• « C'est un vrai boulot avec une vrai formation obligatoire pour avoir l'expérience et réussir dans la vie (...) Ces emplois, ça n'est pas la panacée. Les emplois se créés avec la croissance, mais en attendant, nous n'allons pas regarder le chômage augmenter » (propos attribués à Michel Sapin, photo ci-contre, au sujet des emplois d'avenir).

    (paru sur nouvelobs.com, le 25 juillet 2013) 

    (photo Wikipédia sous licence GFDL par Matthieu Riegler)

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Le chômage augmente ? Les fautes d'accord aussi...

    La relecture n'est peut-être pas la panacée (du grec panakeia, formé de pan, « tout », et de akos, « remède »), mais en l'espèce il n'y en a pas assez.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une vraie formation.

    Les emplois se créent avec la croissance.

     

     


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  • « [La conversion génique] permet de "corriger" bon nombres de mutations désavantageuses. »

    (Yann Chavance, sur lemonde.fr, le 23 juillet 2013) 


    « On pourrait détailler le rôle de chaque vitamine et probablement démontrer que dans nombres de situations pathologiques elles peuvent et doivent être contrôlées et corrigées si nécessaire. »

    (Nicole Delépine, sur atlantico.fr, le 24 juillet 2013)

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Et moi qui croyais que les médecins étaient forts en maths...

    Ce n'est pas parce que la locution (bon) nombre de, qui signifie « beaucoup de », est toujours suivie d'un substantif et d'un verbe au pluriel que nombresans article dans cette construction – doit lui-même prendre la marque du pluriel : Nombre de pathologies sont liées au stress (mais Les nombres de plus de deux chiffres).

    À moins, bien sûr, que l'on ait affaire à une mutation transgénique sous l'effet d'une overdose de vitamine S...


    Voir également les billets Beaucoup et Accord avec un nom collectif.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Bon nombre de mutations.

    Dans nombre de situations pathologiques.

     


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  • Oh combien

    « Elles sont belles, parfaites mais oh combien retouchées » (à propos d'un projet de loi visant à signaler les photos retouchées).

    (paru sur cosmopolitan.fr, le 18 juin 2013) 

     

    FlècheCe que j'en pense


    Allez savoir pourquoi, il me semble parfois que les articles de presse gagneraient  eux aussi à être... retouchés.

    Il faut bien reconnaître que la confusion, ô combien fréquente, entre les mots ô et oh (voire ho) ne date pas d'hier, celui-ci étant du reste une variante orthographique de celui-là. Afin de surnager dans ces o troubles, il convient déjà de bien distinguer les divers emplois du petit chapeauté. Le ô dit vocatif sert à apostropher, à invoquer emphatiquement : Ô mon Dieu ! Ô ciel ! Ô mon mari ! Dans le registre littéraire, l'interjection ô est, quant à elle, employée pour marquer divers sentiments tels que la surprise, la colère, l'effroi, la plainte, etc. Ainsi des vers fameux du Cid : Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! / N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Il ne s'agit pas cette fois, on l'aura compris, d'invoquer sa rage ni d'apostropher son désespoir (comme on implorerait le ciel ou son mari), mais bien de les signifier. Si d'aventure la nature de l'émotion ne devait pas être précisée, l'interjection oh ! pourrait s'en faire un vague écho : Oh ! n'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Les différences entre les deux homophones commencent à se faire jour : « Ô ne peut donc s'employer que lié à un autre mot [nom, pronom ou adverbe]. Oh ! suivi obligatoirement d'un point d'exclamation constitue à lui seul une phrase » (Dupré).

    Pour en revenir à l'affaire qui nous occupe, la confusion provient de ce que combien peut s'accommoder, selon le sens, de l'un ou de l'autre : l'attelage ô combien roule sur les plates-bandes de très, à un point extrême, quand Oh ! combien (souvent suivi de la préposition de) marque un simple renforcement de l'adverbe. Comparez : J'ai lu un livre ô combien passionnant (ô combien, mis pour très, pourrait être retiré de la phrase sans que le sens en souffrît) et Oh ! combien de livres passionnants j'ai lus cet été ! (combien a ici une fonction grammaticale de déterminant). Parfois, les deux formulations ont des sens très proches :  Je l'aime, ô combien ou Oh ! combien je l'aime !

    L'Académie, dans son infinie sagesse, prend soin de préciser que la locution ô combien s'emploie en incise (entre virgules) ou en fin de phrase – comprenez : partout... sauf en début de proposition ! Une recommandation qui, selon toute vraisemblance, n'a d'autre dessein que d'éviter la confusion avec le tour introductif Oh ! combien de, si cher à nos poètes : Oh ! combien de marins, combien de capitaines / Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines (premiers vers d'Oceano nox de Victor Hugo, souvent orthographiés Ô combien de marins...). Problème : Littré, à l'entrée ô de son Dictionnaire, cite ces vers de Corneille : Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres / Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres ! Ô Oh Ho ! Qui croire, dans ce cas précis ?

    Peu importe après tout : tant que nous est épargnée la graphie coupablement retouchée au combien, il n'y a pas lieu d'en faire toute une histoire (d'O).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Elles sont belles, parfaites mais ô combien retouchées.

     


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  • Vétust(et)é

    « Libération ne va pas jusqu'à prétendre que l'accident de train de Brétigny est dû à la vétusteté des lignes classiques. »

    (Aline Goncalves, sur rtbf.be, le 24 juillet 2013) 

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Gageons que le journal Libération n'irait pas jusqu'à se tromper sur toute la ligne.

    En revanche, j'irais bien jusqu'à prétendre que notre journaliste a déraillé sur une voie sans issue : emprunté du latin vetustas (« vieillesse, antiquité »), le substantif féminin vétusté ne saurait en effet accueillir un « wagon » supplémentaire, par fausse analogie avec chasteté ; pas même un passager clandestin (la graphie vétustée est aussi fréquente sur la Toile que le barbarisme vétusteté).

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    La vétusté des lignes classiques.

     


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  • « Une étrange photo de Madonna a été postée sur Twitter. Sur ce portrait rapproché, elle apparaît avec un masque surprenant, à la croisée de la cote de maille et du voile islamique. »

    (paru sur directmatin.fr, le 4 juillet 2013)   
     
    (photo twitpic.com, @MadonnaWorld)

     

    FlècheCe que j'en pense

     
    Voilà une nouvelle nichée de paronymes, que la prononciation ne nous aide plus guère à distinguer.

    Contrairement à la Côte d'Azur ou à la côte de bœuf (que l'on veillera autant que possible à faire rimer avec hôte), la cote de popularité, la cotte de maille et la cote mal taillée (« compte arrêté sans rigueur », d'où « compromis qui ne donne pleine satisfaction à personne ») s'écrivent sans accent circonflexe et se prononcent donc avec un o ouvert. Issu du francique kotta (« manteau »), le substantif féminin cotte redouble la consonne, que l'on abandonnera à sa solitude dans le dérivé cotillon (« jupon des paysannes d'autrefois », puis « farandole » et « accessoires de fête ») ainsi que dans l'homophone cote, emprunté du latin quota (« part »).

    On notera encore, à propos de notre cotte de mailles, qu'il vaut mieux écrire le complément (emprunté du latin macula, « tache, maille ») au pluriel si l'on ne veut pas avoir maille à partir (au singulier, cette fois, puisque cette maille-là, issue du latin medalia, « demi setier », désigne une monnaie de faible valeur) avec le malheureux qui s'est évertué à en tricoter les boucles métalliques. Est-il utile de préciser que derrière la recommandation se trouve une affirmation à peine... voilée ?


    Voir également le billet Cote / Côte.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Une cotte de mailles.

     


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