• Rester quoi ?

    «  Le chiffre vient de tomber et nous laisse coit : selon une étude Durex, 54% des personnes interrogées déclarent être sexuellement insatisfaites. »
    (Inès Réal, sur magazine-avantages.fr, le 28 janvier 2014)  


     

    FlècheCe que j'en pense

    J'ai d'abord cru à un plaisant jeu de mots : allusion au coït, emprunté du latin coitus, (« action de s'unir »), lui-même dérivé de coire, de cum (« avec ») et de ire (« aller »). Las ! il ne vous aura pas échappé que, dans la précipitation, on en a oublié de coiffer le i de son indispensable tréma.

    À la réflexion, il y a fort à parier que notre journaliste avait bien plutôt en tête la locution rester, demeurer, se tenir coi, qui signifie « se taire et ne pas bouger », d'où en rester coi, « être abasourdi ». Emprunté de quetus, déformation du latin quietus, l'adjectif coi − qui serait d'abord apparu en français sous la forme quei, puis coi ou coy − exprime en effet l'idée de tranquillité... bien éloignée de l'état d'esprit dans lequel sa graphie plonge d'ordinaire l'usager. C'est que l'on a du mal à s'expliquer pourquoi coi fait coite au féminin, ou plutôt pourquoi coi n'a pas conservé son t étymologique au masculin.

    D'aucuns avancent que, parmi les deux adjectifs dérivés du latin quietus, l'un (coi, coite), de formation populaire, a perdu ledit t étymologique, quand l'autre (quiet, quiète), de formation savante, l'a conservé. Quant au féminin coite, il s'agirait selon le Dictionnaire historique de la langue française de la réfection (1798) de l'ancienne forme coie d'après droit, droite (1). Pour Grevisse, coite fait simplement partie, avec favorite et rigolote, de ces rares féminins qui se caractérisent par l'addition de la consonne t. Oserai-je l'avouer ? Il y a dans toute cette affaire un je-ne-sais-quoi qui me laisse... intellectuellement insatisfait.

    Notre journaliste se consolera en constatant que quelques bons écrivains n'ont pas hésité à laisser notre adjectif invariable : « Il la menaça de la dénoncer à sa maîtresse si elle ne se tenait pas coi dans sa chambre » (G. Sand, citée par Dubois dans sa Nouvelle grammaire française, 1892) ; « ils m’étudièrent, ne reconnurent sans doute pas la nature ouvrière, et se tinrent coi » (Balzac). De quoi relancer la guerre des sexes.

    Les couples le savent bien : un quoi ? de travers, et c'est la débandade.

    (1) J. Bastin a un avis quelque peu différent sur le sujet : « Le féminin coite, devenu coie jusqu'au XVIe siècle, est redevenue : coite » (Précis de phonétique, 1905).

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Le chiffre vient de tomber et nous laisse coi(s).

     

    « À voir...Et vous trouvez ça drôle ? »

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  • Commentaires

    1
    Lomock
    Dimanche 24 Janvier 2016 à 12:59

    Bonjour,

    ma question concerne l'emploi du verbe être ou avoir dans la construction suivante avec le verbe rester :

    - Après tout ça, il ne m’aurait plus resté qu’à me reposer.

    - Après tout ça, il ne me serait plus resté qu’à me reposer.

    Construction lourde mais que je dois corriger sans la modifier !

    Merci

      • Dimanche 24 Janvier 2016 à 23:21

        Hanse note : "Rester, verbe intransitif. Auxiliaire être dans tous les cas."

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