« 2014, année du retour de Nicolas Sarkozy : oui, mais pourquoi faire ? »

(Maxime Tandonnet, sur lefigaro.fr, le 26 décembre 2014)

(photo Wikipédia sous licence GFDL par EPP)

Ce que j'en pense

Oserai-je l'avouer ? Ce titre d'un article paru sur le site Internet du Figaro m'a laissé... coi. Pourquoi ? Parce que le sens est ici « pour faire quoi ? » (comme on dit dans la langue familière), où quoi, pronom interrogatif, est complément d'objet du verbe faire.

Mais voilà que le TLFi vient semer le trouble : « L'orthographe hésite entre pourquoi faire et pour quoi faire », lit-on à l'entrée « pourquoi ». Et, de fait − allez savoir pourquoi −, il n'est pas rare de trouver la première forme sous la plume de bons auteurs : « De l'argent ! et pourquoi faire ? » (Hugo) ; « Et puis un divorce, pourquoi faire ? » (Renard) ; « pourquoi faire ? » (Malraux) ; « Apprendre à lire, pourquoi faire ? » (Aymé). Grevisse fait le même constat, tout en qualifiant ladite graphie de « peu logique ». C'est peu dire...

Pour ma part, je préfère m'en tenir à la position de Girodet, qui a pour elle le mérite de la cohérence : « Si l'infinitif est transitif et n'a pas d'autre complément que quoi, on écrit pour quoi ; si l'infinitif est intransitif ou s'il a un complément direct, on écrit pourquoi » (= pour quelle raison). Comparez : Il veut prendre la parole, mais pour quoi dire ? et Pourquoi dire du mal de ses amis ? Il réclame de l'argent, mais pour quoi faire ? et Pourquoi faire tout ce raffut ? Même son de cloche du côté de l'Académie (« L'adverbe Pourquoi doit être distingué du groupe formé par la préposition Pour et le pronom Quoi »), de Hanse (« C'est à tort qu'on écrit parfois pourquoi dans ce cas ») et de Dupré (« La graphie fréquente pourquoi faire est un véritable solécisme »). C'est pourquoi, n'en déplaise à notre journaliste, l'usager gagnera à ne point trop s'écarter de ce pour quoi faire, en trois mots.

Ce qu'il conviendrait de dire

Oui, mais pour quoi faire ?