• Demi-faute ?

    « Rugby : Les Bleues en demi-finale de la Coupe du Monde. »
    (Quentin Moynet, sur leparisien.fr, le 9 août 2014)
     
    « Rugby : Les Françaises en demi-finales de la Coupe du monde. »
    (dépêche AFP parue sur liberation.fr, le 10 août 2014)

     

    FlècheCe que j'en pense

    Doit-on écrire en demi-finale ou en demi-finales ? Il n'est pas de rédaction où l'on ne se soit un jour posé la question, à défaut d'avoir trouvé une réponse satisfaisante : « Tsonga en demi-finales du tournoi de Toronto » mais « Masters de Toronto : Tsonga en demi-finale » (Le Point) ; « Les handballeurs français iront en demi-finales de l'Euro au Danemark » mais « Handball : Les Bleues en demi-finale du Mondial » (Le Monde) ; « L'Allemagne inflige une défaite historique au Brésil en demi-finales de la Coupe du monde » mais « Le XV de la Rose a stoppé les Français en demi-finale » (L'Équipe).

    D'aucuns auront beau jeu de prétendre opter pour l'une ou l'autre graphie selon qu'il s'agit du tour de la compétition (les demi-finales) ou de l'épreuve proprement dite (la demi-finale). Force est de constater que cette distinction, si tant est qu'elle se justifie, est ignorée de l'Académie : « Élimination en demi-finale » (à l'entrée « élimination » de la dernière édition de son Dictionnaire), « Cet athlète a été qualifié pour la demi-finale » (à l'entrée « qualifié »).

    L'écurie Robert joue apparemment dans la même catégorie : « Aller en demi-finale », « Être éliminé en demi-finale », « Notre équipe est en demi-finale », « La France affrontera l'Angleterre en demi-finale ». Quant au Larousse électronique, il a beau faire le choix du pluriel dans « Il s'est qualifié pour les demi-finales », c'est bien la graphie au singulier qui, dans ses colonnes, l'emporte nettement sur sa concurrente après la préposition en : « Il a pris une sacrée volée en demi-finale », « Notre équipe a été éliminée en demi-finale », « Jouer en demi-finale » (mais « les Français ont toutefois échoué en demi-finales face à l'Espagne »).

    Inutile, pour autant, d'espérer quelque argument à faire valoir de la part de nos ouvrages de référence : ils font l'impasse sur les explications, ce qui leur vaudrait bien un carton jaune sur le terrain de la langue. Tout au plus noterons-nous, à ce... stade de la réflexion, que rien dans la définition donnée par la prestigieuse équipe des académiciens − « Épreuve éliminatoire dont les vainqueurs seront appelés à disputer la finale » − n'indique que les demi-finales aillent toujours par deux : une compétition pourrait très bien n'en compter qu'une... ou beaucoup plus (comme en athlétisme, où tout dépend du nombre de participants et de couloirs de course). Il est vrai que, si une demi-heure correspond à la moitié d'une heure, une demi-finale ne saurait désigner la moitié d'une finale !


    Remarque 1 : Est-il besoin de préciser que l'hésitation est également de mise avec quart de finale, huitième de finale... mais pas avec finale ?

    Remarque 2 : On notera la tendance actuelle à abréger le substantif demi-finale en demie : « Telle équipe se qualifie en demie », lit-on régulièrement dans les journaux sportifs. Difficile de trouver à y redire, quand on songe que les horloges sonnent depuis belle lurette les demies (pour les demi-heures), que les restaurateurs nous proposent sur leurs cartes des vins des demies (pour des demi-bouteilles), etc. : « Une demi-bouteille de bourgogne, de bordeaux ou, elliptiquement et familièrement, une demie » (neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie), « Une demie de rouge et une carafe d'eau » (Petit Larousse illustré), « Vous prenez un pain ? une baguette ? Non, un demi, une demie seulement » (Petit Robert).

    Voir également le billet Demi.

     

    Flèche

    Ce qu'il conviendrait de dire


    Les Françaises en demi-finale (de préférence à en demi-finales) de la Coupe du monde de rugby.

     

    « Langue de bœufHors de saison »

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  • Commentaires

    1
    Chamabron
    Dimanche 24 Octobre 2021 à 18:05
    Chamabron

    Pour le vin au  restaurant, on appréciera la subtilité du français qui parle d'une demie (bouteille) mais d'un quart ou d'un demi (litre)…

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