouvé la capacité de rebondir.

    J'aimerais améliorer ma capacité à écouter (ou d'écouter).

    Il a une bonne capacité à prendre du recul (ou de prendre du recul).

    Elle doute de leur capacité à maîtriser la langue anglaise (ou de maîtriser).

    La construction avec de n'en reste pas moins, à mon goût, de meilleure langue, même en cas de répétition de la préposition : La capacité de l'être humain de surmonter les épreuves (que l'on peut, en l'occurrence, avantageusement transformer en : L'aptitude de l'être humain à surmonter les épreuves).

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    Remarque 1
    : De même écrira-t-on, avec l'antonyme incapacité : être dans l'incapacité d'agir, l'incapacité de contracter, mais une incapacité à faire quelque chose, l'incapacité de quelqu'un (ou son incapacité) à faire quelque chose.

    Remarque 2 : Capacité se construit également avec pour (lorsqu'il s'agit de personnes) dans l'expression juridique avoir capacité pour ou quand capacité est employé avec un article partitif (de la).

    L'expérience lui avait donné de la capacité pour la guerre (Hamilton).

    Remarque 3 : On dira correctement : Avoir la capacité d'agir ou Être capable d'agir, en mesure d'agir (voir le billet Être en capacité de).

    Remarque 4 : On se gardera de confondre capable et susceptible (voir le billet Capable).

    Capacité (à, de)

     


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  • La locution prépositive dans le cadre de compte parmi les tics de langage (avec au niveau de, en termes de, quelque part et autres formules creuses) qui envahissent les conversations actuelles, au détriment de la clarté et de la précision.

    Citons d'emblée Joseph Hanse (voir bibliographie) :

    « L'expression dans le cadre de, normale quand elle signifie "dans les limites de", (...) s'emploie de plus en plus comme un cliché pour "à l'occasion de". »

    Comparez :

    Il a agi dans le cadre de ses fonctions, dans le cadre de la loi, dans le cadre de notre accord (emploi correct selon Hanse).

    Un repas sera offert par la municipalité dans le cadre de son festival annuel (emploi abusif).

    Dans ce dernier exemple, on aura avantageusement recours à lors de, à l'occasion de, au cours de, etc.

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    Subtilité
    : Une silhouette apparut dans le cadre de la porte.

     

    Dans le cadre de

    Recueil de conférences données
    à l'occasion des rencontres de Femmes 2000
    (Editions Farel)

     


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  • Pendant longtemps, la locution rien moins que fut employée dans un sens aussi bien positif que négatif, selon le contexte (*). Ce n'est que depuis 1935 que l'Académie recommande de faire la distinction entre ne... rien moins que, qui signifie « nullement, en aucune façon » (valeur négative), et ne... rien de moins que, qui signifie « bel et bien, véritablement, tout à fait » (valeur positive).

    Comparez :

    Il n'est rien moins que futé (= il n'est aucunement futé, il n'est en rien futé).

    Il n'est rien de moins que futé (= il est tout à fait futé).

    Une soirée qui n'est rien moins que réussie (= une soirée ratée).

    Une soirée qui n'est rien de moins que réussie (= tout à fait réussie).

    Force est de constater que cette distinction est loin d'être toujours observée, même par d'excellents écrivains (Proust, pour ne citer que lui). Sans doute en raison de la trop grande similitude des deux formes. Aussi semble-t-il préférable d'éviter ces « fausses élégances » qui, si elles ne sont pas impeccablement maîtrisées, ont tôt fait de semer la confusion, en signifiant une chose et son contraire...

     

    Astuce

    Moyen mnémotechnique : la formule la moins longue (ne... rien moins que) a un sens négatif (-), tandis que celle la plus longue (ne... rien de moins que) a un sens positif (+).


    (*) On lit ainsi dans la huitième édition du Dictionnaire de l'Académie : « Rien moins que a d'ordinaire le sens négatif et signifie "tout plus que, nullement, en aucune façon" [...]. Cependant, suivi d'un substantif ou d'un verbe, il est quelquefois employé dans un sens positif et signifie alors "véritablement". Le reste de la phrase doit déterminer le sens dans lequel est prise cette locution. Vous lui devez de la reconnaissance, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur, Il est véritablement votre bienfaiteur. Vous pouvez vous dispenser de reconnaissance envers lui, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur, Il n'est pas du tout votre bienfaiteur. Vous le croyez votre concurrent ; il a d'autres vues : il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, Il n'est point votre concurrent. Vous ne le regardez pas comme votre concurrent ; cependant il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, Il est votre concurrent. Dans le premier sens, Il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter veut dire : Vous supplanter est la chose à laquelle il aspire le moins ; et dans le second sens, Il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter signifie : Il n'aspire pas à moins qu'à vous supplanter. Pour éviter toute équivoque, il est bon de réserver l'emploi de Rien moins que au sens négatif qui se justifie mieux ; et dans le sens positif, il convient de l'éviter et de se servir de préférence de Rien de moins que, qui s'explique parfaitement. »

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    Remarque 1
    : Vous l'aurez compris, l'hésitation porte essentiellement sur la valeur de rien moins que suivi d'un substantif ou d'un verbe (rien moins que suivi d'un adjectif semble toujours avoir un sens négatif et « rien de moins que "nullement" est rarissime », confirme Grevisse). Selon la linguiste Marie-Ève Damar, dont les travaux (2006) ont été portés à ma connaissance par une certaine Mariam que je remercie ici, le sens de rien moins que dépendrait surtout du caractère « adjectivable, gradable, comparable » du syntagme nominal qui suit. Comparez [!] : « [Il] n'était rien moins qu'un homme léger, et n'admettait dans sa maison que des gens de lui bien connus » (Stendhal ; la comparaison porte sur l'adjectif léger), « Je suis un homme très pauvre, et rien moins qu’un millionnaire » (Hugo ; le nom millionnaire est « proche de l'adjectif »), où le sens est négatif, et « La peine applicable à mon crime n’était rien moins que la peine capitale » (Chateaubriand), « Ce n’était rien moins que l’honorable Gordon Spilett » (Verne), où le sens est positif.
    Est-il besoin de préciser que les exemples donnés dans la huitième édition du Dictionnaire de l'Académie viennent contredire cette théorie... ?

    Remarque 2 : Selon l'Académie, ne est de rigueur dans ces constructions. Toutefois, reconnaît-elle dans la neuvième édition de son Dictionnaire, « Rien de moins ou Rien moins s'emploient aussi, sans négation, avec une valeur ironique, dans le sens de "pas moins", pour souligner l'extravagance d'une demande, d'une prétention. Il se prend pour un héros, rien de moins ou rien moins ».

    Remarque 3 : Dans la construction rien de + adjectif, l'épithète s'accorde au masculin singulier avec le pronom indéterminé rien auquel il se rapporte.

    Cette tenue n'a rien de négligé (et non rien de négligée).
    Votre réponse n'a rien de spontané.

    Rien (de) moins que

     


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